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EAN : 9782221108550
324 pages
Robert Laffont (16/08/2007)
3.78/5   37 notes
Résumé :
"Puis- je vous entretenir d'une crise d'un genre très particulier?... Une crise qui a frappé les mathématiques dans leur chair. Moi qui vous parle, j'ai été responsable de la plus grave crise que les mathématiques ont subie depuis les Grecs ! Vingt-trois siècles parsemés de petits bobos sans conséquence et faciles à soigner. Jusqu'à ce que je débarque. "Crise des fondements", ont diagnostiqué mes confrères. Vous-même Monsieur Matthias, si j'ai bien compris, vous ête... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
La villa des hommes m'a bien plu. J'ai tout de suite été happé par les discussions et les questionnements délirants (dans le sens, qui partent dans tous les sens) de nos deux héros. On est évidement tout de suite attendri par Her Singerr, ce professeur dépassé par les mathématiques qu'il a créé. Puis vient le personnage de Matthias qui met un peu plus de temps à se faire apprécier (par le professeur et par le lecteur), mais qui est tout de même intéressant pour son expérience traumatique de la première guerre mondiale.
Un aspect vraiment passionnant est la différence entre Singerr et Matthias. Différence d'âge, différence d'origine, différence de métier (mathématicien/cheminot), différence de situation familiale, différence d'expérience (Singerr dispose d'une certaine sagesse que le temps n'a pas encore offerte à Matthias), différence de point de vue... Mais étrangement, c'est différences ne font que souligner les ressemblances entre les deux protagonistes. Ils leur arrivent d'être en osmose sans se parler, de se comprendre sans échange. C'est ce qui fait la richesse de leur association.
Denis Guedj a bien travaillé sur les passages mathématiques. Il arrive à les rendre digeste sans nuire à l'exactitude du propos, et à garder une certaine poésie caractéristique de Singerr (je pense notamment à la scène où un de ses amis lui conseille de rendre ses traités sur ses mathématiques plus conventionnels, moins "philosophiques", ce qu'il répugne à faire). Étant moi même passionné par les mathématiques, ces quelques moments de théorie m'ont bien plu. La vie de Singerr, inspirée du mathématicien Cantor, est assez fidèle et respectueuse de la réalité.
L'auteur a un style littéraire (malgré le thème du livre) bien à lui, très poétique et que j'apprécie énormément. Nous nous identifions très facilement aux personnages, surtout quand ils racontent les moments marquants de leur vie. J'ai ainsi apprécié la Mère et le Père de Matthias, ses participations aux débats socialistes et ses convictions profondes dont il regrette éperdument la perte.
Paradoxalement, Her Singerr est assez malicieux. Outre ses berlingots dont il n'a de cesse de vanter les mérites, il organise une petite escapade le temps d'une après midi, une sorte d'école buissonnière, à l'extérieur de l'hôpital psychiatrique, dans la ville voisine. Cela surprend mais ne ternit pas pourtant le portait du mathématicien que l'on se fait au fil du récit.
Enfin, le renversement de situation à propos des motivations de l'homme qui a interpellé Matthias alors qu'il allait se suicider est bien trouvé. Même s'ils sont dans des camps opposés, l'un sauve l'autre. Cette fraternité ridiculise la première guerre mondiale en tant qu'il n'y a aucune animosité entre français et allemands.
Je suis donc ravi de cette petite pépite et j'ai hâte de lire d'autres livres de Denis Guedj.
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En 1917, Hans Singer, un vieux mathématicien célèbre dans son domaine, est interné dans un hôpital psychiatrique où il séjourne périodiquement. Lorsque Matthias, soldat français traumatisé de guerre, arrive à l'hôpital, le directeur de l'établissement décide de le placer dans la chambre du vieil homme, qui maîtrise aussi la langue française. Une discussion s'installe entre les deux pensionnaires, chacun livrant peu à peu des bribes de sa vie à son voisin.
Le jeune homme raconte sa guerre, et le lecteur découvre pourquoi un jeune français est ainsi accueilli en territoire ennemi. Hans parle des mathématiques, en particulier du sujet qui l'a rendu célèbre : l'infini.
En fin d'ouvrage, l'auteur explique qu'il s'est librement inspiré de la vie du mathématicien Georg Cantor (1845-1918).

