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Marie-Françoise Delecroix (Éditeur scientifique)Alain Jaubert (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070343799
160 pages
Gallimard (22/03/2007)
4.22/5   164 notes
Résumé :
Marie-Françoise Delecroix est professeur de chaire supérieure.
Elle enseigne en hypokhâgne et en khâgne au lycée Fénelon à Paris. En 2007, elle a collaboré à l'anthologie des œuvres de René Char Poèmes en archipel aux Éditions Gallimard. Alain Jaubert est écrivain et réalisateur. Après avoir été enseignant dans des écoles d'art et journaliste, il est devenu aussi documentariste. Il est l'auteur de nombreux portraits d'écrivains ou de peintres contemporains po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai toujours un livre de René Char à portée de main, non pas en livre de chevet, mais en livre que l'on emmène même si on n'a pas l'intention de lire. Un livre comme une couverture qui tient chaud. Feuillets d'Hypnos je l'ai tellement emmené partout juste pour l'avoir dans mon sac que je l'ai perdu, en même temps cela m'étonne... Mais je ne le trouve plus, enfin je ne trouve plus l'ancien exemplaire, usé, annoté. le neuf c'est différent. Voilà ce que résume cette" digression" personnelle sur René Char, l'importance de son écriture....
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Travaillant dans un service d'Archives et ayant un directeur passionné d'Histoire et surtout l'histoire du XXème siècle et plus principalement encore, la guerre, c'est ce dernier qui, a l'occasion des Journées du Patrimoine, m'a conseillé de lire cet ouvrage de René Char. Pour une fois qu'il me conseille un ouvrage (susceptible de m'intéresser), je ne pouvais que sauter sur l'occasion, surtout lorsque j'ai vu que la médiathèque l'avait dans son fonds.

Ce qui devait à l'origine être un carnet de guerre, de's réflexions philosophiques ou de simples pensées ou réflexions sur ce que le poète, Résistant et maquisard, voyait devant lui, s'est plus tard transformé en recueil de poésie. Voilà d'ailleurs la raison pour laquelle mon directeur connaissait bien cet ouvrage, c'est tout simplement parce qu'il est question principalement de guerre ici, la Seconde Guerre mondiale, mais vu sous les yeux d'un homme engagé dans le FFL mais poète avant tout. C'est là où cet ouvrage est extraordinaire car le lecteur peut à la fois y puiser des sources historiques, philosophiques mais aussi poétiques tout simplement. Je ne vous cacherai pas que ces vers sont très sombres, engagé envers l'absurdité de l'homme, la cruauté de la vie mais se terminent cependant sur une note d'espoir avec un quelques vers consacrés à "La Beauté" !

Des vers qui ont été composés sur le vif, à savoir durant l'engagement de René Char dans la Résistance mais d'autres bien après, ce qui permet au poète de prendre un peu de recul...quoique ! Bref, un ouvrage que je ne peux que vous recommander et qui mériterait d'être étudié en toute fin de collège ou au lycée car il permettrai à la fois de mêler les cours d'Histoire et de Littérature et puis, surtout, l'avantage à étudier René Char, est que l'on peut y passer des heures sans jamais s'en lasser ni même épuiser le sujet. A découvrir et à faire découvrir !
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Quel plaisir de replonger dans la poésie de René Char ! de ré-ouvrir les Feuillets d'Hypnos, un des recueils les plus marquants de son oeuvre.

Les fragments, les aphorismes qui composent ce recueil ont tous été écrits en 1940 et 1944. Tous numérotés, ils étaient regroupés dans un volume relié que Char avait titré Carnet d'Hypnos (Sommeil en grec, qui fut aussi le nom de résistant de René Char, qui était alors chef du groupe de Service Action Parachutage de la zone Durance basé dans les Basses-Alpes – aujourd'hui les Alpes-de-Haute-Provence). C'est en 1946 qu'ils furent publiés sous le titre de Feuillets d'Hypnos par le dédicataire du recueil : Albert Camus.


