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EAN : 9782749937878
601 pages
Michel Lafon (08/11/2018)
4.14/5   57 notes
Résumé :
Un même point de départ. Deux intrigues. Une expérience littéraire inédite.
Il était une fois une famille heureuse et unie. Des jumelles de six ans qui se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Deux soeurs qui grandissent, inséparables...
Le 14 juillet, alors que Coline est punie, Jessica assiste au feu d'artifice. De ce léger accroc à leur amour fusionnel naît la jalousie. Chaque jour plus dévorante et maladive, elle va jusqu'au bout empoisonner leur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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C'est grâce à Babelio que j'ai découvert ce livre au procédé original : deux histoires écrites par deux auteures différentes basées sur le même scénario de départ.
14 juillet 2004, le Quesnoy, une petite bourgade du Nord, Patricia emmène sa fille Jessica, 6 ans, admirer le feu d'artifice pendant que Coline, la jumelle de cette dernière, punie après une grosse bêtise, est restée à la maison avec son père Thierry, rongée par la jalousie. A partir de cet instant-là, les deux récits divergent.

Amélie Antoine a écrit "Sans elle". Un instant d'inattention au milieu de la foule et dans l'obscurité de ce soir de juillet, Patricia perd la fillette du regard. Une petite seconde et une vie qui disparaît. L'enquête de police ne donnera rien, pas le moindre indice susceptible d'éclaircir le mystère. Coline devra apprendre à vivre dans l'ombre du fantôme de sa soeur, près de sa mère détruite par le drame et loin d'un père qui ira se reconstruire un foyer ailleurs.

Solène Bakowski dans "Avec elle" décrit ce qu'aurait été l'existence commune des jumelles. Pas de disparition au milieu des pétards du 14 juillet, mais une rencontre entre Patricia et un jeune homme qui signera le début d'un adultère auquel son couple ne survivra pas. Au milieu des disputes de leurs parents, les fillettes trouveront leur salut dans le duo fusionnel qu'elles forment. Mais rythmée par les "Je t'aime, moi non plus" dictés par Jessica, experte en manipulation, leur relation sera faite de haut et de bas, gangrénée par la jalousie. De caractère opposé, plus effacée, se jugeant moins jolie, Coline souffrira beaucoup de cette situation.

J'ai beaucoup aimé l'idée de ce scénario bi-directionnel. Les deux récits sont édités tête-bêche, à noter que cela donne un livre très lourd de plus de 600 pages, dont on peut cependant souligner les magnifiques couvertures. L'idée d'intituler chaque chapitre par un verbe qui le résume comme par exemple "Basculer", "Paniquer", "Comprendre" est plutôt intéressante, cela rythme chaque étape dans le lent processus. Dans chaque histoire, on retrouve les mêmes personnages mais leurs actions sont différentes. Il suffit parfois de presque rien pour faire basculer le destin.
"Sans elle" nous fait partager la vie d'une famille détruite par la disparition d'un de ses membres. Chacun devra vivre avec la culpabilité ancrée en soi et empêtré dans son propre chagrin sera aveugle à la douleur de l'autre. Le manque de dialogue fera le reste. Le lecteur vit comme eux une douloureuse attente dans l'espoir de savoir enfin ce qu'il est advenu de Jessica. Il assiste, impuissant, aux difficultés de Coline, victime collatérale du destin, pour grandir près d'une mère qui ne vit que dans le souvenir de son autre enfant décédée. Par son style, l'auteure que je découvre, a bien su faire ressortir toute l'intensité dramatique du récit.

Je dois reconnaître que j'ai beaucoup moins aimé "Avec elle" de Solène Bakowski, auteure que je découvre également. Je pense que la tâche était beaucoup plus difficile pour elle, le mystère de la disparition n'étant pas là pour mettre en scène la tragédie à venir. Elle a basé son histoire uniquement sur la relation chaotique des jumelles et la souffrance que cela engendre chez Coline tout particulièrement. Son manque de réaction face au despotisme de Jessica m'a exaspérée et j'ai trouvé le récit profondément ennuyeux et certains évènements moins crédibles.

