Petits spleens numériques

Antoine Compagnon, professeur au Collège de France, se penche sur nos addictions aux téléphones, tablettes, ordinateurs et autres joujoux connectés en portant un regard connaisseur, critique et amusé : des petites chroniques divertissantes pour les dinosaures de mon âge qui ne sont pas nés connectés à leur portable !

J'ai reçu Petits spleens numériques dans le cadre d'une opération Masse Critique (je remercie d'ailleurs Babelio ainsi que les éditions des Equateurs, pour me l'avoir fait parvenir), attirée par un titre prometteur et une couverture sobre mais inspirée, sans vraiment savoir ce qui se cachait derrière…

Petits spleens numériques, c'est une compilation de billets publiés par Antoine Compagnon, professeur au Collège de France, sur la version française du blog Huffington Post. Il y décrit sa rencontre avec l'univers technologique à différents moments de sa vie, y disserte sur sa propre « addiction » à ses « prothèses » numériques (ainsi que les nomme sa compagne), y commente les comportements observés chez ses contemporains.

Adapter le concept baudelairien du spleen au monde contemporain et à son évolution technologique… Au fond, pourquoi pas ? Après tout, Baudelaire n'est-il pas par excellence le poète même de la modernité ?

Antoine Compagnon nous propose, dans cette succession d'articles, le point de vue d'une génération qui n'est pas née avec le numérique, qui n'a pas grandi avec, mais qui a subi, en quelque sorte, son arrivée et son évolution à grande vitesse, et qui a dû, bon gré mal gré, tenter de l'apprivoiser. Mais qui n'y est pas pour autant totalement réfractaire, bien au contraire ! Et c'est ainsi qu'il commente avec humour son premier contact avec un rétroprojecteur, sa découverte d'une salle de classe informatisée dans un collège du 9-3, ou encore l'acquisition de sa dernière « prothèse », un casque d'insonorisation…

Cet assemblage de chroniques hebdomadaires sur un sujet qui nous concerne tous (qui ne s'est jamais dit qu'il passait trop de temps accroché à son téléphone, qui ne s'est jamais insurgé contre les inusables et désormais inévitables présentations PowerPoint qui fleurissent partout ?) est une lecture plutôt agréable, qui se picore plutôt qu'elle ne se dévore, et qui nous donne un point de vue nouveau sur l'éternel sujet de la révolution numérique.

Recueil des billets publiés dans le Huffington Post sous la plume d'Antoine Compagnon, écrivain, professeur au Collège de France, admirateur de Montaigne et Baudelaire mais pas moins technophile. Comme souvent dans ce genre de publication, l'intérêt et la qualité varient suivant les chroniques.
Partisan des technologies comme outils d'aide en général et singulièrement dans la recherche, Compagnon évoque avec humour et humeur les bonheurs et malheurs de la place du numérique dans nos vies. Se moquant ici des powerpoint lobotomisants, se réjouissant là de l'accès facilité à toutes les cultures du monde à tout instant, pointant ailleurs la dinguerie des corrections sur Wikipédia… Il souligne combien nos doudous électroniques ont modifié nos vies jusqu'aux positions de nos corps.
Si cet essai se réjouit des avancés de la technique, il constitue néanmoins une invitation douce-amère à la vigilance face à la séduction et aux pièges du tout électro et une saine proposition à rester présent et acteur de sa vraie vie.

J'ai reçu ce livre dans le cadre de la dernière Masse Critique.
J'avais apprécié du même auteur, son livre « Un été avec Montaigne » suite à ses chroniques sur France Inter il me semble et j'étais curieuse de lire ces textes relatifs aux usages du numérique.
J'ignorais qu'Antoine Compagnon avait publié ces chroniques sur le Huffington Post avant de les commenter dans ce livre.
Chaque billet évoque une anecdote ou une partie du quotidien de l'auteur en lien avec ses « prothèses » comme il nomme les smartphone, tablette ou ordinateur portable ou encore une réflexion que lui inspire l'usage généralisé de ces objets techniques dans notre société.
Il y est question des diaporamas Powerpoint utilisés dans toutes les conférences, de la liseuse et de comment elle modifie les habitudes de lecture, des MOOC, de la classe inversée et des changements dans le rapport à l'éducation. Ce sont les réflexions et les usages d'un homme lettré et cultivé qui s'est approprié la modernité de ces outils se comparant à Baudelaire pour le spleen mêlé de fascination que ces progrès induisent.
J'ai trouvé ce livre intéressant pour ouvrir une réflexion sur certains thèmes : internet et la liberté, la culture et le numérique, l'actualité et les médias modernes... mais j'ai été un peu déroutée sans doute par la narration très égocentrée qui correspond à ce qu'on peut lire sur un blog.

Telle la plupart de ses contemporains, Alain Compagnon vit entouré de ses « prothèses » : ordinateurs, tablettes, smartphones et autres objets connectés.
Pourtant, comme pour Baudelaire, cette modernité suscite en lui à la fois méfiance et fascination.

Ces chroniques, billets de blog écrits pour le journal Huffington Post, croquent en quelques pages le rapport de l'auteur, et de la société, au monde numérique.

Universitaire, Antoine Compagnon évoque les bouleversements induits par ces nouveaux usages dans son milieu : transformation de la recherche documentaire, explosion des Moocs, petits arrangements avec la vérité sur Wikipédia, omniprésence du PowerPoint qui façonne jusqu'à notre manière de penser.

Il ouvre également sur des pratiques plus générales comme le développement des applications pour tout et rien, ou les effets politiques du « tout numérique » dans les collèges.

Comme le reconnaît l'auteur, toutes ces considérations seront ou sont déjà obsolètes. Mais elles donnent à voir un tableau quasi sociologique de notre époque.

Merci à Babelio et aux Editions des Equateurs pour cette lecture

Lien : http://los-demas.blogspot.fr..