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Martine Reid (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070379576
144 pages
Gallimard (05/03/2009)
3.03/5   17 notes
Résumé :
" Je vous embrasse, ma chère bonne. Si vous pouvez, aimez-moi toujours, puisque c'est la seule chose que je souhaite en ce monde pour la tranquillité de mon âme. Je souhaite bien d'autres choses pour vous. Enfin tout tourne ou sur vous, ou de vous, ou pour vous, ou par vous. " (23 mars 1671). Pendant près d'un demi-siècle, marie de rabutin-chantal, marquise de Sévigné (1626-1696), a écrit des centaines de lettres à ses amis et à son entourage mais surtout à sa fille... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Deuxième livre de lettres que je lis, après Mozart à Paris, et je dois dire que ce type de lecture apporte quelque chose qui restera toujours hors de portée des livres d'historiens. Ce sont des documents qui montrent la vie au jour le jour, qui rendent les êtres vivants, nous les font reconnaître comme tels, avec lesquels on peut se comparer. Ils offrent aussi un angle unique sur l'Histoire.

Ce petit Folio 2€ (bientôt 3) compile les lettres que la marquise De Sévigné écrit à sa fille récemment mariée, madame de Grignan, alors que cette dernière a quitté Paris pour s'en aller retrouver son mari en Provence.
C'est tout le petit monde des aristocrates de cour, qui butine autour du jeune Louis XIV, que l'on voit vivre ici. Madame de Sévigné est une personne avisée et érudite, qui fréquente des salons aussi bien que la reine, qui est amie De La Rochefoucauld et de Mme de Lafayette. Elle et ses pareils aiment aller au théâtre ou écouter avec ferveur les sermons du prêcheur Bourdaloue. Ils aiment aussi, plus communément, jouer aux cartes ou essayer la nouvelle coiffure à la mode. Une vie certes privilégiée par rapport à la moyenne française de l'époque, mais que je ne trouve pas si éloignée de la nôtre, dans le sens où les besoins essentiels sont satisfaits et que l'on peut se construire des problèmes avec du superflu et remplir sa vie de divertissements.

Très différent de notre époque en revanche, la succession de lettres permet de sentir la durée d'un voyage. Partie début février, Mme de Grignan n'arrive en Provence que fin mars. Les lettres de sa mère accompagnent le mouvement avec des décalages. Parfois elles partent par la poste, parfois avec untel qui descend sur Lyon ou Avignon et va tenter d'intercepter la voyageuse. Ce que nous mettons trois heures à parcourir en TGV devient ici une véritable aventure. Pour preuve, la traversée du Rhône de Mme de Grignan par mauvais temps, où la dame risque carrément sa peau, fait l'objet de plusieurs lettres affolées et d'un récit épique que Mme de Sévigné fera à la reine elle-même.

Mme de Sévigné est érudite, je le disais plus haut. Et elle sait écrire. On a perdu ce talent de nos jours. Elle glisse sans difficulté des citations de Racine ou Boileau aussi bien que de l'antique dans sa rhétorique épistolaire. Ses lettres sont riches d'expressions que je ne connaissais pas comme « Je lui donnerai de quoi boire » pour « je le remercierai en lui donnant de l'argent », ou « je me fais des dragons » pour « je me fais du souci ». La construction des lettres, dont on a l'impression qu'elles sont écrites en permanence, m'a parfois surpris ; telle cette fin : « Je vous aime, mon enfant, et vous embrasse avec la dernière tendresse. M. Vallot est mort ce matin. »
Mais l'essentiel du texte est consacré à la déclaration de l'amour infini que la mère éprouve pour sa fille. Elle n'en finit pas de le consigner de mille façons, au point qu'il est difficile d'accepter l'hypothèse qu'il s'agit seulement d'un standard d'écriture. Mme de Sévigné présente aussi souvent les bons voeux et les embrassades de ses amis à sa fille. C'est un peu répétitif et fatigant à lire pour le lecteur que je suis, mais l'auteure des lettres n'écrivait pas pour moi, pas vrai ?

L'éditrice du livre a eu l'extrêmement bonne idée d'ajouter un petit lexique des personnages mentionnés dans les lettres. Il est indispensable à une lecture éclairée.
Un livre en appelant un autre, j'ai commandé un livre des maximes De La Rochefoucauld, histoire de retrouver bientôt ce petit monde.
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Madame de Sévigné excelle dans ces « conversations à distance » que sont les lettres. Les qualités qui lui sont généralement prêtées par ses amis ou contemporains – finesse de vue, liberté de ton – se retrouve dans sa correspondance. Cette forme de sociabilité particulière poursuit et amplifie l'échange mondain. C'est aussi le lieu de l'écriture de soi, le style doit y être « nature », c'est-à-dire proche du ton que l'on adopterait en société. C'est sa fille, Françoise Marguerite qui devient à partir de son installation à Grignan, dans la Drôme, en 1671, sa correspondante principale.

