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Critiques sur le theme : famille (79)
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Lignes de faille

Lecture jeune, n°120 - Histoire, mémoire et secret sont au coeur du roman de Nancy Huston. Histoire personnelle, familiale, mondiale, sans oublier celle que le lecteur est invité à reconstituer, s'entrechoquent et se répondent ici. Pour quelle signification ? L'auteure parle-t-elle de l'intime et de la construction de soi, ou davantage du politique ? de tout cela à la fois. Ces lignes de faille évoquent ces influences multiples, sociales, politiques et culturelles, que nous recevons comme autant de chocs, à partir desquelles nous devons nous construire. le récit nous semble éminemment politique aussi. Nancy Huston prend ici position. le regard très dur, sans tendresse aucune, qu'elle porte sur Sol, enfant américain vivant en 2004, apparaît comme une critique directe des Etats-Unis. Mais ce sont bien les personnages qui portent et articulent ce récit : des mères et leurs quatre enfants. le point de vue est celui de ces « petits », et de ce fait singulier. Les voix de Nancy Huston sonnent parfaitement justes. Ce ne sont pas celles d'enfants de six ans, mais bien celles de l'Enfance, dans toute sa beauté, sa violence et son sérieux. En raison de ces entrées multiples, on conseillera cet ouvrage à des lecteurs curieux, disposant déjà d'une bonne culture littéraire. L'inventivité de la narration, la maîtrise de l'écriture et la vivacité du ton achèveront de les convaincre. Hélène Sagnet
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La fille du docteur Baudoin

Lecture jeune, n°120 - Comme toujours, lorsqu'elle aborde un sujet de société (les méfaits de la mode, les dangers des sectes…), Marie-Aude Murail sait s'y prendre pour nous en présenter tous les aspects, avec une précision quasi-documentaire, qui n'a d'égale que la finesse de son analyse psychologique. On appréciera également l'humour féroce, un brin caricatural, avec lequel l'auteur dépeint deux conceptions opposées du métier de généraliste : celle du docteur Baudoin, désabusé et cynique, et celle du docteur Chasseloup, Saint Bernard dans l'âme. Dommage que la fin ternisse la réussite de l'ensemble : on ne croit pas un instant à cette histoire d'amour entre une adolescente branchée, et ce jeune médecin certes très humain, mais complètement ringard. Anne Lanchon
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Oreille d'homme

Lecture jeune, n°120 - Les éditions du Rouergue publient un troisième texte de Bart Moeyaert, auteur encore trop peu connu en France. Au fils des parutions, la singularité de son univers et la force de son écriture s'imposent. Ce récit, d'une extrême densité et tension, est une nouvelle plongée au coeur des relations familiales. La scène d'ouverture est une fête à l'occasion d'une naissance. Oncles et tantes, cousins et cousines sont réunis, mais très vite les relations dégénèrent « à cause du passé ». Les portes claquent, les remarques perfides fusent. Même les jeux les plus anodins tournent mal. « Jouer à la famille » devient l'occasion pour les enfants de brutaliser une cousine, et de la soumettre à leurs propres modèles. Dans ce récit d'enfance, les adultes semblent hors champ. Leurs paroles et leurs gestes sont rapportés, leurs mains frappent et leurs voix ordonnent. La narratrice ne comprend pas leur monde, complexe, triste, étroit. Mais elle saisit parfaitement le caractère inéluctable de la reproduction des situations : « On avait aussi envie de se disputer, histoire de pouvoir se réconcilier comme nos parents le faisaient ». le style est concis, direct et vif, il ne s'embarrasse pas de détours, à l'image des constats des enfants. Cette écriture très visuelle sert un propos parfaitement maîtrisé qui peut glacer ! Nous posons néanmoins une limite, celle de l'âge des protagonistes qui sont de très jeunes enfants. L'identification sera difficile pour le lecteur adolescent. Gageons alors qu'il puisse prendre le recul nécessaire et entendre la voix de l'enfance. Hélène Sagnet
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Lignes de faille

