AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782080677303
270 pages
Flammarion (05/01/2001)
4/5   3 notes
Résumé :
Tout le monde connaît les yeux d'Elsa, chantés par Aragon. Mais il y eut aussi Elsa avant Aragon. Elsa Kagan est née en 1896 à Moscou, dans une famille juive de la bourgeoisie. Sa vie c'est d'abord le trio qu'elle forme avec sa soeur, la future Lili Brik, et le poète Maïakovski. A travers lui, Elsa vit son premier chagrin d'amour et rencontre la littérature, l'Art et l'engagement politique. Mariée au français André Triolet, Elsa part vivre à Tahiti, puis à Paris, ... >Voir plus
Que lire après Elsa TrioletVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le thème de la prochaine soirée de notre club littéraire est « femmes auteurs » (emprunté à une liste Babelio !)
J'ai choisi de présenter, notamment, cette biographie d'Huguette Bouchardeau « Elsa Triolet » pour deux raisons :
- La première par rapport à Madame Bouchardeau qui a consacré de nombreuses biographies à des femmes , et, pour nombre d'elles, à des femmes écrivains : George Sand, Agatha Christie, Nathalie Sarraute, à deux simone - De Beauvoir et Signoret - , et par rapport à son propre cursus : une enseignante (maître de conférence en philosophie), une militante (UNEF, SGEN-CFDT…), une femme politique (Ministre, parlementaire, maire) , une écrivaine , une éditrice, une féministe convaincue et active (elle publia « Pas d'histoire, les femmes », Editions Syros, ouvrage par lequel elle dénonçait l'exclusion des femmes dans la vie publique).
- La seconde raison concerne bien sûr Elsa Triolet, qui doit son patronyme de plume à son premier mari, un officier de l'armée française, une femme que l'on connait encore aujourd'hui grâce aux poèmes d'Aragon, repris en chanson tant et tant de fois (« La croix pour l'ombre » : « aimer à perdre la raison »(Le fou d'Elsa) , « C'est si peu dire que je t'aime » (le fou d'Elsa) « Je t'aime tant » : « Chanson noire » (Elsa)…
Mais Elsa c'est aussi une femme écrivaine, un peu oubliée aujourd'hui malgré son indéniable talent : «tu as ce qui fait un écrivain : le sentiment personnel de la vie et l'art de le transmettre » disait d'elle Victor Chklovski, elle qui obtint le Prix Goncourt en 1944, pour la première fois attribué à une femme, une femme entrée en résistance qui séjourna à Villeneuve-les Avignon, où une maison conserve l'empreinte de son séjour en compagnie de son époux Louis Aragon. (Les Saisons, Place de l'Oratoire) , un roman évoque cette période ("Le premier accroc coût 200 francs ")
J'aurais voulu trouver plus d'empathie, de connivence entre la biographe et Elsa . Huguette Bourchardeau relate, décrit, précise, commente mais on sent comme une certaine distance entre elles. Est-ce dû à la personnalité d'Elsa, elle qui disait « La solitude n'est pas le grand thème de mes livres, elle l'est de ma vie ». Elle qui se masquait et se dévoilait, tour à tour, dans ses romans (surtout dans les premiers écrits « Bonjour Thérèse », « A Tahiti », « Fraises des Bois », « Camouflage »…, elle qui écrivait « On a du mal à associer ma petite taille et mes joues roses à ma dureté et ma sécheresse de caractère (…) ».
Louis et Elsa restent, pour l' éternité un couple mythique, « une entité indissociable » mais à travers ce récit on ressent plus fortement l'attachement, la passion d'Aragon pour Elsa, pourtant, il est indéniable, Elsa aimait Louis, à sa façon…. Cette phrase inscrite sur la pierre tombale commune en dit long « « Quand côte à côte nous serons enfin des gisants, l'alliance de nos livres nous unira pour le meilleur et pour le pire, dans cet avenir qui était notre rêve et notre souci majeur à toi et à moi. La mort aidant, on aurait peut-être essayé, et réussi à nous séparer plus sûrement que la guerre de notre vivant, les morts sont sans défense. Alors nos livres croisés viendront, noir sur blanc la main dans la main s'opposer à ce qu'on nous arrache l'un à l'autre. ELSA ».
Des photographies enrichissent fort à propos cette biographie.
Commenter  J’apprécie          110