A la fin de cette lecture, je reste partagée. Le procédé était très intéressant mais peut-être compliqué à exploiter. L'une a joué sur le sensationnel d'une disparition mystérieuse et la complexité du mécanisme du deuil. L'autre a fait avec la banalité de relations adultérines, préférant s'étendre sur l'énigmatique rapport entre jumeaux. J'accorde donc une note de 11/20, faisant une moyenne entre les deux histoires.
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Je me contente assez souvent de survoler les résumés, me fiant à la couverture. Celle de ces 2 petites filles et quelques commentaires élogieux sur des pages FB titillaient ma curiosité. C'est donc avec grand plaisir que j'ai tenté ma chance sur un concours proposé sur Insta par les auteures, plaisir encore plus grand quand le livre est arrivé. Un format peu commun, une édition recto-verso des 2 versions de l'histoire concoctés par Amélie Antoine et Solène Bakowski. Un défi de taille que se sont lancés ces 2 auteures. Un idée on ne peut plus originale qui me fait penser à celui de U4, mais une série en 4 tomes qui, elle, est vue à travers chaque personnage et narrée par un auteur différent.

J'ai débuté l'aventure par l'approche de Solène Bakowski tant il me semblait logique de commencer par Avec Elle.
Dans ce tome, on se laisse transporter dans les relations complexes, ambivalentes évoluant entre " je t'aime, moi non plus" que vivent les jumelles. le contexte est très réaliste, prend ses sources dans la vie quotidienne, celle de Thierry et Patricia qui se délite au fil du temps, la complexité de la vie de couple, l'usure du quotidien que les enfants compliquent, parfois, innocemment.
Patricia éprouve des sentiments communs à beaucoup de mères, il suffit de tendre l'oreille, à droite à gauche, de près ou de loin, des Patricia ont en a toutes une dans notre entourage, quant on a pas, soi-même eu quelques fois, ressenti ce sentiment d'étouffement lié à ce quotidien répétitif. N 'explique-t-il pas, parfois, l'adultère, les séparations ? Dans cette ambiance délétère, les enfants saisissent des bribes de conversation, enregistrent, assimilent, interprètent. Tout est là en ces 2 mots, ressenti, interprétation. Face une même situation, chacun le vit à sa manière et quand les non-dits prennent toute la place, eh bien... personne ne sait ce que l'autre éprouve réellement.
J'ai été happée par la curiosité une grande part du récit, vibrant d'impatience de découvrir les effets et aboutissants d'une telle relation "toxique" toute en ambiguïté entre les 2 soeurs. Mais l'issue est longue à se mettre en place ,et j'avoue m'être un peu ennuyée, les passages devenant redondants. de plus cette connectivité propre à la relation entre les filles, je ne l'ai pas trouvée spécifique à des jumelles. Elle sert juste à l'intrigue, car l'on peut voir tout aussi bien de tels liens entre soeurs.
Cependant, l'auteure joue avec nos émotions. Elle sait s'y prendre pour nous faire prendre parti pour l'une des jumelles, celle qui sera responsable du drame qui se trame. Jessica/Coline physiquement semblables, aux personnalités contrastées et si dissonantes. Et quand la mère ne reste pas impartiale dans certaines situations forcement, on s'en agace.
La plume de l'auteure est fluide et plaisante. Elle sait planter les décors, brosser des portraits vibrants de réalisme, attiser l'intérêt du lecteur et le surprendre par son dénouement. L'approche psychologique choisie par l'auteure est intéressante, prend le pas sur côté thriller et suspens. Peut-être est-ce l'explication au fait que j'ai trouvé, certains passages répétitifs et momentanément ennuyeux ?

