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EAN : 9782889275793
144 pages
Editions Zoé (23/08/2018)
3.47/5   203 notes
Résumé :
Claire passe l’été chez ses grands-parents à Tokyo. Son idée : convaincre son grand-père de quitter quelque temps le Pachinko qu’il gère ; aider sa grand-mère à mettre ses affaires en ordre ; et les emmener revoir leur Corée natale, où ils ne sont pas retournés depuis la guerre, il y a cinquante ans. Le temps de les décider à faire ce voyage, Claire s’occupe de Mieko, une petite Japonaise à qui elle apprend le français.
Entre les cultures coréenne, nippone et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (68) Voir plus Ajouter une critique
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Claire, la narratrice, vit en Suisse. Elle profite des vacances d'été pour se rendre chez ses grands-parents, installés à Tokyo depuis leur fuite de la Corée en guerre il y a cinquante ans. La jeune femme s'est mise en tête de ramener le vieux couple quelques jours dans sa patrie d'origine. En attendant de le convaincre, elle donne des cours de français à une petite écolière japonaise, avec laquelle elle entretient bientôt une relation d'affection partagée.


Elle-même franco-coréenne établie en Suisse, l'auteur nous fait découvrir les Zainichi, ces descendants des Coréens venus s'installer au pays du Soleil-Levant pendant l'occupation japonaise de leur pays, notamment au cours de la seconde guerre mondiale. Déportés en masse au Japon pour compenser la pénurie de main d'oeuvre d'alors, travaillant souvent dans des conditions misérables, ils y ont toujours été l'objet de discriminations racistes héritées du colonialisme japonais.


De nombreux détails rendent fascinante cette plongée dépaysante au sein de la plus importante communauté d'origine étrangère au Japon, à commencer par la tradition du Pachinko, hybride du flipper et de la machine à sous, à l'origine d'une véritable industrie aux mains des Zainichi. Leurs salles de jeux font fureur au Japon, où les casinos sont interdits. Les billes recrachées par les machines sont convertibles en lots de faible valeur, ensuite monnayables dans des bureaux d'échanges à proximité des salles de Pachinko : un vrai phénomène de société au Japon.


Avec des chapitres courts et une grande sobriété d'écriture, l'auteur nous entraîne dans un récit rythmé, sous-tendu par le malaise De Claire, écartelée entre Europe, Japon et Corée. Malgré tous ses efforts et ses bonnes intentions, rien ne se passe comme l'imaginait la jeune femme, la barrière des langues, des cultures et des générations, tout comme le poids de l'Histoire, ne cessant de générer malentendus et incompréhensions, interdisant toute vraie communication entre les personnages. Finalement, ligotée dans les non-dits et impuissante face aux souffrances de ses proches, c'est à la recherche de sa propre identité que va se retrouver confrontée Claire.


La complexité des personnages et de leurs relations fait toute la richesse de cette histoire courte et faussement simple, où chaque détail s'avère hautement signifiant : un peu comme si chaque kokeshi en cachait une autre, à la manière des poupées russes… Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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C'est le deuxième roman que je lis de cette auteure. le premier était "Hiver à Sokcho", petite station balnéaire coréenne. Ce second se passe en été au Japon à Tokyo.
Claire, presque 30 ans, Franco-Coréenne, vivant en Suisse, passe l'été chez ses grands-parents. Bien que Coréens, ils vivent depuis une cinquantaine d'année à Tokyo. Ils sont partis pendant la guerre et sont restés au Japon. Claire a le projet de les emmener avec elle en Corée pour les vacances. Mais ils ne sont pas décidés. En attendant, elle donne des cours de français à une fillette japonaise de dix ans, Mieko.
Entre des cultures différentes, Claire se perd un peu : le déracinement et les malentendus générationels font qu'il y a un fossé entre eux mais qui reste affectueux.
L'écriture de l'auteure est magnifique, poétique et accessible. J'avais bien aimé son premier roman "Hiver à Sokcho" mais celui-ci m'a plu davantage.
Un joli roman.
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A vrai dire, j'ai honte d'affirmer que je n'ai pas aimé ce livre. Je « sortais » éblouie d'un Murakami, et je me suis précipitée tête baissée vers ces « Billes du Pachinko », croyant d'ailleurs dans ma grande inculture que le Pachinko était une région de Corée…

J'avais lu sur Babelio que c'était un roman sobre, intimiste. Et la littérature asiatique, particulièrement japonaise, me ravit. Murakami, Yoko Ogawa, Ito Ogawa, Aki Shimazaki…Aaah, que de délices !
Mais ici, le manque de communication entre la narratrice mi-coréenne mi-française avec ses grands-parents coréens émigrés au Japon cinquante ans auparavant m'a complètement laissée de marbre. Et cette difficulté à se faire comprendre s'est étendue à moi aussi. Je ne suis pas arrivée à entrer dans cette histoire. de la petite fille dont s'occupe la narratrice pendant ses vacances au Japon, aux grands-parents, en passant par la mère de la petite fille, tous les personnages m'ont semblé très bizarres, incompréhensibles.

