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Bernard Raffalli (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080702821
448 pages
Flammarion (01/01/1976)
3.78/5   85 notes
Résumé :
Madame de Sévigné, célèbre sans avoir jamais rien publié, demeure sans doute l’écrivain français le plus cité et le moins connu.
Le mariage de sa fille, en 1670, avec le comte de Grignan, le départ de cette fille idolâtrée pour la Provence marquent le début d’une correspondance qui veut d’abord et surtout combler le vide de l’absence.
En marge du Grand Siècle et de ses œuvres d’apparat, les Lettres de Madame de Sévigné sont un peu la conscience intime ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai une tendresse particulière pour Madame de Sévigné. Cette pauvre femme a accumulé les malheurs dans sa vie. Jugez plutôt : Née le 05 février 1626, celle qui se nommait alors Marie de Rabutin-Chantal perd son père un an plus tard et sa mère à l'âge de sept ans. Elle est alors élevée par sa famille maternelle et recevra son éducation des religieuses de la Visitation dont la fondatrice n'était autre que sa grand-mère paternelle, Jeanne de Chantal.

Belle et cultivée, (et je ne parle pas de sa fortune), elle attire inévitablement les partis. A dix huit ans, elle épouse le marquis Henri de Sévigné. Hélas, il la ruine à moitié et la délaisse. Une des ses aventures amoureuses le conduira d'ailleurs en duel au cours duquel il perdra la vie. La Marquise devient veuve à vingt cinq ans avec deux enfants à charge, Charles et Françoise.

Dès lors, elle n'aura de cesse de bien élever sa progéniture et de remettre de l'ordre dans ses affaires. Lorsque sa fille épouse M. le Comte de Grignan et que le couple déménage en Provence, Madame de Sévigné en éprouve une tristesse extraordinaire, un déchirement des plus douloureux. Les lettres à sa fille sont parmi les plus émouvantes. Cependant, le genre épistolaire ne lui servait pas qu'à communiquer avec sa descendance. Elle lui permettait également de retranscrire tous les événements que vivait sa société.

Cette correspondance, d'une richesse inouïe, ne fut publiée que bien après sa mort (celle-ci étant survenue en 1696, ses lettres ne furent publiées qu'à partir de 1725). J'aime beaucoup lire et relire ces textes.

Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Un grand classique de la littérature du XVIIe et un grand classique de la littérature française tout court. Grande dame de la bonne société fréquentant la cour, aux premières loges pour suivre les évènements de son siècle, Marie de Rabutin-Chantal, marquise De Sévigné, n'était à priori pas un écrivain, mais a écrit beaucoup de lettres, ce qui n'avait rien d'exceptionnel à son époque. Une partie de cette correspondance a survécu, presque par hasard, car au XVIIe on ne gardait pas les manuscrits ni les lettres. Ainsi, sur les milliers de lettres écrites par Racine, seules 225 nous restent, grâce à ses fils, très dévoués à la mémoire de leur père. Dans le cas de Madame de Sévigné, c'est sa fille, Madame de Grignan, qui a gardé toute la correspondance envoyée par sa mère. La marquise a pourtant écrit toute sa vie à toute sorte de gens, mais peu de ces missives nous sont restées. Parmi elles, certaines des lettres adressées à son cousin, Bussy-Rabutin. C'est le premier à avoir publié sa cousine, il a inséré dans ses Mémoires quelques lettres de la marquise. Et ce sont ces dernières qui ont été remarquées, au point d'éveiller la curiosité et donner envie d'en éditer d'autres. Quelques éditions d'un nombre restreint de lettres paraissent, d'une manière quelque peu anarchique et sans l'accord de la famille. Pauline de Simiane, sa petite fille, charge donc un certain Perrin d'établir une édition « autorisée ». Un choix de 772 est établi, et les originaux sont brûlés. Perrin se permet des grandes libertés avec le matériel d'origine : il coupe, réécrit. Il faut être conscient que ce qui nous reste n'est qu'une sélection, et parfois infidèle à l'original. Il ne reste actuellement que 1120 lettres dont 764 à sa fille, 126 à Bussy-Rabutin et 220 à vingt-neuf autres destinataires. Pour seulement 15 % d'entre elles, le texte autographe a survécu.

L'essentiel de ce qui reste sont donc les lettre à Madame de Grignan. Tout simplement parce qu'elle les a conservées, ce qui n'a pas été le cas de tous les correspondants de sa mère. Et puis, parce qu'écrire à sa fille a été la grande occupation de la marquise, à partir de la séparation, suite au mariage et au départ dans le sud de la jeune femme. Deux, puis trois services postaux par semaine, aucun sans une lettre. Et cela pendant 25 ans. Les lettres ne s'interrompent que lorsque les deux femmes sont réunis, soit à Paris, soit en Provence. On a beaucoup écrit sur cet amour fou de la mère pour sa fille, qui s'oppose tellement à l'attitude raisonnable de la marquise par ailleurs, qui semble prendre la vie comme elle vient, avec une forme d'optimisme et d'enjouement. Les lettres à son cousin révèlent beaucoup d'esprit, une sorte de coquetterie élégante, une mise à distance. C'est une fine observatrice, par exemple ses comptes rendus du procès de Fouquet sont remarquables d'intelligence et de finesse. L'air de rien, sa vision de la cour, des maîtresses royales, montre qu'elle n'est pas dupe, qu'elle juge, mais tout est en suggestion, dans le choix des mots, qui laisse entendre, n'assène pas. Évidemment, on imagine que si certaines ont été plus explicites ou plus féroces, elles n'auraient pas été publiées, mais cela ne semble pas être dans la manière de la marquise.