« Ces notes n'empruntent rien à l'amour de soi, à la nouvelle, à la maxime ou au roman. Un feu d'herbes sèches eût tout aussi bien été leur éditeur. La vue du sang supplicié en a fait une fois perdre le fil, a réduit à néant leur importance. Elles furent écrites dans la tension, la colère, la peur, l'émulation, le dégoût, la ruse, le recueillement furtif, l'illusion de l'avenir, l'amitié, l'amour. C'est dire combien elles sont affectées par l'événement. Ensuite plus souvent survolées que relues.
(…)
Ces notes marquent la résistance d'un humanisme conscient de ses devoirs, discret sur ses vertus, désirant réserver l'inaccessible champ libre à la fantaisie de ses soleils, et décidé à payer le prix pour cela. »


Quand je lis René Char, je ressens toujours quelque chose d'une parole puissante et solennelle, d'une poésie saisissante qui n'offre pas tout d'emblée de son sens, de son mystère. C'est en revenant vers le texte, que le poème lentement se dépouille, qu'il offre la densité, le merveilleux secret de l'attachement que j'ai pour la poésie de son auteur.

Dans une suite de fragments, le poète relate son quotidien de Résistant, les événements dramatiques qui l'ont jalonné, les camarades de combat, les habitants des villages, l'ennemi,... À ces textes, Char a inséré de nombreux aphorismes, des considérations poétiques sur le sens de l'engagement, sur le devenir de l'homme, sur ses mérites, sa lâcheté aussi.
Il ne croyait pas que la poésie fut une arme de résistance (Char a refusé de publier durant la guerre). Selon lui, le combattant devait agir en primitif et réfléchir en stratège. La poésie est comme le temps abrégé de l'action, « le poète, (le) conservateur des infinis visages du vivant. »



« Il ne faudrait pas aimer les hommes pour leur être d'un réel secours. Seulement désirer rendre meilleure telle expression de leur regard lorsqu'il se pose sur plus appauvri qu'eux, prolonger d'une seconde telle minute agréable de leur vie. A partir de cette démarche et chaque racine traitée, leur respiration se ferait plus sereine. Surtout ne pas entièrement leur supprimer ces sentiers pénibles, à l'effort desquels succède l'évidence de la vérité à travers pleurs et fruits. »


Livrets d'Hypnos sont le témoignage touchant de l'intrication entre la vie quotidienne du Résistant et le travail du poète. de récits épiques en réflexions et méditations, tout dans le recueil est ce « Je » du poète qui refuse la banalisation du mal mais qui affirme aussi la nécessité de dire la beauté, de la magnifier dans un imaginaire poétique qui soit indépassable, malgré les affres de la guerre et une modernité qui emporte tout avec elle.


« Accumule, puis distribue. Sois la partie du miroir de l'univers la plus dense, la plus utile et la moins apparente. »


Poésie incorruptible, intuitive, engagée et fraternelle, tout à l'image de son auteur, telle m'apparaît la poésie de René Char, essentielle.


« Si j'en réchappe, je sais que je devrai rompre avec l'arôme de ces années essentielles, rejeter (non refouler) silencieusement loin de moi mon trésor me reconduire jusqu'au principe du comportement le plus indigent comme au temps où je me cherchais sans jamais accéder à la prouesse, dans une insatisfaction nue, une connaissance à peine entrevue et une humilité questionneuse.»

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Feuillets d'Hypnos est un recueil poétique constitué de 237 fragments numérotés. Ils ont été écrits entre 1943 et 1944, lorsque René Char, entré dans la Résistance, était surnommé le Capitaine Alexandre. Ils reflètent l'horreur des combats, la souffrance mais aussi le courage et la solidarité des combattants. Et ils sont aussi porteurs de beauté, celle que la nature délivre sans cesse malgré les souillures de la guerre. Et bien sûr celle de l'art face à la barbarie.

Ce recueil ne sera publié qu'après la Libération, en 1946. C'était une volonté de l'auteur de ne rien faire paraître pendant la guerre car il considérait que se battre était plus urgent.
Le style peut sembler parfois hermétique mais on peut comprendre la difficulté de s'exprimer face à l'horreur nazie, face à la guerre.
Ces fragments sont surtout des aphorismes, des poèmes-instants ou des poèmes-traces, ils sont des actualités du moment présent, des instantanés saisis sur le vif, dans l'urgence de la guerre.


