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EAN : 9782367321813
316 pages
Editions Chandeigne (07/02/2019)
4/5   27 notes
Résumé :

Dans le Paris de la fin du XIXe siècle, peuplé d'anarchistes, de poètes symbolistes, de dandies, de gros financiers boursicoteurs et de buveurs d'absinthe, se dresse 202, avenue des Champs-Elysées l'hôtel particulier d'un jeune aristocrate portugais, Jacinto, prosélyte acharné de la modernité. Télégraphe, téléphone, graphophone, phonographe, cave d'eaux minérales, ascenseur et autres " gadge... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
En cette fin de XIXème siècle, Jacinto, seul héritier d'une grande famille d'agriculteurs portugais, profite de la vie dans son hôtel particulier sis au 202, Champs-Élysées. Une résidence qu'il a aménagé avec toutes les commodités et les appareils les plus modernes lui permettant, pense-t-il, de simplifier et d'embellir sa vie. A la fois dandy, philosophe, épicurien, il traîne son ennui et son ironie de soirées en réceptions, souvent blasé par l'absence de désir, ne sachant plus comment apprécier sa vie. C''est grâce à Ze Fernandes, son cousin, arrivé de son Portugal natal, simple, enjoué et portant toujours son regard bienveillant mais critique que Jacinto va décider de renouer avec les domaines de ses aïeux; les deux hommes vont entreprendre le voyage qui va transformer et sortir Jacinto de sa torpeur et le révéler à lui-même.

202, Champs-Élysées est une découverte de l'oeuvre de José-Maria Eça de Queiros , diplomate et écrivain portugais qui, grâce à son observation de la nature humaine, dresse le portrait d'un jeune homme à la vie dilettante, se livrant corps et âme au progrès, lui attribuant les facultés de faciliter la vie mais qui ne l'empêche pas, à terme, de tomber dans une certaine neurasthénie. Tout au long du roman que cela soit à Paris ou au Portugal, José-Maria Eça de Queiros grâce à Ze Fernandès, à la fois témoin et narrateur, dresse des portraits pleins d'esprit, très drôles, avec un humour décapant, de cette société bourgeoise, un peu décadente qui ressemble aux dandys fin de siècle comme Oscar Wilde, Oblomov ou des Esseintes. 202, Champs-Élysées est également un roman d'apprentissage avec le renaissance d'un homme qui va se découvrir entrepreneur et sortir de son état dépressif.
Un roman drôle et très humain.
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Un voyageavec un de ses plus grands écrivains. Faites connaissance avec Jacinto, grand propriétaire terrien au Portugal, riche, oisif, il vit à Paris au 202 Champs Elysées " Sous l'or pesant des lambris, au creux des soieries à ramages " Il vit dans un palais extraordinaire, haut lieu de la technologie de l'époque car il croit que le bonheur " Se réalise par l'intermédiaire du développement illimité de la mécanique "
Jacinto va retrouver son ami poète : Ze Fernandes. Celui-ci découvre un peu ébahi le palais et ses richesses. Une bibliothèque avec quelques trente mille volumes dont " Huit mètres d'économie politique ". que personne bien sûr ne lit jamais. Des appareils de toutes sortes sensés faciliter la vie : un phonographe, le téléphone et même un théâtrophone !!
Mais la technologie parfois fait défaut il suffit d'un ressort qui ne se comporte pas comme on l'attend ! Et puis tout ça finit par lasser Jacinto " Planté comme un piquet, les mains au fond de ses poches en signe de défaite, et exprimant sur son visage, avec un bâillement mou et indécis, le triste embarras de vivre "
Lassé de tout il va profiter d'un prétexte pour fuir la ville, obligé de se rendre sur ses terres au Portugal, voilà notre citadin transformé en campagnard
Sauf que la propriété est dans un état lamentable et qu'il va devoir en rabattre beaucoup sur ses habitudes de luxe et de confort.
Ce retour à la terre va le combler, les retrouvailles avec une vie rythmée par des travaux, les plaisirs simples de la campagne, la beauté de la nature, tout le comble. Pour la première fois il se sent utile, il ne s'ennuie plus.
Fi des 30 000 volumes de sa bibliothèque parisienne, il revient à l'important, sur ses rayons désormais les livres essentiels : Plutarque, Homère, Epictète, Virgile, Cervantès......Fi aussi de la modernité à tous crins et vive la simplicité !
Le héros est transformé et son ami Ze le découvre attaché à sa montagne " Jacinto avait enfoncé de solides racines, toutes d'amour, dans sa rude montagne (...) le transformant insensiblement en un Jacinto rural"
Il a des projets pour sa propriété, il rêve potager, fromagerie, jardins, bonheur.........

