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EAN : 9782867466892
240 pages
Liana Lévi (30/11/-1)
3.7/5   43 notes
Résumé :
Perchée sur la colline, à l'écart du centre-ville, une cité ouvrière et son bistrot : le Bel-Air. Au comptoir, le patron s'enflamme contre les Arabes du foyer de travailleurs et, depuis le baby-foot, les jeunes reluquent la serveuse en se prenant pour Marlon Brando. Gérard et Franck ont grandi là comme des frères. Mais alors qu'une guerre se termine en Indochine et qu'une autre débute en Algérie, leurs premiers choix d'hommes vont brutalement les séparer. Bien des a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Lu dans le cadre de Masse critique

Merci à Babelio et aux éditions Liana Lévi.

Dans les années 50, la forte amitié de 2 adolescents, Gérard et Franck, à l'aube de l'âge adulte va être tourmentée par leurs premiers choix d'hommes. L'histoire se déroule près de la cité de Bel Air, plus particulièrement autour et au sein du bar du même nom, à l'époque des guerres d'Indochine et celle d'Algérie. La grande Histoire va influencer le devenir de ces personnages.

J'avais choisi ce livre parmi d'autres car il racontait le vécu de personnes à l'époque des faits. On nous apprend des tas de choses à l'école sur l'Histoire, les dates, les faits mais connaître le ressenti des personnes qui ne sont pas impliquées directement est autrement intéressant. On voit alors les plus jeunes être influencés par les plus âgés sur leur soutien aux jeunes engagés sur place, sur le racisme ambiant, sur la transmission du patriotisme et du nécessaire engagement de ceux qui ne sont pas encore en âge de l'être.

Le narrateur, Franck, l'un des 2 adolescents, nous emmène au travers d'une histoire somme toute banale en dehors de son contexte ; les études, les premiers petits boulots, les filles, les grandes décisions d'avenir d'un jeune adulte au sein d'un groupe de jeunes qui ne prennent pas forcément le même chemin. Tout cela rend les personnages attachant en particulier le personnage principal Franck. On découvre petit à petit sa façon à lui de devenir un « homme », sa personnalité qu'il a du mal à dévoiler, etc …

J'avoue que je me suis reconnue en lui, cette difficulté à se livrer aux autres, ne pas vouloir parler de lui aux autres par peur d'être jugé. Je n'ai jamais trouvé en dehors de ce livre, les mots justes pour justifier cette volonté de rester discrète. Les phrases sont limpides, l'histoire est complètement plausible, le début de vie adulte est le reflet de ce que l'on a tous vécu ; les doutes, les erreurs de jeunesse, les déceptions, les remises en cause…

Bref, j'ai adoré ce livre. Il se lit facilement, je n'ai pas réussi à en décrocher.

Juste un petit bémol : le résumé sur la fiche du livre était un énorme spoiler. Je l'ai réduit de près de la moitié. Il me restait une quarantaine de pages et le résumé racontait la fin. Dommage, je n'ai pas pu savourer la fin comme je l'aurais voulu…


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Pour Franck Jakubowicz, dont le père coureur de jupons à déserté la maison en ne lui laissant rien d'autre qu'un nom imprononçable, la famille c'est une bande de potes et le foyer un bistrot « le Bel-Air ».Grandis dans une cité ouvrière, Franck, Gérard, Roger, Antoine et Serge, à peine sortis de l'adolescence, ont beaucoup de mal à rêver leur avenir.

Tandis que les garçons tuent le temps autour du baby-foot, la défaite de Diène Bien Phu , les attentats et les soulèvements en Algérie alimentent les discussions des piliers de bistrot. Nous sommes à la fin des années 50, au début des trente glorieuses, à l'âge de tous les possibles, pourtant Franck Jakubowicz, inexorablement va tout mettre en place pour rater sa vie.

Mobylette, rock ‘n roll et formica. Joli roman nostalgique, avec toute la douleur que cela implique, Lionel Salaün sait créer une atmosphère et décrire l'ennui, les doutes et les renoncements des gens qui n'ont pas reçu les bonnes cartes.

