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EAN : 9782851978943
93 pages
L'Herne (05/10/2010)
4/5   8 notes
Résumé :
Le « brelan d’excommuniés » : Jules Barbey d’Aurevilly, Ernest Hello et Paul Verlaine, des promulgateurs d’Absolu, assassinés par les « catholiques modernes » qui exècrent l’Art, cette chose pourtant vitale et sainte et qui « n’entendent pas que les ouailles de leurs pâtis s’en aillent brouter dans le bleu du ciel ».
Barbey d’Aurevilly ? Trop « incendiaire » pour les tièdes ! Hello ? Un rêveur qui « lapidait le bon sens avec des comètes ». Verlaine ? Un « ang... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai découvert Léon Bloy un peu après mes vingt ans. Ma lubie de l'époque, c'était de trouver le Grand Ecrivain Catholique (j'ai conservé de cette période, dans mon panthéon personnel : Joseph Conrad, qui ne s'est converti que sur son lit de mort, mais qui avait toujours été catholique, et Flannery O'connor, que je ne désespère pas de demander un jour en mariage, d'une façon ou d'une autre.) Bloy avait été un temps un sérieux prétendant au titre, mais ses imprécations, qui m'avaient d'abord séduit, parfois fait sourire par leur virulence, avaient fini par m'ennuyer, tant elles se répétaient inlassablement, page après page. Il m'avait fait l'effet de ces tribuns de Hyde Park, juchés sur leurs caisses à savon, que l'on écoute vociférer un moment avant de partir boire une bière au pub, les abandonnant aux litanies qu'ils poursuivront jusqu'à épuisement.

C'est donc avec curiosité que j'ai ouvert ce Brelan d'excommuniés. Curiosité mêlée de la légère appréhension propre aux retrouvailles : « Va-t-on avoir quelque chose à se dire ? » (Ou plus précisément, en l'espèce, « Va-t-il avoir quelque chose à me dire ? »)

Bloy s'y emploie à défendre trois écrivains catholiques méprisés par ses contemporains, et plus particulièrement par l'Eglise qui devrait pourtant les porter aux nues : Barbey d'Aurevilly, Ernest Hello et Verlaine. Premier constat : ma quête du Grand Ecrivain Catholique n'avait pas été bien tenace. de Barbey d'Aurevilly, je dois avoir un vieil exemplaire familial des Diaboliques qui dort, jamais ouvert, quelque part dans une pile. Je ne connaissais Ernest Hello qu'à travers quelques citations éparses, chez Bloy justement, et dans le journal de Dantec. Et de Verlaine, je n'ai lu que les Poèmes Saturniens et Les Fêtes Galantes, qui datent d'avant sa conversion. Pas brillant.

Chacun des trois a droit à sa plaidoirie. Barbey d'Aurevilly, cartographe des noirceurs de l'âme humaine, Ernest Hello qui agite furieusement son glaive de feu dans l'indifférence générale, et Verlaine en lépreux qui toque en vain aux portes des presbytères. Tout ça dans le style flamboyant habituel de l'avocat Bloy. Et ce style, tout en colères hurlées du haut du volcan, c'est la beauté et la limite de Bloy.

Le problème de Bloy, c'est qu'il est toujours en colère. Toujours. Qu'il défende comme ici un auteur injustement oublié, ou qu'il s'enflamme contre un pharmacien qui rend mal la monnaie, et voilà qu'il convoque sa légion de métaphores, le Sang du Christ qui pleut sur le monde, les pourceaux qui se roulent dans leurs déjections, les Séraphins au front couronné qu'on assassine, et des armées de syphilitiques qui viennent se moucher dans le voile blanc de la Vierge Marie.

Comme tout ce qui est monocorde, y compris dans l'extrême, ces colères s'émoussent à force de systématisme. Reste le style, fait de brusques coups de gouvernails, qui font voyager dans une même phrase des palais célestes à la fange des porcheries. Ce ne sont pas les visions d'un mystique à la William Blake ou à la Swedenborg. Les images vives de Bloy renvoient plutôt à la tradition catholique du catéchisme par l'art, à ces chefs d'oeuvre de pierre ou de peinture destinés à édifier des fidèles qui ne savaient pas forcément lire.

Et Bloy, qui consacre dans ce Brelan d'excommuniés de très belles pages aux rapports entre Art et Religion, finit par être victime du même piège que les chefs d'oeuvre catholiques : le style prend le pas sur le message. Les Vierges de Murillo ou de le Greco sont au Prado, au milieu des oeuvres profanes, pas dans les cathédrales. Les trois plaidoiries de Léon Bloy ont quelque chose de ces spots publicitaires récompensés dans les festivals : on applaudit la création, mais on a oublié le lendemain quel était le produit vanté.

