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EAN : 9782330027285
272 pages
Actes Sud (08/01/2014)
  Existe en édition audio
3.79/5   1617 notes
Résumé :
Parce qu’elle est fascinée par le destin de la miraculeuse petite gymnaste roumaine de quatorze ans apparue aux jo de Montréal en 1976 pour mettre à mal guerres froides, ordinateurs et records au point d’accéder au statut de mythe planétaire, la narratrice de ce roman entreprend de raconter ce qu’elle imagine de l’expérience que vécut cette prodigieuse fillette, symbole d’une Europe révolue, venue, par la seule pureté de ses gestes, incarner aux yeux désabusés du mo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (341) Voir plus Ajouter une critique
3,79

sur 1617 notes
C'était "la vache sacrée et décorée" de la Roumanie.

Que dire après tant de critiques...
Nous devons être nombreux à nous souvenir de ce petit phénomène des JO de Montréal. Elle a marqué nos esprits durablement, dans un monde télévisuel moins envahissant qu'actuellement, où tout évènement retransmis regroupait les familles en communion devant l'écran. On la trouvait plutôt timide, la petite Nadia, incapable d'exprimer une joie spontanée, attitude qui collait bien à l'image grisâtre des pays de l'Est.

Statufiée en "ange laïque", inconsciente d'être l'icône du bonheur communiste à la roumaine, elle a été le temps d'une enfance sportive, une poupée mécanique à la gloire de son pays avant d'être avalée dans les bouleversements politiques, sacrifiée sur l'hôtel des gloires déchues pour avoir grandi.

Mêlant habilement enquête et fiction, Lola Lafon revient avec un réel talent et un léger excès de lyrisme sur la période de la guerre froide, où les combats idéologiques s'invitaient sur les podiums à l'heure des hymnes, jusqu'entre pays "frères" du bloc de l'est.

Elle dessine une Roumanie communiste schizophrène, rassemblée derrière son mégalomane dirigeant, fascinant l'Occident. Une vision géopolitique dépassée qui interroge sur les manipulations de l'information, l'hypocrisie du pouvoir, les méthodes de gouvernance et la crédulité des individus.
Elle évoque surtout les excès de la compétition à outrance, qui forgent les caractères mais laminent les individus, les enjeux d'ego, de survie et d'argent, bousculant le mythe d'un sport sain et fédérateur.

Cette analyse "a posteriori" est tempérée par la voix off de Nadia adulte qui dénonce les clichés, nous incitant à prévenir tout manichéisme et refuse la victimisation. Car les choses n'ont pas vraiment changé en matière de communication.
Mais l'adulte n'est-elle pas elle-même piégée par l'image renvoyée par sa réussite planétaire?
Elle reste jusque dans sa fuite vers l'ouest une personnalité enigmatique.

En dépit des analyses et controverses faites avec le recul, il reste à donner un coup de chapeau au courage de l'athlète-enfant qu'elle fut, et à la version littéraire captivante que nous offre Lola Lafon.
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Qui ne se souvient pas, parmi ceux et celles de ma génération, de la merveilleuse petite gymnaste roumaine, Nadia Comaneci, qui a enchanté les Jeux Olympiques de Montréal en 1976?

