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EAN : 9782213704456
320 pages
Fayard (16/08/2017)
3.35/5   31 notes
Résumé :

1609 : Christóvão Ferreira, jeune jésuite portugais plein de ferveur chrétienne, débarque à Nagasaki. Ce port est alors un panier de crabes : trafic d’or, de soie, d’esclaves auxquels s’adonnent des commerçants du monde entier. Le sud du Japon devient par ailleurs un terrain où s’affrontent les intérêts impérialistes des Anglais, des Espagnols, des Portugais, des Hollandais et où s’importent leurs querelles religieuses : protestants contre catholiques.
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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C'est porté par sa foi et galvanisé par l'exemple de saint François-Xavier, mort en martyr en 1552, que le jeune jésuite portugais Christóvão Ferreira arrive à Nagasaki en 1609. Sa mission d'évangélisation tourne court quand les japonais décident de mettre un terme au prosélytisme exacerbé des chrétiens. S'ils continuent à commercer avec les anglais, espagnols, portugais et autres hollandais, les nippons refusent très vite leur religion jugée extrémiste et intolérante et se méfient des velléités colonisatrices des ibères. Et ils le font savoir ! Les missionnaires et les convertis sont pourchassés, arrêtés, torturés et doivent renier leur foi ou mourir en martyr. Dès 1614, Ferreira entre dans la clandestinité et survit ainsi en territoire ennemi jusqu'à son arrestation en 1633. Mis à la torture, le jésuite ne met pas longtemps à abdiquer. Il réclame grâce, apostasie et se convertit au bouddhisme. Contraint à se marier pour prouver sa sincérité, Ferreira devient mari et père, traducteur lors des pourparlers commerciaux et pousse la traîtrise jusqu'à écrire un pamphlet virulent contre sa religion de naissance. Lâche, sceptique ou les deux, Christóvão Ferreira reste une énigme en même temps qu'une plaie dans l'histoire du christianisme.

D'abord il faut saluer l'immense travail de documentation qu'il a fallu fournir pour écrire ce roman qui dresse un vivant portrait du Japon du XVIIè siècle, moment-clé où les shoguns Tokugawa s'alarment de la présence des occidentaux dans leur pays sans pour autant renoncer au commerce des produits venus des comptoirs chinois. Bien décidés à rester maîtres chez eux, ils imposent des conditions de plus en plus drastiques aux marchands hollandais, espagnols ou portugais. Dans cette société très hiérarchisées et protocolaires, les occidentaux font figure de sauvages irrespectueux. Leur orgueil, leur supériorité supposée et le prosélytisme les ont conduits à excéder les japonais qui ont pris les mesures adéquates : interdiction aux hommes d'église de fouler le sol japonais, désarmement des navires et construction d'une île artificielle dans le port de Nagasaki pour les ''parquer'' durant leur séjour. Les catholiques et les convertis sont torturés et contraints à mourir ou à apostasier. Dans cette guerre de religion, le fanatisme n'a pas de limites. Dans toute l'Europe, des hommes sont prêts à venir mourir en martyr sur le sol nippon tandis que les shoguns perfectionnent leurs techniques de torture.
Ce moment d'histoire, centré sur la personnalité ambiguë de Christóvão Ferreira, est raconté par un Morgan Sportès au ton mordant. Il s'en prend aussi bien aux fanatiques, qu'aux apostats, aux marchands qu'aux japonais avec une espèce d'ironie légèrement condescendante. Cela pourra gêner les croyants mais amuser les autres. Car il ne faut pas oublier que derrière l'humour se cachent des sujets sérieux comme la foi, la manière dont certains veulent imposer leurs croyances, l'ingérence des occidentaux dans des états souverains et bien sûr l'extrémisme qui rend aveugle et sourd.
Parfois difficile d'accès, ce roman, qui n'en est pas tout à fait un, est une mine d'informations sur l'époque et ses moeurs. A réserver aux passionnés de théologie et du Japon.
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Parsemé de notes d'humour grinçantes et de petits commentaires sarcastiques mais excellents, Morgan Sportès offre un véritable roman historique à la fois grave et caustique. L'auteur m'a littéralement embarquée dans une époque que je connais peu et qui m'a demandé quelques recherches en amont afin de pouvoir suivre le déroulé de ce récit ô combien éprouvant. Éprouvant pour trois raisons.
La première étant que j'avais dans l'idée que le Japon - pays réputé pour sa beauté sous toutes les formes et son accueil - n'était pas un pays pouvant être violent. Et quel choc de découvrir la barbarie dont ils ont pu faire preuve à l'égard des autres peuples.
Ensuite c'est cette analyse constante qu'il faut savoir mener pour comprendre tout l'intérêt de ce récit historique. En effet, au-delà de l'histoire de Christovao Ferreira, de l'invasion des Portugais au Japon et la persécution dont ont été victimes nombre d'innocents au nom d'une religion jugée intrusive, se dresse peu à peu devant nos yeux le parallèle que l'on peut faire avec notre monde actuel. La folie religieuse chrétienne, où des prêtres disposés à mourir en martyr au nom de Dieu, n'est pas sans rappeler la folie djihadiste. La fermeture des frontières du Japon avec le commerce extérieur nous fait inévitablement penser au Breixit et les jeux de pouvoirs des impérialistes de l'époque ne sont au fond pas si éloignés de ceux menés par nos Etats actuels.
Enfin la troisième raison se veut quant à elle moins objective, le ciel ne parle pas fut pour moi une lecture fastidieuse. Malgré toute la dimension historique et géopolitique passionnante, l'auteur m'a régulièrement perdue parmi les dates, les noms ou encore les détails. Et en ce sens cela a clairement nui à tout l'intérêt que j'ai pourtant pu trouver dans ce roman.

