D'abord, je suis subjuguée par la couverture et le titre de cette anthologie ! Ça change de ce que je peux voir habituellement. Une touche d'humour et une touche de morbide. Ici on ne se prend pas au sérieux:)
Si ça se trouve, c'est moi qui finirait à l'asile !
Et c'est bien ce contre quoi Sébastien « Herr Mad Doktor » Parisot me met en garde dans la préface. En prenant appui sur la foi du Docteur Amstrong, il nous met face à notre propre folie. Qui sont réellement les fous ? Et pourquoi pas nous ? A notre manière de manipuler la réalité par nos sentiments, on a notre propre folie.
En tout cas, cette préface me met l'eau à la bouche, alors allons-y.
1. «
Nuit blanche » de
Sylvie Chaussée-Hostein et illustré par Cham.
Très belle écriture, on est happé dans la vie de Martha et dans sa voiture. On devient elle, avec les mêmes réflexions que nous pourrions avoir au volant. Et l'ambiance est de plus en plus oppressante.. Ca ne s'arrange pas avec l'arrivée de cet homme inconnu. Que faisait-il là au milieu de la nuit, dans cette tempête de neige ?
On suit la tempête au plus près. Je dirais même on la vit. Ça en est même long, trop long. Et en plus, en dépassant la moitié de l'histoire, je me demande où est la folie… Je m'impatiente. Est-ce que cet inconnu va se révéler être un psychopathe ? Un meurtrier ? Ou faut-il s'attendre à autre chose ? Mais à quoi ? Ca me stresse lol
Et là, les 3 derniers paragraphes m'ont mis K.O. Je ne m'y attendais pas du tout ! Époustouflant !
2. « La couleur de la folie » d'Eric Udéka Noël, illustré par Camille
L'idée de base est jolie : assimiler les sentiments/pensées/auras aux couleurs. Mais la description des personnages et du nouveau travail du Patron expliquée au départ est longue. L'écriture n'est pas très fluide. Je m'ennuie. A la fin de la 2ème partie, je prends mon mal en patience. Il y a une scène d'horreur totale, de folie collective, de l'émotion très furtive parfois, mais j'avoue de ne pas avoir été touchée par cette histoire. A mon goût elle est fade et classique. Dommage !
3. « Cauchemars » de Maniak, illustré par Xavier Deiber
Des phrases courtes qui donnent un rythme soutenu, un début d'histoire qui tourne autour du thème d'enraiement, puis ça se passe la nuit… On est très vite dans une ambiance sombre et anxiogène.
Nous suivons un homme réveillé à plusieurs reprises par des bruits suspects. Il se lève dans un endroit qui ne lui semble pas familier. Puis affronte un premier monstre et croise un deuxième. Il cherche à savoir d'où ils viennent. La réponse est surprenante et inattendue. Mais on peut enfin respirer un bon coup !
4. « Coccinelles » d'
Emilie Querbalec, illustré par Merrion
Moi-même mère de deux jeunes enfants, je comprends ce sentiment. Ce bébé n'est pas nous, mais est issu de nous. Et ça change beaucoup de choses, en tout cas, pour moi.
Donc dès le départ, je me suis identifiée à cette jeune maman, avec ce bébé qu'elle rejetait parce que le lien ne s'était pas encore créé. Et ça semble tellement facile pour le papa… C'est dur à lire, je suis très empathique à ce sujet.
Et quand les coccinelles entrent en jeu, je suis prise de panique et d'une horreur face à la scène. Oui je suis plongée dans cette chambre de maternité et je prends le rôle de cette mère.
C'est une très belle histoire, émouvante de cette maman qui ne sait pas comment accueillir un petit être, son bébé, dans son monde, ou juste dans ses bras. Qui n'arrive même pas à prononcer son prénom. Laissez lui une chance et vous verrez qu'elle se révélera être une merveilleuse mère.
5. « le même sang coule dans mes veines » de NokomisM, illustré par Ana Minski
Terrible histoire de cette jeune fille qui s'automutile. Elle nous raconte comment elle en est arrivée là. Bouleversant !
Le lien du sang est très fort et son père le lui a bien montré. Mais là c'est effroyable.
Je ne saurai rajouter quoique ce soit à mon émotion. Peut-être quelques larmes de tristesse…
6. « Marie-Calice, Missionnaire de l'extrême » de
Nelly Chadour, illustré par ARZH
On suit Marie-Calice dans la mission qui lui a été confiée : sauver au moins une âme lors d'un festival de rock dans les environs de Nantes, type Hellfest. On peut constater que l'esprit de cette soeur est déformé par sa foi et l'interprétation du mal. La manière dont s'est abordé me fait sourire. On n'est pas dans l'apologie de la chrétienté, ni des métalleux. On les mélange juste dans une même histoire, comme souvent. Toutefois, la façon de voir de Marie-Calice ne prévoyait pas une fin aussi suprenante !
