L'autre siècle

Et si l'Allemagne avait gagné la Grande Guerre et si l'armistice avait été signé le 11 novembre 1914. La France vaincue, la Belgique occupée, perd Liège et Verviers et surtout le Congo au profit de l'Allemagne. Mais l'Allemagne mène une politique européenne d'union économique et le XXe siècle ne connaitra plus de conflit mondial : le nazisme ne prend pas dans une social-démocratie allemande solide, Hitler est directeur de l'école des Beaux arts de Berlin qui soutient le néo-classicisme d'Arno Brecker. Pas de révolution soviétique non plus, Trotski entre dans le gouvernement de Kerenski, Lénine meurt dans sa tentative de putsch, fusillé en novembre 19170. Staline règne bien mais sur la Transcaucasie nationale-communiste à Tbilissi. On retrouve Lawrence en Arabie, Churchill défendant l'Empire britannique contre les Ottomans et De Gaulle, ministre français des affaires étrangères … Cet exercice uchronique d'imaginer un autre siècle peut sembler un peu vain mais donne aussi le vertige ! Mention spéciale à Pierre Lemaître qui a imaginé et anticipé les gilets jaunes dans la France traumatisée des années 20 !

Un livre que j'ai eu du mal à démarrer ; je me suis accroché, j'ai résisté à la tentation d'abandonner.
Heureusement car j'ai fini par me prendre au jeu.
Un grand merci à Xavier Delacroix, Stéphane Audoin-Rousseau, Benoît Hopquin, Pierre Lemaître, Bruno Fuligni, Robert Franck, Quentin Deluermoz, Pierre Singaravélou, Sophie Coeuré, Cécile Ladjali, Christian Ingrao, Pierre-Louis Basse, et Pascal Ory, pour avoir abordé cette tragique période de l' histoire sous cette forme d'uchronie.
Un bel ouvrage technique.
Les allemands gagnent la bataille de la Marne, Guillaume II est souverain !
Et ensuite….. Que serions-nous Français en 2019 ? Cela ne vous sera pas révélé et reste à votre appréciation, à vous de vous faire une idée.
L'Allemagne est souveraine, l'Europe n'est pas unie mais plutôt unifiée.
La seconde guerre Mondiale n'aura pas lieu. Adolphe Hitler est le nouveau directeur de l'Ecole des Beaux-Arts de Berlin, artiste raté mais organisateur hors-pair pour distiller une propagande néo-classique.
Le communisme ne verra pas le jour. Mais le mal rode toujours et les vieux démons sont toujours là.
L'antisémitisme n'a pas disparu et il séduit et séduira toujours les populations les moins instruites et les plus marginalisées par une vertigineuse mutation de la société.
L'état d'Israël ne verra pas le jour, mais cela permettra un rapprochement des juifs et des palestiniens.
Il en va de même pour les japonais et les chinois.
Et nous français notre seconde langue sera l'anglais avec une mainmise de l'Amérique.
Alors, cela peut paraître idyllique…Pour ma part je ne crois pas !
Il est vrai que bien des guerres et des millions de morts auraient pu être évités, mais qu'en sera-t-il de notre identité ?
Serions-nous plus heureux ?
L'homme aura-t-il marché sur la lune ?
L'humanité aura- t -elle une avancée technologique équivalente à nos jours ?
Bien des questions que nous pouvons nous poser, mais que cet ouvrage n'aborde pas. Il a quand même le mérite de nous faire réfléchir. Pourquoi tant de sacrifices ?
A vous d'y répondre car cet ouvrage m'a laissé un peu sur ma faim pour une grande histoire sans fin.

Ce livre est très contestable. Rien à dire sur l'hypothèse de départ, mais les choses se gâtent très vite -il n'était nullement impossible que l'armée française parvienne à rétablir une ligne de défense
-en admettant une capitulation rapide, on voit mal Clémenceau devenir le fourrier des Allemands ; pas ça ou pas lui.
-en outre l'Angleterre n'a jamais accepté une puissance hégémonique sur le continent (cf Louis XIV, Napoléon) Elle n'aurait jamais fait la paix avec l'Allemagne en la laissant digerer ses conquêtes. Des lors la France, sous une forme ou une autre, aurait continuer ou reprendre la guerre
-la Russie n'était pas vaincue et Guillaume se serait heurte aux mêmes obstacles que Napoléon et Hitler, et se serait enlisé dans l'immensité et l'hiver russe
-l'Allemagne supposée malgré tout victorieuse, les qualités morales et intellectuelles dont les auteurs dotent ses dirigeants, et qui fondent un vingtième siècle idyllique ne correspondent en rien à leurs caractères réels.
-enfin ce livre revient finalement a reprocher aux soldats français leur victoire, qu'ils ont payé si cher, puisqu'ils deviennent responsables des horreurs du vingtième siècle, que la victoire de la "bonne" Allemagne aurait évitées.
Ce livre est un monument de haine de soi, particulièrement décevant de la part d'historiens réputés.

Le parti pris de « L'autre siècle » : l'Allemagne a gagné la première guerre mondiale lors de la bataille de la Marne, mettant fin au conflit après quelques mois seulement. A la charge pour 7 historiens de donner un cadre à cette uchronie en imaginant les répercussions d'un tel évènement sur l'histoire. Mais aussi pour 5 écrivains de donner vie à cet univers en donnant livre cours à leur imagination à l'intérieur de ce cadre.


Le résultat est assez fascinant. On prend beaucoup de plaisir à voir se développer ce 20ème siècle particulièrement bien documenté et en même temps tout à fait crédible. Il est vraiment passionnant d'imaginer comment tous les personnages qui ont marqué l'histoire du siècle, que ce soit dans le monde de la politique, de la culturel ou encore des idées, auraient pu occuper une autre place et un autre rôle si l'histoire avait suivi un autre chemin. La cohabitation des historiens et des écrivains est tout à fait originale car elle permet d'établir un socle historique très solide qui donne une dimension bien plus cohérente à ce qui n'aurait pu n'être en définitive qu'un délire imaginatif. Et justement, elle permet aux écrivains de donner libre cours, dans ce cadre précis, à leur imagination pour faire vivre ce siècle. Sur la forme enfin, les contributions sont très variées, allant du témoignage d'un soldat revenu du front au journal d'un psychiatre berlinois en passant par les notes d'une mission chinoise sur le Reich asiatique. le lecteur ‘n'a définitivement pas le temps de s'ennuyer.
Lien : https://mangeurdelivres.word..

La préface de Xavier Delacroix était enthousiasmante mais ... ce livre est vraiment difficile d'accès. Peut-être un historien, ou quelqu'un ayant une très bonne culture de la Première Guerre mondiale aurait-il plus apprécié ces variations du passé, personnellement, j'ai été perdue soit par les détails des textes des historiens, soit par les récits des auteurs.