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EAN : 9781021020512
Tallandier (25/08/2016)
3.74/5   17 notes
Résumé :
On le sait, c'est l émeute du 14 juillet 1789 qui a vraiment déclenché la Révolution française. Que les insurgés s en soient pris à cette vieille forteresse du Moyen Âge devenue prison d État en dit long sur sa sinistre réputation. N a-t-elle pas accueilli d'innombrables prisonniers politiques, dissidents religieux, écrivains insolents, sans oublier le tout-venant de la pègre et même les fils de (bonne) famille ?
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
On ne présente plus Jean-Christian Petitfils. Il est l'auteur de nombreux ouvrages couronnés de succès, dont de nombreuses biographies (1) qui nous permettent de mieux connaître et comprendre notre histoire.

Dans le présent livre, sous titré Mystères et secrets d'une prison d'Etat, il nous présente une Bastille bien éloignée des clichés propagés par le système éducatif républicain. La force de ce nouvel opus repose sur deux éléments. Comme à son habitude, l'auteur a fouillé et décrypté les archives. de plus, son ouvrage n'est pas qu'historique au sens académique du terme. Il se lit également comme un véritable roman d'aventures. En effet, les embastillés se livrèrent à des activités tellement diverses et variées que nous avons peine à y croire. Au sein de la vieille forteresse royale, il y eut des rebellions, des expériences alchimiques autorisées par le gouvernement, des évasions ratées ou réussies, la naissance d'un enfant, l'écriture de grands livres (2) et bien évidemment des histoires d'amour. Bien qu'elles ne représentèrent que 10% des prisonniers tout au long de l'histoire de la Bastille, les femmes enfermées ne se privaient pas de coquetterie et de galanteries, au point de faire tourner la tête de leurs gardiens et confrères prisonniers. A ce sujet, les murs les plus épais n'empêchèrent point l'amour courtois, mais il est vrai que nous étions dans une autre époque…

Comme chacun sait, la Bastille fut prise le 14 juillet 1789 par les émeutiers. Elle devait avoir une triste réputation à cette époque pour représenter un « symbole de l'absolutisme royal ». Déjà, son aspect massif en imposait aux parisiens. Restif de la Bretonne a écrit : « C'était un épouvantail que cette Bastille redoutée, sur laquelle, en allant chaque soir dans la rue Saint-Antoine, je n'osais lever les yeux » (3). de même, les écrits des philosophes, non dépourvus d'exagération, contribuèrent à sa mauvaise réputation. A ce sujet le chapitre intitulé La Bastille et l'opinion expose comment la propagande et la force du verbe peuvent altérer et transformer la vérité. Voltaire, lors de son deuxième embastillement, écrivit des vers (4) dans lesquels il se plaignait de son fort mauvais traitement, alors qu'il fut bien considéré. Il put même dresser la liste de ses besoins : « Deux livres d'Homère, latin-grec ; deux mouchoirs d'indienne ; un petit bonnet ; deux cravates ; une coiffe de nuit ; une petite bouteille d'essence de geroufle. » L'ironie de l'histoire reste que la Bastille souffrait de la réputation contraire d'être à la fois « La plus douce et la plus dure prison de France ». Comme pour la vie en dehors de la forteresse, tout dépendait du statut social du prisonnier. Certains finissaient par mourir des mauvais traitements, de l'absence d'hygiène et des misérables conditions de vie. D'autres, à l'image du Cardinal de Rohan pouvait se promener librement dans l'enceinte. Il recevait même ses amis et autres affiliés : « Il préférait, quant à lui, recevoir dans son appartement aménagé dans le bâtiment de l'état-major, où rien ne ressemblait à une prison. Les festins qu'il y donnait étaient des plus fins et des plus recherchés. On mettait dix, quinze, vingt couverts, les repas, en robes brodées, gilets de soie, manchettes de dentelles et perruques poudrées, s'achevaient fort tard. » Ces conditions de vie ne se voyaient réserver qu'aux hôtes les plus prestigieux comme écrit plus haut. Certains prisonniers ne disposaient que d'une maigre paillasse pour dormir, et d'autres devaient attendre plusieurs mois avant de recevoir une couverture. Des détenus ne supportant pas leurs détentions refusaient de manger et se laissaient mourir. Pourtant dans la même prison, des reclus de haute naissance préféraient - malgré leur élargissement - rester quelques jours de plus, voire même des mois pour profiter du traitement « royal » qui leur était réservé. Comme quoi, l'histoire n'est jamais simple.