7. « La nuit où le sommeil s'en est allé » de
Cyril Amourette, illustré par NikoEko
Plus personne ne dort… C'est flippant. Moi, grosse dormeuse, je serais malheureuse. Mais les événements qui suivent cette première nuit d'insomnie arrivent trop rapidement. Ce n'est pas après une seule et unique nuit d'insomnie que je commencerai à m'inquiéter… mais plus à partir de la 2ème voire la 3ème… Peut-être un choix pour convenir à une nouvelle.
En tout cas, on vit l'insomnie avec ces milliards d'individus. La recherche du sommeil par n'importe quel moyen mais ça ne vient pas. On passe par de la colère, de la frustration, de l'acceptation… Des gens meurent par manque de sommeil.
Intéressante histoire
8. « Entre-deux » de
Louise Revoyre, illustré par Maniak
On ne comprend pas toujours ce que je veux dire l'auteure. le texte est plutôt poétique et doit concerner des métaphores, que je ne visualise pas toujours. Ce sont de petits morceaux, des bribes de sentiments ou de souvenirs. Je n'ai pas été touchée par cette nouvelle. Dommage.
9. « La convenance de la bête » de Leith, illustré par Corvis et FloatinG
Dans cette nouvelle, l'auteur nous entraîne dans un huis clos intense. On ne s'ennuie pas.
Moment de profonde réflexion aux toilettes, un homme fait le bilan sur son travail, avant la fin du monde. Puis une alarme retentit, Pierre, resté bloqué en ce lieu insolite dans un moment pareil, part dans des pensées de plus en plus dramatiques. Il nous raconte ses changements personnels à l'annonce de la catastrophe, les mesures prises par le gouvernement, son espace dans un abri collectif…
La fin du monde est immuable mais on n'en connaît pas l'origine. Que va-t-il se passer ? Et pour Pierre qui est loin de son abri ?
10. « C15 » de Herr Mad Doktor, illustré par Stabeor Basanescu, Cooke et Martin Lopez
On plonge au coeur de NYC en tant que journaliste français, parti observer le C15. Mais qu'est-ce donc ? C'est le 1/4h fou.
Le style est agréable, plein de suspense qui concorde avec l'intrigue. On se laisse porter par cette coutume new-yorkaise. On pourrait croire qu'ils sont fous, peut-être le sont-ils vraiment, mais tout est sujet d'interprétation. Toutefois, même plongée dans le quotidien de la famille d'accueil du journaliste français, le C15 tarde à arriver. Came rend impatiente, nerveuse.. On comprend de quoi il s'agit mais on n'en est pas encore des témoins ou des acteurs. Mais peut-on vraiment l'être sans le vivre ? A vous d'en juger !
11. « Jour gras » de
Southeast Jones, illustré par Kenzo Merabet et StanleyGrieves
Si vous ne vous sentez pas prêts à entrer dans une histoire du genre Sweeney Todd, tourner les pages. Parce que là, on y est, dans toute son horreur. Avec le titre, j'espérais bien y plonger, mais là mon estomac doit tenir. Histoire courte mais suffisamment effroyable. le style est agréable, les personnages sont simples. J'ai bien aimé.
12. « Le maître des bélougas » de
Julie Conseil, illustré par Sophie Clair
Au sein d'un hôpital psychiatrique… la folie a toute sa place. La rencontre de deux internés nous offrent une belle perspective de leurs esprits, loin d'être étriqués. Laissez vous porter par leurs rêves.
13. « La maman de Martin » de
Morgane Caussarieu, illustré par Venom et
Nelly Chadour
Dès les premiers paragraphes, on plonge dans le désarroi d'un maman épuisée. Tellement épuisée qu'elle serait capable du pire ? Il faut dire que son fils est un prématuré et qu'il a du retard dans son développement. Elle n'a pas réussi à s'attacher à lui. Leur relation est complexe et ça se sent tout au long du récit.
Puis l'enfant grandit, il n'est plus cet « attardé ». Il a un esprit plus vif. On apprend qu'il a été adopté et que sa mère est une personne égoïste et hypocondriaque.
On suit le petit garçon dans son enfance, avec des migraines persistantes et une mère dépressive, qui est capable de l'oublier dans un placard sans eau ni nourriture.
Désormais on voit à travers les yeux de Martin. Cet amour pour sa mère… Mais leur vie prenne un tournant après le divorce de ses parents. le garçon a réussi à se débarrasser de ses migraines… et du compagnon de sa mère, puis du chien, puis…
Terrible histoire entre une mère adoptive et son enfant, entre un adopté, qui ne le sait pas, et cette maman qui l'aime tant, voire trop. Avec une écriture fluide, l'auteure nous plonge viscéralement dans la monstruosité de cette famille.
