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EAN : 9782070121823
192 pages
Gallimard (04/02/2010)
3.99/5   57 notes
Résumé :
« En équitation comme dans l’armée, Étienne savait combien c’eût été vain de vouloir casser les rebelles, soumettre les acariâtres, et qu’il était impossible d’atteindre la légèreté par la force, le brillant par la colère. Même les étalons les plus impérieux, il ne les avait pas combattus. Au contraire, il n’avait eu de cesse de vouloir les comprendre pour mieux s’en faire des alliés. Quel que fût le cheval, il n’aspirait qu’à se passer des aides. Il rêvait en effet... >Voir plus
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N°737 – Avril 2014.
L'ÉCUYER MIROBOLANT– Jérôme Garcin – Gallimard – 2010.

Le récit s'ouvre sur l'enterrement d'un homme, un officier de cavalerie surnommé l' « écuyer mirobolant » par le général Decarpentery. Il n'y a pas grand monde dans ce cimetière, seulement quelques frères d'armes et un cheval pour l'accompagner, mais aucun membre de sa famille.

Avec « Bleu horizon » paru en 2013, Jérôme Garcin a choisi de faire sortir de l'anonymat Jean de la Ville de Miremont (1886-1914), poète et romancier mais aussi un obscur combattant volontaire de la Grande Guerre, mort au tout début des combats (La Feuille Volante n° 687). Ici, c'est Étienne Beudant (1863-1949), capitaine de cavalerie qui renaît sous sa plume. L'auteur dresse son portait tout en nuances et en délicatesse et rend hommage à cet homme de passion. Lui aussi c'est une sorte d'anonyme oublié de l'histoire qui pourtant de son vivant fut admiré, adulé, respecté pour ce qu'il était, un cavalier hors pair mais aussi quelqu'un qui par sa patience et son talent savait tirer le meilleur des pires rossinantes en les soustrayant aux mauvais traitements d'un charretier ou en les sauvant de la boucherie. Quand en 1914 il rêvait d'en découdre sur le sol de France, Lyautey le maintint au Maroc sous ses ordres. Fut-il cet « homme qui murmurait à l'oreille des chevaux » ou y avait-il chez lui du centaure ? Toujours est-il qu'il réussissait à soigner et à métamorphoser les bêtes les plus rétives, à leur faire exécuter presque naturellement les figures les plus compliquées là où d'autres avaient depuis longtemps jeté l'éponge. Il écrivit des traités sur l'art équestre et transforma les règles du dressage apprises à Saumur. L'arme de la cavalerie était, à l'époque celle des aristocrates mais lui l'avait choisie pour le seul amour du cheval [« Beudant sonnait pauvre, Beudant résonnait triste, Beudant sentait la roture »]. Pour autant cet homme, engagé volontaire dans un régiment de dragons et qui passera sa vie dans l'arme de la cavalerie, servant en France mais aussi au Maghreb, à qui on prédisait une belle carrière, s'arrêta au grade de capitaine et resta dans un relatif anonymat. C'était un solitaire, la vie militaire l'ennuyait, et à la routine des casernes et aux réceptions de garnisons il préférait la compagnie d'un cheval. Son mariage de raison et de convenance qui fit suite à son long célibat ne résista pas. Son épouse aimait les bals mondains et détestait les chevaux auxquels elle préférait l'automobile, elle le supporta en Afrique du Nord mais ne put vivre à Dax avec ce retraité bancroche au corps douloureux à force de chutes et de fractures qui était resté en esprit dans les oasis du Maroc et les sables du désert. Elle et leur fils unique l'y abandonnèrent à la solitude et à la réflexion sur le genre humain, sur la souffrance et le constat amer d'un écuyer devenu philosophe[« Dieu sait que j'en ai monté des chevaux...ils gardent toujours leur secret. J'ai passé ma vie à tenter de le percer et ce fut en vain. Toi et tes congénères on peut vous dresser mais pas vous dompter. Vous restez des énigmes pour nous, pauvres humains. »].