L'approche d'Amélie Antoine dans Sans elle, est toute aussi psychologique, avec le coté thriller en plus. Les auteures suivent une trame commune et les protagonistes prennent des chemins proches et parfois totalement différents. On y retrouve des personnages assez importants de la version de Solène Bakowski avec des variantes plutôt étonnantes.
Dans cet opus, Amélie Antoine s'attache à traiter les répercussions de la disparition de Jessica sur la famille et développe les sentiments de chaque protagoniste principal. La psychologie de chacun y ait brossée avec justesse, réalisme. Tout comme dans Avec elle, cette soirée du 14 juillet va ébranler les fondations de cette famille unie. Les liens qui les unissent s'y délitent, et ici encore les non-dits auront des conséquences néfastes sur tout un chacun. Cette fois les raisons sont à mille lieux de la précédente version.
Les thèmes abordés sont, au vue de cette approche de l'histoire, sensiblement différents, du tome de Solène Bakowski. Ici la culpabilité y règne pour la plus grande part, avec des multiples raisons. Chaque personnage ayant les siennes.
Coline, reste un des protagonistes les plus attachants, mon préféré comme dans le roman précédent. Sa souffrance, sa position dans la famille, la culpabilité du survivant, le sentiment de désamour, nous touche en plein coeur. On aspire à la voir heureuse, faire le deuil de sa soeur disparue, sans pour autant l'oublier, afin de pouvoir se reconstruire. On espère, on y croit .
Le roman est particulièrement bien construit, évoluant tout au long des diverses étapes : après le choc, l'espoir que personne ne veut abandonner, et surtout pas Patricia, mais aussi les incertitudes quotidiennes, le mal être que provoque le fait de ne pas savoir. Puis devrait venir la résignation, le besoin d'avancer, mais certains protagonistes n'y parviennent pas, se refusant à cette alternative. Chaque partie de cette histoire suit le cheminement du deuil, selon Elisabeth Kruler-Ross. L'auteure nous y plonge de manière magistrale, au gré de sa belle plume et nous entraîne dans des montagnes russes d'émotions. le style est addictif, et l'on s'interroge sur la finalité de cette intrigue. Découvrirons nous la vérité sur ce drame familial ?
Le dénouement va me clouer sur place. J'envisageais tout et rien, m'interrogeant au fil des chapitres : serait-elle similaire à celle de Solène Bakowski, tant la trame de base semble être suivie, ou différera-t-elle comme parfois en conservant ce tronc commun ?
Car les auteures ont abordé, chacune, des pistes différentes tout en glissant toutes 2 les mêmes protagonistes secondaires. On retrouve donc : Enis, l'instituteur, Valentin, Loîc qui croisent Patricia et Coline.

Dans cette duologie,un véritable challenge littéraire, chacune des auteures nous offre une vie parallèle faite de tous ces ET Si, que nous même envisageons parfois. Un ET SI qui pourrait dans une version comme dans l'autre changer le tragique des l'histoires. Car drame il y a. Mais pas forcement celui auquel on s'attend. L'intrigue même n'évolue pas dans ce sens là, certains questions resteront sans réponses dans l'abord d' Amélie Antoine. Ce pourrait être frustrant, mais ne pas les avoir reste logique, car tout est réaliste et que le thème le plus important n'est pas de résoudre le mystère de la disparition de Jessica mais les effets secondaires sur toute la vie d'une famille, de parents suspectés et les effets néfastes à long terme.

Je conclurais en remerciant Amélie Antoine et Solène Bakwoski pour ce concours sur Instagram qui m'a permis de découvrir leur plume et donner envie de lire leurs romans.
Je rajouterai que j'ai eu une petite préférence pour le texte d'Amélie Antoine.

Pour infos, je ne pense pas qu'il y ait un ordre de lecture dans ce livre recto-verso.


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Il y a quelques mois sortait Avec elle jumelé avec Sans Elle aux Editions Michel Lafon. Un chouette objet construit de façon intelligente et originale. Tout comme les deux auteurs qui se sont lancés dans un défi fou de nous raconter deux trames de vie avec le même point de départ.

L'histoire avec :

C'est une gentille famille, un couple et deux enfants. Deux petites filles absolument identiques (à quelques infimes détails prêts). C'est un mois de juillet, le 14 exactement. Une bêtise, une réprimande, et l'une des filles est punie. Interdiction d'aller au feu d'artifice. Cela aurait pu être un instant banal comme dans tant de famille, mais celui-ci donne le top départ à une cassure entre les deux fillettes. Plus rien ne sera comme avant.

Pourquoi le malheur s'imprime-t-il davantage que les instants de félicité ? Pourquoi ne garde-t-on que ce qui fait mal ?