14. « Europe » de Pénéplope Labruyère, illustré par Deadstar
D'abord le porte-parole de la NASA s'exprime devant les journalistes. On apprend que, depuis 3 jours, le contact a été rompu avec l'équipage d'un vaisseau spatial en train de visiter un satellite naturel de Jupiter, Europe. Les seules nouvelles viennent des journaux personnels de l'équipage, ce qui nous plonge au sein du module.
Une secousse a lieu sur le satellite. Les perceptions de 2 astronautes en est modifié durant quelques secondes. Puis l'exobiologiste découvre une eau équivalent à l'eau de mer, si ce n'est le taux de carbone, bien trop élevé. Les secousses recommencent plusieurs fois, l'équipage continue les prélèvements malgré les difficultés rencontrées (hallucinations, relations compliquées…). Ils ont mis 7 ans à arriver sur Europe et voulaient honorer leur mission. Après une tempête solaire qui secoue les deux équipages, JIMO 1 et JIMO 2 sont irradiés. Sur le chemin de retour pour la terre, ils doivent encore tenir 7 ans.
L'histoire part d'une réelle mission spatiale qui a finalement été abandonnée car jugée trop coûteuse. le récit est bien ficelé et crédible, malgré des incohérences. le rythme est soutenu, le nombre de personnages semble correct et certaines scènes peuvent gêner (érotique ou horreur). La fin manque de consistance, des questions restent sans réponses, et ça m'a dérangé. Toutefois, ça reste une nouvelle captivante, on s'attache aux équipages qui sont isolés, loin de la terre, et dont les relations dans un tel microcosme sont mis à rude épreuve.
15. « Sanguines » d'Adam Roy, illustré par Fred Wullsch
Un monde sans hommes donc sans moyen de reproduction. L'humanité s'éteint… et avec elle toutes les femmes. Mais quand l'une d'entre elles tombent enceinte, on cherche le mâle. Et quand toutes ces femelles lui tombent dessus, elles n'ont même pas le temps d'en profiter, tellement obnubilée par leur désir individuel. Elles étaient trop nombreuses. Mais il reste le bébé : une fille ou un garçon ?
Ce n'est pas une nouvelle féministe, on n'y défend pas le droit ou l'égalité des femmes. C'est un récit défaitiste où une femme assoiffée de pouvoir et les autres assoiffées de survie par la maternité, règnent sur une terre à la lune sanglante. Leur égoïsme les laisse dans une forme de folie.
16. « Transfert » de
Julien Heylbroeck
Nouvelle très courte. Je me suis demandé qui était le médecin et le patient, s'ils n'avaient pas inversé leurs rôles… pour finalement parler des robots. En fait je me suis perdue dans leur folie,alors on dire que l'auteur a gagné son pari !
17. « Les soupirs du voyeur » de Corvis, illustré par Margaux Coste et Corvis (« avec l'aimable participation des modèles ; Jeanne Dessart et Yann Lasserre« )
Ca promet des scène hot ! Et c'est bien le cas. le récit est parfois trop long…
On suit le mal-être d'un jeune homme de 28 ans qui a toujours été impuissant mais dont les nuits sont bien remplies de rêves lubriques d'abord. Puis de nuits en nuits, un pervers sexuel prend forme.
Le texte est fluide et se lit facilement. le personnage est tout de même attachant, on est frustré pour lui. Les scènes sont bien décrites, on n'est pas dans le glauque. Dommage que la fin se devine, et que le lien entre l'impuissant et le pervers devienne trop évident.
18. « Le décalage » de
Ludovic Klein, illustré par Kinglizard
Après 3 ans en hôpital psychiatrique, le protagoniste se rend à une soirée où il va retrouver les anciens de sa promotion. Il n'est pas du tout à l'aise, essaie de se glisser dans la « normalité ». Mais au milieu de la soirée il part.
Plus tard, il erre en vélo et s'arrête dans un zoo. A la rencontre des animaux, comparés à des résidents de maison de retraite résignés à vivre là, il rencontre un orang-outan qui vient de perdre sa compagne. le livre d'or partage des mots d'enfants qui « s'amusaient » à regarder ce couple. le protagoniste ne comprend pas ce qu'il y a d'amusant à observer les animaux. Comme quoi on voit ce qu'on veut bien voir, mais ce n'est pas ce qu'on est réellement.
Texte dynamique mais pourtant trop long. On ne se laisse pas émouvoir par cet homme qui est en mode errance émotionnelle.
Conclusion :
A la fin de l'anthologie, on trouve une présentation des auteurs et des illustrateurs.
Ce recueil m'a beaucoup plu. On visite et revisite la folie mais ne vous laissez pas prendre pour fou ! Vous l'êtes déjà, comme nous tous ! En tout cas, Les artistes fous associés ont piqué ma curiosité. Ils ont d'autres ouvrages à partager avec vous, gratuits en ebook pour certains.
Lien :
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