Lecture jeune, n°120 - Jamais un roman n'avait montré à quel point nous héritons des névroses que nos parents et nos grands-parents nous ont léguées. Avec une grande finesse et une tendresse infinie, Nancy Huston dépeint les fragilités de quatre personnages, à des périodes clés de leur existence. Sur fond de guerre, et de mésentente familiale, chacun y apparaît comme victime de sa propre histoire et de l'histoire avec un grand H. Il y a Kristina ballottée de famille en famille, qui survit en se consacrant au chant, Sadie sa fille, qui souffre de l'indifférence d'une mère si peu maternelle, et se sent minable par rapport à elle, Randall, fils de Sadie, effrayé par la violence du monde, et que sa mère, obnubilée par ses recherches, ne parvient pas à rassurer, enfin Sol, fils de Randall, fasciné au contraire par la violence, au point de se masturber devant des images de la guerre en Irak. La grande originalité de Lignes de faille consiste à les présenter dans un ordre contraire à la chronologie, dans quatre récits qui tels des poupées russes, s'emboîtent parfaitement, le suivant apportant la clé du précédent. Un grand roman, à nos yeux le meilleur de Nancy Huston. Lignes de faille a obtenu le prix Femina en octobre 2006. ndlr Anne Lanchon
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La fugue

Lecture jeune, n°119 - Dans le même genre : Parmi les romans évoquant le suicide d'adolescents, et le désarroi des proches face à un tabou, on conseillera les deux titres suivants : Arnaud Cathrine, Mon démon s'appelle Martin, L'école des Loisirs, 2000 : Un an après le suicide de son meilleur ami, Damien continue de chercher l'origine de son geste, alors que les adultes qui l'entourent semblent être passés à autre chose. Seuls les mots de son père apaiseront sa détresse et lui permettront de faire le deuil de Martin. Un roman très sensible sur la perte d'un être cher et sur la difficulté à exprimer la douleur. Ted van Lieshout, Frère, La Joie de Lire, 2001 : Alors que le frère de Luc est décédé depuis plusieurs mois, sa mère décide de brûler les affaires qui lui ont appartenu. Luc découvre son journal intime et apprend la raison de son suicide en même temps que le secret que ses parents ont voulu lui cacher : l'homosexualité de Marius. Au delà de la mort, le lien se renoue entre les frères et Luc choisit de continuer le journal du disparu. ? Cécile Robin- Lapeyre
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La fugue

Lecture jeune, n°119 - Théo est celui qui reste, après le suicide du grand frère. Mais peut-être pas pour longtemps se dit-il, car la fugue définitive le tenterait bien… Comment trouver du sens pour continuer à vivre « après » ? Comment échapper à la cuisine insipide (car sous vide) de cette mère enfermée dans un chagrin sans nom ? A l'hyperactivité mécanique de ce père cloîtré dans son garage-refuge ? Théo l'adolescent est au coeur de l'ouvrage, c'est lui qui raconte, qui questionne, souffre, crie, injurie. Mais c'est aussi lui qui nous fait rire en restituant les situations hilarantes qu'il vit avec son ami Zeb, clown de service qui sait si bien que les larmes ne sont pas loin du rire… L'écriture sèche et directe restitue le chaos qui règne. Dans cette magnifique tragédie contemporaine, les acteurs nous bouleversent par leur désir d'aller au-delà de la mort. ? Michelle Charbonnier
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Nouilles Tchajang

Lecture jeune, n°118 - Adapté d'un roman coréen, ce récit intimiste illustré, peut-être autobiographique, évoque le quotidien d'un adolescent de dix-sept ans. Celui-ci abandonne le lycée pour un petit boulot de livreur de nouilles dans la banlieue de Séoul. Deux illustrateurs ont collaboré à ce manhwa qui nous plonge dans un univers aux couleurs orangées : des aquarelles plus proches de la bande dessinée franco-belge que du manga japonais. Fils d'un instituteur et d'une femme de ménage, le jeune garçon a choisi de devenir autonome pour fuir l'ambiance de cette famille en apparence parfaite; le père, tendre et attentionné pour son fils, frappe pourtant sa femme qui assume volontiers le rôle de victime. Beaucoup d'émotion passe dans l'évocation de cette violence domestique, heureusement contrebalancée par des instants de bonheur intense, comme une virée en moto, un coucher de soleil et un premier amour…vite trahi. La vie d'adulte sera-t-elle plus facile que l'enfance ? _ Cécile Robin-Lapeyre
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C'est l'amour que nous ne comprenons pas