Jérôme Garcin imagine la vie de cet homme dans sa retraite désormais solitaire, simplement illuminée par l'entretien et l'accomplissement de la jument « Vallerine » dont il dut cependant se séparer parce que son corps ne lui permettait plus de poursuivre sa tâche. J'ai eu plaisir à lire l'épisode des adieux du cheval et du vieux capitaine [« Au galop assis, ils s'épousèrent. Étienne ferma les yeux. Vallerine céda, onctueuse et chaloupée. Ils ne faisaient qu'un... Lorsque, en soufflant , Beudant mis finalement pied à terre, il caressa l'encolure de Vallerine et lui murmura à l'oreille « Je te remercie de toi ».] Il accompagna ce passage de témoin à son successeur, malgré l'arthrose qui le torturait, d'un document de 81 pages écrit en une nuit, un texte de recommandations autant qu'une lettre d'adieu et d'amour ! Il nous présente ce vieil écuyer devenu prématurément invalide resté humble face à l'animal [« Un valet en livrée d'écuyer, voilà le titre dont, à la rigueur, il voulait bien se prévaloir »], bourrelé de remords pour avoir préféré ses chevaux à sa famille [« Ma vie de cavalier a été une vie de moine cistercien, et il n'y a pas de place pour la famille au monastère »], jetant sur sa vie un regard désabusé [« Tant d'efforts pour obtenir l'équilibre parfait qui est pourtant une illusion, une telle foi dédiée à l'éphémère »]. C'est un témoignage bouleversant sur une vie d'homme de l'ombre consacrée exclusivement au culte du cheval même si on peut y déceler une forme d'égoïsme. C'est aussi une réflexion sur le sens de l'existence, de la trace que chaque être humain veut laisser de son passage sur terre, quelqu'un qui prend conscience que son art disparaît petit à petit avec le temps, qu'il ne sera plus ce qu'il a été, que lui-même, après avoir été célèbre par son génie s'efface peu à peu, qu'il se raccroche à ses souvenirs, que sa vie s'en va ...

Si l'armée lui permit de vivre pleinement sa passion, ce qui lui valut les remontrances de sa hiérarchie et sans doute aussi des retards dans son avancement, il n'en fut pas moins habité par le doute et il la quitta temporairement pour connaître les grands espaces des États-Unis, y rencontra Buffalo Bill et Calamity Jane mais cette sorte d'incartade sabbatique fut bien entendu toujours placée sous l'égide du cheval. Au Maroc, Il croisa Lyautey qui vit sans doute en lui son double [« En vous et moi... il y a plus d'âme arabe que d'esprit colon. On doit sans doute cela aux chevaux. Ils m'ont appris à n'être jamais arrogant ni méprisant ». « Il m'arrive de vous regarder comme on fixe un miroir. Je me juge dans vos yeux. Parfois ils me renvoient une méchante image de moi » ], ce qui le rapprocha sans la moindre flagornerie de son chef.

Je ne suis malheureusement pas, comme Jérôme Garcin, versé dans l'art équestre mais les mots rares, précis qui deviennent précieux sonnent bien à mon oreille et j'ai apprécié ce vocabulaire technique où j'ai trouvé de la poésie, comme d'ailleurs dans les évocations et les descriptions qui émaillent ce texte. J'ai aussi goûté, dans l'exemple d'Étienne Beudant les conseils de patience et de respect pour l'animal. C'est un livre émouvant et plein de sensibilité et l'auteur qui est aussi journaliste, écrivain et passionné de cheval ne pouvait passer à côté d'un tel parcours. J'ai retrouvé avec plaisir cet auteur qui n'est pas un étranger pour cette revue et comme toujours j'ai apprécié son style fluide, précis et agréable à lire.

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Lecteur ayant déjà eu l'occasion d'apprécier Garcin, c'est en tant que cavalier ayant pratiqué 35 ans avec passion que je fais l'éloge de son livre. C'est pour faire de son capitaine Beudant, le militaire hors-norme qui m'a sauté aux yeux, un général étoilé.
En me replongeant dans le monde qui a si longtemps capté mon enthousiasme, en posant sur l'écran et le papier les ressentis que m'avaient laissés "D'un cheval l'autre", l'opus de Bartabas que jai lu la semaine dernière, je craignais fort de puissantes remontées de nostalgie. Pourtant les échanges avec d'autres lecteurs, les recherches sur Zingaro qu'ont suscitées le beau récit de cet écuyer ambigu ont eu presque l'effet inverse, notamment quand j'ai découvert que Bartabas avait co-signé une pétition contre le projet d'interdire aux mineurs l'accès aux corridas, cette honteuse survivance de la barbarie humaine, ce sadisme pur masqué en un art qui a pu faire naître des dresseurs hors pairs. Les mots du dresseur Bartabas sont très réussis mais sa tour d'ivoire est trop carcan, sa roulotte trop... barbelée, son monde trop... inquiétant pour moi.

A Bartabas je préfère Beudant.

Au temps de ma pratique équestre, j'ai eu des idoles et j'ai beaucoup lu leurs écrits. L'immense Nuno Oliveira, dont je connaissais très bien tous les livres et pouvais m'en réciter des phrases entières, Oliveira était un peu à part, sans doute parce que j'avais eu le privilège de voir de mes yeux son fils Joao, en chair et en os, travailler une demi-heure un jeune étalon lusitanien en basse école jusqu'à une ébauche de piaffer. Un moment inoubliable, un spectacle dont l'incroyable beauté m'avait définitivement propulsé dans le domaine du rêve, de l'absolu.