L'histoire sans :

C'est une gentille famille, un couple et deux enfants. Deux petites filles absolument identiques (à quelques infimes détails prêts). C'est un mois de juillet, le 14 exactement. Une bêtise, une réprimande, et l'une des filles est punie. Interdiction d'aller au feu d'artifice. Cela aurait pu être un instant banal comme dans tant de famille, mais celui-ci donne le top départ à un drame colossal. L'une des fillettes disparaît. Commence alors une longue attente. Deuil pour certains, désespoir pour d'autres.

Pourtant, la terre ne peut pas être peuplée que de monstres tapis dans l'ombre pour s'emparer de la moindre petite fille se retrouvant seule quelques minutes, si?

Deux histoires donc, avec les mêmes personnages. J'ai commencé ma lecture par celui d'Amélie Antoine qui m'avait crevé le coeur avec son livre les silences. J'étais très impatiente de retrouver sa plume. Je dois vous avouer qu'une fois encore elle a réussi à me faire pleurer. Ce désespoir chez cette mère, j'en avais le souffle coupé. Et puis il y a un autre passage qui m'a retourné les tripes, lorsqu'on se rend compte que le flic ne vit plus depuis cette disparition également. Un livre difficile, choc, qui m'a prise et que je n'ai pas réussi à lâcher.

Je retourne mon livre, et j'ai poursuivi ma lecture avec la version de Solène Bakowski. Alors pour cet auteur, c'était ma première fois 😏. Un très bon auteur également, mais il est vrai que vu les sentiments ressentis par le 1er livre, j'ai pour le coup eu moins les larmes aux yeux. J'ai malgré tout éprouvé des sentiments différents comme l'agacement, l'énervement contre l'une des jumelles. Certains passages m'ont paru un peu gros, mais quand il y a une histoire de domination, la lucidité est toujours mise à mal.

Une très belle expérience lecture que ces deux livres. Vous pouvez les trouver séparément ou comme ici en un seul livre (attention, il pèse un peu dans le sac du coup !) . J'ai une nouvelle fois été charmé par Amélie Antoine qui m'étreint le coeur pour la deuxième fois et je vais un peu plus attention à la prochaine sortie de Solène Bakowski.

Allez bonne lecture 😊
Lien : https://lesciblesdunelectric..
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C'est l'histoire d'un projet un peu fou : 2 auteurs, Amélie Antoine et Solène Bakowski décident d'écrire chacune un livre en partant d'un même point de départ : un lacet.
Coline et Jessica, jumelles doivent se rendre au feu d'artifice du 14 juillet mais l'une a fait une bêtise et en sera privée. La mère, Patricia, n'emmènera que Jessica.
Près de l'étang où les festivités ont lieu, Patricia constate qu'un lacet de chaussure de sa fille est défait.
C'est le point de départ de deux histoires racontées très différemment :
Chez Amélie, le lacet sera refait,
Chez Solène, il ne le sera pas,
Et de ce tout petit détail vont naitre deux scénarios radicalement différents.

"En un claquement de doigts, tout peut chavirer, irréversiblement"

Dans une interview d'Amélie Antoine faite par Nicolas Elie, elle répondait à cette question :
Q : Qu'est ce que tu en penses de l'académisme ? Des auteurs qui finissent par écrire le même livre à chaque fois ? Mettre les mots dans une cage ?
R : Je pense qu'on vit dans une société où il faut à tout prix coller des étiquettes aux artistes, pour pouvoir ensuite les ranger bien sagement dans une boîte. Tout est fait pour qu'un artiste fasse toujours la même chose, pour qu'il devienne une marque, quelque chose de sécurisant, de rassurant, tiens je vais acheter le dernier roman d'Untel, parce que je sais à l'avance ce qu'il y aura à l'intérieur.
Tout est fait pour ça.
Je crois qu'il faut tout faire pour lutter contre.(...)
Il faut se battre pour lutter contre, sans se soucier d'entrer dans un moule (...), écrire ce dont on a envie ou besoin et pas ce que d'autres attendent.

