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Commissaire Maigret - Romans et ... tome 78 sur 103
EAN : 9782253143185
160 pages
Le Livre de Poche (11/04/2007)
3.86/5   70 notes
Résumé :

Le petit vieux à barbichette sortait à nouveau de l'ombre de l'entrepôt, à reculons, regardait à gauche et à droite, avec un geste des deux mains comme pour attirer vers lui le lourd camion dont il dirigeait la manœuvre. Ses mains disaient : -Un peu à droite... Là... Tout droit... Doucement... A gauche... maintenant... Braquez... Et le camion, en marche arrière aussi, traversait maladroitement le trottoir,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Peu de choses à ajouter aux 9 merveilleuses chroniques dues [en leur ordre chronologique] à nos chers Amish d'ici... veronic68 (2013), Woland (2015), kathel, dido600 & mogador83 (2016), Nadouch (2019), pilou62200, oiseaulire & Polars_urbains (2020) : "Maigret s'amuse" millésimé 1957 (terminé dans une villa-palace, le "Golden Gate" de Cannes, en septembre 56) est un petit bout admirable de la Légende urbaine (parisienne, comme on sait) de M. & Mme Maigret.

On se promène tous les jours et l'on tourne un peu en rond à Paris : du boulevard Richard Lenoir au Quai des Orfèvres, évidemment... mais pas que, détrompez-vous ! On s'en va tuer le temps en lisant les journaux et buvant un "jus" bien noir (ou une bière) sur la terrasse permanente d'un rade près de la Place de la République, avec des échappées au Sacré Coeur où l'on monte les marches en couple, voire une longue station dans la pénombre d'un bistroquet de la rue de Charenton et une autre, finale et nocturne chez un Normand face au Quai des Orfèvres.

Pendant les huit chapitres du roman, on épluche les journaux (éditions du matin puis éditions du soir). le "petit Lassagne" est un sacré bon journaliste fouineur et démerdard : "Y a pus qu'à lire"...

On épie ainsi de l'extérieur les faits et gestes de deux Docteurs, parfaits suspects du meurtre d'une pauvre femme mariée retrouvée nue et pliée dans un placard de la pièce (avec lit) derrière le bureau de consultation d'un des docteurs (le remplacé), un parvenu officiant Boulevard Haussmann ; le toubib (d'extraction pauvre) qui fait les "remplas" du médecin rupin est immédiatement soupçonné...

Maigret a été envoyé d'office "en vacances" par son propre docteur (nommé Pardon, un consciencieux) pour... surmenage mais voilà que la nouvelle de l'assassinat de la femme du Docteur tombe dans la Presse et c'est (fatalement) l'inspecteur Janvier qui remplace Maigret... Sous des dehors de "sérénité", contrariété immédiate de ce dernier (qui ne fait point de vélo "pour s'amuser" comme veut le montrer la stupide photo au type en gabardine figurant en page I de couverture du "Livre de Poche" : ça, c'était dans "Le Charretier de la Providence" dans les années trente, et Maigret BOSSAIT en pédalant ainsi le long d'un canal !).

Il va donc se venger de ne pas être au boulot, c'est-à-dire de subir ou plutôt "devoir profiter" de ses vacances estivales en : (1°) décidant de les passer à Paris "pour commencer... " ; (2°) en adressant régulièrement à ce brave Janvier (qui fait le "rempla" maigretien et ose même occuper son bureau !) quelques bonnes vieilles lettres anonymes rédigées en caractères bâtonnets, un poil indicatrices — en forme de gros panneaux indicateurs, s'il faut...

Bref, ici une belle histoire double de remplacés... On plaint les pieds de Mme Maigret (On regrettera TOUJOURS de ne JAMAIS connaître son prénom, de livre en livre : 75 romans & 28 nouvelles appartenant à ladite "Série Maigret" rédigée de 1931 à 1972...) qui soudain déambule à travers Paris en traînant parfois la patte, sur les pas révérés de son Jules d'époux...

Le Maître du Climat : un réverbère s'allume à la tombée de la nuit sur un quai de Seine face au "36", deux-trois mots-matières bien choisis et parfaitement ordonnés, et nous voilà transportés...

