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Critiques de Joyce Carol Oates (3263)
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Paysage perdu

Depuis longtemps, je déclare que Joyce Carol Oates est un de mes auteurs préférés.

Depuis la lecture de son autobiographie partielle (elle parle de son enfance et de sa jeunesse, mais aussi d’un peu de sa maturité), je peux affirmer que Joyce Carol Oates est mon amie, ma sœur.



Avec pudeur mais sincérité, avec honnêteté et franchise, avec l’émotion palpable sous chaque mot, avec la réflexion profonde sur les parents, les grands-parents, la famille, sur les amis, les voisins, les professeurs, les études, les passions, sur ce qui concerne chacun d’entre nous, sur la vie, enfin, ma JCO m’a enchantée, m’a émue, m’a bouleversée, m’a envahie.

Je me retrouve en elle, chacun pourrait s’y retrouver, car son empathie, sa bienveillance, son désir d’aller vers l’autre malgré sa timidité la rendent universelle.

Toutes ses phrases trouvent un écho en moi, tous ses mots me touchent.



« De nos blessures et de nos désarrois, nous faisons des monuments à la survie ; sur nos bons choix et nos bonheurs, nous devons garder le silence. Nous n’osons parler pour autrui, et il n’est jamais bon de révéler l’intimité, fût-ce pour la célébrer ».



Une curiosité pour l’humain mêlée d’extrême compassion sans pour autant tomber dans la sensiblerie.

Un amour infini pour ses parents.

Une naïveté bienveillante envers son entourage.

Une volonté immense dans son désir d’explorer la littérature, sa passion.

Une ténacité exemplaire.



Joyce Carol Oates a écrit ici un livre essentiel, qui aide à vivre, qui aide à comprendre la vie.

Joyce Carol Oates, mon amie, ma sœur.

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L'homme sans ombre

Cette fois encore, Joyce Carol Oates provoque toute mon admiration !

A la tête d’un « roman neurologique, quelque chose qui ne soit pas purement ou exclusivement scientifique, mais aussi spéculatif et même poétique », elle nous emmène ici dans les arcanes du cerveau, celui d’un homme devenu amnésique suite à une encéphalite qui a causé des dommages irréversibles.



Cet homme, « prisonnier d’un présent perpétuel, comme un homme tournant en rond dans des bois crépusculaires, un homme abandonné, qui a subi une perte cruelle » fait l’objet d’une analyse qui durera une trentaine d’années, une analyse du centre de neurologie de Darven Park, à Philadelphie. Son chef incontesté en est Milton Ferris, mais c’est par le biais de sa jeune protégée Margot Sharpe, brillante scientifique, que l’on entrera à pas de loup dans cet univers mystérieux de la mémoire.



« Dans les relations humaines, on ne sait jamais où l’on en est ; dans le travail, on peut noter clairement ses progrès, et ces progrès seront remarqués par d’autres, ses supérieurs.

Elle est la Fille chaste. Elle est celle qui, si vous croyez en elle, ne vous trahira jamais ».

La voilà liée pour la vie, Margot Sharpe, d’abord à Milton Ferris, et puis surtout à E.H, Ehilu Hoopes, cet homme sans ombre.

J’ai appris une foule de choses sur l’amnésie, car Oates ne lésine pas sur les termes scientifiques ainsi que sur le détail de toutes les expériences opérées sur Hoopes, mais j’ai pénétré également dans l’intimité de la chercheuse, non moins ambigüe que celle de son protégé amnésique.

Et c’est là que le génie de Oates éclate !

Quel brio pour mêler la science et l’émotion, la « normalité » et le basculement dans l’obsession et les rêves secrets !

Le roman se limite à l’analyse de deux personnages, le sondé et la sondeuse, si l’on peut dire. Les personnages secondaires gravitent autour d’eux pour les éclairer encore plus. Le monde scientifique est décrit minutieusement, accompagné de l’ambition, de la jalousie et des ragots inhérents à toute communauté. La famille, aussi, est évoquée, mais de manière assez négative. Car dans la mémoire lointaine de notre amnésique, surnagent des événements glauques et malsains…



Où est la frontière entre la raison (scientifique, qui plus est !) et les sentiments ? Entre la raison et la déraison ? Entre le rêve et la réalité ? Entre le désir et l’obsession ?

Suivez cet « Homme sans ombre », vous y perdrez, comme moi, tous vos repères !

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Ce que j'ai oublié de te dire

Merissa Carmichael fréquente un lycée privé aux Etats-Unis.

Elle est reçue dans une université prestigieuse à la rentrée prochaine.

Elle incarne l'adolescente parfaite, celle qui veut absolument plaire en tous points à ses parents, à ses professeurs.

Elle a quelques amis et amies avec des relations bonnes et moins bonnes comme tout le monde.

Une ombre au tableau : Tink, une de ses amies est m***e, elle s'est t**e comme on le lit dans le texte et pourtant sa présence plane sans arrêt sur le petit groupe et sur Merissa en particulier.

Deuxième ombre au tableau, Merissa s'inflige des plaies en secret pour se punir, elle se scarifie comme on dit.

Troisième ombre au tableau, les parents de Merissa se séparent et ce n'est pas une mince affaire. Elle qui pensait être le trésor de son père.

