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EAN : 9782260020035
336 pages
Julliard (05/01/2012)
3.66/5   308 notes
Résumé :
À Los Angeles, tandis que l'Amérique s'apprête à élire un nouveau président, Laura, en proie à une résignation qui semble insurmontable, et Samuel, dévasté par la mort de son fils, vacillent au bord du précipice, insensibles à l'effervescence de leur pays. Ils ne se connaissent pas. Leurs destins vont se croiser. Pourront-ils se sauver l'un l'autre ?

L'action se déroule le 4 novembre 2008, date de l'élection de Barack Obama. A Los Angeles comme partou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (67) Voir plus Ajouter une critique
3,66

sur 308 notes
4 novembre 2008, c'est l'effervescence aux Etats-Unis. La foule est en liesse, la population trépigne d'impatience de savoir si oui ou non son pays va marquer l'histoire à tout jamais...
C'est au beau milieu de cette ferveur que Laura, quarantenaire, a décidé de mettre fin à ses jours en ce jour si doux de novembre. Résignée, arrivée au bout de sa vie, lui semble-t-il, n'espérant plus rien de bon, elle en a fait le tour et pense qu'il est temps d'arrêter là. Elle l'a décidé, ce sera pour ce soir. Ni ses fils, éloignés physiquement mais surtout psychologiquement, ni son ex-mari avec qui elle n'entretient plus aucun lien et qui a l'a fichu à la porte du jour au lendemain, ni son boulot à mi-temps dans une petite cafétéria au coin de la rue, ne trouveront grâce à ses yeux...
Samuel, quant à lui, gringalet, sans force aucune, n'a pas émergé de chez lui depuis 5 jours, c'est à dire depuis que son fils, Paul, a mis fin à ses jours. Un coup dur pour ce peintre légèrement hippie, papa à mi-temps qui se partageait la garde avec son ex-femme, Claire. Face à un adolescent un brin rêveur, ou était-ce de la tristesse, souvent la tête dans les livres, Samuel n'a pas compris le geste si incongru et inattendu de son fiston. Aurait-il pu deviner son acte ? Aurait-il pu le regarder d'un peu plus près ? Lui consacrer plus de temps ? Pourra-t-il surmonter la perte de cet être si cher ? Autant de questions qui se bousculent et auxquelles il tentera d'y apporter un semblant de réponse...

Deux âmes perdues, deux écorchés vifs, deux destins brisés... Des douleurs, des non-dits, des ressentiments... Dans cette ville de Los Angeles, Philippe Besson entrecroise deux personnes que rien ne semble rapprocher... Et, pourtant... C'est le récit bouleversant et mélancolique de la triste réalité de la vie qui éclate comme une bulle de savon, la solitude qui semble s'être immiscée depuis des années, l'indifférence, la désolation, la tristesse qui s'imprègne et la souffrance continuelle... C'est le récit attendrissant de deux âmes face à leur destin... Alternant successivement Laura ou Samuel, l'on se doute que ces deux-là vont finir par se rencontrer... Et, l'on espère intimement que chacun sera d'une grande aide pour l'autre... L'on espère de tout coeur que cette belle journée de novembre se terminera sous de bons auspices... D'une écriture tendre, émouvante, compatissante et touchante, l'auteur nous offre ainsi une jolie rencontre sur front de mer...