Ma première lecture d'Eça de Queiroz remonte maintenant à pas mal d'années et j'avais envie de vous le faire découvrir un peu mieux. Après Alves et Cie. Plongez dans l'univers de cet auteur qui aime la satire et par dessus tout la France.
Eça de Queiroz hérita d'une propriété dans le Douro où il prit grand plaisir à vivre, sans doute servit-elle de modèle pour ce roman. Il fut l'un des premiers écrivains à faire une critique radicale du culte de la technologie et à s'inquiéter des risques encourus par la planète. Ce roman est une bonne façon de faire connaissance avec un auteur détenteur d'une verve satirique féroce mais qui dans ce roman nous berce des beautés de la nature et se fait le chantre du retour aux sources.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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J'ai lu autrefois d'Eça de Queiroz un tout petit essai : L'Egypte sans les Anglais qui m'avait bluffée : analyse concise de l'impérialisme britannique. J'avais imaginé l'auteur, soit journaliste soit diplomate. Wikipédia m'apprend qu'il a exercé les deux fonctions.

Je ne savais pas qu'Eça de Queiroz était un écrivain réputé, un très grand selon Borges (toujours Wikipédia)! Je ne m'attendais pas à recevoir un roman, plutôt un essai. La Masse Critique de Babélio est toujours source de surprise. Cette fois-ci, c'en est une excellente.

202, Champs Elysées, est l'adresse de l'hôtel (un véritable palais) d'un aristocrate portugais, richissime et amoureux du Progrès comme on pouvait l'être à la fin du XIXème siècle, dans cette époque d'Expositions Universelles, de réalisations technologiques étonnantes qui ont bouleversé la vie quotidienne.

Le narrateur est un étudiant en Droit, ami du propriétaire des lieux, enthousiaste comme "son Prince" qui découvre la brillante Vie Parisienne. Il décrit avec une précision presque obsessionnelle tous les équipements dont le 202 est pourvu : ascenseur, chauffage central, téléphone, monte-charges, bien ordinaires pour la lectrice de 2019, novateurs à l'époque. Inventaire de gadgets d'un Concours Lépine à venir(il n'existera que quelques années plus tarde en 1901) machines à fermer les boutons, à décacheter les lettres, à timbrer... ou inventions que je ne soupçonnais pas : Conférençophone, Théâtrophone, concertophones. j'ai cru à des exagérations burlesques et cherché sur Internet. Et bien si! ces inventions sont dues à Clément Ader! La vie mondaine est racontée dans la même veine baroque, quel régal que cette fête où l'on attend le poisson en croûte coincé dans le passe-plat entre les étages!

L'étudiant est rappelé au Portugal pour gérer le domaine familial dans les montagnes et ne revient que 7 ans plus tard. Jacinto (le Prince du 202) a changé, son optimisme n'est plus de mise. Rassasié, blasé, il n'a pour refrain "la barbe!" et pour pensées L Ecclésiaste et Schoppenhauer. Avec ses 60 000 livres bien rangés dans sa bibliothèque, ses 39 brosses à cheveux sur sa table de toilette, il s'ennuie mortellement. Eça de Queiroz raconte avec beaucoup d'humour cet ennui au lecteur qui s'amuse.

Un glissement de terrain sur ses terres ancestrales portugaises provoque le voyage dans la montagne. le voyage en train est une aventure savoureuse.