Le roman est mené de main de maître avec une Joyce Carol Oates qui fait admirablement le tour des problèmes que peuvent rencontrer les ados en imposant des souffrances à leurs corps.

J'ai beaucoup apprécié la première partie, je vivais complètement le problème avec Merissa.

La deuxième partie s'attache beaucoup plus à Tink et aux raisons qui l'ont poussée à abandonner la vie et j'ai dû changer de point d'intérêt. Cela a un peu dérangé ma lecture mais c'est très personnel. Je rencontre le même souci avec chaque livre qui me fait le coup.

En plus, ici, ce n'était pas dénué d'intérêt avec un rebondissement, une explication à la fin qui vient enlever le côté trop noir de la disparition de Tink.

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Mudwoman

Meredith Ruth, dite MR, est au sommet de sa carrière universitaire en tant que présidente d'une prestigieuse université. Elle lutte quotidiennement contre le machisme et le conservatisme qui animent certains professeurs, jaloux de sa forte personnalité et de sa position. Nous découvrons peu à peu l'enfance douloureuse de MR, une petite fille maltraitée que sa mère, folle, jette dans les marais des Adirondacks. Tandis qu'elle s'enfonce dans la boue, promise à une mort terrible, elle est sauvée par un jeune homme faible d'esprit qui prétend avoir été guidé vers la fillette par le roi des corbeaux.

Le personnage de Mudwoman (MR) est passionnant, complexe et attachant. Sous cette femme en apparence forte, sous la froideur, se cache un être fragile, naïf, qui croit encore malgré tout à la bonté des hommes, mais aussi très solitaire. Elle doit faire d'immenses efforts pour parvenir à assumer ses fonctions, à avoir des relations avec les autres, à refouler le passé et l'angoisse qui montent en elle.



Une fois de plus j’ai été éblouie par le style si particulier de Joyce Carol Oates. Un très grand roman qui donne vie à une héroïne attachante qui rejoint la galerie des personnages façonnés par l’auteur au long de son immense carrière.

A quand le Nobel de littérature ?







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La nuit. Le sommeil. La mort. Les étoiles.

Waouh ! Quel coup de coeur ! Un régal, ce livre du début à la fin....

J'ai déjà lu plusieurs livres de cette auteure sans être une fan. J'ai adoré "Le livre des martyrs américains" alors que je n'ai pas apprécié "nous étions les Mulvaney". Avec cette auteure, pour moi, c'est très variable. Mais là, wah, quel roman !

J'ai savouré chacune des pages. J'ai aimé l'histoire (chronique de la destruction d'une famille qui implose suite à la mort du pater familias), j'ai aimé le style, j'ai aimé le découpage du roman en chapitre autour d'un membre de la famille.... et cette question autour de laquelle tourne le roman : a-t-on le droit au bonheur après un deuil ?.....

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Un père de famille, riche. Une famille composée de 5 enfants désormais adultes (pour deux d'entre eux, eux-mêmes parents). Une mère un peu "desperate housewife", mais heureuse.

Un drame, la mort du père qui essaie d'empêcher des violences racistes.

Chaque membre de la famille se retrouve devant son histoire, son vécu au sein de cette famille.

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Un livre sur le veuvage certes mais pas que ça. Pour le coup on ressent le vécu avec le personnage central de la mère, désormais veuve.

Sa description est passionnante. Elle est une merveille de personnage.

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Ce livre est vraiment une réussite. Je vous le conseille vivement. N"hésitez pas à affronter ses 900 et quelques pages, il vaut le détour.
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Petite soeur, mon amour

Ecrire cette critique, c'est presque aussi compliqué que de lire ce roman.



Lecture paradoxale que j'aime et que je déteste.



Histoire qui me fait des nœuds à l'estomac et me révulse et en même temps impossible à lâcher.



Personnages haïssables et d'autres si fragiles.



Hypocrisie vomissive. Traitements indignes.



JCO pour la troisième fois m 'a beaucoup torturée avec cette histoire.

Parce qu'elle touche à ce qu'il y a de plus précieux dans la vie, nos enfants.

Parce qu'elle s'est inspirée d'un fait divers monstrueux. L'assassinat d'une petite miss de beauté jamais élucidé.

Parce qu'elle révèle ce qu'il y a le plus sordide sous le vernis du rêve américain.



Nous avons donc cette petite fille, Bliss, de son vraie nom Edna Louise, qui est toute mignonne sur ses patins. A 4 ans, elle va ravir le coeur du public et commencer à décrocher des titres pour le plus grand bonheur de sa maman Betsey et du papa Bix. Jusqu'à ce qu'elle soit découverte morte dans son sous sol et qu'un pédophile fan de Bliss s'accuse du crime. La petite fille n'a que 6 ans.



C'est le grand frère Skiler, 9 ans au moment des faits, 19 ans au moment de l'écriture et qui raconte.

Le masque de la famille parfaite se fissure rapidement et on ne peut assister impuissant qu'à ce désastre.





L'histoire se situe à Fair Hills dans le New Jersey.



Le papa Bix a tout pour plaire : séduisant, beau, barraqué, en pleine réussite professionelle (en témoigne la taille de sa voiture, de sa maison ou de sa montre).

Betsey s'occupe des enfants (avec des bonnes !). Elle est en quête de reconnaissance sociale. N'hésitant pas à harceler les mamans en vue au téléphone pour obtenir de précieuses invitations à des goûters. Betsey est très croyante.