En refermant le livre, pas sûr que Barbey d'Aurevilly, Hello, et Verlaine aient gagné un lecteur. Mais Léon Bloy en a retrouvé un, c'est déjà ça..
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J'ai beau chercher dans les confins de ma mémoire, je ne sais où et quand j'ai lu, pour la première fois, le nom de Léon Bloy ( Que je lisais alors d'un flambloyant "Blo-y" et non de ce très plat "Blois"). Ce devait être dans un article de Nicolas Ungemuth dans R&F à l'occasion d'une comparaison littéraire bien généreuse ; ou bien était-ce dans les notes de bas de pages ou dans quelque avant-propos pompeux d'un ouvrage de Barbey d'Aurevilly.

Le bonheur est dans le crime.

Ah Barbey ! Je n'ai plus tout à fait lu les autres auteurs de la même façon après l'avoir lu, lui, l'écrivain chrétien, catholique même, que tout devait éloigner de moi. J'ai toujours eu un faible pour les auteurs dandys, cela est vrai, mais de Barbey je devais détester l'intégralité de son oeuvre. Trop catho, trop moraliste, trop royaliste… Il y avait trop de choses entre lui et moi qui auraient dû nous éloigner à jamais. La quatrième de couverture des Diaboliques (ou était-ce un recueil divers de ses textes ? ) a portant instantanément eu raison de mes réticences. Feuilleté rapidement dans une librairie de passage, le livre m'est en effet devenu indispensable et j'ai depuis installé l'auteur dans les plus hautes marches de mon panthéon personnel.

Barbey est l'auteur, entre autres fulgurances, d'un recueil de nouvelles intitulé Les diaboliques. Si vous n'avez pas lu ce chef-d'oeuvre absolu de noirceur et de grâce, imaginez-vous Les Fleurs du mal sous la forme de nouvelles. Chacun des textes de ce recueil qui en comporte six, est une exploration, vipère aux poings, des confins les plus noirs de l'âme humaine. Mais Barbey est un auteur chrétien et le revendique. S'il se plait à raconter ses histoires de vice et de vertu refoulée, tout dans ce livre n'est que célébration du Christ. Et c'est ce décalage sujet/traitement, ces fleurs du mal, qui fait toute la beauté du livre. Si Barbey, sans condamner forcément l'ensemble de ses personnages, propose une lecture chrétienne de ses macabres histoires, il les sublime aussi par son style et une certaine forme de célébration du crime : Barbey est en effet fasciné par le mal et cette fascination transpire à chaque page. La beauté et le mal, La beauté du mal, ces thèmes sont à la base de nombreux chefs-d'oeuvre de la littérature et de la poésie, mais peu les ont exploré avec une telle beauté du verbe que ces Diaboliques.

Un pamphlet chrétien.

Barbey donc. C'est « l'enfant terrible » et le premier auteur de ce « brelan d'excommuniés » dont il est question dans ce pamphlet de Bloy (faisons mine de rien et prononçons son nom comme il se doit). Aux côtés de Ernest Hello, « le Fou » et Paul Verlaine « le lépreux », il est de ces auteurs sublimes rejetés par leur époque et par l'Eglise même qui les considère comme des ennemis alors qu'eux-même se déclarent chrétiens. Ce pamphlet est ainsi l'occasion pour Léon Bloy de régler ses comptes autant avec sa médiocre époque qu'avec l'Eglise et son « exécration du beau ». Que les trois plus grands auteurs du XIXème soient censurés, condamnés, rejetés, humiliés et méprisés, cela rend l'Eglise à son tour misérable aux yeux de Léon Bloy : « Je l'ai dit autre part, avec force développement. Les catholiques modernes haïssent l'Art d'une haine sauvage, atroce, inexplicable. »