Tout est dit ! Amélie n'est jamais où on l'attend, c'est à mon sens ce qui fait sa force. Elle ne s'embarrasse pas non plus de savoir si un éditeur va la publier, elle écrit, et elle trouve ensuite une solution pour combler son lectorat.
A la lecture de ce livre, j'ai cogité "mais où veut-elle en venir Amélie ? Quand va donc arriver le
"twist" que j'attends (celui auquel je suis habituée, celui qui rentre dans la case "Amélie" ?)".
Et ça m'a justement fait penser à cette réponse qu'elle avait faite à Nicolas :
"Je ne suis pas là où on m'attend "
J'attendais.
Elle n'y était pas.
Et pourtant ! Quel bouquin !!!
Tout d'abord, j'ai été séduite par la profondeur psychologique des personnages principaux :
La mère, Patricia, dure, froide, difficile à attendrir et pourtant terriblement humaine quand le sort s'acharne sur elle.
Le père, Thierry, démissionnaire, silencieux, presque déficient, soumis à l'autorité de sa femme.
Les Jumelles :
Jessica, la meneuse, tenace et énergique, celle qui suscite l'admiration et l'attention.
Coline, la résignée, celle qui trinque, qui subit, qui souffre en silence, qui passe à côté de sa vie en vivant par procuration
Puis, j'ai vraiment aimé la construction du roman.
La première partie évoque la déflagration liée au choc d'un événement qui vous tombe dessus inopinément : basculer, paniquer, comprendre, chercher, s'acharner, soupçonner, ruminer, tenir.
La seconde partie rappelle les grandes étapes du deuil : se souvenir, se détruire, stagner, oublier, jalouser, détester, surmonter, accepter, en finir.
Plusieurs thèmes sont également décortiqués en profondeur, dont certains brillamment: la gémellité bien sûr, mais aussi le naufrage du couple, l'éclatement familial, la préférence filiale, la toxicité maternelle.
En 396 pages, Amélie décortique les émotions humaines.
C'est un exercice périlleux, redoutable, de haute voltige dont peu possèdent la dextérité.
Ce livre est une plongée au royaume des émotions : chaque chapitre provoque un frisson différent et renvoie à des émotions que nous avons tous vécues.
Amélie n'est pas l'écrivain d'un "genre littéraire"
On ne peut pas la mettre dans une case.
Amélie va où son coeur la porte et sa plume nous emmène dans les tréfonds de sa créativité littéraire.
Elle sait tout dire, tout écrire et le fait magistralement.


Je ne connaissais pas Solène, et la lecture de ce livre me procure une joie intense à l'idée qu'il me reste encore des auteurs stupéfiants à découvrir !
J'ai commencé par "Sans Elle", parce qu'Amélie je la suis depuis le début et que j'aime sa façon d'écrire, sa façon de raconter, sa façon de vous emporter dans son univers, monde dans lequel le temps n'existe pas.
Je me disais aussi : c'est elle qui va raconter l'histoire où l'une des jumelles disparait, le choc, la panique, l'espoir, la destruction et la résignation. C'est elle qui rédige la partie de l'action, la partie "noire", celle qui fait trembler le lecteur.
Naïvement, je pensais que la partie rédigée par Solène serait plus commode, plus douce, plus positive, puisque c'est celle dans laquelle il n'y a pas de drame, l'histoire dans laquelle au final il ne doit pas se passer grand chose puisqu'il n'y a pas de séparation.
Je me demandais ce qu'elle allait bien pouvoir nous raconter dans ce roman, quand le lacet n'est pas refait et que la petite fille ne disparait pas.
Je dois dire que ma stupeur a été totale, et mon admiration grande de cette faculté qu'elle possède, elle aussi, de si justement décortiquer les émotions en 376 pages. Il faut en avoir des trucs à décortiquer pour noircir 376 pages !
376 pages d'une relation disséquée, parfaitement analysée :
De soeurs qui s'aiment puis se détestent,
De l'une qui prend l'ascendant sur l'autre,
"Cette soeur qui brille même dans son éclipse"
De l'une qui veut à tout prix exister et pour ce faire est prête à tout.
De l'autre qui subit, ramasse les miettes, efface les ardoises de sa jumelle, et semble n'exister que pour l'empêcher de déraper.
"Quand sa soeur n'est pas là, le manque est faramineux. Quand elle est à ses côtés, elle la hait autant qu'elle l'aime."
Et puis, il y a ce secret de gosse, terrible, qui va dramatiquement changer l'avenir de leur relation.
Ce secret qui va les empêcher d'avoir un vrai lien, basé sur la confiance et l'honnêteté.
Ce secret qui installe des rapports faussés de dominante/dominée et empêche Coline de se rebeller, de dire stop, de s'éloigner.
Elle le dit plusieurs fois " ça va mal finir ".
Oui ça va mal finir, on le sait, on le sent, et à chaque page on se demande où Solène veut nous entrainer, vers quelle noirceur, quel horrible évènement qui pourrait expliquer comment elles vont en arriver là.
On attend que le secret soit révélé, et il ne l'est pas. Ca, c'est diablement intelligent !
Solène n'a pas cédé à la facilité, ni au désir impérieux du lecteur qui veut savoir ce que cette révélation va changer dans leur relation, comment Coline va réagir, et si elle va pardonner l'impardonnable.
Ce roman m'a amené à réfléchir sur les relations toxiques que nous vivons parfois avec une personne de notre entourage : on sait qu'elles sont néfastes mais on les maintient quand même, on garde les liens, on trouve des circonstances atténuantes, des excuses pour pardonner, mais au fond de soi, on sait qu'on devrait s'éloigner, couper les ponts, arrêter, parce que sinon on risque d'en crever...
Cette analyse là est brillante.
Sa façon d'écrire prenante.
Elle possède une connaissance des sentiments humains bluffante.
Je suis admirative de ce ton si juste qui donne à ce roman la pertinence, la justesse, la puissance des mots qui fait naitre les émotions.