Choix des mots les plus humbles, musicalité et rythme soigneux des phrases : tout être parmi les plus ordinaires prendra ainsi vie sous nos yeux...

Tellement loin des "écrivailleurs" qui (de tous temps) veulent absolument "faire littéraire" en compliquant le langage et prenant la pose, loin de ceux aussi qui n'ont d'autre ambition esthétique qu'épater et choquer (toujours mieux) leurs blaireaux/blairottes de lecteurs & lectrices... Sacrés écriveurs en vogue qui, c'est fatal, "en font (ou en feront) des caisses" — en espérant ainsi se distinguer d'autrui... Tels autres filtrant scrupuleusement les "sujets de société en cours" et délayant méticuleusement leur filon... D'autres, Ultimes, jouant leur rôle de Grands philosophes du Siècle...

Simenon est évidemment aussi éloigné des usineurs susdits que des feignasses (parfois les mêmes) utilisant imperturbablement leurs expressions prédigérées et leurs personnages-clichés sans chair ni saveur humaines... C'est que... "Faut plaire à la masse !!! " Ce que leurs éditeurs n'ont même plus besoin de leur susurrer, les bougres ayant intégré ce beau précepte esthétique depuis leurs flamboyants débuts... :-)

L'artisanat solide d'antan est donc devenu "art littéraire" inusable & increvable ? Bah oui, à force d'exigence et d'honnêteté de l'artisan...

Maigret, c'est Simenon : sous les vantardises de l'écrivain, l'humilité de "l'ancien pauvre" Jules, devenu au fil des décennies Commissaire au fameux "36"... Et Mme Maigret "l'Alsacienne" (telle la petite femme stylisée de la Levure Alsa ou de la Chicorée Leroux) en parfaite épouse soumise , évidemment et savoureusement TRES-TRES loin des âpres combats féministes d'aujourd'hui (ni même de ceux, "pré-M.L.F." des lointaines années cinquante)...

Bref, on sourit sans cesse (C'est une honte !!!) et on les aime même et on les envie, tels qu'ils sont, tous les deux "dans leur jus" et leur petit appart' peinard du Boulevard Richard Lenoir [rime] ! :-)
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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Un très bon Maigret.

Épatant Simenon qui une fois encore trouve un angle original en transformant le célèbre commissaire en détective amateur.

Car plus encore que Maigret c'est Simenon qui s'amuse en fixant comme un gage à son héro de solutionner un mystérieux meurtre sans autre ressources que celles du citoyen lambda.

Et pour placer Maigret dans cette inhabituelle situation, Simenon l'astreint à des vacances parisiennes. L'occasion de découvrir un peu de l'intimité du commissaire, et de fréquenter en sa compagnie Madame Maigret tout autant que les cafés de la capitale.

Quelques jours d'enquêtes aussi agréables pour les protagonistes que pour le lecteur





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Une volute de fumée s'échappant de sa pipe, Maigret est à sa fenêtre d'où il observe le train-train quotidien du boulevard Richard-Lenoir alors que sa femme s'affaire dans son dos à ses tâches ménagères. Sur recommandations des médecins, il est en vacances forcées donc interdit de séjour Quai des Orfèvres.
Paris étant déserté au mois d'août, Maigret trouve finalement judicieux d'y passer ses vacances, y flâner avec Madame. le matin, pour ne pas être dans les pattes de sa femme, il adopte une nouvelle routine, à la terrasse déserte d'un bistrot place de la République. Un petit café ou une bière, selon la chaleur matinale, et les journaux du matin. Un titre à sensation attire son attention : « Un cadavre dans un placard ».
Maigret décide de s'amuser à suivre cette affaire en spectateur, pour une fois il sera du côté du grand public. Il sait que c'est l'inspecteur Janvier qui mène l'enquête. Va-t-il sortir grandi de cette situation ?
La victime est nue, pliée dans le placard du laboratoire qui jouxte le cabinet médical du célèbre Docteur Jave. Celui-ci est en vacances dans le midi, en famille. le jeune docteur Négrel le remplace. Rapidement identifiée, c'est madame Jave, une Bretonne de Concarneau, malingre, timide et effacée qui est la victime.
Maigret sollicite son ami le docteur Pardon afin de glaner des informations dans le milieu médical. Il suit l'affaire dans les journaux et, au gré des éditions du matin puis de l'après-midi, le lecteur se plonge dans un roman feuilleton.
Les journées du vacancier vont se passer à arpenter, en touriste, les rues de Paris, bras dessus bras dessous avec madame Maigret qui finit par en avoir mal aux pieds. La parution des journaux rythme les journées, ils seront parcourus aux terrasses des cafés. le couple s'amusera même aux commentaires et hypothèses d'un jeune couple d'amoureux absorbés par ce fait divers estival.
L'amusement tourne tout de fois à l'irritation, frustré de ne pas avoir tous les éléments et les réponses à certaines questions. Arrivera-t-il à se retenir d'apporter son grain de sel à l'enquête ?
Le voici trépignant à la fin du repas, attendant Madame Maigret qui fait la vaisselle, il irait presque jusqu'à l'aider… mais faut pas pousser on est dans du Simenon en 1957 !
C'est comique de constater qu'un commissaire est en vacances et que c'est toute la PJ qui est orpheline ! Paris s'apparente, le temps d'un roman de Simenon à une petite ville de Province.