Cette biographie romancée a le mérite de faire un portrait non seulement de la merveilleuse sportive, mais aussi de l'époque mouvementée des années 70 et des années 80, de montrer un pays livré aux lubies d'un dictateur dangereux, Nicola Ceaucescu, et les souffrances d'une population qui manquait de tout, sans compter les pressions "politiques" exercées sur les femmes pour qu'elles aient au moins 5 enfants, à la gloire d'une nouvelle Roumanie qu'il fallait créer en l'honneur du Génie des Carpates!
Voici donc Nadia, qui vit dans un village de Moldavie roumaine, Onesti, et qui très vite est remarquée par un entraîneur, Bela Károlyi. Un nom d'origine hongroise car le grand entraîneur fait partie de la minorité hongroise vivant en Roumanie.
Alors commence le rythme effréné des entraînements, des régimes draconiens, des ajustements hormonaux, retarder la puberté pour avoir de meilleurs résultats.
Les succès de Nadia sont éblouissants jusqu'à ce que Nadia soit "rattrapée" par la machine biologique.
S'adapter à ce nouveau corps, cela va être difficile, la concurrence avec les autres gymnastes est de plus en plus rude.
A l'extérieur des gymnases, la Révolte gronde. Les Roumains sont excédés du manque de nourriture, de soins, et des discours officiels, à tel point qu'ils regardent la télé bulgare même s'ils ne comprennent pas la langue, pour échapper à l'endoctrinement ambiant.
Nadia va fuir son pays, en décembre 1989, juste avant la destitution des Ceaucescu..
Une très belle biographie, un vrai témoignage historique sur les soubresauts de l'Europe de l'Est juste avant la tombée du "rideau de fer".
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Nadia Comaneci, roumaine, est la première gymnaste a obtenir 10 sur 10 aux JO de Montréal de 1976. Surnommée "La fée des Carpates" cette enfant prodige devient un mythe planétaire, orchestrée et semble t-il robotisée par l'entourage de Ceausescu, admirée par les pays de l'ouest.
Nadia "elle fascine, elle excelle, sérieuse, parfaite, impressionnante" ..... "elle ne transmet pas l'émotion, elle est l'émotion....... une machine poétique, sublime. Elle a tout: la grâce, la précision, l'amplitude des gestes........Elle jette l'apesanteur par-dessus son épaule. " "C'est une robot communiste de 40 kg. On est dans la géométrie. Dans le calcul."
Mais faisons quelques pas en arrière:
A sept ans elle est repérée par son entraîneur et arrachée à ses parents. Elle s'entraîne six heures par jour. Elle a du cran Nadia. Elle est en progrès mais "fragile". Elle doit serrer les dents, tombe, se relève. Un régime alimentaire draconien maintient une légèreté indispensable pour ce corps d'enfant.
"un déguisement d'enfant pour une machinerie rare!".

Lola Lafon en construisant ce texte a orienté sa plume vers un exercice périlleux mais elle n'est pas tombée, elle. S'appuyant sur des faits réels, sur l'actualité foisonnante des années de gloire de Nadia, elle a posé l'histoire de la petite "fée communiste" dans son contexte. Elle a imposé à son récit des doubles salto, balayant sa caméra de la Roumanie des années 69 à 89, à Paris avec des incursions en Russie et aux Etats-Unis. Toutes les facettes ou presque de la Roumanie de l'époque sont évoquées. Les excès, les outrances, les restrictions, les incompréhensions, la propagande, la suspision, la censure.

Et Nadia? Nadia elle parle peu. Son émotion n'est pas palpable. Sa relation intime avec le Roitelet, fils du dictateur, n'a pas été clairement établie. Qu'à cela ne tienne! Lola Lafon imagine la voix, les mots, et sans que l'on s'en aperçoive vraiment, va compléter la réalité d'une fiction à peine suggérée en tous les cas tellement réaliste.

Nadia "cette collectionneuse, de victoires, cette tueuse" ne sait plus décider, tant elle est habituée à obéir". Les choses tournent mal. "L'horizon fait la grimace". Que va t-elle faire de sa vie? Après avoir vécu dans la lumière et au rythme des applaudissements a t-elle pu envisager la pénombre sans être blessée? La fée glacée va t'elle apprivoiser la vie, les gens, les mots? Son parcours Lola le tient bien et moi je n'ai pas lâché son livre.
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Très beau texte, sensible et intelligent, captivant loin au-delà de la gymnastique féminine.

Publié en janvier 2014 chez Actes Sud, ce texte de Lola Lafon est le fruit d'un étonnant travail de construction littéraire à partir d'un contenu historique et journalistique, puisqu'il s'agit ici de décrypter la figure emblématique que fut Nadia Comaneci, qui révolutionna la gymnastique entre ses 14 ans et ses 18 ans, des jeux de Montréal en 1976 à ceux de Moscou en 1980, figure nécessairement choyée et mise en avant par le régime communiste roumain, avant de fuir le pays quelques jours avant la chute de Ceausescu en 1989.

