Rosa constitue le deuxième volume d'un diptyque avec
Benoni, et il est préférable d'avoir lu le premier pour lire celui-ci. Dans
Rosa, le propos et les thèmes sont globalement les mêmes - la puissance néfaste de l'argent et l'impossibilité d'aimer. Mais cette fois, le récit est raconté à la première personne, du point de vue d'un étudiant qui ne figurait pas dans
Benoni. Arrivé comme étranger, il va rapidement s'intégrer dans la petite communauté, et va souvent servir de trait d'union entre ses différentes composantes. de ce fait, il offre un regard d'abord complètement extérieur, qui devient peu à peu celui d'un membre à part entière de la communauté. Sa place centrale permet de tisser une structure en étoile autour de lui, puisque les autres personnages n'existent plus qu'à travers les rapports qu'ils entretiennent avec lui. Certains personnages révèlent leur caractère foncièrement mauvais, souvent derrière une apparence plus ou moins sauvegardée : Mack est prêt à tous les coups bas pour accumuler de l'argent, mais son statut social ne s'en trouve jamais affecté, tandis que sa fille, la Baronne, peut laisser s'exprimer son caractère changeant et excentrique en s'abritant derrière une foi passagère. J'avas bien aimé dans
Benoni la description de son ascension sociale ; dans
Rosa, les jeux sont faits, et plus rien ne bougera. le fil de la narration s'en trouve de fait un peu moins captivant. Mais il reste intéressant de lire les deux
romans qui constituent à eux deux une parfaite illustration de ce que
Hamsun pensait de la modernité de ce XXè siècle, de l'argent et du capitalisme en train de s'installer.