Skyler c'est un brave petit gars qui ne demande qu'à plaire à ses parents jusqu'à se blesser gravement en sport et rester infirme.

Et enfin la petite Edna Louise qui devient intéressante aux yeux de sa mère le jour où elle monte sur des patins et se révèle douée.



Ca c'est le côté pile de la pièce. Une famille qui a l'air plutôt sympa.



Coté face. J'ai été horrifiée. Vraiment. Imaginer ce que certaines mères font subir à leurs petites filles pour gagner des concours.

Bliss ne va plus à l'école. Elle s'entraîne comme une forcenée. Bliss est devenue une machine à gagner. Toute sa vie et celle de sa maman tourne autour des compétitions : maquillage, coiffure, entraînement...





Skyler est franchement mis de côté. On le prie de ne pas faire ses grimaces de martyre sur les photos et de ne pas boîter en société ni de faire honte. (sérieux ??? J'ai eu de grosses bouffées de colère).



Les gamins reçoivent une quantité inimaginable de médicaments et même des piqûres pour Bliss dans le derrière. Elle ne peut même plus s'asseoir tellement elle a mal. (c'est quoi ces médecins qui prescrivent toute cette merde???)

Vous les croyez heureux les enfants Rampike??? Je ne crois pas avoir lu une ligne de plaisir pour ces pauvres gamins.

De la tristesse, de l'ennui, du désespoir et de la maltraitance.

Quant à moi, j'ai eu envie d'hurler et de punir ces horribles parents.

Je n'en dirai pas davantage car le pire est à venir dans les révélations et les souvenirs. l'après meurtre de Bliss est aussi très difficile à lire.



J'ai du m'accrocher pendant cette lecture.



Pas parce que les enfants sont frappés. Pas du tout. Il n'est pas question de ça.

C'est l'attitude des parents. Soumettre l'amour qu'ils dispensent à leurs enfants à la réussite de quelque chose. Chercher à monter les échelons de la classe sociale sur le dos de leur enfant. Etre dépourvu d'empathie devant la souffrance des enfants.

Ce manque d'amour, de générosité, de sensibilité, ce père qui ne vient même pas voir sa fille patiner parce qu'il a autre chose à faire.

Pour moi ça a vraiment été dur à lire et à encaisser.



Mais il fallait pour Bliss et pour Skyler que je poursuive ma lecture. Je voulais découvrir qui avait tué Bliss. Je voulais aussi savoir ce qu'allait devenir Skyler.



Bon cette fois j'en suis convaincue. Pas d'happy end avec JCO. Mais des romans coups de poing. Elle s'attaque à des sujets difficiles et on peut dire qu'elle n'épargne personne.



Alors c'est ça le fameux rêve américain?



Et bien je vais rester dans ma Haute Loire profonde et profiter de mes enfants que j'aime de la tête au pied, avec leurs qualités mais aussi tous leurs défauts.

























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Paysage perdu

«  Il se peut que l'écrivain/ artiste soit stimulé par les mystères de l'enfance ou que ce soient ces mystères qui stimulent l'écrivain / artiste » .



«  L'écrivain est un déchiffreur d'indices » .



«  L'écrivain est celui qui comprend le profond mystère du «  familier » .

L'étrange opacité de ce que nous avons vu des milliers de fois. Et la perte inconsolable, quand ce qui allait de soi nous est finalement ôté » .



Voici quelques extraits de ce récit captivant découvert grâce à une amie de Babelio qui se reconnaîtra. .

J’ai lu au moins douze livres de cette auteure : ( il faut dire qu’elle est prolifique . )

Auparavant je voudrais parler de ce que le lecteur ressent à chaque fois qu’il lit ses histoires captivantes, troublantes, son style si particulier , brut , brutal, haletant mais aussi intimiste, à la psychologie fouillée, elle aime les personnages ambigus , profonds, humains , déstabilisants , analyse avec maestria les déviances ou les ambivalences , nous plonge —- à l’os—- au cœur de l’âme humaine .



A chaque fois le lecteur , étonné , passionné , attentif , bluffé est fasciné par tant de talent à l’état brut.

Je n’exagère pas .,l,

Ce récit nous offre une fenêtre inédite , rare......touchante , marquante.

Un voyage captivant, fabuleux au sein duquel la grande écrivaine J.C.O revient sur ses années d’enfance et d’adolescence , le chemin parcouru honnêtement depuis «  Alice au pays des merveilles » en passant par sa découverte émue de la littérature grâce à sa grand- mère jusqu’au portrait douloureux de sa petite sœur «  Lynn Ann » , atteinte d’autisme

.

Au gré des chapitres sont mis en lumière son amour pour ses parents tant aimés , ses grands- parents hongrois, les «  maisons » , les animaux telle l’amitié particulière pour son poulet «  heureux » dans son tout jeune âge, le monde ouvrier , l’hypocrisie de la religion, les territoires où des êtres souffrent, les enfants battus et l’alcoolisme, la douleur même cinquante - sept ans après , du suicide de son amie Cynthia , à l’âge de dix- huit ans , l’intuition acérée de l’écrivain, la littérature mais aussi la conscience des limites de sa mémoire après tant et tant d’années .

Un récit écrit avec infiniment de pudeur , d’honnêteté , de franchise surtout , de sensibilité , de douceur .