Un roman, donc, dont je sors mi-figue mi-raisin : instruite certes, mais peu séduite malgré tout.
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Toujours en membre du jury du grand prix Orange de la rentrée littéraire 2017, j'ai la chance d'avoir reçu ce livre dans le cadre de ma mission d'exploration ;) On nous demande de lire jusqu'à la page 100. D'arrêter pour rédiger une première critique. Puis de finir le livre et de garder notre chronique finale secrète jusqu'à la rentrée. Alors voici donc ma critique à la page 100.
"Le ciel ne parle pas" de Morgan Sportes est un roman historique qui nous raconte l'apostat (renoncement à Dieu et à la Chrétienté) de Christovao Ferreira, jeune jésuite Portugais parti prêcher pour sa paroisse au Japon dans le début des années 1600.
Ce roman est comme un cours d'histoire (d'ailleurs l'auteur a un nom de prof d'histoire ;-)) mais qui serait vraiment passionant ! (parce que moi les cours d'histoire ça me donnait plutôt envie de dormir qu'autre chose).
Roman historique avec un fond fortement philosophique (pourquoi tant de haine ? faut-il accepter de se renier pour sauver sa peau ? Peut-on comprendre les extrêmes ? L'histoire est-elle un éternel recommencement ?), "Le ciel ne parle pas" nous décrit avec une précision particulièrement bien documentée, une époque sombre où les Japonais, las de se faire piller leurs richesses et leur culture par le tout puissant empire Espagnol / Portugais; et par les papes successifs au nom de la religion, décident de reprendre les rennes de leur pays.
Et les Japonais ont autant de raffinement et d'inventivité dans la beauté que dans la haine...
J'aime beaucoup ce roman, il y a de l'action, il y a de la philosophie, il y a de l'humour (noir pour dédramatiser la violence extrême de ce qui est décrit). Simplement un peu trop de dates et de noms mais un prof d'histoire ne se refait pas ;-) Je me lance tout de suite dans la suite !
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J'ai choisi ce livre par pur intérêt historique. Les persécutions des Jésuites en mission d'évangélisation au Japon m'étaient tout à fait inconnues. L'auteur, très bien documenté s'est rendu sur place au japon pour s'imprégner des lieux. Il a choisi de raconter l'histoire sous l'angle de la biographie de Christovao Ferreira, Jésuite apostat. L'évangélisation a été un échec car les Shogun, princes locaux, ont craint la perte de leur pouvoir au profit des chrétiens si les Japonais se convertissaient au Christianisme. J'ai lu attentivement la première moitié du livre. Comme je déteste abandonner la lecture d'un ouvrage, j'ai lu l'autre moitié en diagonale sauf les deux derniers chapitres pour connaître le dénouement.
Je n'ai pas du tout aimé ce livre non pas à cause du fond très intéressant, mais à cause de la forme. Les dates japonaises sont "traduites" en calendrier chrétien en toutes lettres, c'est à dire 3 lignes, il y a beaucoup trop de parenthèses qui déstabilisent la logique de lecture. de plus j'avais l'impression que l'auteur racontait toujours la même chose. Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un mauvais livre mais le style d'écriture ne me convient pas du tout. C'est dommage parce que le sujet m'intéressait. Je me suis alors tournée vers des encyclopédies pour compléter mes connaissances sur le sujet.
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Dans ce nouveau roman de Morgan Sportès, on découvre le Japon du 17éme siécle. Cette société ultra-hiérachisée accueille sur ses terres des marchands venus d'Europe, portugais, hollandais ou anglais, désireux de faire du commerce avec le shogun. Mais au-delà du commerce, ils souhaitent évangéliser et convertir , les habitants de l'île. Sauf que ces évangélisateurs tombent sur un "os" , le shogun , qui craignant que les Européens ne soient là que pour conquérir son pays va mettre en place une politique radicale envers les catholiques posant le pied sur son île. Parmi eux , Ferreira , qui devra prendre la bonne décision, renier sa religion et survivre ou mourir en martyr.