Etrange impression que de lire ces lignes de Bloy au XXIème siècle. Ma lecture de l'histoire de l'Eglise est celle d'un athée élevé à l'ombre mais trop à l'ombre des chapelles. de mes heures enfantines de catéchisme dominical aux bancs de l'Eglise où adolescent j'écoutais -mais n'entendais pas- les chants chrétiens, la religion catholique, ne m'a jamais parue être le garant de l'Art et de la Beauté et, fussent celles d'une église, ce pamphlet ne me semble enfoncer que des portes déjà ouvertes. Portes d'églises déjà ouvertes par Huysmans d'ailleurs, le maître proclamé de Bloy (mais nous y reviendrons plus tard).
Entendons-nous bien, nombre des grands chefs-d'oeuvre de l'Art en occident sont des oeuvres chrétiennes et il importe finalement assez peu que ces mêmes oeuvres soient avant tout des commandes. Mais il n'en demeure pas moins que, des gammes ou intervalles musicales interdits par l'Eglise (le fameux Diabolus in Musica qui fascina tant Paganini et dont la fréquente utilisation le priva de sépulture chrétienne) aux mises à l'index encore en vigueur au milieu des années 1960 (!), il ne me semble pas évident ou disons pas tous à fait naturel que Bloy en appelle à l'Eglise pour que celle-ci s'agenouille devant les artistes et qu'elle leur offre le même asile qu'elle a donné aux philistins portant leurs croix de bois, d'or ou de carton.

L'exercice est donc à la base assez vain pour un faux chrétien ou un chrétien athée comme moi. Bloy étant catholique, je lui trouve cependant une rage et un courage salutaires, exemplaires même, d'attaquer aussi violement une Eglise à laquelle il appartient en tant que fidèle. Bloy fait le bilan sévère d'une institution pour mieux révéler le génie de trois auteurs excommuniés et dévoiler une vision bien plus admirable de l'Eglise, c'est-à-dire une religion où l'art ne serait pas rejeté mais accepté en tant que tel et pas seulement en tant que vecteur des dogmes de l'Eglise : «Les catholiques s'effarouchent du Beau comme d'une tentation du péché, comme du péché même, et l'audace du génie les épouvante à l'égal d'une gesticulation de Lucifer ». Au vu des récents débats et évènements qui ont eu lieu en France autour de certaines pièces de théâtre et au vu de ce qui se passe ailleurs dans le monde depuis des siècles, cette constatation semble sinon consubstantielle à la religion, alors encore bien actuelle.


Un triple portrait de l'auteur.

Evidemment ce triple portrait est aussi un miroir de l'auteur. On pourrait à l'occasion prendre les noms de Barbey d'Aurevilly, Ernest Hello et Paul Verlaine cités dans le pamphlet et les remplacer par celui de Léon Bloy. Ce dernier souligne souvent des qualités à ces auteurs que nous pourrions tout à fait attribuer à Bloy. Peut-être faut-il lire ce pamphlet ainsi : au delà de la charge contre l'Eglise et d'une réhabilitation de trois auteurs sublimes (qui n'ont depuis plus tout à fait besoin de Bloy, Ernest Hello mis à part), il s'agit d'un manuel de lecture à destination des éventuels lecteurs de Bloy. Voilà où il se situe dans le champs littéraire. Au milieu de ce brelan d'excommuniés. Il est insuffisant de placer Bloy dans le sillage de Huysmans, il faut en fait le placer dans celui de Barbey d'Aurevilly, d'Ernest Hello et de Verlaine. Pas sûr cependant que L Histoire et les critiques littéraires le suivent dans ce raisonnement. Quand on cite aujourd'hui Bloy, c'est pour citer Huysmans trois lignes plus loin, comme je m'apprête d'ailleurs à le faire, pas pour le placer aux côtés de Verlaine qui a depuis fait sa route.

L'ombre de Huysmans

Le seul vrai et grand problème de ce recueil, c'est que près de 5 ans avant la sortie de cet ouvrage (1889), Huysmans avait déjà tout dit sur d'Aurevilly, Ernest Hello et Verlaine, et de plus éclatante manière. Je parle du roman ''A rebours'', que Bloy cite au détour d'une phrase. Bloy et Huysmans se disputent sur Ernest Hello qui lui subit les foudres de Des Esseintes, le personnage de Huysmans. Mais ce dernier s'agenouille également humblement devant Verlaine et Barbey d'Aurevilly. Les raisons d'un tel agenouillement sont les mêmes : la terrible médiocrité de l'époque et d'une Eglise désormais incapable de reconnaître le Beau. Une Eglise désormais embourgeoisée qui porte sur le Christ une vision détournée.