Décrypter le sens et le contenu d'un tel emblème, en acceptant, voire en proposant, les controverses - qui ne manquèrent pas - à l'intéressée elle-même, par courrier électronique ou au cours de nombreuses conversations téléphoniques, une année durant, représentait un défi, que Lola Lafon parvient à mener à bien, en ne cachant rien de ses émotions, de ses admirations, de ses doutes profonds, en acceptant surtout, avec une intelligente humilité et une belle humanité, de prendre à la fois le risque de questionner parfois rudement Nadia Comaneci, et celui de l'écouter, réellement, de prendre en compte le poids de ses mots, aussi réticents fussent-ils par moments, et plus encore le poids de ses silences.

Se replonger ainsi dans le triomphe de Montréal (accompagner la lecture en voyant ou revoyant quelques-unes des nombreuses vidéos d'époque disponibles sur le net n'est d'ailleurs ici pas du tout inutile), mesurer la révolution que représenta le débarquement de ce prodige juvénile tout en fragilité apparente, en prise de risque physique jugée parfois insensée et en détermination proprement hors du commun, rappeler l'appropriation du corps exalté par le pouvoir communiste propagandiste (et écouter absolument Nadia Comaneci lorsque, malgré tout sur la défensive, elle mentionne l'appropriation similaire opérée par le capitalisme publicitaire contemporain), sentir la présence permanente et rayonnante, pour le meilleur et pour le pire, du « coach » Béla Károlyi, percevoir tout le trouble et la gêne des uns et des autres autour de la fuite de 1989 par les champs enneigés de la frontière hongroise, et de l'arrivée spectaculaire et terriblement « ratée » aux États-Unis, avec ses profondes séquelles médiatiques : c'est à un parcours exceptionnel de sensibilité et d'intelligence que nous convie ici Lola Lafon.

On regrettera peut-être, et ce sera l'unique bémol ici, que les réactions de Nadia Comaneci soient parfois laissées en points de suspension, peut-être pour ne pas effaroucher un lectorat que l'on peut soupçonner de ne pas être spécialement virulent vis-à-vis des modèles politique et économique de l'Occident (étendu) contemporain, particulièrement lorsqu'elle défend ou minimise la « récupération » dont elle fut l'objet, ou lorsque l'arrivisme forcené de son coach se dévoile. Un peu plus que pour l'anecdote, le visionnage de « Olympic Gold », le reportage sur et avec Mary Lou Retton, la gymnaste américaine propulsée à l'or de Los Angeles par Béla Károlyi, après sa fuite à l'Ouest en 1981, est particulièrement édifiant, tant le triomphalisme cynique et décomplexé de l'athlète américaine et du coach y apparaissent éloignés de la pudeur et de la gêne quelque peu rageuses ou désespérées exprimées par Nadia Comaneci au long du livre de Lola Lafon.

On saluera en revanche sans aucune réserve la subtilité et le respect de l'auteur lorsque seront abordées les péripéties sentimentales et terriblement humaines qu'affrontera la jeune prodige en Roumanie auprès de l'entourage de Ceaucescu.

On trouvera aussi ici, discrètement menée mais intense, une interrogation sur le sens du dépassement sportif, qui évoque curieusement, quoique d'un tout autre angle, le « Mateo » d'Antoine Bello et son exploration footballistique de la parabole des talents en univers capitaliste occidental.

On y trouvera enfin une magnifique leçon de questionnement des récits, des propagandes et des convictions intimes, dans laquelle l'auteur accepte de se « mettre en danger », en montrant ses propres doutes, ses propres raccourcis ou présupposés : la scène presque finale de l'enquête « sur place », à Bucarest, est un moment particulièrement intense du récit, de ce fait.

