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EAN : 9782021305630
80 pages
Seuil (03/11/2016)
2.84/5   37 notes
Résumé :
« En vieillissant, il se fait de plus en plus pointilleux sur ce qui touche à la langue ; le relâchement croissant au mépris du bon usage l'agace. Tomber amoureux, par exemple. "Nous sommes tombés amoureux de la maison », disent certains de ses amis. Comment pouvez-vous tomber amoureux d'une maison qui ne saurait vous aimer en retour ? [?] Et si cela lui ouvrait les yeux sur quelque [?] changement survenu dans la façon dont on ressent les choses ? »
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Comment un recueil de 70 pages et de trois histoires peuvent-ils nous renseigner sur un auteur ? Est-ce forcément une bonne idée que de découvrir un Nobel, par ailleurs habituellement plus romancier, même si pas forcément producteur de paves, par une forme si courte puisque chacune des nouvelles fait une vingtaine de pages ?

L'intention première est de dégager une vue d'ensemble, un rapprochement entre les histoires. On y décèle la nostalgie, le regret du temps qui passe et des bouleversements de la société, une analyse sociologique fine de ce qui est à l'oeuvre. Un goût particulier pour les lieux et ce qu'ils disent de nous quand on les choisit ou quand le destin nous les assignent. Une maison, un cercle de terre sèche, une île, un port où on choisit de s'installer. D'abord un ton ironique pour moquer l'amour des lieux, puis finalement, tout au long du recueil, une éloge de ces lieux de vie qui nous font, nous fondent.

S'attarder sur la dernière histoire, forcément, parce qu'alors que les deux autres sont limpides dans leur sens, jolies mais surtout totalement accessibles, la dernière se ferme, nous rejette presque en nous indiquant "ne cherche pas, tu ne comprendras pas". Qui est cet homme "son homme", existe-t-il, quel est son rôle auprès du narrateur ? Beaucoup de questions, peu de réponses. On cherche un peu, la magie de Google qui nous apportera au moins un début d'éclaircissement. Et là, un choc: le texte est le Discours de remerciement de l'obtention du Prix Nobel de littérature !

Il faut donc y retourner puisque une des clés pour comprendre l'auteur doit s'y trouver, surtout que plus que de lieux, l'auteur nous parle surtout dans cette dernière d'écriture. On pense alors au pseudonyme, à l'éditeur, au nègre, au lecteur comme solutions possibles de l'énigme. On comprend en tout cas que Coetzee s'interroge sur des thèmes essentiels: faut-il raconter l'histoire telle qu'elle s'est produite ou l'arranger, la fictionner; utiliser les symboles, la métaphore, se dire à travers des histoires qui ne sont pas forcément les siennes; relater des choses qu'on rencontre , dire ce qui nous touche et nous intrigue pour le transmettre à un lecteur qui l'ignore; avoir conscience que toutes les histoires ont déjà été écrites et que les nouveaux auteurs ne peuvent que s'inspirer des récits fondateurs pour chercher leur propre voi(e)x.

Il peut finalement y avoir beaucoup dans trois histoires et soixante-dix pages, pour peur qu'on se donne la peine de s'y pencher. Il y a surtout l'envie augmentée d'aller lire autre chose, d'aller lire plus, d'aller lire mieux, de rencontrer un nouvel auteur.

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Le bonheur de retrouver cet écrivain après bien, bien lontemps...
Cet auteur m'évoque mes débuts en librairie dans les années 1980... lorsque toute jeune libraire, je pestais déjà contre les matraquages publicitaires et les "piles" !!!; par contre réaction, je guettais fébrilement les ouvrages en un seul exemplaire ... le plus souvent distribué à l'époque par Distique... Tout cela pour évoquer le premier texte lu et découvert de cet écrivain, reçu en 1 exemplaire, aux éditions Maurice Nadeau...[M. Nadeau qui le fit découvrir en France....], avec "Au pays des barbares"

Ce petit recueil de trois histoires est empreint du temps qui passe, des éléments révolus,
d'une forte nostalgie. Ma préférée reste la première "Une maison en Espagne": un écrivain se met en quête d'une maison... et il choisit un pays qu'il affectionne: l'Espagne...et c'est le récit de ses rapports, de ses liens avec cette nouvelle maison, à laquelle il s'attache;
une manière aussi de parler de l'historique des pierres et du temps qui passe.