Celles qui restent, disent le grand amour qu'elle éprouve pour sa fille. Elles sont plus caustiques vis-à-vis de son fils, et d'autres personnes. Étonnement libres aussi : elle n'hésite pas à évoquer les maîtresses du jeune homme, les maladies vénériennes, à se moquer de son peu de succès dans ses amours. On suit son existence, l'âge qui avance, les difficultés de gestion, les soucis d'argent aussi, la vie quotidienne dans sa propriété de Bretagne, les potins parisiens. Les petites choses de la vie en somme, qui rendent le XVIIe siècle si concret, qui le rapprochent de nous.

A découvrir, peut-être dans une sélection, si on ne sent pas le courage d'une trop longue lecture.
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Je vois que cette chère femme n'a pas beaucoup de lecteurs, 256 sur babelio.

Une fois n'est pas coutume, ce passage que l'on m'a cité :

LETTRE de Mme de Sévigné à sa fille, le jeudi 30 Avril 1687.


« Surtout, ma chère enfant, ne venez point à Paris ! Plus personne ne sort de peur de voir ce fléau s'abattre sur nous, il se propage comme un feu de bois sec.
Le roi et Mazarin nous confinent tous dans nos appartements. Monsieur Vatel, qui reçoit ses charges de marée, pourvoie à nos repas qu'il nous fait livrer, Cela m'attriste.
Je me réjouissais d'aller assister aux prochaines représentations d'une comédie de Monsieur Corneille "Le Menteur", dont on dit le plus grand bien.
Nous nous ennuyons un peu et je ne peux plus vous narrer les dernières intrigues à la Cour, ni les dernières tenues à la mode. Heureusement, je vois discrètement ma chère amie, Marie-Madeleine de Lafayette, nous nous régalons avec les Fables de Monsieur de la Fontaine, dont celle, très à propos, « Les animaux malades de la peste » ! « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés ».
Je vous envoie deux drôles de masques ; c'est la grand'mode. tout le monde en porte à Versailles. C'est un joli air de propreté, qui empêche de se contaminer. »
Je vous embrasse, ma bonne, ainsi que Pauline. »

C'était il y a 333 ans ...

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Lu chez la Pléiade, cela va sans dire. Il fallait que l'extérieur soit digne du contenu. En tant que dix-septièmiste revendiquée je suis tout sauf impartiale, alors disons simplement que cette édition est comme toujours plus que parfaite, et que l'auteur, si elle n'était pas une mère plus que parfaite, fut une conteuse, une mémorialiste, une pipelette absolument délicieuse. Il faut prendre le temps de savourer la lecture, d'éplucher les notes, de rêver les costumes, les châteaux, les mets, les musiques, en essayant de reconstituer le langage étonnamment rocailleux et « terrouère » de l'époque. Vaut le voyage, vraiment.
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Madame de Sévigné, une grande dame qui fut une infatigable épistolière, une pionnière des reportages. Un grand art du récit, qu'elle sait rendre captivant (voir citation: le suicide de Vatel).
Un grand art pour manier le sensationnel.
Que de talent déployé pour maintenir l'intérêt (et l'amour) de sa fille Madame de Grignan, exilée en Provence...!!
Le XVIIème siècle a été une période importante pour la correspondance privée: Louis XIII crée la Poste aux Lettres, qui facilite la centralisation du pouvoir mais aussi la libre circulation des idées, ce dont a bénéficié notre intarissable marquise.
Enfin pour souligner encore plus, si besoin était, le talent de notre marquise, citons Virgina Woolf qui, en 1942 s'exprimait au sujet de Mme de Sévigné:
"Cette grande dame, cette robuste et féconde épistolière, qui, à notre époque aurait sans doute été une romancière parmi les plus grands, prend plus de place dans la conscience vivante des lecteurs d'aujourd'hui que tout autre personnage de son époque disparue.." (The death of the Mother and Other Essays 1942)
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critiques presse (1)
NonFiction
20 juillet 2011
Comme Thierry Sarmant le souligne lui-même, les historiens n’apprendront rien de particulier en ces pages. L’amateur en revanche trouvera des textes de référence qu’il faut connaître et qu’il sera désormais aisé de retrouver ; les professeurs un corpus à utiliser en classe ; le littéraire une langue de qualité remise dans le contexte de son énonciation. Une ambition limitée mais un livre qui remplit parfaitement la mission de diffusion qu’il s’assigne
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
(...) Je me suis mise à vous écrire au bout de cette petite allée sombre que vous aimez, assise sur ce siège de mousse où je vous ai vue quelquefois couchée. Mais, mon Dieu, où ne vous ai-je point vue ici ? et de quelle façon toutes ces pensées me traversent-elles le cœur ? Il n'y a point d'endroit, point de lieu, ni dans la maison, ni dans l'église, ni dans le pays, ni dans le jardin, où je ne vous aie vue. Il n'y en a point qui ne me fasse souvenir de quelque chose de quelque manière que ce soit. Et de quelque façon que ce soit aussi, cela me perce le cœur. Je vous vois ; vous m'êtes présente. Je pense et repense à tout. Ma tête et mon esprit se creusent, mais j'ai beau tourner, j'ai beau chercher, cette chère enfant que j'aime avec tant de passion est à deux cents lieues de moi ; je ne l'ai plus. Sur cela, je pleure sans pouvoir m'en empêcher ; je n'en puis plus, ma chère bonne. Voilà qui est bien faible, mais pour moi, je ne sais point être forte contre une tendresse si juste et si naturelle. Je ne sais en quelle disposition vous serez en lisant cette lettre. (...)

