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EAN : 9782021212853
288 pages
Seuil (05/03/2015)
3.06/5   63 notes
Résumé :
Une quinzaine de textes qui mettent en scène une galerie de personnages hantés par leur fin prochaine. Victimes ou acteurs de leur destin, ils avancent inéluctablement vers la mort.
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Un homme de 87 ans se marie.
Je me demande comment, vu son âge l'histoire va pouvoir tenir 275 pages.
Mais, à la page 27, je me rends compte qu'il s'agit en fait de nouvelles.
Je n'affectionne pas particulièrement, mais là, je me suis régalée.
Des nouvelles sur la vieillesse.
Et avec le ton et le style de l'auteur, on ne peut que se régaler.
D'accord, certaines sont bien glauques, mais d'autres sont tellement tendres, ou loufoques.
Ils en vivent des choses tous ces vieux !
Quand on est jeune, on croit qu'ils sont finis, qu'il ne se passe plus rien, mais que nenni.
Ils ne sont peut-être pas loin de la tombe, mais leur personnalité est toujours bien présente et ils ne s'en laissent pas conter.
Il fallait le talent d'écrivain de Régis Jauffret et sa belle écriture pour mener à bien ces seize nouvelles délectables.
Même si je les ai toutes aimées, ma préférence va à « L'explosion du langage », un petit chef d'oeuvre de littérature.
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N°952– Août 2015

BRAVO – Régis Jauffret- Seuil

A la lecture de la préface, je me suis dit qu'il allait être question des vieux, enfin ceux qui ont dépassé la cap de la soixantaine et qui, quand j'étais jeune étaient effectivement considérés par nous comme « des petits vieux » qui avaient déjà un pied dans la tombe et dont l'autre était plus que vacillant. Maintenant, par une sorte d'hypocrisie de vocabulaire, on dit d'eux qu'ils sont jeunes tout en sachant que, même si l'espérance de vie a progressé, leur vingt ans sont quand même bien loin ! Maintenant que je fais partie de ces « jeunes vieux », je me dis que ceux qui ont mon âge ont sûrement, et sans le faire exprès, survécu à la maladie, au suicide, aux accidents de toutes sortes … Bien sûr ils pensent à la mort puisqu'elle fait partie de la condition humaine et que nul n'y échappe, mais ils le font plus qu'à vingt ans où on se croit indestructible, immortel, éternellement jeune et beau, où on entreprend, on prend des risques, on aime la vie alors que dans la vieillesse on la consomme jalousement, on fait attention, on prend des précautions, on s'assure. Elle n'est même plus taboue, par obligation ! Parfois même on se rapproche de Dieu, on ne sait jamais !
Et puis quand on est vieux, si on n'est pas célibataire, veuf ou divorcé, on est encore avec son conjoint. Passées ces longues nuits d'amour et ces vacances torrides qui désormais appartiennent au passé, il faut composer avec le présent devenu insupportable, vivre avec ces espérances déçues, ces trahisons inacceptables, ces invectives constantes, ces mauvais souvenirs, ces remords... Des solutions existent mais quand le code pénal vous fait entrevoir la Cour d'Assises, vous y réfléchissez à deux fois. Plus simple est de divorce, de plus en plus largement usité si on en croit des statistiques. On peut aussi entretenir l'illusion en prenant un partenaire plus jeune, mais c'est risquer une liaison dispendieuse et surtout l'infarctus. On peut aussi se réfugier dans les paradis plus ou moins artificiels mais là aussi la Camarde vous guette. Alors on peut espérer qu'elle frappera le conjoint devenu invivable et vous fera recouvrer votre liberté. Soit cela vous surprend, parce que destin vous joue parfois de ces tours, soit elle vous l'offre comme un cadeau longtemps attendu. Il convient alors de verser quelques larmes qui parfois refusent de couler à cause de la culpabilité dont un psychologue pourra peut-être vous délivrer. Il y aura alors la solitude parce que les choses ne se déroulent jamais comme prévu. Pour l’exorciser on choisit parfois un animal dit de compagnie ou on préfère l’organiser soi-même parce qu'on ne supporte plus ni sa famille ni ses voisins ni ses amis. On flaire cette mort qui nous tourne autour sans oser nous toucher mais qui sait rappeler sa présence et dire que c’est peut-être pour bientôt, qu'il faut s'y préparer. Alors on égrène ses souvenirs, on refait le chemin à l'envers, parfois on entame un improbable compte à rebours, on se dit que « de mon temps... » , on devient jaloux des autres, des jeunes en particulier, qui ont la vie devant eux alors que nos belles années sont derrière nous et appartiennent au souvenir. Mélancolie, schizophrénie, la vieillesse sent sa tutelle et son héritage qu'on lorgne mais on n'évite pas la cruauté et l'ingratitude de ses propres enfants pour qui on s'est sacrifié. Heureusement dans tout cela il y a l'espoir de mourir dans son sommeil, sans souffrir, en évitant le cancer qui moissonne beaucoup chez les vieux. Alors on y pense de plus en plus, comme on pratiquerait un loisir, en essayant de ne pas en avoir peur, comme pour l'apprivoiser. On se dit qu'on est en rémission ou dans l'espoir d'une improbable guérison. Certains arrivent même à en rire, mais c'est rare, et cela vaut peut-être mieux que d'en pleurer parce qu'au moins on a du temps pour cela quand d'autres en manquent tant ! Alzheimer peut venir aplanir tout cela avant que ne sonne le glas de la vie et qu'on soit précipité dans le néant avec en prime l'oubli des autres. Cela vous donne presque l'envie de mourir jeune quand la vieillesse dure de plus en plus longtemps et qu'on laisse aux jeunes générations le soin de payer les pensions… De quoi les rendre jaloux ! La mort signifie l'abandon de la vie, mais pas seulement, c'est aussi l'adieu aux choses durement acquises au cours de son existence. Pour ceux qui croient au ciel, cela peut consoler, tant pis pour les autres ! Cela rappelle, sur un mode parfois léger, une implacable évidence, que chacun n'est qu'usufruitier de sa propre vie et que tout à une fin, que nous ne sommes que de passage...