La deuxième "La ferme" narre la disparition progressive du monde paysan, de la terre au profit des villes ...Dans cette mini-fiction, on assiste à la venue de touristes qui font la visite d'une "ferme quasi reconstituée" comme un musée, et une réalité appartenant à des temps antidiluviens...
Et la troisième "Lui et son homme" est plus confuse à mon goût, même si les thèmes sont fort attractifs: la fiction, le réel, l'écriture, les écrivains mais aussi les plagiaires, à travers Robinson Crusoe... La solitude, le sens et la trace d'une vie transmise par l'écriture, le poids des mots...

Cela me donne l'envie soudaine de me pencher et de découvrir ses textes autobiographiques,sa correspondance et ses essais, chroniques littéraires , "La vérité du récit, conversations sur le réel et la fiction" !!

J'achève sur cet extrait de la première histoire : "Un maison en Espagne" "« En vieillissant, il se fait de plus en plus pointilleux sur ce qui touche à la langue ; le
relâchement croissant au mépris du bon usage l'agace. Tomber amoureux, par exemple.
"Nous sommes tombés amoureux de la maison »,
disent certains de ses amis. Comment pouvez-vous tomber amoureux d'une maison qui ne saurait vous aimer en retour ? " Notre narrateur ressent, entre autres, les changements des choses à travers les transformations du langage , des mots. Quoi de plus naturel pour un écrivain, en questionnement permanent....
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Trois histoires - J.M. Coetzee - Lu dans le cadre du Challenge Solidaire 2024

J'ai choisi le livre le plus mince de J.M. Coetzee présent à la bibliothèque de mon quartier. J'avais déjà lu En attendant les barbares de cet auteur bien avant qu'il n'obtienne le prix Nobel et j'avais abandonné Disgrâce quelques années après.

Trois histoires est un recueil de nouvelles de 70 pages, sans rapport entre les trois histoires. Comme pour les romans, je ne suis pas parvenue à entrer dans l'univers de J.M. Coetzee et je ne recommanderais pas cette lecture.
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Lorsqu'on nous propose la découverte d'un auteur, nous devrions peut-être écouter les gens, et lire le bouquin qu'ils nous recommandent. Chose que je n'ai pas faite ici ! Sur les conseils d'une amie dévoileuse, j'avais d'abord choisi de lire Disgrâce de cet auteur, mais je suis tombé sur ce petit bouquin, par hasard, dans une magasin de livres usagés... et je me suis dit, tiens, c'est plutôt avec celui-ci que je vais découvrir la plume de Coetzee... mal m'en pris, parce que je n'ai pas vraiment apprécié ma lecture...

L'auteur nous propose 3 histoires, comme son nom l'indique, différente les unes des autres, mais avec pour point commun l'attachement qu'on porte à ce lieu où l'on se sent chez soi... Il y a d'abord cette maison en Espagne, dans un petit village, que l'on habite, quelque temps, lorsqu'on veut partir loin de sa terre natale. Une maison qu'on préserve, telle qu'on l'a acheté, pour se fondre dans le temps et lieu, pour ne pas être considéré comme un étranger comme tant d'autre. Et puis, ensuite, l'auteur nous amène en Afrique du Sud, dans cette ferme typique, vestige du passé, où l'histoire d'un peu est raconté par son appartenance à la terre. Et finalement, c'est ensuite en Angleterre, dans une petite ville insulaire, où le personnage narre la peste qu'il trouve à son retour. Une revisite de Robinson Crusoé, qui rentre chez lui, désabusé, désolé... J'avoue bien humblement que ce dernier texte m'a un peu perdu, m'y retrouvant plus...

