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EAN : 9782246242413
418 pages
Grasset (29/06/2000)
3.45/5   99 notes
Résumé :
L'enfant Lucien Bonnard, le fils de "Monsieur le consul" abandonne la Chine pour découvrir la France. Le roman débute le jour où Lucien, seul avec sa mère, Anne Marie, débarque sur le sol de la métropole tant glorifiée par Monsieur le Consul, resté au loin.
Alors l'enfant Lucien va vivre trois mois de folie, trois mois de passion, trois mois de jalousie, trois mois de désespoir. Car il croit qu'il va avoir sa mère pour lui tout seul. Et il va sentir qu'Anne ... >Voir plus
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Après Monsieur le Consul puis le Fils du Consul voici le troisième volet de la trilogie des souvenirs d'enfance de Lucien Bodard. C'est toujours aussi fascinant et les pages tournent toujours très vite.
On avait laissé Lucien s'embarquer pour la France en compagnie d'Anne-Marie sa mère adorée. le consul a bel et bien été abandonné à ses « chinoiseries » avec la noble mission de gagner de quoi entretenir (plutôt bien) sa famille parce qu'il faut bien que Lucien reçoive enfin une éducation française. Lucien est heureux car il n'a plus à partager sa mère avec son père.
Il va lui falloir très vite déchanter, le pensionnat l'attend avec son isolement et ses brimades. Celui qui n'a pas connu vers son dixième anniversaire la déchirure de la séparation et de la plongée dans ce monde impitoyablement carcéral trouvera, sans doute, que comme lui dit sa mère « il est temps de devenir un grand garçon », mais celui y a goûté ne peut que reconnaître, magnifiquement dépeintes, ses propres angoisses enfantines.
La description de la dernière journée passée auprès de sa mère est saisissante tant elle est gâchée par le sentiment du temps inexorable qui s'écoule avant la séparation si redoutée et l'attitude plus que froide de la mère qui «… livre le veau qu'on va mener à l'abattoir ».
Lucien n'a pas de chance, Anne Marie a des projets plus exaltants que de tenir sa promesse « Dis Maman, tu viendras souvent à l'école ? Chaque dimanche ? Oui, oui, je viendrai souvent. (Elle) répond avec son sourire prometteur, celui qui ment ». Il l'attend, il l'espère, il la guette, elle ne vient pas.
Dimanches cruels, dimanches perdus…
Les grandes vacances vont lui offrir la joie de retrouver sa mère mais aussi de comprendre que son éducation française n'était qu'un prétexte pour elle; son véritable but était de laisser derrière elle Albert qu'elle n'aime pas et débuter la vie mondaine à laquelle elle aspire dans l'ombre du protecteur de son mari, haut fonctionnaire du quai d'Orsay. Lucien le comprend rapidement. de nouveau, un rival !
On lit avec beaucoup de plaisir les aventures du petit Lucien, spectateur inquiet des réceptions que sa mère aime tant (« Elle est heureuse, mais est-ce que je fais partie de son bonheur ? ») ou joueur talentueux de mah-jong. On découvre, qu'au lendemain de la grande guerre victorieuse, le rédacteur du traité de Versailles et maître à penser des Affaires Etrangères est décidé à ménager l'Allemagne vaincue pour éviter une nouvelle hécatombe.
Et puis un jour, arrivent deux lettres à entête du consulat de France à Chengdu. Une pour Lucien et l'autre pour sa mère « les pages sont innombrables, c'est un vrai roman fleuve qu'Albert a envoyé. Anne-Marie est mécontente dès la première page,…elle froisse nerveusement la feuille (et) en fait une boule qu'elle jette. (Elle) a achevé la lettre éparpillée dans sa chambre en boulettes froissées. »
Bien sûr, Lucien finira par lire ce qu'il ne devait pas lire et le lecteur stupéfait partage sa découverte du naufrage jusqu'à présent silencieux et mystérieux du mariage de ses parents (« dont (il) souhaite la désunion tout en la craignant »). Les masques tombent et les secrets sont livrés.
Impossible, rendu à ce point du roman de ne pas le terminer d'une traite même si la nuit est déjà trop avancée. On dormira mieux demain. Difficile également de ne pas prendre parti pour l'un des conjoints, ce qu'a déjà fait Lucien à sa manière : « D'abord je dois m'occuper d'Albert. On dirait qu'elle va lui régler son compte. Elle a son petit sourire qui en dit long. Elle dirige sa guerre contre mon père. Cela l'amuse au point qu'elle ne se sent même pas humiliée d'avoir à se servir de ses charmes. Sale Anne Marie, je l'aime… »
Nul doute que ces trente pages consacrées à la lettre d'Albert aient pesé très lourd, en 1981, dans la décision du jury Goncourt, de couronner « Anne Marie ». Choix judicieux car elles sont fascinantes.
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L'enfant Lucien Bonnard, le fils de "Monsieur le consul" abandonne la Chine pour découvrir la France. le roman débute le jour où Lucien, seul avec sa mère, Anne Marie, débarque sur le sol de la métropole tant glorifiée par Monsieur le Consul, resté au loin.
Alors l'enfant Lucien va vivre trois mois de folie, trois mois de passion, trois mois de jalousie, trois mois de désespoir. Car il croit qu'il va avoir sa mère pour lui tout seul. Et il va sentir qu'Anne Marie lui échappe, qu'elle n'est pas là pour filer le parfait amour avec son fils mais pour mener la vie mondaine dont elle rêve. Elle n'a qu'un but : entrer dans l'intimité d'un couple célèbre qui a fait la carrière de son mari, celui d'André et d'Edmée. Elle se débarrasse d'un fils encombrant, en le faisant admettre dans la pension la plus chic de France... Lulu Bonnard, le chinois atteint là le fond de l'humiliation et du désespoir... Anne Marie ne vient pas le voir une seule fois.