C'est peut-être bizarre, mais au long de cet ouvrage, abusivement baptisé « roman » puisqu'il s'agit de 16 nouvelles, j'ai presque ri, pas vraiment à cause du propos, mais plus sûrement à cause du style facile à lire, jubilatoire à l'envi, pertinent et même impertinent dans les aphorismes, de cet humour noir qui me plaît toujours malgré sa cruauté. J'ai un peu décidé de jouer le jeu de l'auteur, puisque, de toute façon, je ne peux pas faire autrement.
Hervé GAUTIER – Août 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Je l'ai terminé hier. Je n'avais jamais lu Jauffret avant ce livre. On ne ressort pas indemne de la lecture de cet écrivain. C'est très noir, très asphyxiant et il faut se lancer dedans en connaissance de cause. Ce roman est en fait un recueil de seize nouvelles qui ont pour point commun de présenter des personnages qui ont soixante ans et plus, c'est un recueil sur la vieillesse et les narrateurs, femmes ou hommes sont souvent peu recommandables : vicieux, violents, méchants, alcooliques, criminels. Il a eu de très bonnes critiques presse et Jauffet a eu le droit à un passage en TV chez Ruquier. Aymeric Caron que je n'apprécie pas du tout n'a pas aimé globalement, contrairement à Léa Salamé. Je suis très peu cette émission depuis qu'il est chroniqueur et à cause de Ruquier également qui m'agace.

Jauffret a un ton bien à lui qui mélange humour noir, vulgarité, instants de poésie dans certaines phrases et grâce à des comparaisons notamment. C'est cru, sombre, déprimant souvent mais loin d'être sans intérêt. J'ai tenu grâce à la plume de l'auteur.

J'ai lu les nouvelles dans l'ordre et j'enchainais rarement plusieurs nouvelles, sauf hier soir où j'ai enchainé les trois dernières. La première est magnifique et c'est ma préférée. le narrateur est un vieil homosexuel et il va accompagner son compagnon dans la mort. C'est une nouvelle au titre superbe : "L'infini boccage" et pleine de tendresse et de poésie, une des moins sombres du recueil.