Un très beau texte, intelligent, sensible et captivant, y compris et peut-être surtout lorsque l'on n'éprouve pas de passion a priori pour la gymnastique féminine.
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Nous sommes en 1976, aux jeux olympiques de Montréal. Nadia Comaneci, vient d'effectué son exercice sur la poutre devant une salle médusée, des spectateurs aux juges en passant par les gymnastes des autres équipes.
En moins d'une minute, tout le monde est sous le charme et on attende la note qui tarde à venir et finit par s'afficher : 1 virgule zéro, zéro ??? Que se passe-t-il ? Nadia a-t-elle fait une grosse bêtise que son entraîneur (Béla Karoly) n'a pas vue ? La foule conspue les jurés. Et le soudain le président du jury fait signe à Nadia : les deux mains en écartant les doigts.
En fait, la petite fée a obtenu la note maximum, mais ceci n'était pas prévu dans l'ordinateur !!! le petit écureuil (c'est ainsi que Béla appelle ses gymnastes) a même détraqué la machine sensée être infaillible.
Ensuite, le livre raconte, la façon dont les petites filles ont été choisies et entraînées par Béla qui a fondé sa propre école, non sans mal, car c'est le règne du génie des Carpates : Ceausescu. On découvre donc les entraînements, la vie de ces petites filles pour arriver au stade de la compétition.
Il y a un va et vient permanent entre la vie de Nadia et celle de la dictacture des Ceausescu et leur évolution réciproque….
Ce que j'en pense :