Bon, d'accord, au pays des Oliveira aussi on torrée, et même s'il n'y a plus de mise à mort au Portugal, les chevaux et les taureaux payent sûrement leur tribut lourdement.
Pourtant quand il est mort, Nuno, j'étais un homme mûr et bien sûr j'ai caché mes larmes.

Dans le peloton de tête des écuyers déjà passés à la postérité qui me fascinaient plus... abstraitement, venait Beudant et les bauchéristes de la dernière manière, comme son maître Faverot.

Les écrits de Beudant sont un peu troublants : emprunts d'une humilité presque trop systématique pour n'être pas suspecte, marqués par un quasi-dénigrement de soi, Beudant s'effaçant derrière la science des grands anciens et surtout de Faverot, Beudant répétant d'un côté que le moelleux, la rondeur et la grâce pour une pratique ordinaire sont à la portée de quiconque applique avec méthode les progressions qu'il propose, mais d'un autre côté Beudant s'excusant presque d'avoir obtenu de toutes sortes de chevaux souvent sous-doués, mal nés, parfois contrefaits, parfois même rogneux ruinés par des brutes et repris par lui, d'en avoir obtenu toute une batterie d'air les plus extravagants, du grand passage au trot à extension soutenue en passant bien sûr par le galop arrière ou le galop sur trois jambes, cette prouesse dont l'orgueilleux Fillis se targuait d'être un des seuls à maîtriser le secret... Les livres de Beudant sont agrémentés de photos dont on peut bien entendu se demander si elles n'ont pas été retouchées, clichés parfois un peu flous montrant toutes sortes de montures, dans toutes sortes d'allures ou d'attitudes classiques ou extravagantes, souvent magnifiques, figées pour l'éternité avec sur leur dos Beudant, le petit homme toujours bien placé, semblant se reposer dans l'irréprochable position assise "à la française", regard loin et assiette profonde, cuisses fort descendues, talons bas et loin des côtes, coudes comme sortis des flancs, rênes molles et minuscules éperons inactifs...

Beudant c'était le rêve mais ça paraissait trop légendaire, trop beau pour être vrai même si Bacharach, grand dresseur amateur que j'admirais, auteur équestre contemporain de mes belles années, l'avait connu et se réclamait de ses enseignements.

Et puis Garcin a publié "L'écuyer mirobolant", en 2010. Il avait si bien réussi avec moi à donner corps à la légende Beudant que c'est de plus en plus vers les conseils de ce diable d'"écuyer mirobolant" que je me tournais pour les derniers temps de ma pratique, avant qu'une stupide faute de conduite en moto ne me relègue au rang de piéton. Je ne sais si j'aurais atteint les sommets dont je rêvais, mais je luttais et me fatiguais de moins en moins sur le dos des deux ou trois derniers chevaux que j'ai grattés avant de raccrocher. Et eux se donnaient de mieux en mieux. Merci donc au moins pour ça, monsieur Garcin.

Après la découverte de "D'un cheval l'autre", je viens de relire "L'écuyer mirobolant" et je suis songeur. Cette fois fallait-il la laisser remonter, la nostalgie ?

La scène d'ouverture, très réussie, m'a bouleversé. J'avais oublié la description du cheval sellé marchant avec le cortège funèbre sans cavalier, ce cheval aux flancs duquel deux bottes vides, fixées sur les quartiers, enfilées dans les étriers la pointe vers la queue donc à l'envers, symbolisent le fantôme d'un homme en selle tourné vers son passé. Je voyais marcher le cavalier fantôme, dans les allées du cimetière de Dax où on enterra Beudant.
Je le voyais marcher mais les mots de Garcin se brouillaient devant moi et je dus lever les yeux.

Comme ils se sont brouillés à la fin du livre quand le vieil invalide s'éteint, quelques heures après avoir donné à René Bacharach, venu lui rendre visite une dernière fois, un ultime conseil sur le tact de la main qui doit insinuer la légèreté, la main dont les doigts amollis sur les rênes souples doivent envoyer des messages "comme dans les oeufs à la neige".
J'ai bien sûr pensé alors à la fin de "Milady", le beau roman pas marrant de Paul Morand (haha), dans lequel un ancien du Cadre noir se donne la mort mais se croit tellement irremplaçable qu'il y entraîne avec lui sa jument, aussi présomptueux en cela que le célèbre général L'Hotte, dont les dernières volontés furent qu'on abatte après son décès les derniers chevaux qu'il travaillait...

