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Martine Aubert (Traducteur)
EAN : 9782743662257
624 pages
Payot et Rivages (10/01/2024)
3.87/5   125 notes
Résumé :
"Il y a, en chacun de nous, un autre monde. La chose la plus importante est toujours celle que l'on ne connaît pas."

Un autre monde raconte l'histoire de Harrison William Shepherd, un personnage inoubliable, dont la recherche d'identité plonge le lecteur au cœur des événements les plus tumultueux du XXe siècle.

Barbara Kingsolver nous entraîne dans un voyage épique, de la ville de Mexico des années 30 - où le lecteur rencontre Frida Kah... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
3,87

sur 125 notes
Avec enthousiasme, j‘ai lu mon deuxième roman de Barbara Kingsolver : Un autre monde. le titre de la première partie amène déjà le lecteur à s'interroger étant donné qu'il est suivi des initiales VB entre parenthèses. Il faudra attendre la page 43 pour apprendre que VB est l'archiviste qui a rassemblé et mis en ordre les journaux d'un écrivain américain à succès, Harrison William Shepherd. Ces journaux constituent la plus grande partie du texte de Un autre monde. Dans les premières « Notes de l'archiviste » (il y en aura trois), VB nous explique la genèse du roman que nous sommes en train de lire. La narration va adopter diverses formes : extraits de roman, journaux intimes, intervention de l'archiviste sous la forme de notes, d'une notice nécrologique et de la conclusion, correspondances, articles de journaux, rapports d'enquêtes, interrogatoires, et j'en oublie sûrement. Il faudra attendre encore un peu pour savoir qui se cache derrière ces initiales, et plus encore pour apprendre comment s'est forgée la sincère amitié et l'indéfectible confiance qui lient l'archiviste et l'écrivain.
***
Le roman se déroule au Mexique et aux Etats-Unis : HWS est mexicain par sa mère et américain par son père. Il passe sa jeunesse au Mexique, chez l'amant de sa mère, sur une île où il partage la vie des domestiques de la maison. Il vit ensuite aux États-Unis où il sera scolarisé dans une école militaire. Il est témoin de la sanglante répression des vétérans de la Première Guerre mondiale réunis à Washington, avec femmes et enfants, pour réclamer les primes de guerre qu'ils n'avaient jamais touchées (Bonus Army), répression menée, entre autres, par Patton et MacArthur… de retour au Mexique, il travaillera pour un couple d'artistes célébrissimes : Diego Ribera et Frida Kahlo. On fera aussi la connaissance d'un autre couple, célèbre pour d'autres raisons, qui séjournera chez les peintres : Lev et Natalya Trotski. On verra même passer brièvement un André Breton vraiment pas à son avantage avant que HWS ne retourne aux Etats-Unis après l'assassinat de Trotski. Il vivra à Asheville, comme Thomas Wolfe, et comme lui déchaînera les passions et subira les attaques de la presse à scandale. Barbara Kingsolver est une autrice politiquement engagée. Elle s'attache à montrer ici des aspects peu reluisants de l'Amérique, qu'il s'agisse de la répression sauvage dont j'ai parlé, du traitement infligé sur le sol américain aux Japonais, aux Allemands et aux Italiens pendant la Deuxième Guerre mondiale, la plupart d'entre eux américains parfois depuis plusieurs générations, d'autres réfugiés de fraîche date aux Etats-Unis, qu'il s'agisse enfin, dans les années 50, de la période du maccarthysme et de la chasse aux sorcières de triste mémoire. le lecteur se promène ainsi dans différents milieux sociaux, visite plusieurs pays, rencontre des gens de peu et des célébrités tout en traversant les grandes crises de la première moitié du XXe siècle. Et la visite en vaut la peine !
***
La toile de fond historique permet à l'autrice de donner à voir la construction de la personnalité d'un homme déchiré dès sa naissance entre deux pays, entre deux langues et entre plusieurs aspirations dans un monde en pleine mutation. On assistera à la lente et souvent douloureuse transformation de… de qui ? de Will en Harrison ou en Harry, puis en Solí, et enfin en Shepherd, écrivain à succès situant ses romans au sein des communautés amérindiennes du Sud, à l'époque de la colonisation. On le connaîtra cuisinier, plâtrier, secrétaire, écrivain, mais toujours, toujours grand lecteur. On devra, dans tous les non-dits, deviner le contenu du carnet manquant et bien d'autres aspects de sa personnalité. le titre original du roman est The Lacuna qui, si on traduit de l'anglais au français signifie « lacune », et le lecteur sait quel(s) rôle(s) joue ce mot dans la vie de WHS. Cependant si on vérifie, comme je viens de le faire, la traduction de l'espagnol au français, on trouve « berceau », ce qui permet de boucler la boucle avec beaucoup d'émotion… J'ai tout aimé dans ce roman, même les quelques longueurs dans la partie qui relate la deuxième installation aux Etats-Unis. Rien à jeter de cette belle double mise en abyme conçue grâce à la transgression de l'archiviste… La part de la fiction ? celle de la réalité ? Barbara Kingsolver répond à la question dans une entrevue (https://www.allenandunwin.com/writers-on-writing/a-q-a-with-barbara-kingsolver-author-of-the-lacuna) dans laquelle elle clarifie aussi sa position sur l'engagement politique des écrivains, et explique de quelle manière elle se documente pour préparer ses romans. En fait, je suis tombée sur cette entrevue parce que je cherchais à savoir si HWS avait existé ou s'il était inspiré d'un écrivain qui a avait existé. C'est dire...
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La grande histoire de Harrison William Shepherd commence dans une hacienda du Mexicain. Jeune adolescent de Virginie, né d'un père américain et d'une mère mexicaine, il erre sur le marché sans but que s'imaginer des rêves. Et c'est sur cette place de marché qu'il croisera le regard d'une sublime princesse mexicaine. Sa vie semble rythmer par le cri des singes hurleurs dans le vent matinal et les frasques nocturnes d'une mère volage à la recherche d'un nouvel amant américain. Rien à espérer d'autre, mais peu importe pour ce jeune garçon qui a les yeux toujours plongés dans les bouquins ou à prendre des notes sur la banalité de sa vie.

