AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782375680896
350 pages
Editions du chat noir (01/09/2018)
3.67/5   92 notes
Résumé :
La dame en noir vivait seule dans son château. Elle ne pouvait pas mourir. De tout ce temps qu’elle avait, elle ne faisait rien. Et puis un jour, elle trouva sur son chemin le garçon aux cheveux blancs.
Elle l’enleva.
Elle voulait vivre une histoire. Une histoire d’amour et de nuit qui traverserait les siècles.
Que lire après Comment le dire à la nuitVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (48) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 92 notes
Comment le dire à la Nuit… Ben pas en mime, déjà. Parce que la nuit, il fait noir, tu peux gesticuler tant que tu veux, elle ne verra pas ce que tu racontes.
Et moi, je ne sais pas comment le dire, du tout, du tout. Je dois être la dernière personne au monde qualifiée pour parler de ce bouquin.
L'ambiance est très gothique romantique. Gothique, ça me parle, même si au bout d'un moment on a fait le tour des manoirs perdus sur la lande brumeuse. Mais romantique… le romantisme littéraire et moi, ça n'a jamais collé. Quand j'ai lu Les souffrances du jeune Werther, je n'avais qu'une envie : fumer Werther pour qu'il arrête de chouiner et que la mienne de souffrance prenne fin dans la seconde. Les Byron, Vigny et compagnie, c'est au-dessus de mes forces, je convulse au bout de trois lignes.
Côté références et forme, le roman lorgne par moments vers la poésie. Je suis le type le plus hermétique au monde à ce genre… le Tupperware de la poésie ! Autant dire que voir débouler le nom de Saint-John Perse très tôt dans le roman ne m'a pas rassuré. Réveil d'un vieux traumatisme de khâgne… le Johnny fait partie de ces gens dont je regrette qu'ils soient morts : on ne peut pas le retuer, c'est dommage, j'aurais bien aimé lui dévisser la tête et plus si affinités (sergent Hartman, si tu me lis…).
Autre référence, le théâtre. Je pense à l'Athalie de Racine, citée dans le second chapitre. Genre auquel je ne suis pas super réceptif non plus. (Oui, j'avoue, je suis un drôle de zèbre littéraire.) Les thématiques du théâtre, oui, très intéressantes. Mais je lâche au premier vers, parce que vers, justement. Dans quel monde les gens parviennent à être crédibles en alexandrins ? L'artifice est ainsi qu'il me sort du propos.
Enfin, Comment le dire à la Nuit raconte une histoire d'amour. J'ai la capacité émotionnelle d'une balle de golf. Imperméabilité pathologique aux sentiments. le coeur n'est qu'une pompe.


Donc un bouquin pas du tout pour moi. Si tu considères que le public-cible est ici, moi je me situe là-bas, à 272 549 années-lumière.
Après, comme je dis toujours, qu'on aime ou pas un livre est une chose, qu'il soit bon ou mauvais en est une autre.
Comment le dire à la Nuit est un bon roman, bien écrit. Si tu aimes les ambiances gothiques, le courant romantique, la poésie élégiaque, les passions théâtrales et les histoires d'amour douloureuses, tu trouveras le pack complet dans ce bouquin. Une somme littéraire, une bonne synthèse avec des références solides (peut-être un peu trop nombreuses et un peu trop présentes, drame éternel de l'ombre de la littérature classique).
Le mélange de Tassy est servi par une plume travaillée, empreinte de classicisme. Il n'y a que les toutes dernières pages à ne pas m'avoir convaincu. Elles ressemblent trop à un exercice de style. de l'esbroufe. Mais bon, mis à part cette poignée de feuillets, le reste est écrit en “normal” (on croise des mentions des Feux de l'amour, c'est dire si ça reste accessible et pas imbitable comme du Saint-John Perse).
Au final, les amateurs de romantisme et d'histoires d'amour au long cours trouveront leur compte avec Comment le dire à la Nuit. Les hurluberlus dans mon genre devront se rabattre sur une autre méthode pour s'adresser à la dame et lui susurrer des mots doux dans le creux de l'oreille.
Un mégaphone.
Lien : https://unkapart.fr/comment-..
Commenter  J’apprécie          190
Comment le dire à la nuit de Vincent Tassy est mon premier roman lu dans le cadre de ma participation du PLIB 2019 en tant que membre du Jury. Il partait favori en raison de mon coup de coeur il y a deux ans pour un autre roman de l'auteur, Effroyable Porcelaine paru dans la collection des Chatons Hantés des éditions du Chat noir. Malheureusement pour ce roman, ma lecture a été un peu difficile et finalement j'en ressors un peu mitigée.