Et, dans la deuxième partie du livre, changement de décor! Contre toute attente, Jacinto est conquis par sa montagne!  Avec autant de précision, de détails pittoresques que précédemment, l'auteur nous décrit le domaine ancestral, les coutumes portugaises provinciales. Jacinto, qui ne jurait que par la Ville, est séduit par la nature. Avec le même enthousiasme, il découvre arbres et montagnes, puis, s'imagine propriétaire terrien entrepreneur, et bienfaiteur de ses paysans (il a aussi découvert la misère), il se déclare même socialiste! Il oublie sa bibliothèque et découvre la lecture de Don Quichotte ou d'Homère....Oubliés les pessimistes, nihilistes, ruskinistes... mais pas le progrès qui'l veut appliquer sur ses terres.

Une lecture savoureuse qui fait un peu penser à Bouvard et Pécuchet .

Merci aux éditions Chandeigne qui 'ont envoyé ce livre!
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Merci à Babelio et aux éditions Chandeigne pour ce livre obtenu dans le cadre d'une opération masse critique.
J'ai découvert avec plaisir un auteur portugais (très réputé, à ce qu'il parait) que je connaissais pas. Une belle écriture mêlant aventures, humour et ironie. Les deux personnages principaux sont haut en couleur et attachants.
C'est un roman aux accents résolument très modernes, et pourtant publié en 1901, l'auteur y dénonce les dérives de la technologie à outrance et fait l'éloge d'une vie simple en profitant des bienfaits de la nature.
Cela me donne envie de découvrir d'autres oeuvres d'Eça de Queiroz. 
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Dernier roman de l'auteur, paru à titre posthume en 1901, sans que l'ensemble de texte ait pu être revu par l'auteur, ce qui explique sans doute les quelques incohérences et imprécisions du le texte.

Zé Fernandes, jeune Portugais, nous raconte la vie de son ami Jacinto. Cette vie peut se divise en deux parties, d'égale longueur dans le livre. D'abord l'enfance et la jeunesse à Paris, dans laquelle sa famille est partie s'installer pour des raisons « politiques ». Et puis le départ pour le Portugal sous un prétexte secondaire, qui déclencha un changement de vie complet chez le jeune dandy.

Jacinto est riche, très riche. Et féru de progrès. Sa maison parisienne (le fameux 202, Champs Elysées) est remplie d'inventions aussi saugrenues qu'un ascenseur, mais aussi toute sorte d'engins bizarres, qui ont l'habitude de tomber en panne au plus mauvais moment pour plonger leur propriétaire dans l'embarras. Et puis malgré une vie sociale brillante, notre Jacinto s'ennuie, il s'ennuie même de plus en plus.

D'où l'idée de partir au Portugal, pour d'abord un court voyage, et finalement s'installer dans une demeure montagnarde, dépourvue de tout confort, mais dans laquelle notre jeune blasé va retrouver le goût des plaisirs simples de l'existence. Et oublier son ennui.