De cette banalité sortira une rencontre, celle de Diego Rivera, peintre illustre des façades de bâtiments. Il remue pour lui le plâtre comme il le ferait pour une pâte à pain. Et devient logiquement cuisinier du seigneur, et de sa femme, Frida Kahlo, cette même princesse rencontrée quelques mois plutôt. A partir de cette rencontre, le roman s'attarde sur ces artistes, cette amitié naissante, et sur un certain Léon Trotski, nouveau paria de Staline, venu s'abriter dans cette hacienda.

L'art devient révolutionnaire, les écrits deviennent quotidiens et le cuisinier deviendra dactylo du communiste, jusqu'à son assassinat.

Troisième partie du roman de l'écolo-activiste Barbara Kingsolver avec Harrison Sheperd immigrant aux Etats-Unis, devenant même écrivain à succès en contant des romans de grandes aventures en costumes, avec les mayas et les aztèques. La presse s'emballe pour ses histoires et ce mystérieux écrivain. Jusqu'à sa chute dans les années 50. Et une nouvelle rencontre importante Violet Brown.

A ce moment de ma chronique, tu t'interroges. Si, je le sens et tu penses que j'exagère d'avoir raconté tout le synopsis d'un tel roman. Mais, ne sois pas frustré car avec ces 700 pages, il y a de quoi lire et découvrir encore. Car ce livre est riche, éblouissant, entêtant. Pour peu que le lecteur dépasse sa première partie. Effectivement, j'ai eu du mal à rentrer dans l'Histoire avec un petit h. Mais lorsque l'histoire devient Histoire, le récit s'emballe, tourne dans ma tête, vrille dans mon esprit et illumine ma lecture. Et sur la fin, tous ces petits détails d'une vie banale et anodine d'un jeune garçon pas tout à fait américain prennent vie de manière effrayante et cynique. Je rajoute donc juste cette petite note historique : nous sommes dans les années 50 en plein maccarthisme. Et lorsque l'on a vécu dans un pays révolutionnaire, servi ou comploté avec d'éloquents communistes, la presse et les autorités fédérales ont vite fait de s'intéresser à votre cas. Jusqu'à la déchéance, la mort ou l'aveu.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Je ne suis pas entrée tout de suite dans cette lecture, mais, faisant confiance à Barbara Kingsolver, j'ai persisté et j'ai bien fait.
Les documents assemblés dans ce livre... journaux intimes, lettres, coupures de presse, témoignages et notes de l'archiviste... attesteraient presque d'une authentique biographie. Des personnages illustres, des faits réels et bien connus nous y font croire un peu plus.
Mais non, en fait c'est la biographie très étayée d'un personnage... fictionnel.
Un personnage attachant, intelligent et sensible... qui ne demande pas grand chose, si ce n'est écrire.
Des images symboliques, des allusions parsèment le livre et ne deviennent compréhensibles que beaucoup plus loin dans la lecture.
L'Histoire (H majuscule) est mêlée à la petite histoire de Harrison Shepherd, et tout ça est si bien fait que vous vous surprenez à taper son nom sur internet... des fois que...
Si on s'accroche au début, la suite est dévorée avec délice et on se régale de cet "autre monde" si réel.
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Une surprise pour moi, qui apprécie beaucoup Barbara Kingsolver que ce roman .
Elle brosse à travers son héros H. Shepperd qui évolue entre les années 30 et 50 le portrait d'une sale amérique puritaine et dénonciatrice, puisque la dernière partie se déroule pendant les sombres années du Maccarthysme.