Une bonne raison de se tuer... et d'autres encore...
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Il est toujours délicat de choisir un roman d'un auteur que l'on souhaite découvrir. Pour le roman de Philippe Besson " Une bonne raison de se tuer" c'est une citation posté par " le bison" qui m'a donné envie de faire un bout de chemin avec cet écrivain.
Nous sommes en novembre 2008, Obama est pratiquement aux portes de la maison blanche. Pour Laura Parker et Samuel Jones cette élection présidentielle ne les intéresse pas, que penser de cet évènement médiatique quand on va enterrer son enfant de dix-sept ans ou que l'on va mettre fin à ses jours.
Dans ce roman à deux voix on suit Laura et Samuel sur le difficile chemin de la douleur, du suicide et du deuil.
Laura se sent inutile depuis son divorce où plutôt par sa répudiation, avec comme cadeau d'adieu un Beretta 92.
Les enfants sont grands, Arthur et Vincent sont restés chez leur père par commodité. Elle survit grâce à son temps partiel dans un restaurant.
Samuel est artiste peintre, divorcé De Claire ils ont eu Paul mais aujourd'hui a lieu son enterrement, Paul s'est suicidé dans son lycée. Samuel le père, celui qui n'a rien vu venir va chercher à comprendre le pourquoi; qu'est-ce qui a pousser son enfant au suicide.
Le temps d'une journée on suit les deux personnages dans leurs introspections jusqu'à leur rencontre sur le pont d'un bateau.
" Une bonne raison de se tuer" est un roman sur la fin en soi, la fin de soi.
Il en faut beaucoup de douleur, de chagrin, pour avoir "une bonne raison de se tuer". Un très beau roman de Philippe Besson, beau et dur sur un thème difficile qu'est le suicide.
merci bison pour ta citation.
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Laura s'assoit à la table de la cuisine. La vaisselle du petit-déjeuner a été lavée, essuyée, rangée dans ses placards. Une cuisine propre, ne pas laisser traîner des miettes d'une vie. Elle a un bloc-notes, une page blanche, encore. le stylo à la bouche, elle réfléchit à ce qu'elle va écrire. L'inspiration ne vient pas, dans ce moment-là. Que doit-elle écrire d'ailleurs ? Sa vie, ses manques, ses motivations. Dire qu'elle se sent seule, divorcée, les enfants partis qui ne reviennent que pour lui emprunter de l'argent. de toute façon, aucun mot ne saurait exprimer ce qu'elle ressent, excuser ce qu'elle s'apprête à faire. Alors, elle griffonne juste cette phrase « Je n'ai pas eu le choix, pardon. » Des mots, très forts, qui résonnent encore en moi... en moi... comme un écho... Je n'ai pas eu le choix. Et ce pardon, à la fin, si intime qu'il lui donne une force supplémentaire.

Samuel se lève aussi. La gueule en vrac, le salon sent autant le whisky que les restes de pizza d'il y a trois jours. D'ailleurs, les bouteilles vides jonchent sous le canapé, les cartons à pizza s'amoncellent en quinconce sur la table du salon. Il arrive à atteindre la porte, ouvrir, s'engouffrer dans la brise du levant. Dehors, le soleil commence à réchauffer le sable, un jeune en bermuda et tee-shirt jaune le regarde fixement. Il prend sa planche de surf, les vagues matinales sont les seules à lui donner un coup de fouet.

Deux chapitres de l'un, deux chapitres de l'autre. A tour de rôle, je me retrouve dans la peau de Laura, puis dans celle de Samuel. Tous deux ont une profonde tristesse en eux. Dans le genre on ne s'en remet pas. Laura a décidé de se suicider ce soir. C'est son choix, mais aussi son destin. Elle a toujours su qu'elle finirait comme ça. Pour certaines personnes le suicide est une évidence. Je le comprends, je le sais même, je le ressens. Samuel enterre son fils aujourd'hui. Il s'est suicidé dans l'enceinte de son école. Il m'est difficile d'imaginer une telle douleur. Pourtant… pourtant, je me suis souvent mis à sa place ; comme à celle de Laura.

Il y a des romans qui me parlent. Celui-ci est en moi. Il est douloureux, totalement triste. Il ne plaira pas à tout le monde. Pour moi, c'est le meilleur Besson que j'ai lu. Il est sublime. Mais il n'est pas fait pour tout le monde. Car certains discours, certains actes, tu n'as pas forcément envie de les entendre, de les lire, de les comprendre. le suicide est ancré dans l'âme de certaines personnes, et quoiqu'il se passe, quoiqu'il advienne dans la vie, dans la rue ou dans la vague, il y a toujours une bonne raison pour se tuer. Un putain de bouquin !
Lien : https://memoiresdebison.blog..
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Un titre brutal, tiré d'une citation de Cesare Pavese...

Un roman bouleversant, dont le lecteur ne peut se détacher, cherchant passionnément à savoir si les deux solitudes, les deux tristesses de cette histoire vont ou pas se reconnaître, se rencontrer, conjurer le sort. On pense aux " Heures souterraines" de Delphine de Vigan.

Laura, rejetée de son rôle parfait de femme au foyer, de mère dévouée, échouée, seule, inutile. Prête à disparaître, se diluer.

