Un matin sur France Inter, j'ai été captivée par la voix et les mots de
Teresa Cremisi, parlant de bribes de sa vie et de son premier roman,
La triomphante. Ensuite j'ai eu le grand plaisir d'assister à une conférence passionnante à laquelle elle participait sur le thème « J'ai choisi le français » au Festival Etonnants Voyageurs à Saint Malo.
C'est pourquoi je remercie vivement les Editions Equateurs et Babelio pour l'envoi de
la Triomphante que je tenais absolument à lire et que j'ai beaucoup aimé…
Dès les premières lignes de ce roman autobiographique plein d'élégance et de pudeur, j'ai été conquise par la fluidité du style, par les souvenirs empreints de poésie et de franchise de
Teresa Cremisi.
« J'ai l'imagination portuaire.
La liste est longue de ce qui fait battre mon coeur – photos jaunies, poèmes, chansons, images de films – et représente ou raconte les quais, les bateaux, les docks, les balles de coton, les containers, les grues, les oiseaux de mer. »
La narratrice du roman est elle aussi née en 1945 à Alexandrie en Egypte, d'un père italien et d'une mère d'origine espagnol et anglo-indienne, puis s'est exilée durant de nombreuses années en Italie avant de partir vivre en France. Elle a fait une brillante carrière dans la presse qui ressemble beaucoup à celle de l'auteure dans le monde de l'édition comme PDG de Flammarion et bras droit d'Antoine Gallimard.
Ce livre ressemble à une boîte en fer dans laquelle se trouvent pêle-mêle des photos, des lettres, des billets d'avions… Elle parle de l'enfance, de l'importance de la littérature et de la poésie, d'une femme de pouvoir dans l'entreprise, d'exil forcé, de ses goûts et dégoûts, de ses parents, de l'Egypte, de l'Italie et de la France, de l'apprentissage des langues étrangères, d'amour aussi. D'odeurs et de sensations, du temps qui passe, mais pas d'amitié, c'est dommage. Elle ne se livre a aucune révélation fracassante, elle distille ses souvenirs avec douceur.
Il fallait un certain courage à
Teresa Cremisi pour se lancer dans l'aventure de l'écriture, on lui pardonnera la fin un peu amère, elle n'est pas seulement éditrice, elle écrit très bien.