Dans cette lettre aux bourreaux de sa soeur, Gwladys Constant raconte les moments douloureux qui se sont traduits en vengeance et en haine contre les « assassins » d'Iris. Elle retrace toutes ses stratégies pour ne pas faire oublier que cette tragédie est restée impunie. Elle renverse le harcèlement contre les quatre jeunes bourreaux. Elle dénonce aussi le déni des responsables de l'éducation nationale; notamment la principale du collège où était scolarisée Iris, sa fleur. L'auteure raconte cette scène du « devoir de mémoire » qui n'est pas sans me rappeler une scène que j'ai vécue dans un autre contexte moins dramatique : «La principale a fait appeler la police pour nous déloger. Ça aussi je ne l'ai jamais accepté. Elle aurait dû venir nous saluer, embrasser même le visage en papier de ma soeur, qu'elle n'avait pas protégée. Cette femme en tailleur juchée sur les talons de sa fausse autorité, elle aurait mérité de décrocher le corps d'Iris pendu au lustre de sa chambre. » Le comportement de Gwladys peut choquer, mais il faut faire cet effort de se mettre à sa place pour le comprendre. Elle vit la disparition subite de sa soeur comme une insupportable injustice.
Il n'existe pas de mots assez durs pour hurler sa tristesse et sa colère contre des institutions éducatives (mais aussi sanitaires) qui se rendent coupables, probablement sans le vouloir, de négligence et de maltraitance. Malheureusement Iris fait partie de cette liste d'élèves qui ne cesse d'augmenter. L'Education nationale et les pouvoirs publics ne semblent pas avoir pris la mesure de ce qui se joue pour un élève, et sa famille, à travers la spirale du harcèlement scolaire. Combien de suicides faudra-t-il encore pour qu'ils réagissent à la mesure de ces tragédies ?
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Dans cette lettre, Rose s'adresse aux harceleurs de sa soeur Iris qui l'ont poussée au suicide. Elle cherche à se venger.
Si le point de vue est intéressant car pour une fois il s'agit de celui d'un proche qui reste, j'ai trouvé le message de vengeance uniquement, dur et négatif.
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Tout est dit dans le résumé, cette jeune fille, Rose, écrit, ou plutôt crache sa haine aux bourreaux de sa soeur, à quatre gosses qui l'ont insultée, humiliée, directement ou à travers les réseaux sociaux, et à tous ceux qui savaient mais qui n'ont rien fait, tous ces adultes « responsables » moralement des élèves, directeurs, principaux, professeurs, qui ont fermé les yeux, n'ont pas vu jusqu'où ça allait ou n'ont pas voulu voir. Malheureusement, c'est assez classique de nos jours, et si ce témoignage est touchant et poignant, je pense qu'il manque quelque chose autour. Attention, je ne juge pas, mais je trouve qu'il y a juste ce déversement de haine dans quelques pages (c'est un livre très court).
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Même si ce livre a reçu de bonnes critiques dans mon entourage, j'ai été déçue par ce roman qui est à mon sens mal construit et rend l'idée de vengeance possible alors que ce n'est pas un exemple à donner à nos élèves, la vengeance n'étant pas constructive... Cependant il est intéressant d'aborder le harcèlement par le regard d'un proche pour développer l'empathie.
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Depuis combien de temps ? Cinq ans. Oui, cinq ans qu'elle nous a quittés. Iris, ma fleur. Et cinq ans, docteur, ce n'est rien. Elle est morte hier. Et avant-hier elle vivait. Comme ça, c'est comme ça que, moi, je ressens. Oui, je sais que c'est précisément ce qui compte, ce que j'éprouve. Pour moi, ce mot est étrange. Qu'est-ce qui est étrange ? Mais que j'éprouve - encore - quelque chose, alors que je n'ai plus de cœur.
Ressusciter, au fond, ce n'est pas reprendre le cours de sa vie. C'est exister en abritant en soi la mort par laquelle on est passé, et dont on est revenu, à jamais glacé.
Moi, je me suis consumée dans la vengeance. Et croyez-moi durant des années, ç'a été une occupation à plein temps.
Mon coeur, je l'ai mis entre les mains d'Iris, qu'on a mise dans le cercueil qu'on a mis dans la terre. Ce n'est pas un cimetière, c'est un cime-taire : le monticule du silence.
J'étudie comme on se bande les corps tout entier. Je suis une momie, ensevelie à l'intérieur, comme ma fleur dans sa terre.
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