Lecture jeune, n°118 - La narratrice, dont nous ne connaissons pas le nom, a deux soeurs, un frère et une mère qui collectionne les bons à rien. A travers ses yeux, nous découvrons trois étapes de la vie de cette famille, ainsi que trois hommes différents. Les enfants accumulent les espoirs puis les déceptions, subissant la violence physique et morale de ces « beaux-pères ». Leur mère, quant à elle, ne semble pas plus savoir comment s'y prendre avec ses enfants qu'avec les hommes, et reste sourde aux appels au secours des premiers. Pourtant, ces trois soeurs et leur frère rêvent encore du moment où l'amour et le bonheur reviendront dans la maison, quand leur mère sera heureuse et qu'ils auront un nouveau père, un vrai. Suspens, conflits familiaux et secrets forment un début haletant et rythmé. On regrette que l'histoire s'essouffle un peu par la suite. Cependant, la lecture facile et le style percutant de l'auteur permettent de passer un très bon moment. n Maryon Wable-Ramos
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A peine un peu de bruit

Lecture jeune, n°118 - La jeune Charlotte est l'aînée de trois enfants. Ils auraient pu être quatre avec Loïc, ce petit frère mort à trois mois. Son ombre plane sur la famille unie et harmonieuse, qui ne manque pas d'évoquer son souvenir : « Soudain, les flûtes de champagne sur le vaisselier se mettent à tinter, à chanter. Pourtant nous sommes tous les cinq autour de la table, les fenêtres sont fermées et il n'y a pas le moindre courant d'air. Maman sourit : "C'est Loïc qui nous fait un signe, il veut participer" ». Malgré la chaleur et l'amour de ses proches, Charlotte est enfermée dans ce deuil. Elle se raccroche à sa petite soeur Julie, si pleine d'énergie. Sa spiritualité l'aide aussi à cheminer : elle ne parvient à se sentir apaisée qu'au cours de prières ou de visites rituelles au cimetière. Mais lorsque la famille déménage à Paris, Charlotte perd tous ses repères. C'est l'écriture qui l'aidera à se souvenir et à garder la trace de cette existence éphémère. Toute la difficulté d'un pareil récit tient au sujet lui-même : il est compliqué de parler de la mort d'un enfant sans tomber dans le voyeurisme ni dans le pathos. Mais K. Reysset livre un roman intimiste très réussi, d'inspiration autobiographique. le point de vue de la grande soeur, dont nous suivons les pensées et qui finit par se libérer de la « religion pansement » et de la culpabilité, se révèle riche. Nous sommes très troublés par la justesse des mots et de l'évocation de la douleur. Ce livre fort exige une certaine maturité de la part des lecteurs. _ Michelle Charbonnier
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C'est l'amour que nous ne comprenons pas

Lecture jeune, n°118 - Bart Moeyaert est un auteur à la plume singulière. Les mots qu'il choisit dans ses récits ont le pouvoir des images : colorés, frappants, incisifs. Ils se déploient dans un mouvement cinématographique. La force de son évocation de parcours d'adolescents tient également aux impressions, visuelles mais aussi sensuelles, qu'il sait convoquer, et à sa perspicacité. Avec C'est l'amour…, nous sommes plongés dans une histoire qui est déjà commencée et qui se terminera sans nous. Un parallèle peut être établi entre le style de l'auteur et la peinture de van Gogh, nerveuse, dense et parfois oppressante. n Michelle Charbonnier
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Zarbie les yeux verts