La deuxième nouvelle "Une bonne espérance de vie" est assez drôle, elle présente l'intrusion dans un couple du père. Il harcèle son gendre. La femme est peu sympathique d'ailleurs puisqu'elle a tendance à déprécier son compagnon.

La troisième nouvelle, "Gisèle prend l'eau" nous fait complètement changer d'ambiance. Elle est terrible et évoque un trafic d'organes. Je n'ai pas tout saisi d'ailleurs. J'ai trouvé que l'auteur y allait fort dans l'horreur et la noirceur et le début m'a complètement déplu avec la vulgarité.

"L'explosion du langage" est une nouvelle qui s'apparente au genre fantastique, il m'en reste peu de choses, je ne pourrais pas la résumer.

Dans "Les étés moites", le narrateur nous raconte les abus qu'il subissait enfant de la part de sa tante. On éprouve de la pitié pour ce dernier.

Dans "Le pollen du bonheur", là encore un très beau titre, une femme n'ayant jamais travaillé, ayant eu plusieurs enfants revient sur le déroulement de sa vie. C'est une des nouvelles que j'ai préférées.

Dans "Une épouse tombée du ciel", un médecin qui a commis une faute grave revient sur ses relations successives avec trois épouses. Je l'ai trouvée plus anecdotique.

"Une déferlante de haine" raconte une fête qui vire au cauchemar chez un couple de vieillards. Elle est très vivante.

La nouvelle "Ici" est une méditation sur la mort qui ne m'a pas marqué plus que cela.

Dans "L'amour d'une mère", la narratrice une femme orgueilleuse, méchante avec ses enfants, elle ne fait que critiquer notamment sa fille.

"Guérir les sobres" nous présente une union bizarre entre une jeune fille alcoolique et un vieillard. Je n'en dis pas plus.

"La fable du hongre" est une des nouvelles les plus terribles du recueil. Un personnage finit castré et vu ce qu'il fait subir à sa compagne, on comprend qu'elle ait eu envie de se venger, bien que ce soit de manière horrible.

"La badiane empêche de mourir" raconte les arnaques sur le plan financier et médical d'un homme qui a beaucoup engendré et ne veut avoir aucun contact avec ses enfants. Jauffret lui met des propos horribles en bouche, il menace une de ses filles de la défigurer au vitriol si elle insiste, les traite de pute.

"Cinq fois vingt-cinq ans" est la deuxième nouvelle qui flirte avec le genre fantastique, je l'ai préférée à la première. Elle est dure à retranscrire. La narratrice a 125 ans et n'est toujours pas morte, ce qui lui est reproché par sa conscience, c'est comme cela que je l'ai compris. Elle enterre ses arrières petits enfants par exemple.

"Quand les pédophiles se pavanaient" est horrible mais fait référence à une affaire médiatique très connue et à une période en France et dans d'autres pays où la pédophilie n'était pas condamnée.

"Vers la nuit" qui clôt le recueil nous raconte la déchéance de deux vieux écrivains. C'est ma préférée avec la première nouvelle. Elle est plutôt tendre comme cette dernière.

Jauffret a sans doute mis de lui-même dans certains des personnages mais ce n'est pas une oeuvre où l'autofiction domine. Jauffret s'est souvent défini comme étant un féministe et il dénonce certains travers de notre société en allant dans l'extrême parfois à travers ce livre. Bien qu'inégal et difficile à lire, c'est un auteur que j'ai trouvé intéressant.