Ce projet un peu fou était une sacré bonne surprise, un pari, et un pari sacrément réussi.
Le duo Amélie Antoine/ Solène Bakowski fonctionne à merveille et j'espère qu'il perdurera !

Lien : https://audebouquine.blogspo..
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J'ai lu Sans elle un peu par hasard. Complètement par hasard, même, vu qu'il m'a été proposé suite à un abonnement sur une plateforme d'ebooks.
Les émotions qu'il a déclenchées m'ont amenée á lire Avec Elle dès sa fermeture, avec la petite appréhension d'être déçue. Il m'était impératif de savoir ce qui se serait passé si l'une des jumelles n'avait pas disparu ce jour-là.
Mais mon appréhension était sans objet. J'irais même jusqu'à dire qu'Avec elle est encore plus puissant émotionnellement que le premier.
Commentaire concernant les deux livres, donc : on s'accroche, on s'attache, on souffre, on pleure au rythme des mots et des émotions. Deux livres qu'on "vit" et dont on ne ressort pas tout á fait indemne. Lectures qui nous bouleversent. Il en existe peu.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Parce que Coline le sait bien : si les traits de leur visage sont proches, Jessica a de jolies pommettes là où Coline affiche des joues plus pleines ; le nez de la première est légèrement plus retroussé que celui de la seconde ; l'une arbore des traits moins grossiers que l'autre. Ce n'est pas grand-chose, c'est l'accumulation qui ternit le résultat. A ceci s'ajoute que Jessica vise le monde comme s'il lui appartenait et qu'elle aimante tous ceux qu'elles croisent. C'est un don que Coline, elle, n'a jamais eu. Alors, au jeu de la comparaison, Coline perd toujours. Elle plaît moins.
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Alors elle hurle. Elle hurle le prénom de sa fille, encore, mais le cri devient primal, bestial, le "a" de Jessica se perd dans les ténèbres, les feuilles bruissent et l'emportent, le diffusent, loin, très loin. Patricia hurle jusqu'à ne plus avoir de souffle, jusqu'à ce que ses poumons soient deux ballons de baudruche entièrement et pathétiquement dégonflés. Puis elle reprend une inspiration, et recommence, le rugissement se fait grave, sa voix est méconnaissable, c'est le cri d'une louve qui hurle à la lune, c'est le cri d'une lionne à qui on a arraché son bébé, c'est violent, c'est désespéré, c'est enragé...
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Les souvenirs sont des choses précieuses, aussi imprévisibles et étincelantes qu'une étoile filante. Pourquoi tel ou tel moment reste-t-il jamais gravé dans la mémoire de quelqu'un ? Pourquoi d'autres s'effacent-ils au fil du temps, malgré le souhait qu'on pourrait avoir de ne pas les perdre ?
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