Lecture jeune, n°117 - Francesca s'est donné un surnom, «Zarbie», depuis l'agression contre laquelle elle s'est défendue avec rage. Une autre sorte d'autodéfense l'empêche d'admettre la réalité trop douloureuse, lorsque sa mère voile sous une écharpe et des manches longues les stigmates de la violence conjugale. C'est que la famille de Francesca incarnerait presque le modèle parfait de l'American way of life. le père beau et riche, ex-star du football américain reconverti en présentateur sportif, leur procure une vie facile dans une grande maison à l'architecture contemporaine. le problème viendrait plutôt de la mère, refusant peu à peu le rôle de fairevaloir de son mari pour vivre sa propre existence. Elle souhaite s'accomplir en tant qu'artiste et nouer des relations sincères. Elle est pour l'heure méprisée par son mari et incomprise par ses filles qui se sentent délaissées. L'atmosphère s'alourdit au fil des pages, le drame est inéluctable. de ce terrible suspense psychologique – rappelant celui des romans de Patricia Highsmith – le lecteur ne sort pas tout à fait indemne : ce grand roman est à conseiller vivement aux lecteurs matures. La fin, aussi dure soit-elle, est positive pour Francesca qui a choisi de vivre et de lutter en protégeant sa petite soeur. Cécile Robin-Lapeyre
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Un secret derrière la porte

Lecture jeune, n°117 - Stéphane, quinze ans, ouvre la porte à un inconnu qui désire voir son père. Stéphane se cache et observe la scène : cet étrange visiteur n'est que le frère de son père, venu lui annoncer la mort de leur géniteur. Stéphane ne comprend plus : il a vu son grand-père paternel en parfaite santé la veille… Alors, c'est qu'on lui ment sur l'identité de ce dernier! Quel est ce terrible secret au nom duquel son père est devenu aux yeux de Stéphane un étranger et un menteur ? Comment survivre à ce que le garçon ressent comme une trahison ? Encore une fois, C. Gutman nous surprend par la concision et l'efficacité de son écriture. le récit autobiographique nous émeut au plus haut point. L'auteur fait revivre les sentiments de l'adolescent qu'il fût, englouti par une histoire qu'il ne pourra faire sienne tant que les mots ne seront pas dits. A le voir se battre et écrire pour continuer à vivre malgré la blessure et la trahison de ceux qu'il aime, on pense au concept de résilience formulé par Boris Cyrulnik. L'intrigue et le désarroi du narrateur rappellent aussi Un secret de Philippe Grimbert. Michelle Charbonnier
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Caresse de rouge

Lecture jeune, n°117 - Félix est assureur. Sa vie est plutôt routinière et tranquille. Jusqu'au jour où l'un de ses clients l'appelle et lui annonce une catastrophe : la perte de son bien lors d'un incendie. Félix se rend sur les lieux, en tant qu'assureur, et constate les dégâts. La disparition de la locataire et de son fils réveille en lui de vieux démons, à savoir la perte de son propre fils, Colin, fauché par une voiture à trois ans. le jour où Marie, la mère de Colin, est partie, Félix s'est retrouvé seul face à un bout de chou qui réclamait sa mère. Envie de combler ce manque, de faire taire les suppliques, fantasme d'incarner à la fois le père et la mère : petit à petit, Félix en est venu à se grimer en Marie. Caresse de rouge était le nom de son rouge à lèvres préféré… On plonge sans retenue dans ce roman dérangeant qui aborde le thème de l'amour paternel, un amour en quête d'absolu. Fottorino nous fait d'abord partager les sentiments ambigus car démesurés d'un père pour son fils, un enfant-roi à qui il veut tout offrir. La douceur, l'apparente légèreté de l'écriture nous protègent de cette névrose destructrice. Fottorino dresse ensuite le portrait poignant d'un père rongé par l'absence de son fils. Ce roman surprenant commence tel un mélo et se termine à la manière d'un roman noir. Sonia Seddiki
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Je ne t'aime toujours pas, Paulus