Concrètement, ce livre commence par un historique de la Bastille en expliquant les raisons de sa création et de son appellation. Nous voyons alors naitre ce bâtiment qui deviendra un acteur majeur de l'histoire de la ville de Paris, et bien évidemment de l'histoire de France. Indubitablement ce château aura toujours représenté un intérêt stratégique, durant les guerres de religion, pendant la Fronde et la Révolution. Après ces salutaires rappels historiques, Petitfils aborde par le menu le fonctionnement de cette prison d'Etat. Il évoque également dans les grandes lignes les mécanismes de la justice royale. Puis, il nous livre des faits historiques intéressants qui confirment que la Bastille permet d'en apprendre beaucoup sur notre grande histoire française et sur la Révolution (5). En effet, les grands du royaume rebelles à l'autorité royale connurent l'hospitalité de la Bastille, en même temps que des sujets de la plus basse extraction. Des prisonniers d'Etat, comme les espions ennemis et autres assassins, séjournèrent dans cette prison. Suite à l'Affaire des Poisons qui gâta plusieurs années du règne de Louis XIV, les protagonistes connurent les geôles de la Bastille… le Masque de Fer même y mourut. La fausse Marie-Antoinette du bosquet de Vénus, dans l'Affaire dite du Collier de la Reine, enfanta dans cette prison. Autant dire que la haute et sérieuse politique se mêla aux plus vils intrigues dans cette forteresse construite par Charles V en 1370, que les révolutionnaires saccagèrent le 14 juillet de 1789, en prenant le soin, comme la coutume de la tabula rasa l'impose, de détruire et brûler les archives. Quant à nous, nous préférons les lires et les étudier. Ainsi nous recommandons fortement La Bastille qui ravira les passionnés d'histoire…



Franck ABED


(1) Nous citons notamment les ouvrages suivants que nous avons lus et grandement appréciés : Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI et Jésus.

(2) Sacy, prêtre et théologien de Port Royal, y traduisit son commentaire de l'Ancien Testament. Bassompierre en profita pour y achever Ses Mémoires. L'Abbé Roquette commença un volume de commentaires sur les Psaumes. Sade au cours de son séjour y commit Les Cent vingt journées de Sodome etc.

(3) Ses Nuits de Paris

(4) « Me voici donc en ce lieu de détresse, embastillé, logé à l'étroit, ne dormant point, buvant chaud, mangeant froid, trahi de tous, même de ma maîtresse… »