Il y a presque plusieurs romans dans ce livre, bien que tout conte l'histoire du même personnage.
Mais son histoire est si originale et dans des lieux si variés que j'ai eu la sensation de passer d'un livre à l'autre parfois.

L'histoire est contée chronologiquement, et je ne sais pas si c'était la meilleure idée. (En ce qui me concerne.)

L'enfance de Harry Shepperd est très vite au Mexique, décrite avec une poésie telle que j'ai cru lire un auteur latino du réalisme magique. Il aime sa mère, est bilingue anglais-espagnol a une lucidité rare pour un enfant de son âge et tout est coloré et au rythme des amours de sa mère qui cherche la perle rare qui l'entretiendra avec amour.
Il apprend à cuisiner et suite à des passages épiques dans de curieuses écoles mexicaines , le voilà pour la partie presque essentielle , cuisinier chez Frida Kahlo et Diego Rivera. il va entretenir une amitié particulière avec Frida Kahlo toute sa vie durant et sera proche d'elle.
Il est présent pendant la période où ils hébergent Trotsky obligé de fuir l'URSS Stalinienne et on découvre ce personnage sous la plume de Barbara Kingsolver comme un doux bonhomme toujours curieux d'apprendre.

Mais voilà que suite à l'assassinat de Trotsky , notre héros doit fuir le Mexique et avec l'aide de Frida Kahlo il passe aux USA en tant qu'accompagnateur de tableaux.
J'ai oublié de préciser que cet homme a la passion de l'écriture , et que ses carnets ont tous été confisqués par la police mexicaine.

La période mexicaine terminée, pleine de succulents moments entre Frida et lui, Frida et les autres et les décors mexicains, le voici de retour chez son père nord-américain.

Court moment, celui-ci est décédé.

Nanti d'une superbe voiture héritée il roule au hasard et s'installe alors en Caroline du Nord ou un coin comme ça.
Et c'est là qu'après un job de prof d'espagnol il débute une magnifique d'écrivain.
A succès. Avec des romans qui tous se déroulent dans le Mexique pré-colombien.
Il engage donc une certaine Violet Brown célibataire de son état et non il ne se passera rien entre eux, mis à part du profond respect puis Harisson n'est pas hétéro.

Si vous avez la sensation que j'en dévoile trop, détrompez-vous : ce bouquin fait plus de 700 pages et ce que j'en dis c'est que si l'histoire est déroulée linéairement, - mon seul regret-, le côté des carnets retrouvés et publiés par la secrétaire Violet Brown est une bonne idée et surtout, surtout, tout est intéressant.

La dernière partie en pleine enquête du FBi sous la Maccarthysme démontre bien à quel point les humains et le pouvoir aux USA sont peu reluisants, je ne vous dévoilerai pas la fin...

Mon seul reproche est que la fluidité entre tous ces moments de vie de notre héros manque un peu.

Néanmoins, si ce n'est pas mon préféré de cette écrivaine américaine que j'aime beaucoup par ailleurs, il reste un roman riche, plein d'Histoire et d'histoires.

N'hésitez pas si vous aimez les pavés et les fictions emplies de liens avec L Histoire !
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« Il y a, en chacun de nous, un autre monde. La chose la plus importante est toujours celle que l'on ne connaît pas. » - Barbara Kingsolver

Un jour qu'il débarque sur un quai d'Isla Pixol, au Mexique, Harrison William Shepherd achète son premier carnet d'écriture. le deuxième cahier, déniché chez un marchand de tabac à 13 ans, sera retrouvé plusieurs années plus tard, en 1954. À l'image d'un roman, il a voulu se raconter, mettre en mots les souvenirs de son enfance et de sa vie d'adulte. Comme une façon pour un homme de laisser des traces de son existence. de se construire un monde, « Un autre monde ». Shepherd a erré toute sa vie à la recherche d'une famille, d'un lieu d'appartenance. Né en 1916 aux États-Unis et emmené au Mexique par sa mère mexicaine, l'homme en fuite se rend témoin de certains des grands événements qui ont marqué l'histoire.