Une profonde réflexion, sincère , originale, qui explore des territoires anciens , dans l’esprit du soi «  vulnérable de l’écrivaine » —-que l’on croyait justement invulnérable ——de sa formation , de sa construction, ouvrant une large fenêtre sur son travail , son histoire personnelle , qui renvoie ses lecteurs à ses propres paysages d’enfance et de souvenirs .

Pour ceux qui connaissent J.C.O et les autres peut- être. Vous ne le regretterez pas.

IMPRESSIONNANT .
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Viol, une histoire d'amour

Etats-Unis, Niagara Falls, 4 juillet 1996, la fête a battu son plein toute la journée, les feux d’artifice ont clôturé la soirée. Tina et sa fille de douze ans, Bethie, rentrent chez elles en prenant un raccourci qui traverse le bois au bord d’un étang. Ils sont un groupe de jeunes, défoncés à la « meth. » qui vont la prendre pour cible, la violer chacun à leur tour sous les yeux de sa fille et la laisser pour morte. La suite se perd dans les couloirs d’une justice corrompue et phallocrate, dans les méandres d’une vengeance silencieuse et inébranlable.

Joyce Carol Oates, sous la forme de flashs nés de la mémoire déchirée d’un traumatisme qui a détruit une vie et saccagé d’autres, signe une histoire d’une force inouïe qui marque les esprits et rappelle la violence, la sauvagerie qui sommeille en certaines personnes. Il y a des bêtes à figure humaine qui rôdent dans nos sociétés et pour lesquelles la seule loi du Talion est une réponse efficace.

Traduction de Claude Seban.

Editions Philippe Rey, Points, 183 pages.

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Les Chutes

Ouvrir un roman de Joyce Carol Oates, c'est embarquer pour une aventure.

C'est accepter, le temps d'un voyage, de se laisser guider par cette magicienne qui nous emmène avec détermination exactement là où elle veut.

Le périple n'est pas de tout repos, mais comme c'est bon de se faire emporter dans un univers et des personnages si bien conçus !

Une famille.

Compliquée, évidemment.

Une femme.

Tourmentée, cela va de soi.

Et au milieu coule une rivière : le Niagara.

Bien plus qu'un décor, c'est le personnage principal de l'histoire.

Le Niagara et ses célèbres chutes.

De près ou de loin, il est omniprésent. On se fait parfois tremper et l'on est assourdi par son grondement sauvage ; à d'autres moments, on ne perçoit plus qu'un léger gargouillis et l'on ne reçoit que quelques embruns, mais il est toujours là.

Il poursuit le lecteur comme il poursuit ceux qui vivent près de lui. Sa mainmise sur les habitants de la région est fascinante.

Il a une volonté propre. C'est écrit dans le texte : les chutes sont "dotées d'une vie mystérieuse".



Un agneau se désaltérait dans le courant d'une onde pure... ah, non, pas du tout !

Connaissant bien Joyce Carol Oates et sachant que je partais pour le Niagara, je me doutais à l'avance que le tableau allait être tout autre.

Et je n'ai pas été déçue !

Dans les romans de cette grande dame de la littérature américaine, la vie n'est jamais un long fleuve tranquille et celui-ci ne fait pas exception.

Avec une remarquable maîtrise du rythme, elle nous entraîne dans le cours tumultueux de la rivière et de la vie.

Elle sait tour à tour nous plonger dans un énorme vortex ou nous faire voguer sur des flots plus calmes ; elle nous ramène parfois sur la berge pour mieux nous entraîner dans le courant déchaîné.

Ainsi va la vie, non ?



Joyce Carol Oates m'a, une fois de plus, éclaboussée de tout son talent.

De ses multiples talents devrais-je dire.

En premier, celui de creuser si finement la psychologie de ses personnages que j'en viens à les connaître intimement. Que je les aime ou non, je m'attache à eux et leur sort me préoccupe.

En second, celui de créer des intrigues multiples sur plusieurs époques avec des passerelles tantôt solides tantôt fragiles, toujours cohérentes, et engendrant quand on ne s'y attend pas des résonances bouleversantes.



Joyce Carol Oates tient ferme les rennes. De son écriture ultra précise, elle dirige tout, elle contrôle tout. Elle emmène ses personnages exactement là où elle veut... et le lecteur avec.

Tout est merveilleusement bien prévu, bien construit, avec quelques surprises ici ou là, et la juste dose de mystère qui plane encore au-dessus des chutes une fois le livre refermé.

Comme dans tant d'autres de ses romans je me suis sentie parfois bousculée, mais j'ai aimé cette sensation et je me suis sentie merveilleusement bien dans ce texte.

Ariah, Dirk et les autres, je vous ai aimés le temps d'une lecture et je vous garde quelque part en moi. En comprenant vos failles et vos fragilités, c'est des miennes que je prends conscience.



Un pur bonheur de lecture que la quatrième de couverture résume en ces termes parfaits : "Un roman aussi beau et tumultueux que ces Chutes au charme maléfique."

Un excellent cru de mon auteur contemporain préféré.
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Les Chutes

Je suis parvenue au bout de ces presque 700 pages. Difficilement.

Je n'ai pas compris où voulait en venir l'auteur. Peut-être suis-je passée à côté de l'essentiel de ce roman.