Lettre de Madame de Sévigné à Madame de Grignan.
24 mars 1671
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A Paris, ce mardi 4° décembre 1668.
...Mais voici encore un autre article sur quoi je veux que vous me contentiez, s'il vous reste un brin d'amitié pour moi .Je sais que vous avez mis au bas du portrait que vous avez de moi, que j'ai été mariée à un gentilhomme breton, honoré des alliances de Vassé et de Rabutin . Cela n'est pas juste, mon cher cousin . Je suis depuis peu instruite de la maison de Sévigné, que j'aurais sur ma conscience de vous laisser dans cette erreur . Il a fallu montrer notre noblesse en Bretagne, et ceux qui en ont le plus ont pris plaisir de se servir de cette occasion pour étaler leur marchandise . voici la nôtre :
Quatorze contrats de mariage de père en fils; trois cent cinquante ans de chevalerie; les pères quelquefois considérables dans les guerres de Bretagne, et bien marqués dans l'histoire; quelquefois retirés chez eux comme des Bretons; quelquefois de grands biens, quelquefois de médiocres; mais toujours de bonnes et de grandes alliances . Celles de trois cent cinquante ans , au bout desquels on ne voit que des noms de baptême,sont du Quelnec, Montmorency, Baraton et chateaugiron . Ces noms sont grands; ces femmes avaient pour maris des Rohan et des Clisson . Depuis ces quatre, ce sont des Guesclin, des Coëtquen, des Rosmadec, des Clindon, des Sévigné de leur même maison, des du Bellay, des Rieux , des Bodégat, des Plessis-Tréal et d'autres qui ne me reviennent pas présentement, jusqu'à Vassé et jusqu'à Rabutin . Tout cela est vrai, il faut m'en croire [...] Je vous conjure donc, mon cousin, si vous me voulez obliger, de changer votre écriteau, et si vous n'y voulez point mettre de bien, n'y mettez point de rabaissement . J'attends cette marque de votre justice , et du reste d'amitié que vous avez pour moi .
Adieu,mon cher cousin . Donnez-moi promptement de vos nouvelles , et que notre amitié soit désormais sans nuages .
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Le Roi arriva jeudi au soir. La chasse, les lanternes, le clair de lune, la promenade, la collation dans un lieu tapissé de jonquilles, tout cela fut à souhait. On soupa. Il y eut quelques tables où le rôti manqua, à cause de plusieurs dîners où l'on ne s'était point attendu. Cela saisit Vatel. Il dit plusieurs fois: "Je suis perdu d'honneur; voici un affront que je ne supporterai pas;" Il dit à Gourville: "La tête me tourne, il y a douze nuits que je n'ai dormi. Aidez-moi à donner des ordres." Gourville le soulagea en ce qu'il put.
Lettre du dimanche 26 avril 1671, à Madame de Grignan
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Ma fille, aimez-moi donc toujours : c'est ma vie, c'est mon âme que votre amitié ; je vous le disais l'autre jour, elle fait toute ma joie et toutes mes douleurs. Je vous avoue que le reste de ma vie est couvert d'ombre et de tristesse, quand je songe que je la passerai si souvent éloignée de vous.
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Nous avons fort causé ; une de nos folies a été de souhaiter de découvrir tous les dessous de cartes de toutes les choses que nous croyons voir et que nous ne voyons point, tout ce qui se passe dans les familles, où nous trouverions de la haine, de la jalousie, de la rage, du mépris au lieu de toutes les belles choses qu'on met au-dessus du panier, et qui passent pour des vérités. Je souhaitais un cabinet tout tapissé de dessous de cartes au lieu de tableaux ; cette folie nous mena bien loin, et nous divertit fort.
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