Et j'ai préféré le Beudant de Garcin, définitivement. Beudant qui, conscient que ses moyens déclinaient trop, préféra faire don de Vallerine, sa dernière jument, sa beauté, à un cavalier respectueux, lui faisant promettre d'être fidèle à ses conseils pour la monter et si possible, lui faire vivre sa vie de compagne des cavaliers avides d'absolu respect...

Entre ces deux extrémités, pour ne rien gâcher, le roman de Garcin parcourt un demi-siècle de vie politique de la France colonialiste. Il montre un Beudant capitaine affecté au Maroc, ami de Lyautey, comme lui pénétré de la richesse culturelle des peuples arabes, ayant appris leur langue, et plein de respect pour leurs coutumes malgré sa position de "supériorité". Un Beudant résolument méfiant envers les huiles parisiennes, préférant fuir les responsabilités, rester un homme de terrain plutôt qu'un rond de cuir, un capitaine cavalier, un demi-assis en mouvement ("en-avant" comme on dit) plutôt qu'un "assis" figé, au sens méprisant que donna Rimbaud à ce terme. La réalité des faits dans le Maroc et l'Afrique du nord en général, dans les dernières décennies de la colonisation, nous est montrée sous un jour dont mes connaissances historiques ne me permettent pas d'apprécier la véracité. En tous cas l'exotisme passe, sans ennui pour moi puisqu'il y est souvent question de chevaux. Il passe, même si c'est avec un peu d'une langueur qui pourrait en rebuter d'autres que les chevaux indiffèrent.

Quant à Vallerine, son errance dans un van au cul d'un camion, en retour de Paris vers Beudant, au coeur de la débâcle quand le militaire qui en avait hérité partit vers la guerre, Garcin l'a peut-être romancée, voire inventée, auquel cas il a bien fait. Car elle nous transporte vers la fin d'un monde. Vallerine, c'est je trouve une belle métaphore de la disparition dans nos armées des chevaux comme outils de combat. Vallerine c'est la survivance dans nos esprits de la seule réelle importance des chevaux : un symbole de force et de beauté animales dont on ne peut se faire un vrai complice que par une bonne dose d'humilité.

Je suppose que Garcin, ce cavalier fortuné qui fréquente les élites et cherche l'excellence, s'est documenté sur le Maroc pour écrire son roman. En tous cas il s'est pénétré du meilleur de ce qu'ont laissé les grands écuyers. Son style, lui, a ces deux qualités qui caractérisent la belle équitation à la française : fluidité et esthétique. Surtout, il fait de Beudant un parfait homme de cheval, ou plutôt un homme de cheval parfait, un humble serviteur des chevaux qui aurait pu faire sienne la maxime de Pluvinel, l'écuyer du roi donnant ce conseil au jeune Louis XIII à qui il enseignait l'équitation :
"Sire, prenez garde à ne pas luy ennuyer, ni estouffer sa gentillesse, car elle est aux chevaux comme la fleur sur les fruicts, laquelle une fois ôtée ne retourne jamais"...

Oui, même si c'est le rêve d'un roman, le Beudant de Garcin est bien le plus grand.
Et pour ces moments d'émotion, merci monsieur Garcin.