Ce livre est une énigme pour moi. Mon avis peut se résumer à : ???
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Paysage perdu

"Il se peut que l'écrivain/artiste soit stimulé par les mystères de l'enfance ou que ce soient ces mystères qui stimulent l'écrivain/artiste. (...) si je parviens à résoudre le mystère de la fiction, j'aurai résolu un mystère de ma vie. Que le mystère ne soit jamais résolu semble être la raison qui pousse l'écrivain à poursuivre son effort : chaque histoire, chaque poème, chaque roman est une reformulation de cette quête infatigable pour pénétrer le mystère.

L'écrivain est un déchiffreur d'indices.... (p. 86)"



J'ai "craqué" pour ce "Paysage perdu", qui me permettra de faire plus ample connaissance avec cette auteure, que j'apprécie depuis longtemps, tout en étant à la fois fascinée et pleine d'appréhension, chaque fois, envers son univers , souvent fort sombre !



Ce récit personnel nous offre des éclats d'enfance, de confidences sur le chemin d'une petite fille, qui apprend la vie. Elle y narre l'amitié, la première expérience de la mort, avec la disparition de son grand-père, les non-dits, secrets de famille, l'histoire familiale, mouvementée , des grands-

parents émigrés; d'un côté , hongrois, de l'autre, allemands...Elle raconte par brefs chapitres des réminiscences : son attirance pour les maisons abandonnées, ses rapports avec les animaux, la nature, la ferme de ses parents...la petite soeur autiste, les études universitaires, son goût

pour l'enseignement, les classes sociales, les poids de la pauvreté et de l'ignorance, rencontrés dans le milieu rural de sa jeunesse, et ces trésors d'amour apportés par ses parents, ainsi que son époux, Ray, qui l'ont construite... Sans omettre cette passion insatiable pour le langage et les mots !



Elle y parle avec talent et reconnaissance de la grande dignité de l'énergie exceptionnelle de ses parents qui ont vécu la Grande Dépression !



Lecture des plus vivantes qui apporte des clefs et de nouvelles approches pour lire avec un oeil plus aïguisé, plus attentif...les différents univers fictionnels de cette écrivaine de grand talent ...



"Un écrivain est peut-être quelqu'un qui, dans l'enfance, apprend à chercher et à déchiffrer des indices; quelqu'un qui écoute avec attention ce qui est dit afin d'entendre ce qui ne l'est pas; quelqu'un qui devient sensible aux nuances, aux sous-entendus et aux expressions fugitives des visages." (p. 81)



Une lecture foisonnante, captivante qui nous fait pénétrer dans l'enfance et les méandres des souvenirs , des chocs émotionnels, littéraires de cette grande Dame de la Littérature ... Un moment précieux, riche de mille couleurs et mille émotions !!!







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La fille du fossoyeur

Ce livre ne m'a pas quittée , j'ai oublié le temps, j'ai oublié la nuit , en fait je n'ai fait que lire depuis la veille, puis tard dans la nuit, et dès que j'ai pu abandonner quelques obligations sociales et domestiques, je suis retournée avec bonheur dans ces pages. Un vrai pavé, qui vous happe et absorbe vos pensées, un réel univers tout en nuances ! Bref je n'ai pas été de bonne compagnie depuis 24 heures.

C’est l'effet produit par les grands romans émouvants qui mêlent destins individuels et histoire du monde. C'est sûrement une expérience partagée par nombre de lecteurs passionnés, car elle sait raconter une histoire, cette auteure qui aime les personnages ambigüs, profonds, humains.

C'est l'histoire d'une petite juive allemande qui naît en 1936 dans le port de New York dans la cale d'un navire transportant des migrants fuyant les persécutions en Europe. Joyce Carol Oates raconte la vie de Rebecca/Hazel, faite de tragédies, de changements d'identité, de renoncements, de secrets et mensonges. C'est un très beau destin de femme, une histoire de survie, au-delà de la violence des hommes, au-delà de l'holocauste, qui nous est comptée là, quelque chose de profondément humain.

Elle nous emmène dans l'esprit de Rebecca pour voir et ressentir avec elle, jusqu'à sa manière d'enfant de percevoir les mots entendus dans les conversations des adultes. Elle réussit à nous faire partager ses pensées, ses regrets, ses peurs, ses contradictions en utilisant l'italique qui se mêle habilement à la narration.

Elle réussit à nous troubler avec ses réflexions sur l'histoire, sa prétendue linéarité, et son sens du présent, son rapport à la vérité qui n'est pas forcément positive. Cette complexité n’est pas la seule qualité de ce grand roman ...

La correspondance du dernier chapitre m'a émue aux larmes…



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Ce que j'ai oublié de te dire

Comment ne pas être admirative , une fois de plus devant la polyvalence du talent et du savoir faire de cet auteur que j'admire ?

Au coeur de cet ouvrage l'auteur met en scène un groupe d'amies, des jeunes filles scolarisées dans un lycée américain, huppé, prestigieux , après le suicide de l'une d'entre elles, l'indignée, la plus fragile, la singulière , fille de Star, l'abrupte Tink .....



Et si les petites filles riches n'étaient pas si heureuses ?



Comment continuer à vivre sereinement , avec ses propres silences quand la " Seule "personne qui vous comprenait est morte ?



Chacune est en souffrance psychologique ......

Pourquoi Mérissa, la surdouée, si parfaite se scarifie t- elle dans le plus grand secret ?