Je ne lirai pas un autre de ses livres de si tôt mais je pense que je lirai d'autres de ses livres car c'est un auteur majeur de la littérature française contemporaine.
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La prose de Régis Jauffret se reconnaît facilement à son côté dérangeant, cru et grinçant et c'est le cas dans ces nouvelles qui ont pour thème la vieillesse.
Ses 3 précédents ouvrages étaient inspirés de faits divers réels et glauques, j'étais donc contente de voir qu'il revenait à la fiction. Pour moi son meilleur est et reste "les microfictions", un petit bijou d'inventivité.
Comme dans tout recueil, le résultat est inégal. J'ai aimé presque toutes les nouvelles, sauf celles qui basculent dans le fantastique.
J'ai surtout aimé la première et la dernière car on y trouve de la douceur et de la tendresse. J'ai été touchée par d'autres monologues de personnes âgées. Il faut s'accrocher car cela peut s'avérer choquant et déprimant. En tout cas, ce qu'il écrit ne peut pas laisser indifférent et c'est à ça que sert la littérature aussi !
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Recueil de nouvelles ce qui n'est pas précisé sur la couverture et à la fin de ma lecture je me suis dit que décidément les nouvelles ce n'est pas vraiment ma tasse de thé et puis , oui , oui , oui , il faut bien que je le dises j'ai vraiment du mal avec l'humour noir
Il y a bien heureusement quelques bouffées d'oxygène dans toutes ces noirceurs mais pas assez à mon goût, j'en retiens une impression finale de malaise .
Heureusement que j'ai commencé par d'autres livres de l'auteur que j'ai apprécié .
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critiques presse (6)
LeJournaldeQuebec
20 avril 2015
Régis Jauffret brave une fois de plus les convenances pour nous bousculer et nous inciter à réfléchir sur l’avenir qui nous attend.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LaLibreBelgique
17 mars 2015
Il revient avec bonheur à la fiction avec "Bravo", brillant voyage dans le continent de la vieillesse, plein d’humour et de cruauté. Avec un petit peu d’amour.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Lexpress
17 mars 2015
Bravo, magistral recueil de 16 nouvelles -un "roman mosaïque".
Lire la critique sur le site : Lexpress
Liberation
09 mars 2015
Bravo: il n’y a pas à attendre longtemps avant de voir explicité le titre du nouveau livre de Régis Jauffret.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeFigaro
06 mars 2015
Il excelle à dépeindre la tendresse de couples qui se soutiennent dans l'adversité.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Telerama
04 mars 2015
Affreux, sales et méchants, les héros sénescents de Régis Jauffret nous offrent une cruelle danse macabre.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
C'est le destin qui parfois vous fait un cadeau sans vous accorder le temps de dénouer le noeud du ruban.
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Du reste, la raison sied rudement bien aux femmes. Pour les personnes du sexe, elle est l'équivalent spirituel du tailleur Chanel dont aucun homme ne se plaindra jamais d'avoir trousser la jupe. Le femmes, cette race à l’intérieur de la race. Une race que, par démagogie, on peut d'emblée décréter comme supérieure, mais elle est si différente de la nôtre que les mariages hétérosexuels font souvent penser à l’union de la carpe et du lapin.
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Dissipée l'angoisse de se croire unique, de méditer dans la douleur de chaque instant l'étron du moi destiné à choir dans le tombeau et que les vivants chérissent au point de consacrer leur vie à le former comme les rois à se faire ériger une pyramide, une statue, à faire composer de leur vivant leur légende par des griots et des bardes.
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J'étais une petite chrétienne, puis une jeune marxiste. Je faisais partie de ces étudiants qui ont pris le Paris de Mai 68 pour une planète vierge créée par un dieu gentil, gouvernée par un dictateur en peluche, pour un satellite à eux offert par un Einstein qui a force de découvrir la relativité pouvait bien leur avoir en passant décroché la lune.
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Pour m'être à force d'inquiétude trop souvent oublié, je ne suis plus aujourd'hui celui dont j'ai vécu l'enfance et la maturité. La vie m'a troqué contre un autre qui sans doute pareillement s'était déserté lui-même à force de manquer à ce devoir de mémoire que chacun se doit à lui-même.
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Vidéo de Régis Jauffret
Augustin Trapenard accueille Tatiana de Rosnay pour "Poussière blonde", roman qui raconte la rencontre entre une femme de chambre et Marilyn Monroe, paru chez Albin Michel. A ses côtés, Sonia Kronlund présente "L'Homme aux mille visages", l'histoire d'une extraordinaire imposture éditée chez Grasset, François Garde évoque "Mon oncle d'Australie", paru chez Grasset. Régis Jauffret publie, lui, "Dans le ventre de Klara", aux éditions Récamier, et Julia Malye, âgée d'à peine 18 ans, présente son premier roman, "La Louisiane", paru chez Stock.
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