Ce roman, comme le dit d'emblée son auteure, n'est pas une biographie exhaustive de Nadia Comaneci. Lola Lafon imagine un dialogue entre elle et Nadia pour tenter d'expliquer ce qu'on ne sait pas vraiment et faire la part de la réalité et de ce que la presse a pu écrire. A priori, c'est une bonne idée, mais en fait, cela m'a gênée dans la lecture (ces chapitres là sont écrits en italique) car on ne sait pas s'il y a des choses vraies ou s'il s'agit de ses spéculations.
L'auteure met très bien en évidence le formatage de ces petites filles qui ont six ans en moyenne quand débute l'école. Elles sont affamées, on compte les calories sans arrêt car elles doivent rester menues, peser le moins possible. Sur le plan de la gymnastique, l'entraînement est inhumain, elles s'entraînent pendant des heures, les mains pleines d'ampoules, se lancent dans le vide sans savoir qu'elles risquent leur vie(ou la paralysie) à chaque saut, mais Béla dit qu'elles peuvent le faire et doivent le faire car il leur donne tout !!!
Elles obéissent toutes, Nadia plus que les autres car elle est perfectionniste donc prête à tous les sacrifices pour Béla et pour la Roumanie. Cela va jusqu'aux vomissements tellement elle a peur de peser cent grammes de trop au contrôle et finira par des troubles du comportement alimentaire (alternance anorexie et boulimie). La perversité de cet entraîneur est sans limite et il exerce une emprise terrible sur ses « petits écureuils » comme il les appellent. Nadia le considère probablement comme un père de substitution donc elle obéit pour qu'il l'aime. Seule la mère de Nadia se méfie mais elle ne fait rien.
Un livre dur, qui fait réfléchir sur beaucoup de choses. Je connaissais assez bien la vie de Nadia Comaneci car en Occident on se posait beaucoup de questions sur les conditions de vie de ces athlètes, dopage ? Quel était ce fameux régime spécial ? les pubertés retardées évidentes ???
Ce livre m'a d'autant plus remuée que je lisais en même temps « Je viens de Russie », un autre ouvrage sur les conditions de vie du temps de l'ex URSS et les réflexions sur ce qu'est la liberté.
Note : 7/10
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critiques presse (10)
Culturebox
20 août 2020
Prodigieux roman que celui de Lola Lafon sur la gymnaste Nadia Comaneci, quintuple médaille d'or aux Jeux Olympiques et star de Montréal, en 1976. Récit vif et tendu comme un arc, "La petite communiste qui ne souriait jamais" parle d'une championne, d'une ambition et d'une femme dépassée par l'enfant qu'elle fut. Et démonte la propagande sportive de deux systèmes rivaux.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Actualitte
12 mars 2014
Il est aussi le roman d'une époque historique sombre, celle de la guerre froide, d'un système totalitaire et d'une jeune fille manipulée par le pouvoir roumain mais aussi par l'Occident, dépassée par ses performances et l'utilisation de son image de championne.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LaPresse
04 mars 2014
Entre les témoignages, les articles et les conversations délicates, la narratrice imagine les bribes oubliées de la vie de Nadia Comaneci, passée du statut d'enfant prodige adorée à celui de grosse femme méprisée fuyant le régime de Ceausescu en 1989.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeDevoir
10 février 2014
Alors que s’ouvrent les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi, un remarquable roman biographique radiographie le troublant parcours de la plus célèbre olympienne de l’histoire moderne.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Lexpress
03 février 2014
De l'ascension à la chute, le parcours de la gymnaste roumaine Nadia Comaneci vu par Lola Lafon. Le roman d'une vie.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LaLibreBelgique
21 janvier 2014
Lola Lafon réussit un roman en équilibre, sur le fil, entre faits et rêverie, où Nadia elle-même intervient par des commentaires fictifs rétablissant sa vérité. [...] Un roman splendide sur un destin complexe et bouleversant.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Liberation
20 janvier 2014
Curieusement, le lourd procédé qui consiste à imaginer que l’intéressée intervient dans le travail de sa biographe est une habileté supplémentaire. Cela permet d’intégrer des scènes que la romancière n’aurait peut-être pas réussi à caser sans ce subterfuge. [...] Elle laisse aussi l’héroïne endosser un point de vue nuancé sur la société socialiste, qui est peut-être, parfois, le sien.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeFigaro
16 janvier 2014
Lola Lafon laisse [...] entrevoir derrière cette légende la réalité du royaume Ceausescu, le Kennedy de l'Est qui sut lui aussi séduire l'Ouest avant de chuter. Le roman en or de cette rentrée.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LesEchos
15 janvier 2014