Pourquoi Nadia, qui se croit grosse, naïve , émotive, peu confiante en elle, face à une jeune belle- mère rayonnante tombe amoureuse de son prof de sciences et lui crée des ennuis ? N'en disons pas trop .....



L'une et l'autre pensent constamment à Tink et à la mort, et la disparue, en de très subtiles réminiscences et légères touches fantastiques viendra les sauver ?



L'écriture , au scalpel, nous met sciemment mal à l'aise, nous fait réfléchir à partir de pistes cruelles : rejet parental, anoréxie, maladie, suicide, harcèlement, angoisse latente, tristesse, autant de thèmes complexes traités de main de maître .

J.C O, nous brosse avec réalisme et noirceur, justesse, les secrets qui dérangent, (mot qui revient souvent dans la narration), l'intimité et la solitude , les failles et les désordres, les non -dits, les contradictions de l'adolescence, mais surtout, surtout , la superficialité d'une société contemporaine où les apparences , les rumeurs et les réseaux sociaux sont rois !



Sans parler des parents ou beaux- parents , dépassés, tournés vers eux-mêmes avec négligence ou indifférence , ignorant souvent la souffrance de leurs enfants , accaparés par leurs propres problèmes !



Une restriction pour la narration: le langage de l'adolescence est assez irritant , agaçant.

Un roman fascinant , perturbant qui décrit de façon cruelle , parfaite la complexité émotionnelle de l'adolescence !

Un bon livre de plus de cet auteur talentueuse !

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Les femelles

Je ne suis pas un fanatique des recueils de nouvelles, en revanche je suis un admirateur de la littérature de Mme Oates et, ici, ce livre m'a conforté dans cette admiration;

Neuf nouvelles d'environ trente pages chacune, toutes aussi intéressantes les unes que les autres avec une montée en puissance au fur et à mesure de l'avancée dans cette lecture comme si le classement se faisait en fonction de l'intensité de l'intrigue. Bien sûr la prose de cette autrice n'est pas faite à l'eau de rose, au contraire c'est du râpeux, de l'épais, du lourd, faux que ça pète et ça pète.

Des femmes, neuf femmes et quelques autres, par-ci, par-là, faire valoir des héroïnes, de celles qui font mouche mais toujours comme ça sans forcément de raison valable apparente mais un motif, un leitmotiv scotché là, au fond de l'inconscient qui pousse à l'impensable, à la suppression de celui ou de ceux qui gênent, tel l'ange de miséricorde en mission pour le bien de ceux qui souffrent car quand on est en soins palliatifs, un départ de plus ne se voit pas.

Parfois indicibles, illisibles, difficiles là ou les raisons de faire disparaitre l'autre, le gêneur, par un moyen rapide, arme ou par procuration, sont nécessaires, tel un rouleau compresseur, le nécessaire est fait.

J. C. Oates démontre, encore une fois, par cette oeuvre, la puissance de son écriture sans compassion pour le genre humain tel qu'elle le conçoit.

Un bon moment de lecture, certes un peu difficile quelquefois.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Cher époux

Panique… Et je n’ouvre que la première page, je suis pris d’une panique grandissante devant ce petit mouvement de violence qui s’instille dans cette putain de vie. Il ne faut pas grand-chose pour déliter une vie, un bus, un flingue et la panique. Mais courageux, je suis, persévérant je continue. Je me prends un verre de whisky, un Cutty Sark, comme le trois-mâts. Les souvenirs refont surface et égrènent cette douleur insidieuse qui sue à travers les pores de ma vie, de mon être, mal-être. Un couteau, long, effilé, la lame froide, l’âme froide, tentant, très. Je prends une lame de rasoir, une perle de sang coule, s’écoule, mes veines se teintent, se vident, ma vie s’écoule le long…



Dans un centre de remise en forme ou une décharge, la vie a ses ombrages, sa violence intrinsèque. En cure de désintox, je récite le sutra du cœur, celui d’une vie, d’une femme, d’un homme. Une idylle qui a également son lot de violence, de trahison, de fausse harmonie. A Princeton. A Lost Lake Mountain. En zazen ou recroquevillé dans un vieux fauteuil en cuir. Un coup de Kyôsaku sur l’épaule ou une seringue plantée dans le bras, un aller-retour des pensées et de la méth, l’âme s’écoule en ta demeure de chair. Chère Carol, ou Joyce, je crois que c’est mon premier recueil que j’aborde avec toi, j’aurais envie de te l’écrire, te le dire, un verre de Cutty Sark entre nous, mais le déséquilibre du lecteur sorti de sa poussière peut s’avérer dévastateur. J’ai adoré, ces histoires sombres où l’espoir a abandonné nos misérables vies poussiéreuses. Cela fait du bien, un bien fou de se sentir mourir à petits feux dans l’univers ombragé de tes nouvelles.
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Daddy Love

Il y a des films d'horreur... et des livres d'horreur. Celui-ci en est un.

Et quand on sait qu'il est écrit par la reine en la matière, les attentes sont élevées.

Une fois de plus, Joyce Carol Oates ne m'a pas déçue.

Oh non, c'est beaucoup trop faible dit comme ça. Elle m'a happée dans son histoire et m'a promenée dans un tourbillon d'atrocités.