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Guerre et Résistance
Elsa et Aragon décident alors de partir pour Nice, en passant par Avignon (…) « Avignon entra dans ma vie. C’est là que j’ai dû vivre dans quelque passé inimaginable. Tant je l’aimais, cette ville en forme de cœur, que tu t’étais mis à l’appeler la ville d’Elsa.
« J’arrive le lendemain à Villeneuve-lès-Avignon, mijotant dans la fièvre, les courbatures, le rhume » » Elsa s’arrête un moment à la Chartreuse de Villeneuve chez Hélène Guenne-Cingria, tandis qu’Aragon part tout de suite pour « cette maison perdue que nous appelions « le ciel », au-dessus de Dieulefit. (…) Elle s’attarde aussi sur le temps passé à la Chartreuse, dans une cellule : « tout n’était que pierre froide, murs, voûtes ; passages, escaliers, tout n’était que pierres croulantes. Les siècles vous venaient dessus en éboulis splendides. Le présent était là, dans les cours intérieures avec des gosses gitans crasseux, des chiens et des chats errants, et la beauté intarissable, inépuisable de ces lieux auxquels va ma préférence depuis que le hasard m’y a conduite »

Commenter  J’apprécie          60
« Le temps de ma vie s’arrêtera au seuil de la vieillesse… La lassitude, l’ennui seront mon sort, la perte progressive de tout ce à quoi, de tous ceux à qui l’on a tenu pendant la vie active, passionnée… L’épouvantail me bouche l’horizon, empoisonne mes joies, l’à quoi bon se dresse à propos de tout et de rien, l’instinct vital blessé à mort ne peut plus rien pour moi… »
A quoi Albert Camus acquiesçait : « je sais bien pour finir que la vieillesse dérange tout et qu’avec elle s’en iront le courage, la passion et le défi et qu’il n’y a pas de philosophie qui puisse arranger ça. Ou alors, comme vous le dites et comme le disaient mieux encore certaines pages de Mille regrets, l’art et le mythe »
Albert Camus tenait pourtant à se montrer, sur un point, moins pessimiste qu’Elsa Triolet ; elle avait insisté dans son essai sur l’autre compagnon de la vieillesse, la solitude. Camus répond (1): « Je ne vois pas que l’amitié, ni tout ce qui touche au cœur humain, soit tout à fait une illusion. Il y a des amitiés qui durent pas et celles qui durent autant que l’homme : ce sont les bonnes. Elles donnent bien notre mesure qui, en fin de compte, est grande. »
(1) Lettre de Camus à Elsa Triolet citée dans « Préface à la contrebande ».
Commenter  J’apprécie          52
Plus tard, quand Elsa analysera la brochure de Maïakovski ; Comment on fait des vers (1926), on sentira combien elle a repris à son compte bon nombre des préceptes qu’avait développés son ami. En particulier sur le matériau principal de l’écrivain : les mots « nécessaires, expressifs, rares, inventés, composés et autres » dont le poète souhaitait qu’on enrichît sans cesse « les réservoirs, les granges de votre crâne ».
Commenter  J’apprécie          60
Un destin ancien menace toujours les femmes ; celui de n'être reconnues qu'à travers les hommes dont elles sont les filles, les amantes ou les épouses. Comme il serait tentant de ne décrire Elsa Triolet qu'à travers ceux qui peuplèrent sa vie : les amants et les maris qu'elle eut, le plus célèbre d'entre eux surtout, celui qui s'appliqua, au cours de tant d'écrits, à ne se définir que comme son servant. Etre possédé, comme se disait "le fou d'Elsa", c'est aussi annexer qui vous possède. Quel mal n'avons-nous pas, aujourd'hui, à démêler les histoires tressées d'Aragon et d'Elsa... Nous ne pourrons redécouvrir la femme qu'elle fut, l'écrivain qu'elle devint, qu'en cherchant à la faire échapper au contrat d'exclusivité qu'instaura sur elle , au fil des années le génial poète.
Commenter  J’apprécie          22

« Le mythe de la baronne Mélanie ».
C’est à Lyon, en 1943 (…) qu’est produit ce petit texte, une sorte de curiosité dans l’histoire littéraire française de ce temps. Il s’agit de la longue nouvelle – ou du court essai ? – intitulé Qui est cet étranger qui n’est pas d’ici ou le mythe de la baronne Mélanie.
(…) Le texte est une réponse, sous forme de fable, au Mythe de Sisyphe que Camus vient de publier. Il porte en sous-titre : La critique de l’absurde comme philosophie. Elsa s’explique sur sa genèse dans Préface à la contrebande.
Elle rappelle les liens de résistance qui l’unissaient à Camus et à Pascal Pia ; elle n’était donc pas suspecte de vouloir attaquer l’un ou l’autre de ces amis. Camus, d’ailleurs, devait rendre hommage à Elsa Triolet sur ce texte, en lui écrivant, le 29 mai 1943 « Le Mythe de la baronne Mélanie est une réussite étourdissante – je veux dire jusque dans le détail. C’est la meilleure façon de philosopher : proposer des images qui ont du sens ».
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : biographieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (8) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1721 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}