(5) Les pages consacrées aux émeutes et aux exactions commises au nom de la Liberté montrent et démontrent la folie et la barbarie des révolutionnaires.
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Avec toute la documentation qu'il a accumulée sur les rois de France, notre spécialiste national de l'Ancien Régime depuis Louis XIII ne pouvait pas manquer de nous narrer les vicissitudes de la forteresse qui représente pour la plupart d'entre nous le signe irrévocable de la Révolution.
Mais ce n'est pas tant l'anecdote, parfois savoureuse, que l'on apprécie le plus dans cet ouvrage très accessible – même si le lecteur se régale à l'évocation des multiples évasions du stupide Latude, ou apprend enfin l'identité du Masque de Fer ou comprend à la suite de quelles méprises et de la couardise du Gouverneur de Launey que fut investi l'édifice – mais le sens symbolique de cette prison et du système, inconcevable aujourd'hui à nos yeux, des lettres de cachet.
On a peine à imaginer en effet un système politique sans séparation des pouvoirs (si, si, je vous assure !), où toute justice ne procède que du monarque, et où il suffit d'avoir lâché un propos maladroit ou provoqué l'ire de sa famille par des moeurs dissolues pour se retrouver enfermé pour quelques semaines ou des années, ou même complètement oublié par une administration qui ne sait même plus pourquoi vous avez été mis à l'écart.
La vie dans les « chambres » n'est pas toujours affreuse : l'on y est bien traité, bien nourri. On peut en profiter pour écrire des ouvrages devenus célèbres (cf : Le Marquis de Sade), faire venir des meubles, des livres, des vins fins, des visiteurs. Surtout si on est noble et qu'on en a les moyens. Cependant, le régime des bastillards évolue considérablement au XVIIème siècle. Relativement doux et libéral au début du règne de Louis XIV, parce qu'il concerne surtout des pensionnaires de marque, il se durcit à mesure que la forteresse se met à accueillir des individus de modeste condition.
La Bastille est le lieu où l'on enferme les espions, les suspects de crimes (ou de projets) de lèse-majesté, les pamphlétaires s'attaquant aux maîtresses royales, les empoisonneurs (et empoisonneuses), les conspirateurs, des protestants en relation avec des puissances étrangères : la notion de crime d'Etat prend bientôt une très forte extension dans la seconde partie du règne de Louis XIV. Cependant, à la fin du XVIIIème siècle, le régime pénitentiaire s'adoucit. En 1770, la Cour des Aides fait des remontrances contre l'arbitraire inadmissible des lettres de cachet, signées et délivrées par d'obscurs subordonnés, en dehors de tout contrôle royal. Et en plus, la prison revient très cher au roi, les locaux sont vétustes et mal adaptés, le budget de l'Etat est en perpétuelle recherche d'économies. En septembre 1782, la Bastille ne compte que 10 prisonniers, 7 en juillet 1789 … On établit déjà des plans pour la faire disparaître.
L'émeute qui voit la chute de la Bastille est l'aboutissement d'une crise particulièrement violente : une réaction nobiliaire qui veut, comme la bourgeoisie éclairée, en finir avec le despotisme, la crise de l'endettement et le refus des privilégiés de partager le poids de la fiscalité, la crise économique après des récoltes dramatiquement perturbées par une météo catastrophique affectant une population en forte croissance. Mais précisément, les hordes qui prirent la Bastille ne cherchaient pas à renverser le symbole du despotisme, mais à se procurer de la poudre après qu'ils eurent pillé les réserves d'armes aux Invalides. Il suffisait d'une étincelle …
La lecture de ce livre nous permet de suivre heure par heure le film de cet événement sanglant, dont la date fut choisie en 1880 pour célébrer notre Fête Nationale. Un regret : il manque un plan avec les noms des tours … l'éditeur aurait pu soigner un peu mieux l'iconographie.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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La Bastille, plus célèbre prison de France, est intimement lié à l'Histoire de l'Ancien Régime, des lettres de cachets à la Révolution en passant par la Fronde, l'affaire des Poisons ou celle du Collier. Tous les personnages qui se sont croisés en ces murs ont ainsi marqué de leur empreinte l'histoire de ce monument emblématique mais aussi l'histoire politique, économique ou encore littéraire de la période.


Tous ses aspects y sont abordés dans cet ouvrage très complet qui présente une excellente synthèse pour découvrir cette prison d'Etat : l'agencement de la prison, les fameuses lettres de cachet, les libertés accordées aux prisonniers les plus illustres (ou même les autres...) aussi bien que les mauvais traitements, les femmes, les évasions, dont celle de Latude est un délice à découvrir, mais aussi le fameux masque de fer et bien sûr la chute du 14 juillet, racontée quasiment heure par heure.