Mais attention, avec JCO (si vous me permettez cette abréviation, en aucun cas irrespectueuse, mais admirative et affectueuse), il ne s'agit jamais d'horreur gratuite, crue, provocante et vomitive comme chez Bret Easton Ellis dans American Psycho.

JCO est bien plus fine. L'horreur, elle la suggère. Elle vous la glisse telle une image subliminale dans une petite phrase ou un simple petit mot qui, hors du contexte seraient anodins, mais qui prennent tout leur sens dans l'astucieuse construction.

"Donne-moi la main dit-elle." ouvre le livre, le petit Robbie est en sécurité avec sa maman ; "Donne-moi la main, dit-il." débute le chapitre sept, alors que l'enfant est avec son ravisseur. Quelle horrible symétrie, mais quelle habileté ! Tout l'abomination de la situation est là, entre ces deux phrases insignifiantes en apparence, et qui m'ont bouleversée, fait hurler intérieurement : "Non, non, non ! Robbie ne devrait pas être là avec Daddy Love. Sa place est avec sa maman !"

Daddy Love.

Quelle invention ! Quelle ironie dans ce nom ! La juxtaposition du diminutif enfantin Daddy, si plein d'amour et de confiance, et de Love, qui n'a pas besoin d'être expliqué. C'est diabolique d'avoir choisi un tel nom pour un tel personnage.

Je pense qu'il y a un petit côté cruel et pervers chez JCO, et qu'il ressort plus ou moins selon ses romans. Ici, nous ne sommes clairement pas au bas de l'échelle.

Alice Ferney dans le ventre de la fée nous faisait entrer dans la tête d'un serial killer ; ici, Joyce Carol Oates nous emmène dans celle d'un pervers sexuel, kidnappeur de petits garçons. Si je rapproche ces auteurs que j'aime, c'est parce que je trouve dans leurs deux romans beaucoup de points communs malgré leurs différences : l'absence de limite dans la mise à nu de l'atrocité, leur façon de faire naître le dégoût chez le lecteur par de petites phrases plus suggestives que descriptives, le réalisme de leur personnage. Et surtout le fait que le Gabriel de l'une est aussi intelligent que le Daddy Love de l'autre, ce qui les rend malheureusement plus "efficaces" dans leurs actions. Plus humains dans leur monstruosité aussi, et donc plus effrayants.

Oui, Daddy Love est effrayant. Il est effrayant pour Robbie bien sûr, et pour le lecteur qui suit son parcours.

Mais pour les gens qu'il côtoie, il sait dissimuler. Pire, il se montre serviable et enjôleur. Insoupçonnable, donc. Le genre d'homme dont ceux qui ont vécu des années près de chez lui disent face à la caméra "On n'a jamais rien remarqué. C'était un homme sans histoires, un si gentil voisin." une fois sa véritable nature révélée.

Chaque année, je retiens ma respiration au moment de l'annonce du prix Nobel de littérature... et chaque fois, je suis déçue. Quand les jurés vont-ils enfin se décider à récompenser Joyce Carol Oates ?

Je ne vais pas faire dans l'originalité pour conclure, je reprends ce que j'avais écrit dans ma critique du roman Au commencement était la vie.

Je me dis toujours, après avoir refermé un de ses romans que je pourrais croiser l'une de ses créatures... en fait, que j'en croise peut-être sans le savoir... qu'un de mes voisins sous une charmante apparence a les mêmes fêlures qu'un des multiples personnages que cet écrivain de génie a créés...

On ne voit plus le monde de la même façon après avoir plongé dans l'univers de Joyce Carol Oates !

Lisez et jugez par vous-même, mais je vous aurai prévenus : c'est à vos risques et périls.

Cette lecture est dérangeante, j'en ressors ébranlée, mais que j'aime être bousculée quand c'est fait avec autant de talent !

Une fois de plus, merci madame Oates.
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Babysitter

Ca arrive..... Pourtant j'aime beaucoup JCO, je me suis régalée avec pas mal de ses bouquins ! Et puis quelques uns dont j'ai été moins fan. Là surtout j'ai été déçue. Ca va être difficile pour moi d'expliquer ma déception sans divulgâcher...

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L'héroïne : Hannah, desperate housewife des années 70. Pauvre femme riche. Mari qui gagne de l'argent, enfants à élever, une femme de ménage-nurse-cuisinière philippine à disposition. Quelques bonnes oeuvres pour s'occuper. Hannah est à la fois une caricature et une réalité.

Une femme égoïste, intéressée par rien en dehors de sa petite personne. Parfois un peu cruche (et encore c'est un euphémisme !). Déroutante pour moi en un mot.

En parallèle "Babysitter" violeur et tueur en série de petits garçons. Quelques pages les concernant.

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La raison de ma déception ?

En fait j'ai vraiment accroché au début du roman, jusque la partie IV. Et puis la partie IV (trop téléguidée ?), et puis les deux histoires En fait l'héroïne est tellement égoïste qu'elle ne se pose aucune question sur le voiturier, sur Babysitter.... je n'en dis pas plus. Je m'attendais à des questionnements, des doutes, des tremblements internes genre "tempête dans un crâne". En fait sa principale question est : est-ce que le foulard Dior va suivre avec ses talons aiguilles ? Au début c'est drôle mais à la fin, sur 600 pages, ça m'a lassée....