Une enquête rafraîchissante qui fait oublier le triste sort de la pauvre victime. Les Maigret en profitent pour réaliser des projets toujours remis. Un restaurant en bord de Marne où ils étaient allés il y a vingt ans et où ils commanderont le même menu, une friture de goujons et une andouillette grillée. Les regards complices et tendres échangés avec son épouse décrivent ce couple uni et solide dans lequel transpire de la nostalgie et de la reconnaissance.
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Pour quiconque suit ce fil depuis sa création, pour quiconque connaît aussi son Maigret par coeur, une chose est sûre : le commissaire ne peut s'amuser qu'en résolvant une affaire criminelle . Seulement, ici, c'est un peu différent puisqu'il va la résoudre du point de vue, oserai-je, dire du "lecteur de journaux lambda." Pour Simenon, le pari est en effet le suivant : suite à quelques ennuis de santé et surtout à une intense fatigue, provoqués par sa manie de remettre ad vitam aeternam les vacances qui lui sont dues, Maigret obéit pour une fois à son ami, le Dr Pardon (et à Louise Maigret), en acceptant de partir se reposer. Manque de pot : les Maigret s'y prennent si tard dans la saison que tout, absolument tout, y compris aux Sables-d'Olonne, dont ils rêvaient avec une certaine nostalgie, tout est loué, gorgé d'estivants plus prévoyants et qui ont pris d'assaut tous les hôtels valables, et même les autres, depuis le début de l'été. Plus rien ne sera libre avant le 15 août, si ce n'est après.

Les Maigret se rabattent donc sur Paris comme lieu de vacances, une capitale qui, il est vrai et même de nos jours, est relativement vivable au mois d'août. On y respire un peu mieux, il y a bien les touristes mais les Parisiens, eux, ont transhumé, on se sent donc moins à l'étroit même si le Métro sent toujours aussi mauvais, voire plus si la canicule est au rendez-vous. Pendant les trois premiers jours, tout se passe bien. Officiellement, Maigret et sa femme sont aux Sables-d'Olonne et, pour plus de sûreté, ils se sont mis aux abonnés absents - le détail est important, vous le verrez si vous lisez l'ouvrage. On paresse donc un peu au lit, on déjeune, Mme Maigret fait son ménage pendant que son mari descend chercher les journaux et s'installe, pour les lire, à la terrasse d'un bistrot, on déjeune à la maison à midi et, l'après-midi, après une petite sieste, parfois sans, on part visiter un Paris que Simenon restitue toujours de cette façon magistrale que lui inspirait l'amour qu'il portait à la ville et qui, aujourd'hui, nous rend si mélancoliques ...

Et puis, le quatrième jour, alors qu'il lit son journal, Maigret déchiffre à la une l'un de ces meurtres qui ont en général l'habitude de faire parler d'eux : le cadavre, entièrement nu, de l'épouse d'un célèbre médecin mondain a été retrouvé, plié en deux, dans un placard du cabinet médical. le problème, c'est que la dame, outre le fait qu'elle n'aurait pas dû se montrer ainsi en tenue d'Eve dans cette partie du vaste appartement et celui, bien entendu, qu'elle n'avait rien à faire dans un placard à balais, était censée profiter (elle aussi) de ses vacances en famille, à Cannes.

