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EAN : 9782813229779
312 pages
Guy Trédaniel éditeur (19/10/2023)
4.5/5   6 notes
Résumé :
Le totalitarisme n'a jamais été complètement envisagé sous l'angle d'une maladie de civilisation, une pathologie collective délirante, du côté de la psychopathologie, avec les ramifications qui s'ensuivent.

C'est ce qu'Ariane Bilheran propose, avec cet essai psychologique et philosophique sur le pouvoir total en politique.

Elle démontre que le totalitarisme est un système paranoïaque dans lequel les pathologies perverses, sadiques, tran... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s'évader, un système d'esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l'amour de leur servitude. »
Aldous Huxley (le meilleur des mondes »

A partir de quand un état glisse-t-il vers une autorité totalitaire ?
Que reste-il de la nation quand le totalitarisme s'insinue dans la société ?

Nous associons en principe le totalitarisme à des personnes comme Hitler, Mussolini, Pol Pot, Staline, etc…. mais le totalitarisme concerne aussi les démocraties.

Le totalitarisme est une structure politique qui entraîne l'ensemble de la population dans une aliénation, une annihilation du sujet humain.
Alors, lorsque les hautes sphères politiques ne semblent n'avoir plus de limites, lorsqu'elles commencent à envahir tous les domaines de notre vie, « c'est un cambriolage de notre maison psychique » et nous glissons doucement vers ce système.
Des indicateurs importants de cette dérive devraient nous tenir en alerte, notamment, l'hyper-réglementation avec les moyens psychiques, judiciaires et législatifs mis en place pour rendre « la masse » homogène mais également la maîtrise de l'information et la gouvernance par la peur.

Et qui mieux que Ariane Bilheran, philosophe, psychologue clinicienne, docteur en psychopathologie pour analyser le contexte actuel de « démocratie totalitaire » ;

Son dernier livre « Psycho-pathologie du totalitarisme » est une analyse pointue et approfondie sur le phénomène complexe du totalitarisme dans tous ces aspects.
Il est très important de lire ce livre avec grande attention afin de prendre conscience de la menace qui pèse sur nous.