Les échanges sont tendres et passionnées. Pas une lettre qui ne comporte des formules de tendresse, la « chère enfant », « la plus jolie fille de France », « je vous assure ma chère bonne que je pense à vous continuellement », « vous dirais-je que je vous aime ? » « Adieu, ma très chère et très aimable enfant, je vous aime plus que vous ne sauriez le désirer ». Leur correspondance presque quotidienne va durer près de vingt-cinq ans. Elles sont à la fois une chronique du temps à travers les anecdotes, les coiffures et pratiques religieuses qui s'y trouvent consignées mais aussi en filigrane, un témoignage de la condition des femmes de la noblesse.

Françoise marguerite a accouché à Paris et part quelques mois après sans sa fille qu'elle laisse à la garde de sa mère et d'une nourrice. Celle-ci vivra avec sa grand-mère jusqu'à l'âge de cinq ans puis entrera dans un couvent dont elle ne sortira plus. La marquise doit son indépendance à son statut de veuve - son mari meurt des suites d'un duel alors qu'elle n'avait que vingt-cinq ans- d'ailleurs son fils, qui évoque son impuissance avec une de ses maîtresses, se plaint de tenir d'elle sa froideur. Mme de Sévigné prie pour sa fille afin qu'elle aie un fils, voeu qui sera exaucé quelque temps plus tard.

Fille et mère, outre leur correspondance quotidienne, se verront pendant de très longues périodes.

Mme de Sévigné se rend pour la première fois à Grignan en 1672 en compagnie de sa petite fille et y restera jusqu'en octobre 1673. L'année suivante, c'est sa fille qui la rejoint à Paris et reste à son tour un peu plus d'une année, puis revient de décembre 1976 à juin 1677. Mme de Grignan restera une très longue période auprès de sa mère, de 1680 à 1688. Et à son tour, en 1694 Mme de Sévigné séjournera chez sa fille jusqu'à sa mort.

Dans ses lettres, Mme de Sévigné s'inquiète de la santé de sa fille, s'enquiert de son état, l'encourage et lui prodigue de nombreux conseils. Sa fille y répond et tente de distraire sa mère de son chagrin. L'amour filial est fusionnel ; l'attachement semble excessif, parfois intrusif de la part de Mme de Sévigné. Mais à l'époque où les mères ne se souciaient guère de leurs enfants, cet amour filial semble plutôt de bon aloi !


Lien : http://www.litterama.fr/arti..
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Récit sous forme de lettres écrites par la marquise destinée à sa fille. Elle y était très attaché à tel point que passé des moments elle lui écrivait au mois trois ou quatre lettres par jours.
Un peu difficile à se mettre dedans car il y a beaucoup de personnage de la haute bourgeoisie qui entrent dans les citations et commentaires des écrits de la marquise sur un temps précis de sa vie. Même si il y a des renvois sur les personnes, les tournures de certaines phrases sur l'utilisation de la langue de l'époque. On a quand même un peu de mal.
Mais on se laisse prendre par le vocabulaire de la marquise envers sa fille. Un vocabulaire doux protecteur, "loveur", d'une mère aimante, protectrice et tiraillé par l'éloignement de sa fille partit pour son destin de femme avec son mari dans le sud de la France.
Certains jeunes de notre temps ou "Groseilles" (voir le film : la vie est long fleuve tranquille) devraient le lire. Ils enrichiraient leur vocabulaire de leur petit dictionnaire de 200 mots tout au plus sinon moins.....
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Ce texte ne contient que quelques brides de la colossale correspondance qu'entretenait Madame de Sévigné notamment avec sa fille. Mais ce ne sont pas les meilleures à mon goût et j'ai été fortement déçue. Je me suis ennuyée et ai trouvé qu'elles étaient toutes identiques... dommage
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Livre un peu complexe. Pour ma part, je n'ai pas accroché même si l'idée des lettres était intéressante.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
A MADAME DE GRIGNAN (*)

A Paris, lundi 9 février 1671,

Je reçois vos lettres, ma bonne, comme vous avez reçu ma bague. Je fonds en larmes en les lisant ; il semble que mon cœur veuille se fendre par la moitié. Il semble que vous m'écriviez des injures ou que vous soyez malade ou qu'il vous soit arrivé quelque accident, et c'est tout le contraire. Vous m'aimez, ma chère enfant, et vous me le dites d'une manière que je ne puis soutenir sans des pleurs en abondance.

(*): fille de Mme de Sévigné
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Tâchez, mon enfant, de vous accommoder un peu de ce qui n'est pas mauvais ; ne vous dégoûtez point de ce qui n'est que médiocre ; faites-vous un plaisir de ce qui n'est pas ridicule.
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... Madame de Lavardin; elle est toujours enthousiasmée de votre mérite, et moi, mon enfant, de la tendresse que j'ai pour vous. Si je ne vous en parle pas assez à mon gré, c'est par discrétion, mais, en un mot, vous m'occupez tout entière.
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