Pour conclure, je voudrais simplement conseiller ce livre à tous ceux que le rapport entre l'Art et l'Eglise intéresse. Il faut lire ce pamphlet avec les livres de Verlaine, de Barbey d'Aurevilly, d'Ernest Hello mais aussi de Huysmans sous la main, la lecture n'en sera que plus riche. Les lecteurs habituels de Bloy se rueront d'eux-même sur cet ouvrage. Il retrouveront l'intransigeance salutaire de Léon Bloy. La virulence finalement assez systématique et silencieuse de Léon Bloy me fait tout à coup penser à un passage de la nouvelle "Un dîner d'Athées" que l'on retrouve dans Les Diaboliques. Mettons la phrase au singulier, et nous voici avec un portrait assez vif de Léon Bloy par Barbey d'Aurevilly :

"Au Moyen Age, ils auraient fait des pastoureaux, des routiers, des capitaines d'aventure ; mais on ne choisit pas son temps ; mais, les pieds pris dans les rainures d'une civilisation qui a ses proportions géométriques et ses provisions impérieuses, force leur était de rester tranquilles, de ronger leur frein, d'écumer sur place, de manger et de boire leur sang, et d'en ravaler le dégoût ! Ils avaient bien la ressource des duels ; mais que sont quelques coups de sabre ou de pistolet, quand il leur eût fallu des hémorragies de sang versé, à noyer la terre, pour calmer l'apoplexie de leurs fureurs et de leurs ressentiments ? "
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Je débute ma critique par un remerciement à Babelio et aux maisons d'éditions partenaires (L'Herne en l'occurrence) de l'opération "Mass Critique".
Merci a vous, de mettre à notre disposition des oeuvres que, sans cela, nous n'aurions peut être jamais lu.
Bon ça c'est fait...
Commençons par le fond: Un Brelan d'Excommuniés est un essai du grand écrivain et polémiste catholique Léon Bloy trop injustement méconnu.
Comme son nom l'indique ce livre présente un trio d'artistes de confession catholique voué au gémonies, ou pire, à l'indifférence méprisante d'un catholicisme bourgeois confits dans ses certitudes bien pensantes:
- L'enfant terrible: Jules Barbey d'Aurevilly, à travers son chef-d'oeuvre Les Diaboliques.
- le fou: Ernest Hello, persuadé de la possibilité d'un Art Chrétien.
- le lépreux: le Verlaine du recueil Sagesse.
Le style de Bloy semble sorti de la forge; il est brûlant, riche et sans concession.
Maintenant la forme : autant le dire de suite ca se gatte...
J'aurais du regarder avec plus de précision, mais voilà Un Brelan d'Excommuniés est édité dans la collection Carnets de L'Herne est ne compte que 93 pages. Je n'ai guerre l'habitude d'opuscule qu'on lit en 4 heures... l'édition aurai gagné à être complétée d'une autre oeuvre de Bloy.
Mais surtout il y a de trop nombreuses coquilles pour un si petit ouvrage, - coquille qui s'étend jusqu'au prix affiché (9,50 euros)en quatrième de couverture; "il doit certainement y avoir une erreur de virgule"me suis-je dis "un petit carnet comme celui-là doit couter 0,95 euros , c'est pas possible autrement"... bon alors je vais sur Amazon à tout hasard... non, non, pas d'erreur sur le prix ! Comment vous dire, moi qui achète tout mes livres d'occasion à 1 euro chez le bouquiniste je me suis dis... "On passe quatre heures dessus, ça coûte 9 euros 50, c'est rectangulaire, fin et noir, ça m'a tout l'air d'être un DVD mais j'ai pas le CD..."
Bon, plus sérieusement, j'ai apprécié l'oeuvre en elle-même, mais franchement je ne l'aurai pas acheté, d'où mes remerciements liminaires, car je trouve que la culture à ce prix rédhibitoire c'est bien dommage!
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
D'ailleurs, il ne s'agit plus du tout, à
l'heure qu'il est, pour un être puissamment
organisé, mais nauséabond, de paraître un
fervent chrétien. C'est une remarque étrange,
mais certaine, qu'une pure hypocrisie est
rigoureusement intimée par un moindre
Dieu. Or le Dieu du Calvaire et des Sacre-
ments est depuis longtemps au rancart, c'est
bien entendu, et le Narcisse qui est au fond
de tout cœur humain l'a très plausiblement
remplacé. Chaque moderne porte en soi une
petite Église infaillible dont il est le Christ
et le Pontife et la grosse affaire est d'attirer
le plus grand nombre possible de paroissiens.
Mais, comme il est de l'essence de toute foi
de tendre à l'œcuménicité, la momerie se di-
late naturellement en raison inverse de l'exi-
guité du tabernacle. On voit alors cette mer-
veille d'une âme publique se badigeonnant de
vertu pour s'absoudre et se communier elle-
même et mériter par ce moyen, le Paradis de
de ses propres complaisances.
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N'est il pas misérable, d'ailleurs, et cent
fois imbécile, de faire le procès à la personnalité d'un artiste,
de lui reprocher son essentielle façon d'être, sans laquelle il ne
serait pas même le dernier des hommes et ne
mériterait pas de ronger les glands dédaignés
par les pourceaux ?