1691 : Athalie s'ennuie depuis deux siècles jusqu'au jour où elle trouve, échoué sur le sable, un jeune garçon aux longs cheveux blancs, Adriel. Elle décide alors de le garder auprès d'elle.
1856 : Egmont est un jeune noble et à ce titre n'a pas le choix de son épouse : en effet, son père lui a choisi Carolina issue d'une famille bourgeoise et prospère. le jeune homme aurait sombrer dans la mélancolie s'il n'avait pas entretenu une relation passionnée avec un autre noble de la région, Léopold.
De nos jours : Rachel est une jeune femme à qui la vie lui apparaît morne et insipide. Seule la chanteuse Cléopâtre qu'elle écoute depuis sa tendre adolescence, semble lui procurer quelques émotions. Aussi, elle est encore sous le coup de la surprise lorsqu'elle se rend à l'un de ses concerts à Paris et à la rencontre en tête à tête avec la chanteuse pour laquelle elle a été sélectionnée…

Ma lecture avait pourtant commencé sous les meilleurs auspices.
– En effet, j'ai été très sensible au style d'écriture de Vincent Tassy : la plume est belle, délicate, poétique et musicale.
– J'ai également beaucoup apprécié les deux premiers tiers du roman du fait de personnages mystérieux dont le lecteur ne connaîtra finalement l'identité et le passé qu'au fil du récit (je pense ainsi à Athalie, Cléopâtre ou Adriel).
– Quant à l'intrigue, elle m'a beaucoup fait penser au roman Entretien avec un vampire d'Anne Rice avec les mêmes thématiques abordées : la solitude et l'ennui, le désir de posséder l'autre, la soif et la survie, la quête de sens d'une vie éternelle, la perte de l'être aimé, etc… En ce sens, le roman m'est apparue comme un hommage à l'auteure américaine.
– Enfin, Vincent Tassy a mis à l'honneur la thématique LGBT au travers de ses personnages homosexuel (Egmont et Léopold ou Cléopâtre et Rachel) et transsexuel (Parascève). D'ailleurs, en littérature, je crois bien que c'était la première fois que je rencontrais un personnage transsexuel.

Malheureusement, ma lecture s'est compliquée par la suite :
– J'ai eu beaucoup plus de mal avec le second tiers du roman en raison de nombreuses longueurs et redondances inhérentes au récit. Et cela tient beaucoup au personnage « increvable » d'Athalie. En effet, cette dernière parcourt les siècles pour tenter de retrouver Adriel qui lui a échappé. Si à chaque affrontement avec sa geôlière, le jeune homme parvient à avoir le dessus sur elle, il ne s'en débarrasse pas définitivement. Forcément, elle revient et provoque catastrophe sur catastrophe ce qui m'a un peu lassée.
– Enfin, ce n'était pas le bon moment pour moi de lire ce roman en raison de petits soucis personnels. le caractère mélancolique de certains personnages et l'univers gothique n'étaient pas adaptés à ce moment-là pour moi ; j'aurais eu besoin d'une lecture plus légère ou humoristique (Le serment de l'orage de Gabriel Katz n'est certes pas dans le même registre de l'Imaginaire mais il m'aurait mieux convenu).