L'auteur a eu accès pour cette histoire de la Bastille a de nombreuses sources et ça se ressent dans le niveau de détails atteint par chaque chapitre. de nombreuses citations de toutes personnes liées de près ou de loin à cette prison (ministre, gouverneur, prisonnier...) viennent renforcer le récit et le rendre plus vivant là où une simple énumération de faits aurait pu être rébarbatif. Même les non historiens peuvent ainsi y trouver leur compte dans un texte fluide et très bien écrit (même si l'auteur s'autorise quelques envolées lyriques par moment....).


Le seul point négatif de l'ouvrage est son iconographie qui ne se montre pas tout à fait à la hauteur d'un texte pourtant si intéressant. En effet le seul plan des lieux proposé est en fait illisible sans loupe pour la légende. Un plan détaillé et lisible aurait vraiment été le bienvenu pour se repérer dans les différentes tours et les bâtiments cités dans tous les chapitres.
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Jean-Christian Petitfils, qu'il est inutile de présenter en raison de ses nombreux et passionnants ouvrages, a écrit là une formidable histoire de la Bastille.
Non seulement il nous régale de délicieuses anecdotes, mais il nous "décortique" également toute l'iniquité des lettres de cachet de l'Ancien régime. le Roi, un ministre pouvaient envoyer un individu en prison avec ce simple document...et l'y oublier durant des années.
Comme hors des murs de cette prison, la vie des prisonniers de la Bastille dépendait de leurs moyens.
Aisés, ils pouvaient y faire bonne chère, déguster des vins fins et avoir un ameublement des plus confortables.
Certains prisonniers y ont continué leur oeuvre littéraire, comme le marquis de Sade.
Par contre des détenus y menèrent une vie misérable. A l'opposé le cardinal de Rohan avait toute liberté de se promener dans l'enceinte de la forteresse.
L'histoire de cette forteresse nous est fort bien contée depuis ses origines et notamment les deux temps forts que furent la Fronde et le début de la Révolution française. Et également un intéressant chapitre sur les évasions qui y eurent lieu.
Les dernières pages font bien entrevoir la tempête révolutionnaire qui arrive...

Passionnantissime !
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Le 14 juillet 1789 est une date connue de tous. Mais qui sait que la Bastille ne renfermait alors que sept prisonniers ? Et quel était vraiment le quotidien de ses occupants ? Avec son talent habituel, Jean-Christian Petitfils nous fait pénétrer dans l'imposante forteresse royale pour en découvrir tous les secrets.
Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
- Monsieur Arouet, je gage vous faire voir une chose que vous n'avez jamais vue.
- Quoi donc ?
- La Bastille.
- Ah, Monseigneur, je la tiens pour vue !
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C’était un épouvantail que cette Bastille redoutée, sur laquelle, en allant chaque soir dans la rue Saint-Antoine, je n’osais lever les yeux 
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Videos de Jean-Christian Petitfils (38) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Christian Petitfils
https://www.laprocure.com/product/1412535/petitfils-jean-christian-jesus
Jésus Jean-Christian Petitfils, Vincent Ravalec (illustrateur) Éditions Fayard
« J'en ai profité pour actualiser le livre [Jésus, 2011] avec les derniers travaux, notamment dans tout ce qui a été fait à Nazareth par l'archéologue Ken Dark – on a retrouvé, on en est à peu près certains, la maison de Marie et Joseph, là où Jésus a vécu, donc à Nazareth – et puis, donc, de l'ouvrir à un public différent, peut-être plus vaste, par ces illustrations. Alors ces illustrations, en effet, elles sont nombreuses. Elles accompagnent le texte et elles ont pour but d'immerger le lecteur dans le texte, et ça a été conçu de cette façon-là par Vincent Ravalec [Illustrateur] et son équipe, qui travaille avec une équipe et qui a utilisé les mécanismes de l'intelligence artificielle. Mais je dirais que c'est une intelligence artificielle contrôlée, très contrôlée… »
©Jean-Christian Petitfils, pour la librairie La Procure Animation, Guillaume Vanier, libraire à La Procure
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