Samuel, peintre bohème à l'enfance fracassée, qui va devoir assister à la crémation de son fils unique, avec ce poids de son suicide sur le coeur.

Une journée particulière s'égrène, elle court vers l'ultime obscurité, elle précipite le lecteur dans l'angoisse, elle creuse les pensées de Laura et Samuel ,révèle leurs failles, leurs pensées les plus secrètes. L'auteur est si doué pour écrire l'introspection que nous devenons intimes des douleurs, de la fragilité, du chagrin de chacun. Il se glisse même parmi les personnages, dans ce café où travaille Laura, comme un témoin du destin.

Une journée de tension, de révélations, une journée définitive.

Et là , sur le front de mer californien de Newport Beach, sur un banc , pendant que les américains attendent fébrilement de savoir si Obama va être élu, se joue autre chose. Un moment intense, violent. Éphémère comme est la vie.

Un des plus beaux livres, selon moi, de Philippe Besson. D'une tristesse infinie, mais merveilleusement transcrite. A lire!



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Je ne ferai pas un long commentaire à propos de cet ouvrage sur lequel beaucoup a été écrit, déjà.....
A Los Angeles, alors que le monde fébrile et enthousiaste s'apprête à fêter l' élection du président Obama, un homme, Samuel, un pére divorcé s'apprête à enterrer son fils qui s'est suicidé à l'âge de dix sept ans.....il évite de penser qu'il a été absent à de nombreux rendez- vous, qu'il ne connaissait pas son fils, que par la force des choses, il a été un pére distrait et distant, qu'il s'est accommodé de cette situation , cela le fait terriblement souffrir, un chagrin et un accablement violent.....il est le pére orphelin, sans descendance, il est dans la stupéfaction de se découvrir sans descendance......Laura, la quarantaine,, divorcée et mére de deux enfants, Arthur et Vincent cherche à mettre fin à ses jours, elle a décidé de se tuer....des images mentales incroyablement nettes et ordonnées lui reviennent de l'enfance de ses fils, elle se souvient de tout ce qui la rattache à eux.....les élans, les inquiétudes, les agacements, les attendrissements,l'énergie,la fatigue bienheureuse, les joies , les chagrins, que reste t- il de ses enfants lorsqu'ils étaient petits? Rien , un immense vide et accablement , une incompréhension, un éloignement stérile.....
L'histoire de deux destins dramatiques, deux situations tragiques voire macabres avec des mots et descriptions du cheminement de la pensée de ces deux héros qui ressassent leur passé tellement justes que l'on pourrait croire que l'auteur lui même a vécu ces situations......
Philippe Besson a le don de rendre ces solitudes extrêmes et ce désespoir avec exactitude, oú chaque mot est à sa place, au plus prés, une finesse et une tendresse dans l'écriture que l'on ne peut lui contester...douleurs, regrets,destins interrompus,introspection,interrogations,chagrin violent,accablement, morosité, isolement, sentiment d'inutilité angoissant,culpabilité, désarroi..enfermement, il y a tout cela au final dans ce bon roman triste à l'écriture sensible, émouvante, touchante, fluide , tendre aussi, précise , une petite musique qui nous reste dans l'oreille , avec , en sourdine,les lames de fond , l' écume des vagues et le fracas de l'océan.....
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critiques presse (2)
LeMonde
23 janvier 2012
[L'auteur] conduit son récit avec une maestria certaine, un indéniable savoir-faire-pleurer dans les chaumières.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Lexpress
20 janvier 2012
Tout l'art de Besson est là, dans l'introspection des âmes, le déphasage entre l'intime et le public, la marche inexorable du temps.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (97) Voir plus Ajouter une citation