En conclusion, après un début très convaincant (écriture fine, personnages mystérieux et hommage à Anne Rice), j'ai été très vite déroutée par la dernière partie qui m'a beaucoup moins plu du fait de longueurs et redondances. Toutefois, cela ne m'empêchera pas de lire un autre roman de Vincent Tassy qui me fait très envie aussi, Apostasie ou son prochain qui devrait sortir cette année, Loin de lui le soleil.
Lien : https://labibliothequedaelin..
Commenter  J’apprécie          130
Après mes énormes coups de coeur pour Apostasie et Effroyable porcelaine, j'attendais avec grande impatience le nouveau livre de Vincent Tassy, mais aussi avec un peu d' »angoisse » : allait-il parvenir à me faire vibrer autant qu'Apostasie ? Je vous rassure tout de suite, Comment le dire à la Nuit en est le digne successeur. Il est par contre très différent – là où Apostasie donnait plutôt dans la merveilleux sombre et le rêve, Comment le dire à la Nuit est plutôt dans le fantastique romantique. J'aime beaucoup le choix de couverture. Tout y est délicat, en nuances de noir et blanc : un magnifique travail réalisé par Délicate Distorsion. Je suis un peu jalouse de tous les blogueurs partenaires Chat Noir, parce que j'ai maintenant très envie de découvrir un roman de Barbara Cartland et qu'ils en ont reçu un dans la box surprise qu'ils ont reçue. :p Ce livre entre dans la catégorie « Vous prendrez bien un verre de True Blood? » du #pumpkinautumnchallenge.

On va suivre plusieurs narrateurs au fil de la lecture. La première chose que j'ai adorée, c'est l'ambiguïté de ses personnages et la façon dont l'auteur parvient en premier lieu à nous cacher leur véritable identité. J'ai pour ma part d'abord cru que Rachel était une vieille dame et que Parascève était une jeune femme asiatique. Je ne vais pas en dire plus pour ne pas spoiler, mais j'ai trouvé ce jeu des identités et des images de soi fascinant.

On apprend à connaître chaque personnage à son époque : sa vie, l'événement qui s'apprête à la changer et surtout sa rencontre avec le duo de protagonistes qui va lier toutes les histoires : Athalie et Adriel. Egmont est un jeune noble, amoureux d'un autre homme, mais qui doit se marier avec Carolina pour remplir les caisses familiales. Rachel est une jeune femme qu'un drame familial a rendue vide de toutes envies, exception faite de la musique de Cléopâtre. Elle va gagner un concours pour rencontrer son idole. Parascève est une transgenre qui travaille dans le milieu de la romance pure et dure. On entre dans chacune de ses vies et on s'attache énormément à chacun, pour une raison ou pour une autre. Si j'ai pour ma part été très touchée par les personnages d'Egmont et de Rachel, j'ai trouvé l'histoire de Parascève et de Hyun-Su belle à en pleurer.

La présence d'Adriel et d'Athalie, deux êtres totalement à part, flotte sur le roman, lui comme présence bénéfique et elle néfaste. Les moments où ils apparaissent ensemble sont très beaux, car il y a une forte dualité entre le fait qu'ils s'aiment à en mourir et qu'ils se détestent pour ce que chacun a fait subir à l'autre. C'est à travers leurs personnages qu'on retrouve le plus cette alliance entre la beauté et l'horreur qui m'avait déjà tant plu dans Apostasie.

La romance tient une part importante dans le roman, mais ce n'est pas un roman d'amour comme Parascève en publie régulièrement, où tout est rose et où tout finit toujours bien. Ce sont des histoires de tristesse, de douleur, de déchirements, ce sont de magnifiques histoires de véritable amour, que les épreuves renforcent, mais qui ne finissent pas toujours bien.

Les endroits qu'on visite sont particuliers : un cimetière dans lequel plus personne ne vient, une salle de bal désertée par ses invités, un sous-sol d'église abandonnée, une forêt hantée par une présence surnaturelle, un parc dans la nuit, une vieille tour dans un château. Des lieux qui dégagent un atmosphère gothique, sombre. Ces décors contrastent fort avec l'univers rose des romances que l'auteur met souvent en avant, que ce soit dans l'appartement de Parascève, ou même en ville vers la fin. J'ai trouvé cette dissonance entre les différents univers, visuels et mentaux, très intéressante. Pink is the new black !

Point final, mais non des moindres, la plume de l'auteur, toujours aussi grandiose. Elle garde cette magie et cette poésie qui la caractérise, mais est beaucoup plus mélancolique dans ce roman. On y retrouve ce rythme si particulier, envoûtant qui fait que je l'adore. La beauté de la nature est un peu moins présente, mais celle des personnages, de leurs sentiments et de leurs passions en est exacerbée et laisse une grande palce aux émotions, des personnages comme du lecteur.

