Un texte totalement bouleversant , qui nous laisse pantelants !
Une lecture essentielle pour avoir un autre regard sur
Simone de Beauvoir, ainsi que sur sa carrière ultérieure d'écrivain et de philosophe . Ce roman autobiographique narre une intense histoire d'amitié d'enfance et de- Jeunesse entre Sylvie [Simone] et Andrée [Zaza ]… qui se finira tragiquement et changera sûrement en profondeur l'existence de notre « future » philosophe !
Un roman émotionnellement intense de deux petites fillettes faisant connaissance vers l'âge de 10 ans, de milieux différents, mais tous deux, traditionnels, corsetés par les conventions, et codes très rigides des catholiques…Des cadres mortifères et sournois, débordant de règles et d'interdictions surtout dans la famille de Zaza !
Les petites filles , même devenues inséparables ne cesseront de se vouvoyer…
La bourgeoisie, les conventions et préjugés sociaux… certaines petites phrases en disent long des critères d'une époque [années 1920-1930 ] et de certaines classes sociales, en France : l'argent, la situation professionnelle, et la gloire d'avoir de nombreux enfants ?!!!
« Maman se renseigna auprès de ces demoiselles. Les parents d'Andrée n'avaient n'avaient avec les Gallard de l'oncle Jacques que des liens très vagues, mais c'était des gens tout à fait bien. M. Gallard sortait de Polytechnique, il avait une belle situation chez Citroën, et il présidait la Ligue des pères de famille nombreuses. (p. 31)”
Une Amitié entière, qui aura sûrement aidé, soutenu Zaza, largement embelli l'enfance , l'adolescence et l'entrée dans la vie adulte, des deux « demoiselles »… qui toutefois, ne sauvera pas Zaza, de son milieu toxique et mortifère…[***curieusement, je ne peux m'empêcher de songer à une autre personnalité ; mort si prématurément, empoisonné à petit feu par un milieu social sournois et rigidifié à l'extrême ; je souhaitais nommer
Fritz Zorn ], avec son "
Mars" ]
***Voir le billet fort percutant de l'amie Atos avec cette question finale à laquelle j'adhère complètement : « Oui, la question est posée : Beauvoir aurait-elle existé sans la mort de Zaza ? «
Comme le dit encore si justement atos, ce texte est précieux à plus d'un titre dont celui de nous offrir un côté moins froid, moins distant de Simone de Beauvoir. Je vais m'empresser de relire les «
Mémoires d'une jeune fille rangée », avec , cette fois, un oeil différent et averti…
Merci aux éditions de L'Herne ainsi qu'à
Sylvie le Bon de Beauvoir, d'avoir permis cette publication précieuse à plus d'au titre : le premier : par cet hommage d'Amitié, une réparation infime mais combien essentielle , du sacrifice d'une très jeune femme sur l'autel de la religion, et du monde des « trop-bien pensants ! »….