« Ce n'est pas ma faute, je pense, si je ne raconte rien. Si j'oublie le coréen. Ce n'est pas ma faute si je parle français. C'est pour vous que j'ai appris le japonais. C'est les langues des pays dans lesquels on vit ».

Ce n'est pas ma faute si je n'ai pas aimé.
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J'avais envie de lire depuis un moment Elisa Shua Dusapin. J'ai donc démarré avec « Les Billes du Pachinko », un peu par hasard, ou plutôt guidée par un hasard bien orchestré : les bibliothécaires de la Médiathèque que je fréquente proposaient de découvrir des livres recouverts de papier cadeau, avec juste une petite étiquette pour attirer l'attention des lecteurs. Celui-ci mentionnait une touche nostalgique et une forme d'exotisme : je n'ai pas du tout été déçue en déchirant le papier cadeau qui entourait celui-ci.

Claire est une jeune femme étudiante suisse, qui passe ses vacances d'été chez ses grands-parents à Tokyo. Elle parle le japonais et travaille à temps partiel dans une famille pour s'occuper de la petite Mieko, à la demande de sa mère professeure, pour qu'elle perfectionne son français en vue d'un déménagement en Europe.

Mais Claire est aussi la petite fille de grands parents coréens. J'ai découvert à cette occasion l'histoire de la guerre entre la Corée et le Japon, et l'installation de Coréens au Japon après ces évènements. le grand-père de Claire s'occupe d'un lieu où l'on pratique le « Pachinko ». Renseignements pris auprès de Wikipédia, le Pachinko « est un appareil pouvant être décrit comme un croisement entre un flipper et une machine à sous. Très populaire, plus de cinq millions de machines sont dénombrées au Japon ».
Claire est aussi censée préparer un voyage de retour qu'elle devrait faire avec ses grands-parents en Corée. Mais ils sont partis depuis cinquante ans. Et on comprend en creux que la grand-mère ressent à la fois du désir et de l'appréhension à l'idée de retrouver le pays de sa jeunesse où elle n'est jamais retournée depuis la guerre.

Il y a un côté « Lost In Translation » dans ce livre d'Elisa Shua Dusapin. Elle-même issue d'un père français et d'une mère sud-coréenne, ayant grandi entre Paris, Séoul et Porrentruy en Suisse (on comprend mieux le personnage de Claire), personne n'est vraiment à son aise dans ce récit. Ni les relations qu'entretient Claire avec ses grands-parents, pour qui elle éprouve de l'affection mais avec qui les malentendus s'accumulent, ni non plus celles entre la petite Mieko et son enseignante, qui s'efforce pourtant de se mettre à sa portée, ni entre la mère de Mieko et Claire : rien ne va vraiment.

Par-delà la barrière des trois langues (français, japonais, coréen) c'est toute la difficulté de la communication interpersonnelle qui est interrogée : chacun possède ses codes, qui sont issus de la culture et de l'histoire de chaque personnage, et personne ne se comprend vraiment. Malgré l'attachement et l'affection mutuelle, tous sont en proie à une forme de solitude dans l'impossibilité de communiquer profondément les uns avec les autres. le final métaphorique en sera le symbole.

Je salue donc la prouesse de l'autrice suisse, qui, sans jamais tomber dans le pathos, parvient au travers de scènes minuscules à nous faire prendre conscience de toute l'ambivalence des relations familiales.
Et je lirai avec attention les autres récits de Elisa Shua Dusapin, à découvrir sans modération.


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Deuxième roman de l'auteure suisse d'origine coréenne que je lis. J'avais aimé l'atmosphère particulière , douce-amère, d'" Hiver à Sokcho".

Je ne savais pas du tout ce qu'était un pachinko, croisement du flipper et de la machine à sous, mais comme le Japon interdit les jeux d'argent, les billes achetées puis gagnées s'échangent contre des cadeaux, que l'on peut néanmoins revendre dans d'autres magasins.

C'est le grand-père de la narratrice , tres âgé maintenant, qui possède ce commerce . D'origine coréenne, sa femme et lui ont dû quitter il y a cinquante ans leur pays natal , en 1952, pour fuir la guerre civile. Leur petite-fille est venue pour les emmener en Corée du Sud, où ils ne sont jamais retournés. En attendant, elle donne des cours de français à une jeune japonaise de dix ans, qui va aller faire ses études en Suisse.

La langue est au coeur de ce livre: celle que l'on ne parle plus, comme le coréen que la narratrice ne connaît plus bien, supplantée par le français. Celle que l'on apprend, comme la fillette à qui elle enseigne, celle que l'on s'interdit, la grand-mère refusant de communiquer en japonais avec sa petite-fille.