D'abord titillé par une curiosité bien compréhensible, puis soucieux quand il apprend que le juge Coméliau est en charge de l'affaire alors que c'est la première fois que Janvier, qui remplace Maigret, se voit pratiquement tout seul face à une affaire des plus délicates, Maigret dévalise deux fois par jour les kiosques, passe quelques coups de fil à son ami Pardon et, ne voulant pas gêner Janvier et encore moins que celui-ci le suspecte de jalousie dans l'affaire, se décide à user de l'arme fatale de ceux qui, en-dehors des maniaques qui, en pareilles occasions, sautent sur leur écritoire pour assiéger anonymement de leur "aide" et surtout de leurs ragots et de leurs délires personnels policiers et journalistes, sont bel et bien au courant d'un détail important et tiennent à le faire connaître à qui de droit sans que leur nom soit cité.

Oui, notre commissaire divisionnaire préféré et favori s'adonne, en ce volume, au plaisir, contesté et contestable, de la Lettre Anonyme. Mais c'est pour la bonne cause, afin surtout d'orienter Janvier vers certaines directions et d'empêcher Coméliau de provoquer une arrestation qui nuirait à un innocent et laisserait en paix le coupable. Que ne ferait, nous le savons, ce cher juge Coméliau "pour avoir des résultats" ? Wink Avec son ancienneté, sa fausse placidité et son entêtement personnel à le contrarier systématiquement, Maigret peut passer outre les exigences du juge : pas Janvier.

En compagnie de sa femme et arpentant Paris en s'attablant ici et là, non seulement pour lire mais pour passer un ou deux coups de fil judicieux, Maigret passe donc "de l'autre côté", celui du lecteur impatient de suivre dans son journal ce feuilleton réel et palpitant qu'est toute histoire criminelle de cette envergure. Il y prend très vite goût, d'où le titre du roman. Ce n'est guère qu'à la fin qu'il se refait un peu bougon, quand il redoute que Coméliau l'emporte.

Crainte inutile : Janvier arrête le coupable et ses complices au bout d'un long, long interrogatoire avec les bières et les sandwiches habituels. Et la fin du roman nous révèle que, pas un instant, il n'aura été dupe de l'identité de auteur des lettres "anonymes."

Un roman frais et vif, dans lequel le lecteur s'immerge très vite et où, en dépit du tragique assassinat, il s'amuse lui aussi avec le commissaire. L'une des plus parfaites réussites de Simenon qui, ici, n'insiste pas de manière trop vive là où ça fait mal, c'est-à-dire la noirceurs des circonstances qui conduisent à l'assassinat. A lire, sans aucun doute. ;o)
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Encore un excellent Maigret, toujours aussi délicieux dans l'évocation d'un patriarcat débonnaire et étriqué, celui du bon vieux commissaire, un peu frustre, gourmand, intuitif, respectueux de son épouse, baignant jusqu'aux cheveux dans les préjugés de son époque (comment faire autrement ?) mais y baignant avec bonhommie et humanité.

Maigret prend des vacances à Paris en août, tous les lieux de villégiature s'étant à sa surprise avérés complets dès le mois de juin. Ne pouvant résister à la tentation, il suit dans les journaux l'affaire criminelle menée par son subordonné et remplaçant, l'inspecteur Janvier, tout en flânant dans les rues de Paris de bistrots en bistrots, de restaurants en restaurants, accompagné de madame, madame qui a bientôt mal aux pieds et doit troquer ses hauts talons contre des chaussures plates.

Un échange entre les deux époux a retenu mon attention au passage :

"Deux filles encore jeunes faisaient les cent pas devant la porte d'un hôtel meublé.
- Tu vois qu'il y en a encore.
Et elle ne fit aucune réflexion quand son mari répliqua :
- J'espère bien ! "

Compte tenu de la pruderie de madame Maigret, il s'agit bien là de l'affirmation énergique de l'apanage masculin.