Je ne suis pas allée très loin pour trouver l'ambiance musicale qui, pour moi, colle parfaitement au roman, puisque j'ai écouté en boucle « Shades of Sorrow » d'Angellore (groupe de l'auteur) lors de ma lecture.

Un livre qui explore la romance à travers les âges. Chaque personnage est particulier, son histoire racontée avec tellement de sentiments et de détails qu'on ne peut qu'être touché par leurs drames. Athalie et Adriel vont lier tous ses destins. Une ambiance sombre et mélancolique qui envoûte le lecteur et le plonge au coeur de cet univers rose et noir. Un nouveau coup de coeur pour la plume de Vincent Tassy !
Lien : https://livraisonslitteraire..
Commenter  J’apprécie          60
Il y a une ambiance froide dans les romans de Vincent Tassy que j'ai particulièrement ressentie ici. Comme souvent avec les romans de cet auteur, je n'arrive pas bien à savoir si j'ai adoré ou trouvé ça franchement déplaisant. Cet effet me rappelle celui que m'avait fait La Sève et le Givre de Léa Silhol la première fois que je l'avais lu : j'avais trouvé le roman long, précieux et glacial, mais une fois terminé, il m'avait tellement fasciné que j'ai eu envie de le relire encore et encore, l'appréciant chaque fois un peu plus. Au début, j'ai eu l'impression que ce roman de Tassy allait me faire le même effet. La plume, particulièrement belle ici (où elle est moins alambiquée que dans d'autres oeuvres de l'auteur), n'est pas étrangère au charme suranné et légèrement aigre qui se dégage de ce bouquin, qui fait grimacer et sourire comme une prune au vinaigre.

L'histoire n'est pas passionnante, mais tient suffisamment en haleine pour qu'on ait envie de savoir la suite (avouons-le, surtout au début). le roman nous présente toute une galerie de personnages hantés, brisés par les traumatismes, qui vont trouver une forme de rédemption ou au contraire de torture supplémentaire en croisant la route des deux vampires. Vampire : le monstre n'est jamais nommé, mais on sait qu'il est là, et ce qu'il est. C'est un vampire à la fois fascinant et répugnant, à l'image d'Athalie, la « dame en noir », dont la description au château des Lormont a quelque chose de l'horreur :
« Elle portait une robe monumentale de velours noir — son corps, où s'arrêtait-il, où commençaient les ombres ? — à manches bouffantes, basquine et vertugadin, et son visage semblait une grosse lune cérusée par-dessus cette enflure d'étoffes. Elle avait ce genre de laideur qui donne froid, qui laisse à bout de souffle : une laideur sensationnelle, fabuleuse, comme une forêt de sapins où la foudre est tombée. » (p. 126)

On suit donc le destin croisé de plusieurs personnages : un nobliau sans argent condamné à un mariage sans amour au 19° siècle (Egmont), une comtesse sadique (Athalie) qui tient sous sa coupe un mystérieux jeune homme aux cheveux blancs au 17° (Adriel), une post-ado gothique dépressive fan d'opéra (Rachel), à l'aube de rencontrer son idole (Cléopâtre), et une éditrice de romance née dans un corps de garçon (Parascève). Leurs trames de vie, qui au début semblent n'avoir aucun rapport entre elles, vont finir par se rencontrer.

Si la première partie est assez intéressante (notamment la trame d'Egmont, un personnage pathétique qui donne envie de le baffer et de le serrer dans les bras), le dernier quart est franchement lassant. Des répétitions, des personnages qui surgissent pile au bon moment comme dans un vaudeville, des ellipses, des deus ex machina un peu trop énormes... L'intérêt du lecteur s'essouffle vite, et avec, sa suspension d'incrédulité. Mais le plus grave à mon sens, c'est que les situations — et les personnages — se ressemblent toutes. La « méchante », absolument increvable, revient dix mille fois (un vrai Terminator), et j'ai longtemps confondu Rachel et Parascève (en lisant les avis sur ce roman, je me suis rendu compte d'ailleurs que je n'étais pas la seule). La révélation sur Cléopâtre m'a paru dure à avaler, et j'ai perdu tout intérêt pour ce personnage qui pourtant me paraissait le plus intrigant de la bande une fois que j'ai su qui elle était (en partie parce que je n'y croyais pas). le personnage coréen paraît catapulté dans le roman pour cocher des cases, tout comme Shéhérazade et Montserrat, les copines « exotiques » de Parascève (au passage, Montserrat est un prénom plus catalan qu'andalou).