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Le livre avait pour moi vraiment bien démarré, pour finir par cette lassitude d'où ma note sans doute un peu sévère. A la hauteur de ma déception.

Un détail sans doute : mais qu'est-ce que c'est que toutes ces parenthèses qui hachent le roman ??? Je n'aime pas, mais alors pas du tout !!

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J'ai lu ce roman en compagnie de Roxanne78 (un grand merci). Nous avons pu partager nos ressentis, pas toujours les mêmes c'est ce qui est intéressant. Merci pour cette lecture commune.

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Confessions d'un gang de filles

Ca fait un moment que je tourne autour de ce livre. J'ai déjà lu pas mal de livres de JCO, avec plus ou moins de bonheur. Celui-là me tentait pas mal. mais j'avais peur d'être déçue. Allez savoir pourquoi !? Vous avez compris aux étoiles que pas du tout, ce roman m'a plu.

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Il déroge aux livres que je connais de JCO. En effet souvent un moment, un fait social va détruire une famille et on suit cette destruction. Ici ce n'est pas le cas. Les gamines qu'on va rencontrer vivent déjà dans de pseudo familles, dysfonctionnelles, violentes, démissionnaires.... Au choix... Des gamines, perdues, abandonnées qui vont trouver dans leur sororité un lien fort, unique. Un lien qui les unit, les protège et qui s'exerce contre. Contre les adultes, contre l'autorité mais surtout contre les hommes (au sens XY).

Selon les filles, un lien qui va les élever, les aider ou les enfoncer....

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Dès le début on sent des fêlures, on sent que quelque chose de grave peut arriver mais sans savoir quoi, qui, comment....

Un livre dur, sans concession, mais touchant. On s'attache à ces gamines, chacune avec son profil, ses qualités, ses défauts. Quel gâchis en fait !.... Aucun adulte pour les aider, aucun soutien.... Cette envie de savoir ce qu'il va se passer, cette envie de les voir grandir, passer à l'âge adulte sans (trop de) violence... Et malheureusement la réalité.... Pourtant, j'y ai cru à leur rêve, leur jolie utopie !

Un très beau roman que je vous conseille.

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Babysitter

Une autopsie au scalpel des pensées et de la vie d’une femme de l’upper-middle class de Détroit dans les années 70. L’emprise des hommes sur cette même femme. Avec en parallèle, l’enlèvement de jeunes enfants par un pédophile surnommé Babysitter par la presse locale.

2 histoires sans lien apparent qui proposent une peinture sans concession de l’élite américaine…

C’est terrifiant, suffocant et totalement addictif. Des phrases courtes, percutantes, du rythme et une atmosphère hypnotique qui oscille entre fantasmes et réalité.

Et une fin 😬
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Nous étions les Mulvaney

Louis Aragon a écrit un poème : Il n'y a pas d'amour heureux. Chez Joyce Carol Oates, on serait tenté de dire qu'il n'y a pas de famille heureuse.

Qu'on évoque celle des: Chutes avec les Burnaby ou celle qu'elle nous conte dans : Nous étions Les Mulvaney.

On peut établir d'étranges parallèles entre ces deux familles, les deux pères sombrent dans la déchéance avec l'alcool et les mères étouffent dans une religion qui ne leur accorde pas l'assistance voulue.

Et, les enfants, me direz-vous ?

Dans une, ils sont trois, dans l'autre quatre, ils vont se débattre dans ce magma familial et leurs identités sont confuses à définir pour chacun.

Nous étions les Mulvaney nous raconte au départ l'histoire d'une famille heureuse vivant à la campagne une vie idyllique entre nature et animaux.

J'ai eu dès le début beaucoup de mal à y croire d'autant que très vite, Oates nous fait comprendre qu'un drame va scinder ces vies qui voleront en éclat.

C'est, en fait, avec la fille de la famille que le drame naît, elle se fait violer suite à un bal où elle a l'imprudence de boire une vodka qui lui fera dire qu'elle est autant responsable que son violeur.Elle ne veut pas que des poursuites soient exercées à son encontre.

Un point de vue qui dérange en fait un peu, elle est tout de même une réelle victime et toute sa vie et celle des siens est anéantie à partir de ce viol.

Joyce Carol Oates décrit avec minutie les rouages d'une petite ville, les qu'en dira-t-on ( plusieurs fois écrit : elle l'a bien cherché), le coupable protégé parce qu'il est issu d'une famille de notables possédants.

Commence alors une longue descente aux enfers pour la famille Mulvaney et laisse apparaître toutes les failles de chaque membre de la famille.

Celle du père est centrale, sa fille étant sa préférée, elle "lui a volé son cœur", il la bannit de son regard et la contraint à vivre éloignée de sa famille.Lui même a été rejeté par son père qui l'a chassé de chez lui.

Une répétition étrange, inévitable ?

Chacun des enfants va suivre une route difficile dont ce drame est le nœud central de cette famille.



Je dois dire que ce roman se lit facilement, on est pris dans l'engrenage des jours où cette famille se débat.

Néanmoins, beaucoup de descriptions inutiles notamment celles sur les animaux, les lieux ,qui lasse par moments le lecteur.

J'imagine, je ne sais pas si c'est déjà le cas que ce roman s'adapte très bien en une adaptation cinématographique.

Si c'était le cas, je ne gâcherais pas mon plaisir et j'irais le voir.

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