Enfin, arrivent les vacances.Le fils retrouve sa mère, toujours semblable et pourtant différente : elle est devenue parisienne, elle éblouit le monde de 1925, elle fascine et bouleverse son fils.
Lucien Bodard brosse un superbe portrait de femme. Anne Marie... La mère, l'ambitieuse, la mondaine, Anne Marie l'incertaine, l'angoissée. Et il a écrit le plus beau et le plus douloureux roman d'amour, celui de l'amour filial.
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très beau livre, plein de vie de chair écrit magnifiquement par Lucien Bodard. Récit d'un lien avec une mère plein d'amour mais aussi de jalousie voire de haine. Une Mère anne Marie qui se soucie surtout d'être dans une France qu'elle aime et un Paris important. Un Enfant né en Chine, 10 ans plein de l'immensité de la grandeur de la Chine danbs sa magnificence mais aussi dans sa cruauté et qui lui dans cette france petite n'a aucun lien sinon celui de sa mère ou du moins ce qu'elle veut bien lui donner.....
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Lucien Bodard , 10 ans, fils de consul, quitte la Chine pour quelques mois avec Anne-Marie, sa maman. Découvrir la France pour la première fois, c'était prévu, oui mais le bonheur du jeune garçon ne durera pas. Il est vite envoyé hors de Paris, dans un collège pour garçons, une prison pour élèves de la haute société à qui il faut donner une "bonne" éducation. Lucien en souffre, il est la bête noire, se fait traiter de sale Chinois, il souffre éloigné de sa maman.
Que manigance celle-ci, éloignée de son petit garçon ?
Un fort joli roman, Prix Goncourt, un peu long peut-être.
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J'ai trouvé de livre à la bibliothèque municipale; c'était un don qui ne remplissait pas les critères nécessaires pour rejoindre les rayons. Par curiosité j'ai emporté ce prix Goncourt de 1981, pour voir ce qui plaisait il y a trente ans, un peu comme on se plonge dans une époque révolue à travers de vieilles revues. Mazette, ce Lucien Bodard aurait pu obtenir le prix du romancier le plus ennuyeux de l'année. Cette histoire d'amour possessif pour une mère infantile et défaillante ne m'a pas intéressé. La meilleure partie du roman tient à la description de l'attitude des amis du mari d'Anne-Marie, rencontrés à Paris et dont elle veut absolument devenir l'intime. Amusés par cette gourde, ils finiront par la rejeter au fur et à mesure que la situation du père se détériorera.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
J’appréhende la France maintenant que je vais l'aborder, la connaître, poser mon pied sur elle. France tant aimée, tant exaltée par mon père et les messieurs blancs, même les missionnaires à grandes barbes. France inconnue dont on m'a empli le cœur, patrie douce, magnifique, merveille jusqu'alors trop lointaine, mère du monde, berceau des Arts et des Lettres, beauté de la grandeur guerrière, songe d'orgueil.
Terra incognita...
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Je suis sorti de ma chambre, j'ai ouvert sa porte. Elle dormait et je l'ai contemplée longtemps... jusqu'à ce que ses yeux s'ouvrent, ses yeux étirés. C'est moi qu'elle aperçoit. Son petit garçon, en chemise de nuit, qui se tient sur la pointe de ses pieds nus et qui, de ses propres yeux la regarde.
Je vois Anne-Marie, un peu mécontente. Elle me questionne:
-Pourquoi es-tu dans ma chambre? Ton regard m'a réveillée.
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J'ai peur d'être surpris. Ma mère poursuit ses soins maniaques dans la salle de bain. Cela devient monotone, répétitif. Je devine ce qu'elle fait. Elle se lime ses ongles d'orteils avant de les enduire d'un vernis pâle, qui leur laisse leur coloration naturelle.
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Ce baiser, elle le reçoit sans dégoût, sans reculer sa tête, sans s'envelopper d'ennui. Albert toussote de contentement. Pauvre homme. Je sais qu'elle s'apprête à le duper. Elle n'est gentille avec lui que par calcul.
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[A sa mère]
Je me méfie de toi et c'est pour cela que je suis sournois, dissimulé...Je me méfierai toujours de toi, même si je sens que je suis toi, à toi, pour l'éternité.
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Videos de Lucien Bodard (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lucien Bodard
Jacqueline Duhême Une vie (extraits) conversation avec Jacqueline Duhême à la Maison des artistes de Nogent-sur-Marne le 8 février 2020 et où il est notamment question d'une mère libraire à Neuilly, de Jacques Prévert et de Henri Matisse, de Paul Eluard et de Grain d'aile, de Maurice Girodias et d'Henri Miller, de Maurice Druon et de Miguel-Angel Asturias, de dessins, de reportages dessinés et de crobards, d'Hélène Lazareff et du journal Elle, de Jacqueline Laurent et de Jacqueline Kennedy, de Marie Cardinale et de Lucien Bodard, de Charles de Gaulle et du voyage du pape en Terre Sainte, de "Tistou les pouces verts" et de "Ma vie en crobards", de Pierre Marchand et des éditions Gallimard, d'amour et de rencontres -
"Ce que j'avais à faire, je l'ai fait de mon mieux. le reste est peu de chose." (Henri Matisse ). "Je ne sais en quel temps c'était, je confonds toujours l'enfance et l'Eden – comme je mêle la mort à la vie – un pont de douceur les relie." (Miguel Angel Asturias)
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