"Rupture" revient sur l'épisode tragique de la rupture du barrage de Malpasset près de Fréjus, le 2 décembre 1959.
Les pluies diluviennes qui s'étaient abattues sur la région avaient provoqué la rupture de la voûte, avec, comme conséquence une vague meurtrière qui avait causé la mort de 423 personnes dont 150 enfants.
Maryline Desbiolles choisit d'imaginer le point de vue de François, un ouvrier du chantier venu de Savoie.
François s'adapte très bien à la région, participe à la récolte des pêches, tombe amoureux.
Il est fier de son travail car il est persuadé qu'il participe au bien-être de la région pour l'apport en eau.
Après son service en Algérie, il revient pour participer à la construction du pont de l'autoroute toute proche du barrage.
Il loge à Fréjus.
Lorsque le barrage cède, il parvient à échapper à la vague et se lance dans le sauvetage des survivants et la reconnaissance des victimes avec les autorités du coin.
L'auteure nous montre bien le sentiment de culpabilité de François, l'ouvrier qui se sent un peu responsable du malheur des habitants.
Elle arrive aussi à faire revivre la région, les personnes avant les faits, l'inquiétude du gardien aussi.
Un très beau livre qui m'a fort intéressée car je n'avais que 4 ans lors de l'été qui a suivi la catastrophe mais mes parents passaient chaque année leurs vacances près de Sainte-Maxime avec des amis. Lors de l'été 1960, ils étaient allés se recueillir sur les lieux du drame.
J'en ai toujours gardé le souvenir et le livre m'a aidée à comprendre les faits terribles qui restaient pour moi inexpliqués.
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L'auteur nous plonge au coeur de la nuit du 2 decembre 1959..
Quand le barrage hydraulique de Malpasset céda, détruisant tout sur son passage, emportant plus de 423 habitants de la vallée, soudain " gainés de boue , méconnaissables ", dont 150 enfants , pour la plupart touchés en plein sommeil , faisant 79 orphelins .......
Elle met en scène François, un jeune homme venu d'Ugine, sa ville natale, cette cité- usine , de la sombre vallée de la Maurienne , afin de participer à la construction du barrage .
François , confiant dans le progrès social découvre ce territoire du Sud, où l'été , là- bas est vaste comme la mer .
Il aime prendre des photos avec l'appareil qu'il s'offre avec sa 1ère paie .
Quand il croise Louise Cassagne, fille d'un riche producteur fruitier, opposé à la construction du barrage, il trouve qu'elle a l'allure d'une danseuse avec ses espadrilles à lacets , ils vont au cinéma ensemble , se fréquentent ........
De santé fragile, elle part en cure et cesse de donner de ses nouvelles .
Malheureux , au printemps suivant , François aura vingt ans : la classe 55.
Très vite, il y aura " la sale guerre ", les Aurès, l'ennui, l'embuscade, la chaleur , la peur, la douleur lancinante, l'alcool, beaucoup, beaucoup d'alcool .........
L'auteur ne conte pas seulement la chronique des années d'apprentissage de François mais c'est aussi l'histoire des " Ruptures, familiale avec la disparition du pére, géographique lorsqu'il quitte sa ville, violence amoureuse douloureuse avec le silence soudain de Louise ( "ce n'est pas une fille pour toi," disait son ami René ) , .-Rupture naturelle lorsque la construction monumentale se transformera en tombeau !
Rupture aurait pu prendre un "S".
C'est un roman court à l'écriture simple , juste , mais ciselée, lumineuse comme les ciels de là- bas, où l'auteur , amoureuse de la nature, devient le porte parole de tous ces morts ensevelis , ces voix qui se sont tues, après ce bruit épouvantable, le grondement assourdissant de plus de cinquante millions de mètres cubes d'eau et l'énorme vague déferlante renversant tout sur son passage , comme dix avalanches à la fois !
Un ouvrage fort, pétri d'émotions , qui retrace cette violence , ces faits vrais , avec une grande justesse !
L'auteur est née à Ugine .