« Un régime totalitaire ne peut survivre que s'il possède la confiance des masses ».
Anna Arendt
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C'est en écoutant la radio (l'émission Sud Radio d'André Bercoff) que je me suis décidé à acheter puis lire ce livre. Je précise être un lecteur particulièrement intéressé par ce thème de dérive totalitaire des démocraties, ayant lu Soljenitsyne, Arendt, Dostoïevski, Aron, Renan, mais aussi les auteurs faisant référence dans ce thème comme Huxley, Orwell, Camus...
Ariane Bilheran conjugue la lecture et les travaux de ces auteurs, en ajoutant ses connaissances d'ancienne élève de l'ENS d'Ulm sur le harcèlement, la manipulation et la psychologie du pouvoir, pour proposer dans cet essai comment se caractérise le totalitarisme.
L'auteur insiste notamment sur les étapes qui marquent son avènement, mais uniquement dans le domaine psychologique et sémantique, et non dans celui de la politique (comme l'ont fait Tocqueville ou permet de le faire Hobbes avec Leviathan). D'où une analyse très construite et argumentée, étayée par des faits connus de tous comme le traitement de l'information, la crise du COVID...
Quelques passages sont surprenants et déroutants (comme le rapprochement entre la vie foetale et le totalitarisme), mais je les considère comme une démarche sincère d'Ariane Bilheran pour partager ses travaux au risque de s'exposer facilement à la critique.
Ce livre permet à lui seul de nous rappeler que la démocratie n'est jamais acquise et que son inclination naturelle est le totalitarisme (de part la psychologie des hommes qui atteignent le pouvoir). Attendre que le totalitarisme (ainsi que ces précurseurs comme l'oligarchie, l'écrasement des peuples par le seul état de Droit) ne s'annonce de lui même est naïf. Ariane Bilheran permet de détecter les signes avant coureurs, mais aussi de savoir se prémunir contre cette dérive inexorable que, selon moi, on ne peut que constater la réalité de nos jours.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Le totalitarisme persécute toujours la littérature ….. cette persécution aujourd’hui n’œuvre plus sous la forme terroriste de l’autodafé, elle est plus subtile : en interdire l’accès par la réduction du vocabulaire chez les enfants (il suffit de voir à cet égard la pauvreté sémantique de nombreux livres pour enfants,) promouvoir « la culture de masse », qui est un oxymore, ainsi que l numérisations (entendre, la disparition progressive du livre papier), et diminuer la visibilité des véritables œuvre littéraires en encourageant toujours davantage d’ignorance. Un éditeur m’avait ainsi exprimé que, pour les enfants, on ne pouvait plus dépasser le format d’une double page, pour raconter des histoires, car « les enfants ne lisent plus », du fait de la promotion des écrans. La persécution risque aussi de provenir de phénomène de réécriture des œuvres, jusqu’à les rendre illisibles, sous l’influence de mouvements idéologiques tels que l’antiracisme, le wokisme, l’écriture inclusive, etc… Il n’en demeure pas moins que le résultat est identique, bien que beaucoup plus camouflé dans les méthodes pernicieuses employées, et qui répondent aussi à la logique du capitalisme sauvage auquel sert l’acculturation des masses, et qui fait le lit des dérives totalitaires en cours (P283)
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Dans tout harcèlement, ce qui compte est de savoir tenir sur la durée face à un état de siège : il ne s’agit pas uniquement de provisions matérielles, mais de provisions émotionnelles, affectives, intellectuelles et spirituelles. Il faut sortir à tout prix des états émotionnels dans lesquels le système totalitaire nous plonge : haine, envie, angoisse, terreur, culpabilité injustifiée. Une fois l’émotion toxique identifiée, il est pertinent de regarder ce qui nous permet d’atteindre une certaine sérénité. Il serait douteux de viser une très grande joie dans une situation de souffrance extrême autour de soi, mais a minima un état d’âme équilibré et serein : la peur doit rester sur le siège arrière du véhicule ; elle est un signal adapté au danger qui se présente sur la route, mai elle ne saurait prendre le volant. Nul ne prendra jamais une décision judicieuse en étant en panique. Compenser les émotions qui nous détruisent et nous amenuisent en augmentant les émotions qui nous font du bien est un objectif ambitieux, mais nécessaire ; cela peut être d’établir une liste de ce qui élève notre âme, nous fait grandir, nous permet d’atteindre le sublime : la musique, la danse, la sculpture et les arts en général sont une voie de prédilection pour cela, de même que la relation avec la nature,, ou encore l’utilisation attentionnée de ses mains par la sculpture, le jardinage, etc… (P280)
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Très peu d’individus ont donc la force et la structuration psychique de résister à la répétition des chocs traumatiques et à la terreur impulsés par la dérive totalitaire. J’ai déjà établi une sorte de cartographie psychologique des profils au pouvoir en période totalitaire : schématiquement, nous pourrions dire que les paranoïaques élaborent le « programme » de contrôle, les pervers tirent les ficelles dans l’ombre, et les psychopathes accomplissent les basses œuvres. C’est le bal des troubles narcissiques : C’est là qu’il nous faut bien comprendre que la mise en place d’un système totalitaire ne peut se créer avec ne simple alliance des profils pathologiques (pervers, paranoïaque et psychopathes) : il lui faut obligatoirement la complicité de la population, qui doit avoir massivement et a minima régressé dans une névrose obsessionnelle grave. Le fonctionnement en mode automatisé et robotisé rassure, car il suffit d’appliquer des protocoles à la lettre, et le système totalitaire n’est jamais avare de propositions de rituels destinés à conjurer l’angoisse. Il suffit de regarder les suggestions actuelles en matière énergétique ou sanitaire :
« Je baisse, j’éteins, je décale : chaque geste compte pour économiser l’énergie dès maintenant et durablement ! » ; « Les 5 gestes clés pour économiser de l’énergie » ; « Chaque geste compte » ; ainsi que le « plan de sobriété énergétique », dans lequel le Président français Emmanuel Macron a souligné que « l’énergie qu’on sauve, c’est la moins chère ».
Ces protocoles sont à l’action ce que le slogan est à la parole : une désincarnation de la pensée. (P166)
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« Je n’ai rien à cacher » est l’adage du système totalitaire : non seulement il incite les êtres à l’exhibition de leur vie intime, mais il faut encore que ce soit avec leur propre « consentement ». Cette transgression permanent par le regard pervers est aussi une chute dans la barbarie, puisque, comme l’avait indiqué Hegel, c’est bien la pudeur qui est le socle de toute marche de civilisation.
Dans le totalitarisme, il n’existe aucune valorisation possible de la moindre liberté, au profit de la prédation sur tout chose et toute personne. Les liens entre les êtres sont régentés (et contaminés) par le système totalitaire ; l’individu n’est plus un être spirituel, non plus qu’un être d’amour, mais un objet mécanique (donc sans subjectivité ni conscience), en ce sens qu’il est la propriété du système totalitaire, qui légitime les confiscations matérielles, les rafles sur la propriété, la destruction de la famille et de toute activité sociale ou professionnelle. Le système totalitaire a pour but la domination permanente de chaque individu dans chaque sphère de sa vie, et pour cela, il faut qu’il pénètre dans les moindres recoins de la vie psychique par le lavage de cerveau quotidien qui doit provenir de différents étages de la société : les médias de masse, bien sûr, mais aussi le petit haut-parleur dans le parking, le rituel quotidien pour aller acheter son pain, etc. Tout, absolument tout, doit rappeler l’existence de ce pouvoir : il faut éradiquer à la racine la moindre possibilité que l’individu trouve un petit moment d’existence dans lequel il recontacterait cette part intime. (P86-87)
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Pour créer une masse, et qu’elle puisse devenir le premier soutien du régime totalitaire, il faut des médias de masse qui diffusent une propagande de masse afin d’entretenir la croyance en un discours fallacieux. Ce discours, c’est l’idéologie. Il s’agit d’un récit qui ne correspond ni à la vérité ni à la réalité de l’expérience qui s’appuie sur de premières hypothèses fausses, sur une novlangue et qui exige une adhésion sectaire, une croyance fanatique, sans possible contestation, doute, et encore moins remise en question : par exemple, l’idéologie raciale nazie concernant les « Aryens » qui seraient en danger d’altération et d’affaiblissement s’ils n’éliminaient pas leurs « ennemis raciaux », en particulier les Juifs.
Une fois que les masses cessent de croire, le totalitarisme s’effondre. C’est la raison pour laquelle maintenir l’idéologie en « mouvement perpétuel » est l’obsession du pouvoir totalitaire. (p38)
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A. Bilheran : le déni sur la sexualisation des enfants - Juillet 2018
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