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http://www.telerama.fr/livres/des-chevaux-et-des-hommes,55733.php
Le goût pour l'équitation a ceci de spécial qu'il ne saurait être tiède : c'est de passion qu'il s'agit, toujours, et même d'éthique, de religion, de mystique, dans le cas du capitaine Etienne Beudant (1863-1949). le dernier roman de Jérôme Garcin en fait une évocation tout ensemble réaliste et rêvée - un de ces portraits ciselés, admiratifs, songeurs, délicatement mélancoliques dans lesquels l'écrivain excelle. D'Etienne Beudant, Jérôme Garcin retrace l'itinéraire, de l'engagement militaire en Afrique du Nord jusqu'aux années de retraite contrainte, et de ce parcours il nourrit un beau roman méditatif et épuré. Une fiction dont le coeur battant est la relation que ce cavalier, qu'on disait « mirobolant », entretenait avec le cheval, l'art équestre par lui vécu comme « une pensée pure, un acte de foi » - une piété, un chemin vers l'absolu, bien plus qu'un simple art de vivre.
On les retrouve tous deux, Jérôme Garcin et le capitaine Beudant, au sommaire de la réédition de la superbe Anthologie de la littérature équestre, que Paul Morand composa en 1966. le premier lui donne une pertinente préface, tandis que le second figure, au titre d'auteur, dans ce recueil qui rassemble, non pas des fragments poétiques ou littéraires, mais des traités équestres à vocation encyclopédique, scientifique ou pédagogique. du Grec Xénophon (vers 430-vers 355 av. J.-C.) au Portugais Nuno Oliveira (1925-1989), voyage dans des textes qui, au-delà du savoir qu'ils contiennent, de l'amour du cheval dont ils témoignent, offrent un authentique bonheur esthétique.
3* L'Ecuyer mirobolant, de Jérôme Garcin, éd. Gallimard, 182 p., 15,90 EUR.
4* Anthologie de la littérature équestre, établie par Paul Morand, éd. Actes Sud, 456 p., 39 EUR.
NATHALIE CROM - TÉLÉRAMA N°3148 - Mis à jour le 18/09/2013. Créé le 10/05/2010.
(http://www.telerama.fr/livres/des-chevaux-et-des-hommes,55733.php)
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Etranger à cet univers des chevaux, j'ai lu l'écuyer mirobolant avec envie d'y entrer, comme un monde particulier. Il y a dans ce livre les ingrédients des blessures d'un monde révolu. Les codes de la cavalerie, les valeurs du cavalier humble et du cheval naturel. Ce roman est beau et bien écrit, d'une langue douce et précise. J'ai pourtant eu du mal à me laisser entraîner aux côtés du capitaine Beudant dans les déserts du Maghreb. Comme s'il manquait quelque chose, cette énergie mystérieuse des chevaux de Delacroix.
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Quel dommage ce roman. le titre est extraordinaire, l'homme, le cavalier dont c'est une biographie romancée, l'était très probablement, mais on ne sait pas vraiment pourquoi au bout du compte.
J'ai lu ce livre d'une traite, y suis revenu, ai cherché mes impressions de cavalier, et n'en ai trouvées que peu, sinon les habituelles évocations de la relation particulière qui ne manque jamais de s'établir entre l'homme et sa monture.
Et puis peut être aussi un effet de mode, ce gout très contemporain du naturel, de l'éthologie équestre, de la nature avec un N majuscule.
Jerome Garcin écrit bien, et à mon sens il a manqué l'occasion de donner un souffle lyrique à son personnage, qui manque de substance, d'épaisseur, de "mirobolance".
Au final, outre le fait qu'il passait son temps avec les chevaux et exécrait ses chefs, on sait mal ce qu'avait de si extraordinaire ce cavalier qui devait bien l'être pourtant.
Quand aux relations avec Lyautey, elles paraitraient presque opportunistes.
Vite revenez nous Jérôme Garcin, avec un vrai ouvrage qui nous emporte, et pas seulement cet elliptique "mains sans jambes, jambes sans mains".
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
De ses yeux bleus coulèrent sur ses joues parcheminées des larmes qu’il ne pensa même pas à essuyer. Dans les arbres du printemps, des bergeronnettes et des pipits jacassaient. La chaleur commençait à monter du sol. La terre meuble attendait d’être foulée par des pieds propres, par des fers chauds.
- Tu sais, après toi, il n’y aura personne. Tu es mon dernier cheval. Je vais finir ma vie dans ce fauteuil. Je n’aurais plus, pour consolation, que le spectacle des chevaux en liberté. Quand ils trotteront haut dans l’herbage, galoperons dans un excès de folie, joueront à se faire peur avec leur ombre, j’imaginerai que je les monte à cru. Ce sera ma récréation de retraité. Allez ça suffit, pourquoi est ce que je te raconte tout ça….
Comme si elle avait compris, Vallerine, en s’ébrouant, retourna à son tas de foin vert, où elle fit le tri.

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 Dieu sait que j'en ai monté des chevaux...ils gardent toujours leur secret. J'ai passé ma vie à tenter de le percer et ce fut en vain. Toi et tes congénères on peut vous dresser mais pas vous dompter. Vous restez des énigmes pour nous, pauvres humains.
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Finalement, se disait-il, l'écriture n'est pas si différente de l'équitation. C'est une activité monastique, intérieure et assise, où le corps ne doit pas bouger afin que l'esprit transmette à la phrase, ce cheval de papier, le mouvement en avant et commande à d'innombrables figures de style.
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"Il rêvait en effet de régner sans poids ni appuis, par le seul souffle de la botte, la caresse du cuir et la profondeur de l'assiette."
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Il faut traduire leur silence. Et cela prend des années, des années… (p. 79)
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Jérôme Garcin vous présente son ouvrage "Écrire et dire : entretiens avec Caroline Broué" aux éditions des Équateurs. Entretien avec Jean-Claude Raspiengeas.
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