Alors que j'avais beaucoup aimé « le Théorème du perroquet », ce roman m'a peu emballé, notamment à cause des trop longs exposés de Hans Singer.
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Denis Guedj est un auteur que j'aime beaucoup et lorsque Livraddict a proposé ce partenariat, j'ai vraiment impatiente de découvrir ce livre et je n'ai pas été déçue !
« La chambre 14 de la Villa des hommes était occupée par deux revenants. L'un revenu de l'au-delà des nombres, y avait tracé son chemin, l'autre, revenu de l'au-delà des ombres, s'y était égaré. », voilà une phrase du livre qui résume bien cette belle histoire.
1917, ils sont deux, très différents, ensemble, ils sont les occupants de la chambre 14, au premier étage de la Villa des hommes de l'hôpital psychiatrique de Luftstadt.
Herr Singer est âgé de soixante-douze ans, c'est un vieux mathématicien de renom allemand, il est à l'hôpital pour son neuvième séjour depuis 1884.
Matthias est un soldat français de trente-trois ans, suite à son séjour sur le Front, il souffre du « syndrome du vent de l'obus ». Dans le civil, il était conducteur de locomotive.
Les journées à l'hôpital sont toutes les mêmes. Ils ont chacun leurs petites habitudes : Matthias commence toujours la journée par une douche quotidienne au aurore. Herr Singer fume des cigares et suce des berlingots, il écrit chaque jour dans un carnet rouge.
Les premiers jours de cohabitation se passent, en silence, à s'observer, puis ils vont peu à peu se mettre à échanger en français.
Ensemble, ils discutent de leurs vies respectives. Herr Singer parle des mathématiques, en particulier sur l'infini, son sujet de prédilection. Matthias raconte les chemins de fer, la guerre sur le Front... Et peu à peu ces discussions décousues, baroques, parfois sans queue ni tête deviennent des moments de réflexions autour de leurs vies.
En évoquant à voix haute, pour l'autre, les pensées qui leur traversent la tête, en se posant mutuellement des questions, ils abordent des sujets qu'ils ne connaissaient pas avant leur rencontre.
Lien : http://aproposdelivres.canal..
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L'idée de départ est intéressante : faire cohabiter contraints et forcés un mathématicien allemand de génie et un cheminot français en pleine première guerre mondiale - bref deux types que tout oppose.
Bien entendu, ils vont se flairer, se parler, pour finir par se rencontrer et s'apprécier.
D'accord, c'est une belle leçon d'humanisme, ce n'est pas trop mal écrit, mais mon intérêt s'est vite essoufflé.
J'ai ressenti l'exercice de style, la thématique unique retournée dans tous les sens...
Et puis, désolé, toutes ces considérations sur les mathématiques (le dada de l'auteur, manifestement) m'ont laissé de marbre - même si j'admets qu'elles pourront fasciner certains lecteurs.
Pour finir, j'ai rapidement atteint ma limite, l'asymptote de mon attention s'est mise à frôler dangereusement l'abscisse de mon ennui, jusqu'à ce que le livre me tombe des mains vers la page 113 (113 : nombre premier, si je ne m'abuse).
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Voilà un livre très original, puisqu'il s'agit pour Guedj de rendre intéressantes les mathématiques, de montrer combien elles peuvent constituer une passion. du reste, l'auteur parvient bien nous intéresser à ces énigmes mathématiques qu'il expose. Néanmoins, c'est évident, elles alourdissent un récit déjà bien lent et grisâtre, renforçant ainsi l'idée qu'on se fait d'une matière littéraire aride, alors même que le but était sûrement inverse
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
– Bonjour, Herr Singer, comment allez-vous aujourd’hui ?
Ce matin-là, il faisait atrocement chaud. La pièce à moitié vide réverbérait l’écho de la voix du Directeur.
— Je vous présente M. Matthias Dutour, fit-il en s’avançant vers le lit de Singer et en désignant un homme planté sur le pas de la porte. C’est un soldat français. Il va passer quelque temps avec nous ici. Et, si vous le voulez bien, il partagera votre Caverne, comme vous avez l’habitude de la nommer. Vous êtes le seul parmi nos patients à manier la langue de Voltaire, proclama-t-il avec une affectation un peu ridicule. Ainsi, vous pourrez parler ensemble. C’est important.
