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EAN : 9782020049580
349 pages
Seuil (01/10/1978)
4.75/5   2 notes
Résumé :
Lacan, Foucault, Derrida, Nerval, Rimbaud, Balzac, Flaubert et H. James sont ici convoqués autour d'une même question : qu'en est-il des rapports de la folie et du texte littéraire?
Du signifiant « folie», ce livre « recherche non pas tant le sens que la force; non pas ce qu'il est (signifie) mais ce qu'il fait – les actes textuels et les événements énonciatifs qu'il déclenche et auxquels il donne lieu.»
Et ce n'est pas par hasard si ce faire de la fol... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Shoshana Felman ne s'intéresse pas à l'état mental des auteurs, des artistes mais bien aux textes qui parlent de la folie, la racontent ou feignent de la vivre. Elle part du constat que Foucault se heurte dans son histoire de la folie à une aporie : il est impossible de parler de la folie à l'intérieur de celle-ci. La folie reste silencieuse. Felman va donc s'adresser à la littérature et à l'écriture pour en savoir plus. Après Foucault, elle appelle à son secours Nerval (bien sûr), Rimbaud, Balzac, Flaubert et Henry James sans oublier Lacan et sa lettre volée à un certain E.A. Poe.
Constat semblable, raconter la folie n'est pas la vivre. Par contre, l'étude se heurte à chaque fois à la thématique de la répétition tant et si bien que cet essai aurait pu s'appeler "La Répétition dans tous ses États" et reste une bible à ce propos.
C'est à travers chaque forme de répétition que va se manifester non la folie elle-même mais son : utilisation du refrain, inquiétante étrangeté de ce qui se répète, lieu commun qui nous envahit, l'obsession contre laquelle on se heurte sans rémission, la mise en abyme, les revenants et bien sûr le transfert psychanalytique qui permet à l'analysant de revivre sa souffrance.

"La folie, en d'autres termes (comme la chose littéraire), ne consiste ni en sens ni en non-sens; elle n'est pas un signifié dernier, aussi manquant ou disséminé qu'on puisse se l'imaginer, ni même un signifiant ultime qui résiste au déchiffrement exhaustif, mais une sorte de rythme imprévisible, incalculable, inarticulable, mais foncièrement "narrable", à travers le récit du glissement d'une lecture entre le trop-plein-de-sens et le trop-vide-de-sens. Toute lecture est un récit rythmé par la rhétorique de ce qu'elle manque à dire sur son rapport au texte et à la folie du texte."

Répétition et échec vont de pair, ils croisent, se répondent l'un, l'autre dans cette tentative de dire la folie.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Que la folie soit devenue, aujourd'hui, une communauté de lieu discursif n'est pas un de ses moindres paradoxes. Car la folie marque, en général, un lieu d'exclusion, le dehors d'une culture. Or, une folie qui est lieu commun marque tout au contraire un lieu d'inclusion, et précisément le dedans d'une culture.
C'est peut-être là que réside la spécificité même de la « folie » à notre époque, de désigner à la fois l'extérieur et l'intérieur : l'intérieur, dans la mesure même où elle est censée « être » l'extérieur. Dire que la folie est devenue bel et bien notre lieu commun, c'est donc dire que la folie désigne dans le monde contemporain l'ambiguité radicale de l'intérieur et de 1'extérieur, en tant que cette ambiguité échappe justement aux sujets parlants, qui ne parlent que pour la méconnaître. Une folie devenue lieu commun signifie qu'on ne peut plus, désormais, penser la folie comme un simple lieu à l'intérieur de notre époque; c'est plutôt l'époque tout entière qui confusément se perçoit comme un lieu à l'intérieur même de la folie. Un discours qui traite la folie ne peut plus savoir, désormais, s'il est dedans ou dehors, intérieur ou extérieur à la folie dont il parle.
Certes, au niveau du lieu commun, la folie a en quelque sorte cessé de nous paraitre étrange. Or, avoir perdu de la sorte l'étrangeté même de la folie (ou s'en donner le change), n'est-ce pas ce qu'il y a, justement, de plus étrange, de plus fou dans le discours contemporain?
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Si la littérature, de son lieu spécifique, nous renseigne sur la folie la folie peut-elle à son tour nous renseigner sur la chose littéraire ? Il me semble que, s'il existe en effet quelque chose comme la chose littéraire, elle ne peut s'expliquer que par la folie. Mais si la folie à mes yeux, rend raison de la chose littéraire, ce n'est pas comme on a pu le penser, en vertu d'une « sublimation » ou d'une fonction proprement thérapeutique de l'écriture, mais en vertu d'une irréductible résistance de la chose à l'interprétation. La folie en dernière instance, se sera définie dans ce livre comme une résistance en acte à l'interprétation. La folie, en d'autres termes (comme la chose littéraire), ne consiste ni en sens ni en non-sens; elle n'est pas un signifié dernier, aussi manquant ou disséminé qu'on puisse se l'imaginer, ni même un signifiant ultime qui résiste au déchiffrement exhaustif, mais une sorte de rythme imprévisible, incalculable, inarticulable, mais foncièrement narrable, à travers le récit du glissement d'une lecture entre le trop-plein-de-sens et le trop-vide-de-sens. Toute lecture est un récit rythmé par la rhétorique de ce qu'elle manque à dire sur son rapport au texte et à la folie du texte.
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La répétition, pour Rousseau, est - de façon paradoxale - l'expression la plus directe possible : la voie la plus courte entre deux cœurs n'est pas la ligne droite du discours linéaire à sens unique, mais le tour, le détour de la répétition, laquelle garantit la« vérité » du sentiment, voire l'identité, l'authenticité du cœur. La même idée se retrouve, dans un autre contexte, chez Poe, étudiant la répétition formelle dans son poème, « Le corbeau ». « Le plaisir, note Poe en parlant de la tradition lyrique du refrain, est dérivé uniquement du sentiment, de la reconnaissance de l'identité - de la répétition.
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"la matière première de la littérature n'est pas l'innommable, mais bien au contraire le nommé. On entend souvent dire que l'art a pour charge d'exprimer l'inexprimable : c'est le contraire qu'il faut dire (sans nulle intention de paradoxe) : toute la tâche de l'art est d'inexprimer l'exprimable." Citation de R. Barthes
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