Hernán Cortés découvre Tenochtitlan, le Mexico d'aujourd'hui, anciennement la capitale de l'empire aztèque, qu'il finit par conquérir après l'avoir saccagée, pillée et réduit les Indiens en esclavage. Quelques siècles plus tard, George Patton participe à l' « Expédition Mexicaine », une opération militaire menée par les États-Unis dans le but de s'opposer aux forces paramilitaires de la Révolution Mexicaine de Pancho Villa. Pancho Villa! le redoutable hors-la-loi mexicain, général de l'armée, celui qui dégaine aussi vite que je décampe quand je croise une tarentule dans la jungle du Mexique. Moi, à ta place, je garderais mon « gun » pas loin puis j'éviterais de voler le ver au fond de sa bouteille de mezcal. Ça pourrait le mettre de mauvaise humeur…

Pour revenir à Shepherd, notre héros mi mexicain mi gringo, on l'a fait prisonnier avec sa mère à Isla Pixol, une île sur la côte est du Mexique - un peu comme le comte de Monte Cristo sur son île au large de Marseille. Tous deux retenus dans l'hacienda d'un certain Enrique, un homme dans le pétrole. Ils prennent la fuite alors que le petit a treize ans. Un jour, alors qu'il déambule dans un marché de Mexico, il aperçoit une reine aztèque, parée d'une longue jupe colorée et de boucles en or. Une bague à chaque doigt, dentelles et rubans, puis la grâce d'un corsage à volants Tehuana. Elle s'appelle Frida Kahlo. Shepherd travaillera d'abord pour Diego Rivera, en tant que plâtrier, puis sera cuisinier de la famille et traducteur.

À partir de ce moment, je n'ai plus été capable de lâcher ce roman! Retrouver la Maison Bleue de Coyoacan, c'est un peu comme sortir de mon igloo après des mois d'hibernation et me retrouver entourée de palmiers et de figuiers, d'oiseaux en cage et de fontaines, Frida avec son singe sur l'épaule – son animal de compagnie. C'est revivre la vie d'une femme fascinante, entre ses excentricités et ce tragique accident de tramway la clouant des jours entiers au lit dans des douleurs atroces et le verdict d'une incapacité d'avoir des enfants. C'est aussi tenir l'échafaud pendant que son muraliste de mari, Diego Rivera – communiste de surcroît – est en train de peindre le Palais National. Mais surtout, c'est redécouvrir la liaison secrète entre Frida et Trotski, le grand révolutionnaire russe.

« Les nouveaux travailleurs n'ont pas seulement besoin des fresques de votre mari, mais aussi de ce que vous offrez : beauté, vérité, passion. L'art véritable et la révolution se rejoignent sur les lèvres. » - Léon Trotski

Alors que Diego demanda au président russe de lui offrir l'asile politique sous sa garde – Trotski faisant face à plusieurs chefs d'accusation au procès de Moscou - le visiteur se la coulait douce avec la belle mexicaine. Avec sa femme Natalya, ils habitaient la Maison Bleue de Coyoacan. Des dizaines de gardes-du-corps armés encerclaient nuits et jours la maison, craignant les attaques des agents de la Guépéou de Staline. le père de la Révolution d'Octobre s'est vu exclu du Parti communiste soviétique et condamné à l'exil.

Barbara Kingsolver nous offre un tableau à la fois historique et romancé des grands événements qui ont marqué le Mexique. Ni les détails, ni la fine documentation, ne manquent à son roman. Elle est, depuis toujours, l'une de mes écrivaines américaines favorites. Femme déterminée, militante à l'encontre du maccartisme, – clin d'oeil au général Patton – militante pour la liberté des femmes et la justice sociale, biologiste, activiste écologique et romancière, vivant dans une fermes isolée des Appalaches, un rêve que je lui envie.