La langue comme malentendu, barrière affective. La langue tue, et les non-dits familiaux. Tout cela transparaît de façon sous-jacente mais tenace et symbolique , entre les personnages.

La fin est le passage le plus émouvant du livre...Et un bel exemple de désir de filiation et d'amour... A découvrir.
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Mieko m’attend devant l’église où nous nous sommes quittées. Sur ses genoux, l’emballage d’un sandwich vide, et une canette de Pocari Sweat qu’elle me donne encore pleine. Je prends une gorgée du soda. Il est chaud, légèrement salé. Je le pose entre nous. Mieko le désigne timidement :
- J’ose ? Demande-t-elle en français.
Je le lui donne aussitôt, honteuse de ne pas avoir compris qu’elle attendait que je boive en premier. Je ne me suis pas souciée de savoir si elle avait soif ou faim. Je devrais aussi lui expliquer qu’on n’emploie pas ce verbe dans ce genre de circonstances. Maintenant c’est trop tard. Et puis, je suis secrètement contente de constater que cette enfant est capable d’erreurs.
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Nous mangeons sur la table basse du salon. Mon grand-père amène la cuillère à sa bouche dans un mouvement lent, vacillant. Enfin, il aspire d'un coup, comme si le contenu laborieusement amené jusqu'à ses lèvres pouvait s'évaporer. De temps en temps il repose la cuillère, remplit un verre de soju. Il le fait avec application, sa main tremble mais rien ne déborde. Ma grand-mère, penchée sur son bol lape vigoureusement, relève parfois la tête et me demande :
-Is good ? Is good ?
Je réponds tout bas :
-Ye, mashissoyo, c'est bon, oui.
En face d'eux, je m'efforce de manger aussi lentement que mon grand-père. Retarder le moment où nous aurons tous terminé, que le silence se fera plus lourd entre nous.
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Quand la Corée a été divisée, notre nationalité était encore celle de la Corée unifiée. On l’appelait Choson. A la séparation, le gouvernement japonais nous a autorisés à conserver l’identité coréenne, mais il fallait choisir entre le Nord et le Sud. Beaucoup ont choisi le Nord, pour leur famille, ou alors parce qu’ils estimaient que le Nord était plus proche des traditions de notre pays. On ne pouvait pas savoir comment la situation évoluerait. Ta grand-mère et moi avons choisi le Sud parce qu’on venait de Séoul. C’était l’unique raison. On ignorait tout du reste. On ne savait rien des raisons politiques, la guerre froide, la Russie, les Etats-Unis. Pour les Coréens du Japon, il n’y a jamais eu de Nord ni de Sud. Nous sommes tous des gens de Choson. Des gens d’un pays qui n’existe plus.
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Plus loin, une autre jeune femme. Visage rond, bras mous. Pantalon mal ajusté, il faudrait le raccourcir. En bougeant les jambes, je m'aperçois qu'il s'agit de moi. Je me redresse et pour tromper mon embarras, fais semblant de jouer au Tetris.
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Cette nuit-là, je rêve d’une silhouette humaine qui rase le sol. Elle se faufile dans les ruelles, chacal, fouine dans les poubelles. La ville s’est vidée de ses habitants, c’est peut-être le Nouvel An, quand tout le monde a rejoint ses proches en province. Devant chaque Pachinko, la personne s’arrête. Elle guigne à travers les fenêtres, avant de revenir à Nippori s’assoir devant les portes du Shiny. Elle sont closes mais la silhouette a confiance. Ce n’est qu’une opération de maintenance. Demain, on les lui ouvrira. Depuis l’intérieur, le gardien lui parle. Il ouvre et ferme la bouche. Je n’entends pas ses mots. Dans les poches de son manteau, toutes les billes du Pachinko.
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Videos de Elisa Shua Dusapin (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Elisa Shua Dusapin
Elisa Shua Dusapin était présente sur le plateau de la Grande Librairie pour présenter son quatrième ouvrage le vieil incendie, paru le 22 août 2023, aux éditions Zoé. Ce dernier raconte une nouvelle fois les liens familiaux et plus précisément de deux soeurs. Agathe et Véra, sa cadette aphasique, se retrouvent après quinze ans. A 15 ans, l'aînée a fui la maison familiale pour ne plus avoir à protéger sa soeur de la méchanceté des autres. Ce n'est pas sans culpabilité qu'elle a mis un océan entre son père et Véra, laissés en tête à tête dans cette bâtisse en pleine nature qu'il faut maintenant débarrasser. Une fois vidées, les pierres des murs anciens restaureront le pigeonnier voisin, ravagé par un incendie vieux d'un siècle. Véra a changé. Agathe retrouve une femme qui cuisine avec agilité, lit Perec et répond à sa soeur "Humour SVP" grâce à son smartphone dont elle lui tend l'écran. Un roman fort et très intimiste.
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