Lien : http://mespetitesboites.net
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Feuillets d'Hypnos de René Char est à la fois un remarquable ouvrage littéraire et un document d'une signification unique dans l'histoire de la Résistance française. Basé sur un journal tenu par Char pendant son séjour dans le Maquis, il s'inscrit dans le style de reflets abrupts et parfois énigmatiques, dans lesquels le poète cherche à établir des repères compas dans l'obscurité de la France occupée, aux descriptions narratives qui mettent en évidence la nature dramatique et souvent tragique des problèmes auxquels il a dû faire face en tant que chef de son réseau de résistance. Hommage aux hommes et aux femmes qui ont combattu à ses côtés, ce volume est aussi une méditation sur la magie blanche de la poésie et une célébration du pouvoir de la beauté pour combattre la terreur et transformer nos vies.

Fragmenté, oblique et puissant, ce journal conserve l'intégrité de Char en tant que poète — son engagement à l'égard de l'aléatoire, du surréaliste et du symbolique — et pourtant il transmet l'immédiateté de la guerre, le danger, le frisson et la gloire de tout cela. Je ne connais pas de livres semblables à celui-ci. Ce n'est peut-être pas pour tous les lecteurs — ce n'est ni une histoire ni un mémoire conventionnel —, mais cela apporte un langage, dans toute sa force brute, à l'insupportable, et dans le moins de mots possible, il transmet ce que des chapitres entiers de l'histoire conventionnelle ont du mal à dépeindre.
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Citations et extraits (80) Voir plus Ajouter une citation
Horrible journée ! J’ai assisté, distant de quelque cent mètres, à l’exécution de B. Je n’avais qu’à presser sur la gâchette du fusil-mitrailleur et il pouvait être sauvé ! Nous étions sur les hauteurs dominant Céreste, des armes à faire craquer les buissons et au moins égaux en nombre aux SS. Eux ignorant que nous étions là. Aux yeux qui imploraient partout autour de moi le signal d’ouvrir le feu, j’ai répondu non de la tête… Le soleil de juin glissait un froid polaire dans mes os.

Il est tombé comme s’il ne distinguait pas ses bourreaux et si léger, il m’a semblé, que le moindre souffle de vent eût dû le soulever de terre.

Je n’ai pas donné le signal parce que ce village devait être épargné à tout prix. Qu’est-ce qu’un village ? Un village pareil à un autre ? Peut-être l’a-t-il su, lui, à cet ultime instant ?
[138]

La contre-terreur c’est ce vallon que peu à peu le brouillard comble, c’est le fugace bruissement des feuilles comme un essaim de fusées engourdies, c’est cette pesanteur bien répartie, c’est cette circulation ouatée d’animaux et d’insectes tirant mille traits sur l’écorce tendre de la nuit, c’est cette graine de luzerne sur la fossette d’un visage caressé, c’est cet incendie de la lune qui ne sera jamais un incendie, c’est un lendemain minuscule dont les intentions nous sont inconnues, c’est un buste aux couleurs vives qui s’est plié en souriant, c’est l’ombre, à quelques pas, d’un bref compagnon accroupi qui pense que le cuir de sa ceinture va céder… Qu’importent alors l’heure et le lieu où le diable nous a fixé rendez-vous !
[141]
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Les enfants réalisent ce miracle adorable de demeurer des enfants et de voir par nos yeux.
[177]

L’homme qui ne voit qu’une source ne connaît qu’un orage. Les chances en lui sont contrariées.
[208]

Enfonce-toi dans l’inconnu qui creuse. Oblige-toi à tournoyer.
[212]

Brusquement tu te souviens que tu as un visage. Les traits qui en formaient le modelé n’étaient pas tous des traits chagrins, jadis. Vers ce multiple paysage se levaient des êtres doués de bonté. La fatigue n’y charmait pas que des naufrages. La solitude des amants y respirait. Regarde. Ton miroir s’est changé en feu. Insensiblement tu reprends conscience de ton âge (qui avait sauté du calendrier), de ce surcroît d’existence dont tes efforts vont faire un pont. Recule à l’intérieur du miroir. Si tu n’en consumes pas l’austérité du moins la fertilité n’en est pas tarie.
[219]