Lecture jeune, n°117 - Agnès Desarthe n'a pas pu résister plus longtemps aux lecteurs impatients qui réclamaient une suite à Je ne t'aime pas, Paulus… Dix années se sont écoulées entre la parution du premier opus et ce nouveau rendez-vous tant attendu avec Julia, héroïne gauche et malicieuse. Dix longues années qui n'ont pas eu de prise sur la jeune fille, suspendue dans le temps de la fiction. On l'avait quittée désemparée : au moment où elle s'attendait à être enfin embrassée par un garçon, qui plus est le plus beau du collège, elle apprenait que celui-ci déménageait. On la retrouve atterrée au lendemain du départ de Paulus. Au téléphone avec sa meilleure amie, la jolie et avertie Johana, Julia dresse ce bilan consternant : «si je récapitule : Paulus est tombé amoureux de moi, mais comme je n'étais jamais tombée amoureuse de personne, je n'ai rien compris, sauf que juste au moment où j'ai commencé à me sentir troublée, à être amoureuse de lui moi aussi, il est parti pour une raison tellement ridicule que je n'ai même pas envie d'en parler.» Johana propose alors une solution radicale. Julia n'a qu'à reporter ses sentiments naissants sur un autre garçon ; pourquoi pas le correspondant anglais qui doit bientôt rejoindre leur classe ? L'idée séduit Julia, depuis toujours intriguée par le flegme et le charme britanniques. Sauf que le dénommé Dick Poole ressemble d'avantage à Mr Bean qu'à Hugh Grant… Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ! Lâchée par Johana – obnubilée par sa nouvelle vocation théâtrale – et par sa propre famille – en pleine crise d'hystérie depuis le licenciement du père – Julia va se donner un mal de chien pour accomplir sa mission impossible. Difficile de ne pas être happé par les aventures désopilantes d'une adolescente désarmante, dont l'acuité du regard et l'ironie mordante n'ont d'égale que sa maladresse et sa lâcheté ! Quel bonheur de retrouver Julia, sa famille de doux dingues… et son prince charmant. Gaëlle Glin
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Falaises

Lecture jeune, n°117 - C'est à Etretat que revient le narrateur avec sa femme et sa fille : il a trente et un ans et vingt ans séparent cette nuit en quête de sa mémoire émiettée de celle où sa mère s'est suicidée du haut des falaises. Il passe ces heures d'insomnie dans le même hôtel proche des falaises qu'il y a vingt ans, aspiré dans une sorte de spirale des souvenirs, discontinue, avec des retours en arrière, tout au long d'une nuit en trois temps, comme trois grandes vagues de remémorations : la mort de la mère suivie de la sidération du frère tombé dans le coma, puis la dérive des deux frères vers les paradis artificiels pour fuir le silence total imposé par le père et enfin, le départ de Paris et la nouvelle vie sobre avec Claire, sa compagne, son abri. Au coeur du roman se télescopent une souffrance inextinguible, l'écho de la présence fantomatique de la mère, le silence et l'ennui. Au coeur du roman, il y a le manque criant d'amour et de confiance. le narrateur brosse sans complaisant pathos de très beaux portraits de «paumés», à qui il porte une attention très touchante. Au bord du gouffre comme la mère, ils y basculent presque tous. En cette nuit de veille, le narrateur ramène à la conscience une multitude de sensations (couleurs, parfums, souvenirs tactiles, etc.) et d'images qui rendent le récit visuel, voire cinématographique. le héros ne se révolte pas mais sauve son récit d'un total désespoir par l'évocation de la présence chaleureuse de sa petite fille et de sa femme, avec lesquelles «la vie commence» et grâce auxquelles il échappe à la malédiction familiale. Ce texte inspiré, bouleversant et tendre est une sorte d'épure où se fondent les thèmes du deuil, de la maladie, de la séparation, déjà présents dans les romans d'Adam pour la jeunesse comme La Messe anniversaire, Comme les doigts de la main, On ira voir la mer. Il fait écho à celui d'Arnaud Cathrine, Sweet Home, dont le point de départ, le suicide de la mère, est identique, même si le traitement romanesque est très différent (voir notice 39). Marie-Françoise Brihaye
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