Souhaitons à ce livre le même succès que « Effroyables Jardins » de Michel Quint, auquel on pense à la lecture et espérons que Jean Becker n'en fasse pas un film.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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C'est le roman d'une vie ratée car dans les années 1950 on ne badinait pas. Chaque classe sociale était bien en place, chaque personne devait tenir sa place dans la vie. A ce moment dans les cités ouvrières, la solidarité était de mise, la fierté de sa classe sociale était importante mais chacun devait rester à sa place. Les femmes et filles étaient surveillées et point de salut hors le mariage. Point de salut hors d'une vie toute tracée, normative. Franck, trop intelligent pour sa classe sociale, en paiera le prix fort.
J'ai apprécié ce livre car il me rappelle ma jeunesse (même si je n'ai pas vécu dans les années 50, ce climat en 1975 était encore présent) à un moment où les carcans familiaux et sociaux étaient bien plus fermés que maintenant. Ou seule la fuite permettait de vivre libre. Heureusement cette époque éclata vers la fin des années 1970 et le début des années 80 dans les campagnes et les petites villes de Province et de nos jours Franck ne vivrait plus ainsi. J'ai bien aimé la référence au zundapp que j'avais complètement oublié. Cet ouvrage ne trouve son rythme qu'à la fin du roman et c'est fort dommage car ma foi il est plaisant à lire. Je me suis sentie un peu perdue dans son écriture, dans la narration au début du roman mais doucement je suis entrée dans l'histoire. Finalement j'ai bien aimé.
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Années 1950, dans une sous-préfecture en France le café le Bel-Air est l'endroit de la cité où les habitants du quartier se rejoignent. Les conversations y vont bon train comme les nouvelles commentées par chacun. Trente ans plus tard , Franck y revient. le café est sur le déclin mais Gérard que Franck considérait comme son meilleur ami officie toujours derrière le comptoir. Enfants puis adolescents, Franck et Gérard étaient unis comme deux doigts de la main.

Alors que la guerre d'Algérie couve au Bel-Air certains esprits s'échauffent car les préjugés et le racisme sont le petit lait de certains. La guerre d'Indochine vient de se terminer en ayant laissé un goût de défaite. Des patriotes jusqu'à l'os comme le père de Gérard rêvent de revanche et regardent d'un mauvais oeil les immigrés. Gérard rêve de s'engager. Pour lui, l'Algérie appartient à la France. En bon fils, il partage les idées de son père. Ces opinions sont la première fracture dans l'amitié entre Franck et de Gérard. de nature solitaire et aspirant à la liberté, Franck qui vient de terminer le lycée n'a pas d'ambition spéciale alors que ses copains ont tous des choix en tête. Il est convenu que Gérard fils unique reprendra le Bel-Air l'affaire de la famille. Si pour le moment, Franck et les siens rêvent encore d'Amérique, de filles aussi belles que celles des affiches, la menace de la guerre et de la lettre d'incorporation va dévoiler le pire comme l'inattendu. La génération de Franck est projetée dans une vie d'adulte avant d'avoir eu le temps de profiter de la jeunesse. Mais Franck y laissera bien plus que l'insouciance…


la suite sur :
http://fibromaman.blogspot.fr/2013/09/lionel-salaun-bel-air.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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On retrouve dans ce roman des thèmes chers à l'auteur, et notamment cette amitié très forte qui peut unir les hommes. Cette histoire est avant tout celle d'une bande d'amis. Même si leurs routes s'éloignent peu à peu, on les sent unis. de même, j'ai retrouvé dans ce roman l'aptitude de l'auteur à planter un décor et à donner vie à une communauté d'humains. C'est un roman basé sur l'humain, sur les relations entre les personnes et sur la construction de chacun.

En revanche, si « Jim Lamar » était un roman américain, nous sommes bien ici en France, dans une ville inconnue, au sein d'une cité à l'écart du centre-ville. le Bel-air est au centre de cette communauté, relie les uns et les autres. A la ville, les habitants sont déconsidérés et les perspectives d'avenir des jeunes gens sont étroites, même si les parents rêvent d'une ascension sociale dans l'administration. Ce qui n'empêche pas les habitants de mépriser à leur tour les travailleurs maghrébins qui vivent aux abords de leur cité et de les rejeter violemment. Sur fonds de guerre d'Algérie, nous retrouvons ainsi un autre sujet cher à l'auteur, celui du rejet de l'autre.