Vie qui ne peut ni ne veut plier sa voile, vie que les vents ramènent fourbue à la glu du rivage, toujours prête cependant à s’élancer par-dessus l’hébétude, vie de moins en moins garnie, de moins en moins patiente, désigne-moi ma part si tant est qu’elle existe, ma part justifiée dans le destin commun au centre duquel ma singularité fait tache mais retient l’amalgame.
[223]

Dans nos ténèbres, il n’y a pas une place pour la Beauté. Toute la place est pour la Beauté.
[235]
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Horrible journée ! J'ai assisté, distant de quelque cent mètres, à l'exécution de B. Je n'avais qu'à presser la détente du fusil-mitrailleur et il pouvait être sauvé ! Nous étions sur les hauteurs dominant Céreste, des armes à faire craquer les buissons et au moins égaux en nombre aux SS. Eux ignorant que nous étions là. Aux yeux qui imploraient partout autour de moi le signal d'ouvrir le feu, j'ai répondu non de la tête... Le soleil de juin glissait un froid polaire dans mes os.
Il est tombé comme s'il ne distinguait pas ses bourreaux et si léger, il m'a semblé, que le moindre souffle d'air eût dû le soulever de terre.
Je n'ai pas donné le signal parce que ce village devait être épargné à "tout prix". Qu'est-ce qu'un village ? Un village pareil à un autre ? Peut-être l'a-t-il su, lui, à cet ultime instant ? (Fragment 138)
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Notre héritage n'est précédé d'aucun testament. On ne se bat bien que pour les causes qu'on modèle soi-même et avec lesquelles on se brûle en s'identifiant. Agir en primitif et prévoir en stratège. Nous sommes des malades sidéraux incurables auxquels la vie sataniquement donne l'illusion de la santé.
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"J’ai toujours le cœur content de m’arrêter à Forcalquier, de prendre un repas chez les Bardouin, de serrer les mains de Marius l’imprimeur et de Figuière. Ce rocher de braves gens est la citadelle de l’amitié. Tout ce qui entrave la lucidité et ralentit la confiance est banni d’ici. Nous nous sommes épousés une fois pour toutes devant l’essentiel."
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Vidéo de René Char
Les grands classiques du répertoire N°1 : René Char. “Claire”, suivi de “Fêtes des Arbres et du Chasseur” - Première diffusion sur la Radiodiffusion-Télévision Française : 14/05/1955. Réalisation : Alain Trutat. Musique originale : Pierick Houdy. Chef d'orchestre : Pierre Michel Le Conte. Avec Jacqueline Pagnol, Pierre Vaneck, Roger Blin, Madeleine Sylvain, Jean Mauvais, Pierre Leproux, Gaetan Jor, Jean-Jacques Morvan, Jean Péméja, Roger Pigaut, Jean Topart, Paul Emile Deiber, Lucienne Bogaert, Pierre Larquey, Michel Dumur, Catherine Goetgheluck. Et Cyril Dives à la guitare et l’Orchestre National de la RTF. “Claire” Dans cette suite, René Char suit le cours d’une rivière à laquelle il donne le nom familier de Claire. Il imagine que dans les villages et les lieux qu’elle traverse vivent, participant de l’existence de tous, des jeunes filles et des jeunes femmes appelées également Claire. Mais elles ne sont que des personnifications vivantes de la rivière elle-même. Claire est celle que le poète attend, la “Rencontrée” qui seule lui permet de chasser ses fantômes et de continuer à vivre. Claire est une et plusieurs, toutes celles qui “aiment, rêvent, attendent, souffrent, questionnent, espèrent, travaillent”. À travers les personnages d’un chef d’opérations dans le maquis puis d’un chargé de mission de la Résistance, ce sont ses propres contradictions qu’interroge le poète des “Feuillets d’Hypnos”. Dans “Claire”, il poursuit sous une forme dramatique son analyse à la fois poétique et politique du réel, avoue ses déceptions face à l’hostilité d’un monde qui aurait dû changer et s’est reconstruit, étranger à cette espérance. “Fêtes des Arbres et du chasseur” Poème pour voix et guitare. Deux joueurs de guitare sont assis en plein air dans l’attente du chasseur. Ils échangent des poèmes. Thèmes : Création Radiophonique| Radiodiffusion-Télévision Française| Grands Classiques| Poésie| France Culture| René Char
Source : France Culture
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