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François et son ami René sont embauchés en tant que manoeuvre sur le chantier du barrage de Malpasset, près de Fréjus. Nous sommes en 1953 et les deux savoyards d'Ugine découvrent la mer e la vallée rose, les fêtes de villages, le "foyer" où les ouvriers jouent aux cartes et discutent des affaires du monde. Mais François aime la solitude, faire des promenades à pied ou à vélo, seul, loin de des autres et de René. Il s'achète un appareil photo, un Kodak Reflex et s'initie à cet art nouveau. Un soir qu'il rentre chez lui, il fait la connaissance de Louise Cassagne, un petit brin de femme, bien fragile. Il sait qu'il va l'aimer et que la chose est réciproque ainsi il reste tout le temps de la construction du barrage même lorsque René file à Paris pour travailler chez Renault. A la fin de l'été, Louise repart à Marseille pour étudier la médecine et lui aide le père de son amoureuse qui est un des plus gros producteur de pêches du coin. "Pas une fille pour toi" lui dit-on pourtant François croit en cet amour autant qu'en la solidité du barrage...
Un court roman dont j'ai aimais la première partie, les descriptions de cette région, ce nouveau tournant que prend la vie du narrateur. La seconde m'a un peu déçu, on passe trop vite d'un élément à un autre et la fin est trop rapide. Ce texte sur fond de guerre d'Algérie (dommage que l'auteur ne développe pas plus ce thème), nous montre que la vie tient parfois à un fil et que l'homme se berce souvent d'illusions. A noter que cette catastrophe a réellement eu lieu, chose dont je n'avais jamais entendu parler.
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La chronique des années d'apprentissage d'un jeune Savoyard plongé dans les heurs et malheurs d'une vallée varoise.
Lire la critique sur le site : Lexpress
"Louise entraîne François dans les genêts follement jaunes, les fleurs froissées ,les fleurs roses des cistes cotonneux, les buissons de lentisques, dans les odeurs mêlées qui infusent sous la chaleur précoce et montent à la tête ....."
Le tocsin est sonné à la cloche de la cathédrale. Tocsin de la guerre, tocsin des guerres y compris celles qui ne disent pas leur nom, tocsin de la catastrophe à laquelle François aura œuvré de ses mains.
S'occuper des blessés, réconforter les vivants qui ont tout perdu, les soixante-dix-neuf orphelins, déblayer, retrouver les morts. Quatre cent vingt-trois morts, dont cent cinquante enfants, pour la plupart emportés dans leur sommeil. Retrouver les morts que la mer va rejeter sur les plages heureuses baignées à nouveau de soleil. Mais surtout ceux que la terre a retenus. Les morts dans leur gangue de boue, méconnaissables dans leur étui serré.
Lorsque son père avait disparu, François avait un peu plus de huit ans. Il avait attendu son père, l’avait espéré chaque jour. Il avait tout imaginé, même que son père avait rejoint Giuseppe à Vercelli, qu’il était parti dans la montagne avec les résistants, qu’il s’était fait prendre par les Allemands ou, à l’inverse, s’était fait enrôler par eux. Le plus probable lui paraissait parfois que son père s’était fait avaler par le brouillard. Sa mère était allée à la gendarmerie où son père avait été déclaré absent et non pas disparu. Absent, c’était le bon mot en effet, le mot qui convenait. Un an après peut-être, les gendarmes étaient venus à la maison. Ils avaient apporté à sa mère un certificat de vaines recherches pour faire valoir ce que de droit. François ne comprenait ni les vaines recherches ni le valoir, encore moins le droit. Il n’avait pas eu peur des gendarmes, il les avait déjà vus, c’était une petite ville. Les gendarmes étaient aimables, ils lui souriaient gentiment, mais lorsque l’un d’eux fit le geste de lui caresser les cheveux, il se déroba et tenta de s’enfuir. Ce qui l’étonna lui-même. Il ne se voyait pas en petit sauvage, mais peut-être, au fond, l’était-il.
L’Algérie le déboussole, François commence de tout mélanger, d’oublier, de confondre, et la météo ne l’aide pas à démêler le vrai du faux. En janvier, il fait une grande douceur, et puis il pleut beaucoup et il vente encore plus. On ne compte plus les tempêtes. En février, le redoux succède plusieurs fois au gel et début mars, il neige jusque sur la plage. Et puis la douceur reprend le dessus.
Petite conversation avec Maryline Desbiolles