Le roman de Lola Lafon n'est pas seulement passionnant - une biographie classique l'aurait été tout autant -, il est aussi troublant dans sa forme. Il donne la parole de manière fictive à Nadia, comme si cette dernière lisait par-dessus l'épaule de Lola, commentait, rectifiait, critiquait, fulminait, donnait sa propre version des faits.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Telerama
02 janvier 2014
Nadia Comaneci est la première gymnaste à avoir obtenu la note de 10 aux JO. L'histoire romancée, tout en équilibre, d'une reine de l'air à la volonté de fer.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (209) Voir plus Ajouter une citation
Une fille faisait la moue quand je récitais ma documentation, cette suite de décrets atroces : "Tout ça est vrai. Mais... On était tellement sûrs que ça ne changerait jamais qu'on s'organisait pour durer, on avait cette vigilance intérieure, pas un instant on n'oubliait que ce qu'on nous faisait réciter était faux. Du coup, on se sauvegardait une vie en dehors de l'Etat. Le communisme ? Mais personne n'y croyait, enfin, pas même les sécuristes ! Alors que maintenant... Ils y croient ! Ils en veulent ! Ils sont prêts à tout pour entrer dans votre Union européenne, à genoux devant saint Libéral, ils sortent du boulot à 23 heures, tout ça pour quoi ? Je ne suis pas partie en vacances depuis six ans ! Mes parents eux, sous Ceaușescu, allaient à la mer et à la montagne, au restaurant, au concert, au cirque, au cinéma, au théâtre ! Tout le monde gagnait plus ou moins la même chose, les prix n'augmentaient presque pas ! Ils avaient constamment peur, c'est vrai, peur qu'on ne les entende dire des choses interdites, aujourd'hui, on peut tout dire, seulement personne ne nous entend... Avant, on n'avait pas l'autorisation de sortir de Roumanie, mais aujourd'hui, personne n'a les moyens de quitter le pays... Ah, la censure politique est terminée, mais pas de souci, elle a été remplacée par la censure économique ! Avec ce régime pseudo-libéral qui fait mine de cajoler tandis qu'il empoisonne, on l'ingère parce qu'il n'a pas tout à fait le goût d'un ennemi, on finit par y croire, et à la fin, dans quel état ça vous laisse ? Vidée ! Le communisme a détruit le pays ? Mais aujourd'hui, des sociétés canadiennes chassent les habitants de leur village et s'apprêtent à faire exploser nos montagnes pour explorer les gisements de gaz de schiste, avec la bénédiction du gouvernement roumain, un sacré contrat ! Ceaușescu a démoli la ville, disent nos parents ? Mais cette nuit, à 4 heures du matin parce qu'ils craignent les opposants, les promoteurs ont fait tomber une ancienne halle, un lieu historique de Bucarest... Pour le remplacer par quoi ? Un supermarché ou des bureaux. C'est quoi votre modèle ? Crever de faim dans la rue ou mourir de solitude dans son appartement ? L'ennui à crédit ? Parvenir-réussir-arriver ? Où ça ?? J'en ai marre d'être obligée de vous désirer, le rêve occidental, ah, ces pauvres crasseux de l'Est à qui vous ne cessez de faire la leçon avec votre merveilleuse démocratie idéale, ça va, on a compris !"
"Ecrivez-le s'il vous plaît, avant, personne n'avait envie de regarder ces émissions idiotes et patriotiques à la télé, du coup, on sortait, on vivait dehors, pas recroquevillés chacun chez soi, on partait à la campagne tous ensemble, écrivez-le, oui, on avait peu de produits, mais quinze sortes de café, vraiment, pourquoi ? On faisait de la musique et de la danse gratuitement, vous avez noté ça ?" s'inquiétaient-ils, garder la trace de ce versant-là et pas que les témoignages amers de leurs parents, leur terrible version, les tickets de rationnement, la surveillance, le froid, la peur. Je notais pour prendre acte, je notais la ville, les gens, le pays, les mots, comme s'il y avait eu quelque chose là-dedans, des indices, je notais, chaque commerçant m'accueillait d'un "spuneti ?" (dites-moi ?), que je traduisais par avouez, dites ce que vous avez à dire, je pensais sans cesse à ça, est-ce qu'elle avait dit ce qu'elle avait à dire, est-ce que je l'avais entendue. Je prenais note de ce pays qui vous a fabriquée, arborée et que vous avez quitté le 28 novembre 1989.
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C'est sur la poutre maintenant qu'elle pirouette, éclairée des flashs de lucioles folles, une lumière sautillante. L'enfant semble retenir toutes les respirations. Elle se lance en double salto et vrille et, d'un claquement de doigts - son arrivée au sol est absolument stable -, elle les délivre, comme si on avait tourné un bouton de volume muet jusque-là, alors le public rugit d'adoration et de soulagement qu'elle ne soit pas tombée. Et tous courent vers les salles de rédaction, les téléphones, dix, dix, écrivez bien ça, she's perfect, titre Newsweek, du jamais vu, la perfection EST de ce monde : "Si vous cherchez un mot pour dire que vous avez vu quelque chose qui était si beau que ça ne disait pas combien c'était beau, dites donc que c'était nadiesque" écrit un éditorialiste québécois. Les juges sont obligés de demander à Béla ce qu'elle a réellement exécuté, ils n'ont pas eu le temps de voir.