Le première chose a noter concernant ce roman, c'est le travail de recherche monumental accompli par l'auteur. Les connaissances du monde japonais, et de l'époque sont indéniables et on apprend beaucoup de choses. Un tel déploiement de connaissances qui s'accompagne parfois de longueurs alourdissant le récit. Parfois il est même difficile de s'y retrouver tant les personnages foisonnent.

Le personnage principal, à travers ses réflexions, permet d'aborder des thèmes qui trouvent écho dans le monde actuel, conflits religieux, argent, commerce, traitement des immigrés, mais j'ai eu du mal à m'attacher à lui. Trop controversé et volatile à mon goût j'ai eu du mal à lui trouver des points positifs.

Le style d'écriture est bon, fluide et les descriptions réalistes valent le détour , que ce soit pour l'architecture d'une île construites pour les migrants, ou pour les différentes tortures imaginées par les hommes du Shogun pour faire régner la Terreur.

En bref, un bon livre très documenté à réserver aux lecteurs en quête de connaissances sur le 17eme siècle au Japon.
Lien : http://livresforfun.overblog..
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critiques presse (1)
Bibliobs
19 octobre 2017
Dans "le Ciel ne parle pas", Morgan Sportès raconte l'histoire de Christovao Ferreira, qui fut missionnaire au Japon.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
L'idée m'est venue (mais je ne puis dès l'abord trop m'étendre sur les soubassements secrets de cette idée) que le père jésuite Christovao Ferreira, qui est le personnage central de ce "roman" n'aurait pas renié sa foi, le dixième jour de la neuvième lune de la dixième année de l'ère Kanei à l'heure du singe (soit le dix-huit octobre mille six cent trente-trois entre quinze et dix-sept heures, anno domini) s'il avait su qu'on allait seulement le crucifier.
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Ferreira, âgé alors de cinquante-quatre ans, après vingt-quatre années passées au Japon (dont dix-neuf dans la clandestinité quand commencèrent les persécutions), fut un des premiers prêtres à subir ce nouveau supplice dit de la fosse: nu ou revêtu d'un léger vêtement, vous êtes étroitement ficelé, à la façon d'un rôti, du cou aux chevilles, de sorte que la circulation sanguine est ralentie. Vos pieds, liés par une longue corde, sont alors tirés brusquement vers le haut à l'aide d'une poulie fixée à un gibet. Ce gibet se dresse au-dessus d'une fosse profonde où, tête en bas, on vous fait descendre jusqu'à votre taille soit à la ha.uteur de la margelle
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Moins d'un siècle auparavant, François Xavier, qui s'apprêtait à se rendre au Japon, mais se trouvait encore à Malacca ville de l'Empire lusitanien, dans la presqu'île malaise, avait demandé à Yajiro, un ex-pirate nippon qu'il avait embauché comme professeur et interprète :
- Mais pourquoi donc, vous, Japonais, écrivez-vous de haut en bas ? Que ne le faites-vous "comme nous", horizontalement ?
- Que ne faites-vous "comme nous" ? rétorqua en écho le peu docile Yajiro. Vous écrivez comme marchent les crabes, sur le côté ? Est-ce bien élégant ? N'est-il pas plus logique de le faire du haut vers le bas, puisque c'est de la tête que nous vient la pensée, donc le langage ?
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La croix japonaise, par tant d'aspects, est combien préférable à la croix romaine, combien plus soucieuse du comfort du crucifié, ou, pour employer un terme technique, combien plus ergonomique ! Plus humaine, pour tout dire.
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Le destin, ou le gouverneur de Nagasaki Imamura Denshiro, ou le destin déguisé en gouverneur, lui avait enjoint d'épouser un vieillard de cinquante ans, un namban (Occidental) et, qui pis est, un korobi-bateren, un père défroqué. Pouvait-elle s'en plaindre ?
Elle avait trente ans. Qui voudrait épouser une vieille veuve de trente ans ? Le marché des femmes était saturé au Japon. Pour trois taëls, on pouvait louer trois ans une fille de paysans à peine nubile vendue par des parents écrasés de taxes. Les bordels en regorgeaient.
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Vidéo de Morgan Sportès
Intervention de Morgan Sportès pour son roman "Les djihadistes aussi ont des peines de coeur" lors de la présentation de la rentrée littéraire 2021 à la Maison de la poésie.
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