C'est une des facettes de notre Maigret, aussi compatissant envers les faibles que peu révolté envers le monde tel qu'il va.

Un homme de son temps qui fait naître en évoluant dans son univers parisien la nostalgie de cette époque palichonne et faussement bonnasse des années 50.

Ce parfum de nostalgie, Modiano a su le créer volontairement en plongeant à postériori dans un passé révolu et inquiétant. Simenon lui n'a rendu compte que de son époque à l'instant où il la vivait. C'est ainsi qu'on reconnaît une grande oeuvre sous ses dehors apparemment modestes : elle ne cesse de produire des effets qui se modifient dans le temps et qui échappent à leur auteur.

Les Maigret sont une oeuvre à géométrie variable.
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Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... [Maigret] se servit un verre d'apéritif, s'installa dans un fauteuil, la cravate dénouée, fuma sa pipe en rêvassant. La chaleur l'étourdissait, faisait picoter ses paupières. Il croyait entendre la voix de la jeune fille de la place du Tertre qui voulait voir à toute force dans l'affaire du boulevard Haussmann une histoire d'amour.

Il n'en était plus si sûr. Jave avait des dettes. Comment les avait-il contractées ? Etait-il joueur ? Spéculait-il en Bourse ? Car le train de vie du ménage n'était pas disproportionné d'avec la clientèle du médecin et les revenus de sa femme.

Un second ménage ?

Gilbert Négrel, lui, avait une fiancée qui était déjà probablement sa maîtresse, puisqu'elle venait le voir dans son logement de garçon. Quel était le rôle d'Eveline entre les deux hommes ?

Pourquoi Maigret avait-il l'impression que, d'un côté comme de l'autre, elle avait été frustrée ?

Ce n'était qu'une intuition. Il revoyait la photo, les cuisses maigres, le regard, qui manquait d'assurance, semblait quêter l'indulgence ou la sympathie.

Tout gamin, à Paray-le-Frésil, il avait pitié des lapins parce qu'il pensait que la nature ne les avait créés que pour servir de nourriture à des animaux plus forts.

Eveline lui rappela les lapins. Elle était sans défense. Quand, jeune fille, elle errait sur la plage de Beuzec, le premier homme venu, pourvu qu'il lui montre un peu d'intérêt et de tendresse, ne pouvait-il pas l'emporter ?

Jave l'avait épousée. Elle en avait eu un enfant.

Négrel, à son tour, comme la petite amoureuse de la veille le prétendait, était-il entré dans sa vie ? ... [...]
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Or, si étrange que cela paraisse, ce sont toujours les hommes intelligents qui se font prendre. Certains crimes crapuleux, commis par une petite gouape quelconque, ou par un déséquilibré, restent impunis. Un crime d'intellectuel, jamais. Ils veulent tout prévoir, mettre les moindres chances de leur coté. Et c'est leur fignolage, c'est quelque détail "en trop" qui les fait prendre en fin de compte.
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Mme Maigret avait murmuré :
— Tu me promets de ne pas aller au bureau ?
— Je le jure.
— Tu vas déjà tellement mieux, vois-tu ! Après trois jours de repos, tu es un autre homme. Si, à cause d'une femme morte, tu dois perdre le bénéfice de tes vacances...

[Georges SIMENON, "Maigret s'amuse", éditions Presses de la Cité (Paris), 1956 — Chapitre II : "Le dîner du père Jules", page 23 de l'éd. Edito-Service S.A. (Genève)]
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Les autres avaient profité du plaisir qu’elle leur offrait puis s’étaient hâtés de mettre fin à l’aventure.
Cela faisait penser à quelqu’un qui, tombé à l’eau dans un fort courant, se raccroche en vain à des épaves pourries.
L’amour la fuyait. Le bonheur la fuyait. Têtue, talonnée par l’idée de la mort, elle ne s’en obstinait pas moins.
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Vous ne savez pas si la jeune fille a emporté des bagages ?
— Vous appelez ça une jeune fille ? Quelqu’un qui reçoit des hommes mariés ?
— Pourquoi dites-vous des ? Il y en avait plusieurs ?— Si on en reçoit un, on est capable d’en recevoir d’autres, voilà mon opinion.
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