La nature du mystère d'Adriel, le personnage qui provoque indirectement toutes les catastrophes décrites dans ce bouquin, est à peine effleurée, et complètement sous-exploitée. C'est d'ailleurs le reproche principal que je ferais à ce roman : on nous inflige des pages et des pages d'auto-apitoiement (les dialogues perchés et larmoyants d'Athalie, c'est drôle au début, mais moins quand c'est TOUS les protas qui se la jouent comme ça) et de situations répétitives, mais on passe très vite sur des choses très importantes (le massacre de toute une famille, la fin du monde...) et qui pourraient être intéressantes. Plusieurs fois, j'ai levé les yeux au ciel face au côté abracadabrant des situations et des réactions qu'elles suscitent. Pour moi, donc, ce Vincent Tassy n'est clairement pas une réussite, et il a, en fait, tous les défauts que l'on retrouvait, noyés sous le sublime, dans Apostasie et Diamants. Sauf que la beauté des deux derniers faisait aisément oublier ces longueurs.

Reste la langue, véritablement magnifique. Et quelques passages ciselés, des phrases qui donnent envie de les souligner, comme celle-ci : « Nous étions trop jeunes pour avoir des raisons d'être tristes, alors nous étions tristes pour rien. » (p. 138). Malheureusement, pour moi, ces aphorismes ne suffisent pas à sauver le bouquin cette fois. Il possède malgré tout le charme gothique de tous les Vincent Tassy (si je continue à le lire, il y a bien une raison !) et m'aura même donné envie de lire Barbara Cartland. C'est dire...
Commenter  J’apprécie          00
Dans Comment le dire à la nuit, le lecteur couvre le destin croisé de plusieurs personnes à plusieurs époques différentes. Je vais volontairement restee évasive sur les personnages, je trouve qu'il faut conserver un maximum de surprise sur les êtres que le lecteur suit ainsi que sur les liens entre eux et l'histoire pour la même raison. Mais j'en discuterai volontiers avec ceux qui le souhaitent.
On suit donc Athalie, qui a recueilli un jeune homme plein de mystère autant pour elle que pour nous. Elle est étrange et reste longtemps pleine de zones d'ombres.
Adriel, un jeune homme aux très très longs cheveux blancs qui semble s'éveiller à l'existence et qu'Athalie tente de façonner suivant l'idéal qu'elle s'est fixé.
Egemont, un noble sans argent promis à un mariage de convenance avec la belle Carolina mais qui cache un lourd secret.
Deux jeunes femmes qui nous sont contemporaines, Rachel une belle jeune femme mélancolique au regard plein de désarroi, vieille avant son heure et transerçant la vie comme une ombre, et Parascève, devenue celle qu'elle est vraiment, qui aime le charme désuet des romances et qui parfois semble marcher au bord d'un précipice de folie.
J'ai aimé ces rencontres, ces personnages et leurs mystères, leurs secrets et étrangement j'ai aimé les impressions qui se dégagent d'eux : ne pas être à leur place dans le monde qui leur est proposé.