Les personnalités de cette étonnante espèce
sont des mamelles pour un grand nombre et
leur nourricière splendeur jaillit miséficor-
dieusement autour d'elles, du fond de leurs
insolites gouffres, comme l'eau brûlante des
geysers.

« La petite critique n'osera jamais dire
devant l'œuvre d'un homme encore ignoré :
Voilà la gloire et le génie ! Voit-elle un
homme débordant de vie et d'amour, elle I'en-
toure d'un cimetière... Le génie est la seule
souffrance qui ne trouve nulle part de pitié,
pas même chez les femmes... Elles aiment ce
qui brille, elles n'aiment pas ce qui res-
plendit. »
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C'est une ressource vraiment admirable
que la chasteté ! L'éducation catholique mo-
derne, demeurée fidèle à des traditions deux
fois séculaires, enseigne imperturbablement
que le plus énorme de tous les forfaits est
l'impureté des sens. Il ne tient qu'aux âmes
novices d'être persuadées que cette faute sans
égale est l'attentat mystérieux que l'Évangile
a déclaré sans pardon, tant les apophtegmes
et les maximes de leurs pédagogues sont
épouvantants à cet endroit.
Sans doute, les rigueurs du ciel doivent
s'exercer sur les menteurs ou les paresseux,
mais elles doivent triplement sévir contre les
cœurs lascifs et les'reins coupables. Le pardon
des mains de Jésus en croix pleut à torrents
sur les avares, sur les perfides, sur les bons
chrétiens qui ne connurent jamais la pitié,
mais il se refuse à brumer seulement du
côté des fornicateurs. Enfin, il est tout à fait
perms d'être sans amour quand on est sans
libertinage.
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L'Art est un parasite aborigène de la peau
du premier Serpent. Il tient de cette extraction son immense orgueil et sa suggestive
puissance. Il se suffit à lui-même comme un
Dieu et les couronnes fleuronnées des princes,
comparées à sa coiffure d'éclairs, ressemblent
à des carcans. Il est aussi réfractaire à l'ado-
ration qu'à l'obéissance et la volonté d'aucun
homme ne l'incline vers aucun autel. Il peut
consentir à faire l'aumône du superflu de son
faste à des temples ou à des palais, quand il
y trouve à peu près son compte, mais il ne
faut pas lui demander un clin d'œil surérogatoire.
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Videos de Léon Bloy (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Léon Bloy
http://le-semaphore.blogspot.fr/2015/.... Le 29 novembre 2015 - pour l'émission “Les Racines du ciel” (diffusée tous les dimanches sur France Culture) -, Leili Anvar s'entretenait avec François Angelier, producteur de “Mauvais genres” à France Culture, chroniqueur au Monde, auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels on peut citer le “Dictionnaire Jules Verne” (Pygmalion, 2006) et le “Dictionnaire des voyageurs et explorateurs occidentaux” (Pygmalion, 2011). Il vient de publier “Bloy ou la fureur du juste” (Points, 2015), essai dans lequel il revient sur la trajectoire de Léon Bloy, qui ne cessa, entre la défaite de 1870 et la Première Guerre mondiale, de clamer la gloire du Christ pauvre et de harceler sans trêve la médiocrité convenue de la société bourgeoise, ses élites et sa culture. Catholique absolu, disciple de Barbey d'Aurevilly, frère spirituel d'Hello et de Huysmans, dévot de la Notre-Dame en larmes apparue à La Salette, hanté par la Fin des temps et l'avènement de l'Esprit saint, Léon Bloy, écrivain et pamphlétaire, théologien de l'histoire, fut un paria des Lettres, un « mystique de la douleur » et le plus furieux invocateur de la justice au coeur d'une époque dont il dénonça la misère sociale, l'hypocrisie bien-pensante et l'antisémitisme. Bloy ou le feu roulant de la charité, une voix plus que présente - nécessaire. Photographie : François Angelier - Photo : C. Abramowitz / Radio France. François Angelier est aussi l'auteur de l'essai intitulé “Léon devant les canons” qui introduit “Dans les ténèbres”, livre écrit par Léon Bloy au soir de sa vie et réédité par Jérôme Millon éditeur.
Invité : François Angelier, producteur de l’émission « Mauvais Genres » à France Culture, spécialiste de littérature populaire
Thèmes : Idées| Religion| Leili Anvar| Catholicisme| Mystique| Douleur| Littérature| François Angelier| Léon Bloy
Source : France Culture
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