Le roman tourne autour d'une bande de copains. Nous suivons Frank, qui rêve de liberté, ne supporte plus les quatre murs de l'école mais ne sait pas savoir quoi faire de sa vie. Son meilleur ami Georges a repris à son compte le patriotisme de son père et effraie ses amis par son amour des armes. Antoine se passionne pour la mécanique et l'adrénaline, tandis que Serge évolue dans les hautes sphères de la cuisine parisienne et enchaîne les conquêtes.

J'ai pris plaisir à retrouver le style de Lionel Salaün. Il a une manière de raconter que je trouve envoûtante. Il parvient sans problème à plonger son lecteur dans une ambiance et dans une époque, et à lui donner l'impression qu'il appartient à une communauté. Je continuerai à le suivre, c'est certain.

Ainsi, c'est un roman à lire, pas tant pour la quête de Frank de celui qui l'a dénoncé, mais pour se confronter à la vie d'une communauté d'hommes dans une cité de la fin des années 1950, pour éprouver la solidité des amitiés et pour réfléchir à la chute de l'empire colonial français et à une xénophobie qui n'a malheureusement pas perdu toute sa vigueur aujourd'hui.
Lien : http://romans-entre-deux-mon..
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critiques presse (1)
Culturebox
13 septembre 2013
Une chronique de la vie ordinaire qui tourne au polar subtil et tranchant
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
[...] mon père
[...] les heures que j'avais passées avec lui , ici , tout gosse , à guetter les écureuils , choper les grenouilles , juste pour les observer , les caresser avant de les relâcher, à humer l'herbe des ours , manger les fleurs d'acacia et cueillir les mûres sauvages , étaient et demeurent à ce jour les plus belles de ma vie .

Mon père , la dernière fois que je l'avais vu , je venais de fêter mes six ans , et comme je ne me souvenais pas de son visage , je l'associais à la forêt , aux arbres et aux oiseaux .
Et quand je venais là , c'était un peu sa voix qu'il me semblait entendre dans le bruissement des feuillages , et son souffle dans le murmure du ruisseau .

p.71
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S'il est vrai que le fonctionnement de notre communauté, tant en raison de sa situation géographique, en marge de la Ville, que du statut social de ses habitants, ouvriers pour la plupart, petits artisans ou employés subalternes, créait un sentiment fort d'appartenance à la classe qui la composait, avec l'esprit de solidarité, de partage et d'entraide qui en découle, celle-ci souffrait des maux inhérents à toute société évoluant en vase clos, où l'ordinaire de chacun est la pâture de tous.
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Des questions, tout au long des quinze années que j’avais passées à l’ombre, il m’en était venu tout un tas, que j’avais ruminé jusqu’à la nausée, les veines gonflées de haine et de colère. Mais à tant les ressasser, jour et nuit, des mois et des mois durant, à les triturer comme les pièces d’un puzzle qu’on n’arrive pas à faire coller ensemble, la plupart d’entre elles avaient fini en lambeaux. Et, depuis que j’avais recouvré la liberté, celles qui restaient avaient fondu au soleil. Sauf une, qui n’avait rien à voir avec cette serveuse dont j’avais même oublié le nom. Cette question-là, si j’avais pu, à vingt ans, briser mes barreaux pour venir ici, la poser à Gérard et régler mes comptes, la facture aurait été salée et le gars aurait dû payer cash, intérêts compris. Mais j’avais eu vingt-cinq ans, et puis trente, et puis trente-cinq. Et tant d’autres encore.
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La Cité n'était plus qu'une vaste sépulture à ciel ouvert, la fosse commune de ma mémoire au fond de laquelle, le coeur nu, seul et sans outil, je décidais de plonger.
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La partie de moi qui, depuis, avait ressuscité ne m'avait jamais permis que de survivre, de flotter, comme un tronc d'arbre à demi immergé, au fil d'un quotidien m’entraînant où bon lui semblait.
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Videos de Lionel Salaün (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lionel Salaün
Paru en mars 2020, ET MATHILDE DANSE fait partie des livres confinés sitôt livrés en librairies. Eva Chanet, éditrice chez Actes Sud, et Lionel Salaün, reviennent sur ce polar littéraire.
Plus d'informations sur le livre : https://www.actes-sud.fr/catalogue/romans-policiers/et-mathilde-danse
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