Sur le seuil de la chambre, le soldat français n’avait pas bougé. Très grand, très maigre, des cheveux d’un blond incendiaire, drôlement attifé, il regardait fixement devant lui.
— Kommen, kommen, monsieur Dutour ! l’encouragea le Directeur en unissant le geste à la parole.
L’homme avança de trois pas et s’immobilisa au milieu de la pièce.
Histoire de briser la glace entre les deux hommes, le Directeur bonimenta le nouveau venu.
— Vous auriez été russe, monsieur Dutour, je vous aurais placé dans cette chambre. Anglais ? Également. Italien ? Également. Herr Singer parle toutes ces langues ! Turc ? Ah, là, je ne sais. Vous parlez turc, Herr Singer ?
Herr Singer lui aurait bien répondu que si cela pouvait améliorer les conditions de vie à l’hôpital, il s’y mettrait, au turc. Cela n’aurait pas manqué de faire plaisir à feu son père. Mais il ne répondit rien. Il se contenta de se lever pour ouvrir la fenêtre. Un peu plus de chaleur pénétra dans la pièce. Il la referma. Le Directeur continua de soliloquer.
Remarquant quelques papiers sur la table de Herr Singer, il l’interrogea.
— Avez-vous recommencé à travailler ?... Un peu ? Et à lire ?... Un peu ? Herr Singer est un grand mathématicien, l’un de nos meilleurs, expliqua-t-il à Matthias avant d’ajouter : Monsieur Dutour, vous informerez vous-même Herr Singer, si vous le désirez, bien sûr, de ce que vous faisiez en France, dans le civil.
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Il y a pour chaque homme un devoir d’insatisfaction, Herr Singer. On se doit d’être insatisfait. Insatisfait de l’état du monde, insatisfait de la pauvreté, de la famine, de l’oppression, de l’exploitation, de l’injustice, insatisfait de l’abandon des enfants. Insatisfait de l’état du monde, non parce qu’on le hait, mais parce qu’on l’aime. Et d’autant plus insatisfait qu’on l’aime. Oui, le transformer et l’aimer, le transformer parce qu’on l’aime.
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Voyez-vous, Monsieur Matthias, on rate plus souvent sa vie qu'on ne rate le train... et je n'ai jamais raté le train de ma vie.
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Quand tu veux quelque chose, ne demande à personne de le faire à ta place. Tu es responsable de ce que tu désires.

page 245
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Je ne sais pas ce qui m'est arrivé. Je me suis renversé, comme un bateau, la quille à l'air. J'ai applaudi à la guerre ! Je suis devenu mon propre ennemi. Directement de l'internationalisme au patriotisme patriotard, de la lutte des classes à la lutte des peuples, de la fraternité du combat social à la camaraderie suspecte des tranchées, du refus de l'autorité à la soumission aux adjudants. [...] je me suis nié.
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Vidéo de Denis Guedj
#mathématiques #chiffres #CulturePrime
Vous avez affaire à eux tous les jours, vous les manipulez depuis l'enfance, mais avouez, cette question vous turlupine : pourquoi les chiffres ont-ils la forme qu'ils ont ?
(On attend vos réponses en commentaire )
Sources principales d'information :
- Marc Moyon : "Apprendre les mathématiques au Moyen Âge : l'importance des traductions arabo-latines" - Agathe Keller : "Comment on a écrit les nombres dans le sous-continent indien" - Clarisse Herrenschmidt, "Les Trois Écritures, Langue, nombre, code" (Gallimard, 2007) - Guy Beaujean : "Étude paléographique sur la « rotation » des chiffres et l'emploi des apices du Xe au XIIe siècle" - Jérôme Peignot, "Du Chiffre" (Damase, 1982) - Georges Ifrah, "Histoire universelle des chiffres" (Seghers, 1981) - Denis Guedj, "L'Empire des nombres" (Découverte Gallimard, 1996), "Le Théorème du perroquet" (Seuil, 1998) - et les ressources éclairantes de Jean-Michel Delire, Marc Smith, Océane Juvin, Matthieu Cortat, Rémi Forte, Thomas Huot-Marchand.
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