Bref. Un après-midi de juin, il se promène sur le front de mer, où les Blacks jouent au basket, refourguent de la musique, ou les Latinos proposent des tee-shirts et des lunettes de soleil bon marché, ou la marijuana est en vente libre sous prétexte qu'elle posséderait des vertus médicinales, où de vieux hippies aux cheveux décolorés tentent de retenir les années joyeuses dans un rictus béat permanent, où les touristes s'agglutinent lorsque l'été arrive, il marche au milieu de cette faune devenue familière, puis bifurque Pacific Avenue pour échapper à sa moiteur, et là, il voit la fille, derrière la devanture. Elle est serveuse au Café Collage. Elle n'a pas vingt ans. Il songe qu'il ne l'a jamais remarquée avant. Pourtant, il passe là tous les jours, il lui arrive même de s'arrêter prendre une bière. Comment a-t-il pu la manquer ? Elle doit être nouvelle. Ou bien, elle est incroyablement discrète. Elle pourrait être incroyablement discrète. Ce qui lui plaît chez la fille ? Sa tristesse. Oui, ça peut paraître bizarre, mais c'est exactement ça. Sa tristesse. Pas sa lassitude. La lassitude des serveuses quelquefois. Non. Pas sa fatigue, non plus. En fait, la fille donne l'impression d'avoir pleuré. Alors il entre dans le café, s'assoit, et quand elle s'approche pour prendre sa commande, c'est la question qu'il lui pose : "Vous avez pleuré ?" Elle le regarde avec curiosité, interloquée. Puis elle sourit comme on sourit dans les larmes et dit : "Ça se voit donc tant que ça !" Il répond : "Non, regardez les autres, ils ne se sont rendu compte de rien. Il faut être sacrément fort pour le voir." Et elle sourit de plus belle. Et il pense qu'elle va tomber de larmes pour de bon, avec ce sourire paradoxal. Il pense aussi qu'il a réussi son coup. Qu'ils vont se revoir.
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Dans la cuisine, c’est du par cœur. D’abord, le frigo. Dans la porte, la bouteille de lait. Elle s’en verse un bol puis place le bol dans le micro-onde, sans mettre en marche encore, puis remet la bouteille à sa place et se saisit de deux œufs. Elle se dirige vers la paillasse, pose une poêle sur le brûleur, allume, verse un peu d’huile, attend quelques instants que ça chauffe puis casse les œufs qu’elle brouille dans la poêle. Tandis que ça cuit à feu doux, elle sort du placard le café instantané, qu’elle dépose sur la table ainsi que le pain de mie dont elle fait glisser deux tranches dans le toaster. Retour au frigo, elle sort à présent le beurre. Une cuiller, un couteau, dans le tiroir juste à côté. Elle allume le micro-ondes. Une minute trente. Et tout est prêt au même moment : les œufs, les toasts, le café. Elle peut passer à table. Il ne lui reste qu’à saupoudrer le café dans le lait bouillant, à beurrer les toasts, à saler les œufs. Tous les jours, c’est le même menu. Tous les jours, les mêmes gestes.
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Dans la salle de bains, il aperçoit son reflet, la maigreur, il voit aussi le visage creusé, les yeux cernés, il ferait presque peur. Il contemple une version vieillie de lui-même, comme si l’adolescent de Louisiane était encore présent, mains nimbé désormais d‘une peau tombante, ridée, comme si la douceur et la rousseur avaient disparu pour fabriquer cet épiderme tanné, fripé. Il ôte finalement son caleçon et entre dans la douche : il faut qu’il se lave, se défasse de la journée, qu’il enlève la saleté de cette journée, il frotte avec un savon, avec un gant de crin, n’importe quoi, il faut que ça disparaisse, l’horreur de cette journée, il sent l’eau chaude rebondir sur ses épaules, couler le long de son torse, s’enrouler autour de ses cuisses, il espère que l’eau va emporter avec elle dans le siphon l’intégralité de cette journée.
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À quels moments les souvenirs cessent-ils de blesser ? (...) À partir de quel moment cessent-ils d'être des lames qui cisaillent les mollets ? (…) Quand les disparus cessent-ils d'être une pensée douloureuse pour devenir une pensée calme ? À quel moment peut-on rouvrir un album de photos sans éclater en sanglots, une boîte à musique sans la refermer aussitôt ? Combien de temps cela exige-t-il ? Y a-t-il une règle ? Une moyenne ?
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Le ciel blêmit : c'est le soir qui s'annonce, il n'est pourtant que 16h30 mais Samuel connait par coeur ce changement de la lumière : quand le bleu s'estompe et que le noir n'est pas encore là, on passe par des teintes de blanc, d'ivoire, de laiteux, de gris, la brume revient sur le Pacifique, d'abord rasante, puis en nappes, rendant l'horizon nébuleux, les flots imprécis, un vent léger souffle qui fait frissonner les palmiers, la fraîcheur gagne, il ne faut pas attendre longtemps avant que la nuit n'arrive.
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