Sur ces mots, je m'en retourne à ma hutte quelque part sur l'île de Montréal, qui n'a de mexicaine que la bouteille de mezcal, logée au fond d'un vieux buffet et rapporté de Tulum, pour recevoir mes invités. Sur ma minuscule terrasse de ville, je pars un feu pour la cuisson des tortillas. Les enfants coupent le bambou dans les marécages. Et je m'apprête à faire cuire des pattes de tarentules grillées, alors qu'un BISON, toujours aussi peu disposé à « y mettre du sien », se la coule douce avec la même ferveur qu'il met à vider sa bouteille de mezcal, le ver y compris. L'instant d'une rêverie et il s'est pris pour Pancho Villa…
Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
- […] Pour la question de l’anglais, monsieur, c’est une habitude depuis l’école. Ils nous ont appris à nous servir des machines à écrire, qui sont très pratiques, je dois dire. Mais qui ne possédaient pas les caractères espagnols. Et donc une histoire commencée en anglais se poursuit en anglais.
- Tu sais te servir d’une machine à écrire ? » Il semblait assez surpris.
« Oui, Señor. Quand la question des caractères espagnols s’est posée, l’officier a dit qu’aucune machine nulle part ne possédait d’autres caractères que ceux nécessaires à l’anglais. Mais ce n’est pas vrai. Celle que vous laissez parfois sur la table de la salle à manger en a.
- Ces Gringos. Quels chauvins.
- C’était bien le problème à l’école. On ne peut pas aller très loin dans une histoire sans les accents et le eñe. Vous commencez avec señor Villaseñor dans son bain qui réfléchit à l’expérience des années, mais à la place il est en el bano, reflexionando en las experiencias de sus anos.
Le peintre a éclaté de rire, et s’est retrouvé avec une bande de peinture bleue en travers de son ventre. Olunda va jurer tant et plus quand elle verra ces pantalons. Le gros crapaud a un rire merveilleux. C’est ce que les femmes doivent aimer chez lui, en plus du tas de thune. Pas son visage, ça c’est sûr. Mais sa joie, cette manière qu’il a de se livrer entièrement. Comme il l’a dit, une âme barbouillée sur les murs.
Le suspect a alors été relâché, emportant hors de la salle d’interrogatoire sa pile d’assiettes sales. Si César arrive à lire son nom ici, qu’il s’inquiète donc. Qu’il s’interroge donc sur le sort de señor Villaseñor dans son bain, réfléchissant aux expériences de ses anus.
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...Comment tu t'appelles ? Redis-le-moi, je promets que j'essaierai de m'en souvenir.
- Harrison. Shepherd.
- Seigneur, je ne vais pas t'appeler comme ça. Diego, il t'appelle comment, déjà ?
- P'tit Pain.
- Ils ne sont vraiment pas gentils avec les petits plâtriers dans cette équipe. Comme tu le sais. mais sérieusement, XARrizZON ! On dirait qu'on s'étrangle. D'où il sort ce nom ?
- C'était un président, Señora.
- De quoi ? Un endroit où on manque d'oxygène ?
- Des États-Unis.
- C'est bien ce que je disais."
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Ces hommes noirs et leurs femmes n'ont pas le droit de faire leurs achats ici, ni de monter dans les tramways, a-t-il expliqué, c'est contre la loi. Même aller manger dans le même restaurant. S'ils ont besoin de pisser pendant qu'ils creusent leur tranchée sur Pennsylvania Avenue, ou bien boire, il leur faut faire trois kilomètres jusqu'à la Septième Avenue pour trouver un restaurant qui les laissera toucher un verre ou se servir des W.C.
Etrange coutume. Être domestique, gagner trois fois rien, on peut comprendre. Tous les riches au Mexique ont eu un jour des domestiques pour les soulever de leur berceau. Mais ils boivent tous à la cruche qui remplit le verre de leur maître et ils se servent du pot de chambre encore chaud de la pisse du patròn. Au Mexique, personne n'a jamais eu l'idée de garder ces rivières séparées.
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20 août 1945 […]
L’enfer tombe des cieux. Un reporter du Times qui se trouvait à bord de l’appareil, s’est demandé à l’heure H s’il devait être triste pour les « pauvres diables en train de mourir ». Il a décidé que non, c’était une honnête riposte à Pearl Harbor. Le plan de l’armée était de lâcher cette bombe sur une autre ville japonaise ce matin-là, d’autres hommes, femmes, chiens, écoliers avec leurs mères, mais les épais nuages au-dessus de cette ville refusèrent de se séparer. Fatigués de tourner en rond et d’attendre, les pilotes du bombardier ont fait route vers le sud le long du bras de mer et ont choisi Nagasaki, pour son ciel clair.
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"Je suis un vieil homme j'ai vu beaucoup de choses. Mais ce que font ces hommes c'est mettre du poison sur la pelouse. Ça tue vos mauvaises herbes, et puis vous vous retrouvez avec des tas de choses mortes, pendant très longtemps. Peut-être pour toujours."

p.558 ("la chasse aux sorcières" pendant le maccarthysme)
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