Un roman plaisant, bien drôle par moments, même si aussi parfois un peu caricatural. On dirait qu'Eça de Quieroz, consul du Portugal à Paris depuis plusieurs années pendant la rédaction de ce livre, s'ennuyait de son Portugal natal et lui faisait une déclaration d'amour à distance. Je pense que le livre aurait aussi sans doute était plus poli et achevé par l'auteur s'il en avait eu le temps. Tel quel, c'est un bon moment de lecture, même si à mon avis ce n'est pas l'ouvrage le plus intéressant de son auteur.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Elle avait trente ans. Elle ne s'était jamais embarrassée des tourments d'une passion. Elle inscrivait avec une inflexible régularité, toutes ses dépenses dans un livre relié en suédine bleu vert. Son intime religion (beaucoup plus authentique que celle qui la faisait assister tous les dimanches à la messe à saint-Philippe du Roule), c'était l'Ordre. L'hiver, dès qu'au coeur de l'aimable ville commençaient à mourir de froid sous les ponts les petits enfants sans abris, elle préparait avec un soin ému ses habits de patinage. Et préparait aussi ceux des oeuvres de charité -car elle était bonne, et prêtait son concours à des kermesses, des concerts, des tombolas, s'ils étaient placés sous le patronage de duchesses de son "cercle".
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Et rien n'était plus instructif ni plus douloureux que de voir l'homme suprême du XIXème siècle, au milieu de tout l'appareillage destiné à renforcer l'acuité de ses organes, de tous les fils qui mettaient à son service les forces universelles, et de ses trente mille volumes farcis d'un savoir séculaire, planté comme un piquet les mains au fond de ses poches en signe de défaite, et exprimant sur son visage, avec un bâillement mou et indécis, le triste embarras de vivre !  
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Mon ami effleura du doigt le mur : aussitôt un feston de lumières électriques, brillant le long des moulures du plafond, éclaira les monumentales étagères en ébène massif où reposaient plus de vingt mille volumes, reliés de blanc, de rouge, de noir, avec des filets d'or, que leur pompeuse solennité raidissait comme des docteurs réunis en concile.
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« […] le pessimisme est une théorie bien consolatrice pour ceux qui souffrent, parce qu'elle désindividualise la souffrance, lui donne une dimension de loi universelle, la loi même de la vie ; ainsi elle lui retire ce caractère de cuisante injustice qui fait de celui qui souffre la victime spécifique d'une conspiration ourdie par un destin ennemi.
En fait, notre malheur nous rend surtout amers quand nous contemplons ou imaginons le bonheur de notre voisin – parce que nous nous sentons choisis, distingués pour l'infélicité alors que nous aurions pu comme lui être nés pour la fortune. Qui se plaindrait d'être boiteux si toute l'humanité boitait ? Et quels ne seraient pas les rugissements, et la furieuse révolte, de l'homme qui serait environné de neige, de froid, de vent, au cœur d'un hiver conçu spécialement pour lui par les cieux afin de n'environner que lui – tandis que tout autour l'humanité toute entière s'agiterait dans la lumineuse mansuétude du printemps ?
En effet, murmurai-je, cet homme-là aurait toutes les raisons de rugir...
D'autre part, s'écriait encore mon ami, le pessimisme est excellent pour les inertes, car il minimise leur coupable délit d'inertie. Si le seul but est une montagne de douleur contre laquelle l'âme va se heurter, pourquoi marcher vers ce but en affrontant les embarras du monde ? Et d'ailleurs tous les lyriques et tous les théoriciens du pessimisme, de Salomon à ce malin de Schopenhauer, n'entonnent leur cantique, ne propagent leur doctrine que pour dissimuler les misères qui les humilient, en les subordonnant toutes à une vaste loi de la vie, une loi cosmique, et en conférant ainsi aux infimes imperfections de leur caractère ou de leur sort l'auréole d'une origine quasi divine. Ce brave Schopenhauer formule tout son schopenhauerisme quand il est encore un philosophe sans éditeur, et un professeur sans disciples ; et il souffre de terreurs et de manies atroces ; et il cache son argent sous son plancher ; et il rédige sa comptabilité en grec dans la méfiance et les lamentations ; et il vit dans la cave par peur des incendies ; et il voyage avec un gobelet en fer-blanc dans sa poche pour ne pas toucher du verre que des lèvres de lépreux auraient contaminé !... À ce moment-là, Schopenhauer est sombrement schopenhauerien. Mais il suffit qu'il pénètre dans la célébrité pour que ses nerfs irritables se calment, et que l'entoure une paix aimable, et il n'est alors, dans tout Francfort, de bourgeois plus optimiste, de face plus réjouie, et qui profite plus sensément des avantages de l'intelligence et de la vie !...»
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Alors vraiment, en me promenant de pièce en pièce, j'eus l'impression que je visitais un musée d'antiquités, que plus tard d'autres hommes, qui auraient de la vie et du bonheur une conception plus pure et plus juste, visiteraient eux aussi comme moi des pièces immenses, bourrées du fatras de la Supercivilisation, et comme moi, hausseraient dédaigneusement les épaules devant la fin d'une grande illusion, devenue à jamais inutile, mise au rancart comme déchet de l'histoire et recouverte d'un drap.
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Video de José-Maria Eça de Queiros (1) Voir plusAjouter une vidéo

Eça de Queiroz : Alves et compagnie
Olivier BARROT présente, depuis les Chais de Porto (Portugal) le livre de Eça de Queiroz "Alves et Cie".
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