J'ai apprécié l'écriture, simple, sans être légère, creusant toujours plus le sens des mots, des phrases... Pour quelqu'un qui aime la langue, c'est un vrai plaisir... Mais je dois dire que je suis restée plutôt insensible à ce que ces mots racontaient, aux histoires qu'ils narraient. Une erreur de casting ou simplement que Coetzee ne me convient pas ? Je devrais donc lire autre chose de lui pour me faire une idée...
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John Maxwell COETZEE, est un romancier d'origine sud-africaine, naturalisé australien, né le 9 février 1940 au Cap et lauréat, entre autres, du prix Nobel de littérature décerné en 2003.
Le petit recueil que je viens de terminer, modestement intitulé "Trois histoires" comporte effectivement trois nouvelles :
La première, traduite par Catherine LAUGA DU PLESSIS évoque l'attachement que l'on peut ressentir envers une maison acquise en cours d'existence.
La seconde, "La ferme" (traduction par Georges LORY) est une réflexion sur la stérilisation du veld sud-africain. Un adolescent découvre sur le sol un rond mystérieux. Il s'agit d'une ancienne aire de battage. Or le blé ne pousse pas dans le veld, livré aujourd'hui à l'élevage extensif de moutons et au à un tourisme orienté sur la reconstitution artificielle du passé.
La troisième nouvelle, traduite à nouveau par Catherine LAUGA DU PLESSIS, est une magnifique réflexion symbolique sur la création littéraire : un auteur vieillissant s'est fixé près du port de Bristol après avoir passé le plus grande partie de sa vie sur une île avec son perroquet Vendredi. Un mystérieux correspondant lui adresse régulièrement des dépêches relatant les évènements auxquels il assiste depuis le 17 ème siècle : la grande peste de Londres, le fonctionnement d'une effroyable machine à couper la tête contemporaine de Charles 1er ; ou encore, non datées, la description de cruelles méthodes de chasse au canard.
Ces textes sont d'une grande simplicité apparente, pleines de force, de délicatesse et de luminosité. Il s'en dégage de la nostalgie et un immense amour de la terre et de ce qui vit dessus.
Je ne connais pas l'oeuvre de J.M. COETZEE : c'est une lacune qu'il va me falloir combler.
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critiques presse (1)
LeFigaro
17 novembre 2016
En trois courts récits, J. M. Coetzee célèbre le pouvoir des mots et de la littérature.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Une maison en Espagne

Il espère (contre tout espoir) que, dans un certain sens, la maison elle-même gardera le souvenir de lui.
Cela revient en fait à quelque chose d'étonnant : il veut avoir avec cette maison dans un pays étranger une relation humaine, si absurde que puisse paraître l'idée d'une relation humaine avec de la pierre et du mortier. Pour s'assurer d'une telle relation, avec cette maison et son histoire, et avec le village tout entier (...il est disposé à traiter la maison comme on traite une femme, attentif à ses besoins (...) prêt à dépenser de l'argent pour lui faire plaisir (....)
Une forme de mariage entre un homme qui se fait vieux et une maison qui n'est plus jeune. (p.24-25)
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Une maison en Espagne

Si l'on se met à tomber amoureux des choses, que restera-t-il de l'amour vrai, tel qu'il était jadis , Mais cela ne semble gêner personne; Les gens tombent amoureux de tissu d'ameublement, des voitures d'époque. (p. 9)
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La Ferme

La chasse et la cueillette, puis le pastoralisme, puis l'agriculture : voilà ce qu'on lui avait appris dans son enfance sur les trois phases de l'homme quittant l'état sauvage, ascension dont la fin n'était pas encore en vue. (p. 36)
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Tomber amoureux, par exemple. « Nous sommes tombés amoureux de la maison », disent certains de ses amis. Comment pouvez-vous tomber amoureux d’une maison qui ne saurait vous aimer en retour ? a-t-il envie de leur répliquer. Si l’on se met à tomber amoureux des choses, que restera-t-il de l’amour vrai, tel qu’il était jadis ? Mais cela ne semble gêner personne. Les gens tombent amoureux de tissu d’ameublement, de voitures d’époque.
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– Mais cela n’a aucun sens d’un point de vue économique.
Aujourd’hui, la seule culture qui prévaut, c’est le client. La récolte du touriste. Des endroits comme Nietverloren sont les dernières fermes du Karoo, si on peut les appeler comme ça : des bulles hors du temps, des parcs à thème. Tout le reste n’est que ranchs à moutons.
Il n’y a plus de raison pour que les propriétaires y résident ; on peut tout aussi bien les gérer du cockpit d’un hélicoptère – c’est parfois le cas. Des propriétaires fonciers plus entreprenants sont remontés plus loin encore dans le temps. Ils se sont débarrassés des moutons et ont réintroduit du gibier sur leurs terres – des antilopes, des zèbres –, et ils reçoivent des chasseurs d’autres continents, d’Allemagne ou des États-Unis. Mille rands pour un élan du Cap, deux mille rands pour un koudou. Vous tuez l’animal, ils vous préparent les cornes, vous les rapportez dans l’avion. Des trophées.
On appelle ce genre de chose aventure safari ou parfois simplement aventure africaine.
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Quel écrivain sud-africain a reçu le prix Nobel de littérature en 2003 mais fait partie du club très fermé de ceux qui ne donnent jamais d'interview ? Dommage car c'est un génie !
« Disgrâce » de J. M. Coetzee, c'est à lire en poche chez Points.
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