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Quel âge a-t-elle, demande la juge principale, incrédule à l’entraîneur. Ce chiffre, quatorze, lui donne le frisson. Ce que la petite a effectué à l’instant dézingue le déroulement des chiffres, des mots et des images. Il ne s’agit plus de ce que l’on comprend. On ne saurait noter ce qui vient d’advenir. Elle jette la pesanteur par-dessus son épaule, son corps frêle se fait de la place dans l’atmosphère pour s’y lover. P 13
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"Le communisme ? Mais personne n'y croyait, enfin, pas même les sécuristes ! Alors que maintenant ..... ils y croient ! Ils en veulent ! Ils sont prêt à tout pour entrer dans votre Union Européenne, à genoux devant saint Libéral, ils sortent du boulot à 23 heures, tout ça pour quoi ? je ne suis ps partie en vacances depuis six ans. Mes parents eux, sous Ceausescu, allaient à la mer et à la montagne, au restaurant, au concert, au cirque, au cinéma, au théâtre ! Tout le monde gagnait plus ou moins la meme chose, les prix n'augmentaient presque pas. Ils avaient constamment peur, c'est vrai, peur qu'on ne les entende dire des choses interdites, aujourd'hui on peut tout dire, félicitations, seulement personne ne nous entend. Avant, on n'avait pas l'autorisation de sortie de Roumanie, mais aujourd'hui personne n'a les moyens de quitter le pays.... Ah la censure politique est terminée, mais pas de souci, elle a été remplacée par la censure économique ! Avec ce régime pseudo-libéral qui fait mine de cajoler tandis qu'il empoisonne, on l'ingère parce qu'il n'a pas tout à fait le goût de l'ennemi, on finit pas y croire et à la fin, dans quel état ça vous laisse ? Vidée ! (...) C'est quoi votre modèle ? Crever de faim dans la rue ou mourir de solitude dans son appartement ? L'ennui à crédit ? Parvenir-réussir-arriver ? Où ça ???
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Le communisme ? Mais personne n'y croyait, enfin, pas même les sécuristes ! Alors que maintenant ... Ils y croient ! Ils en veulent ! Ils sont prêts à tout pour entrer dans votre Union européenne, à genoux devant saint Libéral, ils sortent du boulot à 23 heures, tout ça pour quoi ? Je ne suis pas partie en vacances depuis six ans ! Mes parents eux, sous Ceausescu, allaient à la mer et à la montagne, au restaurant, au concert, au cirque, au cinéma, au théâtre ! Tout le monde gagnait plus ou moins la même chose, les prix n'augmentaient presque pas ! Ils avaient constamment peur, c'est vrai, peur qu'on ne les entende dire des choses interdites, aujourd'hui, on peut tout dire, félicitations, seulement personne ne nous entend ... Avant on n'avait pas le droit de sortir de Roumanie, mais aujourd'hui personne n'a les moyens de quitter le pays ... Ah, la censure politique est terminée, mais pas de souci, elle a été remplacée par la censure économique !
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Videos de Lola Lafon (75) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lola Lafon
En juillet 2021, Lola Lafon passe une nuit dans l'Annexe du Musée Anne Frank, là même où la jeune fille vécut dans la clandestinité de juillet 1942 à août 1944, enfermée avec sept autres personnes et où elle écrira son Journal. Confrontée aux fantômes de sa propre famille victime de la Shoah, Lola Lafon livre dans Quand tu écouteras cette chanson le récit subtil et profond de cette expérience d'heures solitaires passées dans le silence et le vide de l'Annexe. Elle y questionne non seulement sa propre histoire et son rapport à la judéité, mais elle y retrace surtout le destin du Journal et la façon dont l'oeuvre de la jeune Anne Frank a été détournée, spoliée, censurée – réduite à tort à un simple témoignage. Dans la continuité d'autres textes de l'autrice, La petite communiste qui ne souriait jamais en 2014, ou Chavirer en 2020, elle décortique avec justesse les mécanismes d'usurpation de voix d'adolescentes qui ont été confisquées, niées dans leur singularité et leur talent.
Lola Lafon est écrivaine et musicienne, issue d'une famille aux origines franco-russo-polonaises. Elle est l'autrice de plusieurs romans, dont Une fièvre impossible à négocier et de ça je me console (Flammarion, 2003 et 2007), La petite communiste qui ne souriait jamais et Mercy, Mary, Patty (Actes Sud, 2014 et 2017) ou encore Chavirer (Actes Sud, prix France Culture/Télérama 2020). Elle a reçu le prix Décembre et le prix des Inrockuptibles 2022 pour Quand tu écouteras cette chanson (Stock, 2022).
Retrouvez notre dossier "Effractions 2023" sur notre webmagazine Balises : https://balises.bpi.fr/dossier/effractions-2023/ Retrouvez toute la programmation du festival sur le site d'Effractions : https://effractions.bpi.fr/
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