Encore un gros coup de coeur pour la plume de Vincent Tassy. Pas de doute, elle colle parfaitement à son univers à part. Les mots sont réfléchis, choisis, le vocabulaire est précis, riche et adapté aux périodes dans lesquelles l'action se déroule. Toute son écriture permet d'être porté par le recit, ce dernier étant parfois ardu mais toujours sensible.
Pour moi, Comment le dire à la nuit, est un livre sur la folie, la mélancolie et la solitude. Sur l'acceptation de soi, de son passé et de ses différences. Sur la place que l'on a dans la société et de celle qui nous correspond vraiment.
En fonction des personnages, la prose se fait porte parole de la langueur, de la mélancolie, de la tristesse, de l'appréhension et du doute. Elle est souvent poétique, imagée et belle mais parfois elle est dure de véracité ou dure de folie. Certains passages m'ont manqué et j'y repense encore.
J'ai retrouvé ce que j'avais aimé dans Apostasie, une sensibilité, une détresse, un émerveillement macabre. Par contre, je n'ai pas ressenti ici d'angoisse ou de malaise comme lors de ma lecture d'Apostasie.
Deux trois petites choses m'ont chagrinée sur l'instant mais avec le recul et la fin du roman, je comprends mieux la mise en place des choses et les choix des personnages. J'avais aussi l'impression de ne pas comprendre Egemont sur la seconde partie de l'histoire mais finalement, son état est si logique. Je ressort de cette lecture avec un étrange sentiment de froid, de beauté, de folie.
Comment le dire à la nuit est un roman fort, une lecture un peu exigente, une fois habitué à la narration, la lecture est rapide et prenante.
Merci à Babelio et aux éditions du chat noir pour cette merveilleuse découverte.
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Une minute avant la fin, tout le monde commençait à se cogner. Sans gémir, sans parler, sans changer d’expression. Mollement, ils se défonçaient la tête, s’étranglaient, s’égorgeaient, et le dernier ou la dernière se fracassait le crâne contre le lavabo, quatre ou cinq coups, bruit des os qui s’explosent contre la faïence, et puis c’était fini. Ecran noir. Toujours pas de musique. Elle avait plusieurs fois cherché les références du film, mais elle ne les avait pas retrouvées. Tant pis. Elle aimait se repasser ces images dans sa tête. Revivre le choc. Ca avait déterminé quelque chose chez elle. Le goût de l’atrocité dans l’art. La jouissance du triste et de l’insoutenable – un plaisir qui ne s’expliquait pas, mystérieux, majestueux. C’était comme aller au fond de soi; accepter ses ombres, ses fantômes, ses mélancolies.
Commenter  J’apprécie          20
Les gens les plus intéressants sont ceux qui restent dans l'ombre. Ils ont l'intelligence de trouver un sens à leur vie sans chercher l'approbation du monde.
Commenter  J’apprécie          100
Et tout le temps rêver de celui qu’il avait perdu.
Lui, lui, lui, toujours lui dans les rêves, les songes, toujours lui quand il regardait le ciel, la nuit, toujours lui, lui dont il avait oublié le visage, son visage il le réinventait chaque fois, il se souvenait juste de ses cheveux, de ses cheveux impossibles, et de sa pâleur, c’était ce qui restait de lui , ses cheveux, sa pâleur, et il rêvait de lui, et quand il ne rêvait pas de lui c’était tout comme, c’était rêver de lui aussi, de l’oublier, un seul instant, c’était encore envahir sa mémoire de sa présence, oui, c’était pour ça qu’il continuait à vivre, qu’il n’allait pas au soleil, alors qu’il n’avait jamais rien fait, rien, de tout ce temps qu’il avait, c’était pour ça qu’il restait, pour cette grâce immense que c’était, rêver de lui, ce gouffre de désir.
Commenter  J’apprécie          10
Mourir? Et si Léopold n’était plus là, dans la mort ? Et si tout était fini ? La mort le terrorisait. Il fallait vivre, même une vie à chercher des fleurs dans un ravin brûlé, une vie à creuser le bois noir, à creuser la cendre, pour y trouver des bourgeons fragiles, des instants avec Léopold ; il fallait vivre, absent à tout ce qui n’était pas lui, le cœur serré toujours, il fallait vivre.
Commenter  J’apprécie          10
C’était plus beau, pensait Rachel, d’être fragile dans un monde où il fallait être fort. Plus beau d’être la lune plutôt que le soleil. Préférer la chlorose à l’éclat, aimer les fleurs qui s’effritent dans un vase où il n’y a plus d’eau, la langueur des sonates, les rideaux fermés.
Renier le corps. Aller contre lui. L’anémier.
Et dans le cœur, intérieur nuit.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Vincent Tassy (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vincent Tassy
Ouverture de la campagne de financement participatif pour la réalisation d'une intégrale collector d'Apostasie par Vincent Tassy, illustrée par Mina M, éditée aux Editions du Chat Noir #novel #gothicnovel #ulule #romangothique #collector
autres livres classés : gothiqueVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus


Lecteurs (214) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5263 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..