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EAN : 9782234051539
182 pages
Stock (25/08/1999)
3.31/5   27 notes
Résumé :
"Ca veut dire quoi grandir ? Ca veut dire qu'un jour on s'ennuie. On n'a pas envie d'être là, on a envie d'être nulle part, ni de rentrer à la maison, ni d'aller chez notre père. Voilà ce que ça veut dire. Voir ce qu'on a voulu nous cacher et qui pourtant nous crevait les yeux. Ne pas savoir que faire de sa peau, hésiter entre dedans et dehors, avoir l'impression qu'on gêne. On voudrait s'excuser d'être là, dans l'embrasure des portes. On voudrait débarrasser le pla... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Il y a Nico et moi, sa grande soeur. Nico c'est mon petit frère. Et au-dessous ou à côté ou ailleurs, si l'on veut faire des liens généalogiques, maman et notre père. C'est donc plus l'histoire entre Nico et notre « père ». C'est plus d'ailleurs une histoire d'ambiance pseudo-familiale, de liens rompus, et d'atmosphère étouffante voir oppressante. Nico a d'ailleurs fugué. Une nouvelle fois, devrais-je dire. C'est pas que c'est une habitude, mais c'est pas la première fois non plus. Que dire de plus, d'ailleurs.

Nico. Une enfance meurtrie par un père autoritaire et maltraitant. Nico. Avec ses frêles épaules et son esprit rebelle. Il subit les remontrances et les châtiments, sans rien dire, par fierté même. Une façon de se forger une carapace. de s'endurcir. de se muscler intérieurement. Vu de l'extérieur, c'est aussi un moyen de s'isoler et de s'échapper de ce carcan familial. Je parle de notre père mais dois-je mentionner dans l'histoire notre mère… Je pense qu'il lui en veut également. Médecin généraliste, elle s'occupe de ses patients avant tout, et surtout. du coup, elle s'est mise à l'écart de notre famille, et par moment, je me demande si elle ne nous prend pas plus comme des patients plutôt que ses enfants. Elle a abandonné sa vie de couple. Elle a jeté l'éponge sur ses enfants aussi. du moins, c'est mon sentiment.

Nico. On s'imagine déjà comment cela va finir. Mal. Ce genre d'histoire finit toujours mal. C'est presque une loi, une sentence irrémédiable. C'est une famille en dérive qui forcément fait des dégâts. le seul moment où les enfants peuvent souffler, c'est chez les grands-parents. Mais là aussi tout a une fin. Chaque instant de la vie de Nico pèse son lot de souvenirs et de brimades. L'impuissance d'une vie. Et ce ne sont pas de simples affichettes "Porté Disparu", comme l'on fait pour les chats, sur le plexiglas des abribus qui vont le faire revenir. 
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Nico et Laura ont respectivement douze et quatorze ans lorsque leur père se résout "enfin" à quitter le domicile. Vont-ils finalement souffler ? pas vraiment. L'autorité abusive de leur père est de celles qui laissent des traces à vie, notamment pour le jeune garçon qui va s'auto-punir, mal s'alimenter, s'infliger des séances de sport/torture pour s'endurcir, et continuer de fuguer...
Comme dans "Une année étrangère", Brigitte Giraud dissèque avec acuité et sans complaisance un couple en crise, une famille à la dérive. Ici, les enfants font les frais d'un père visiblement dérangé, violent, qui joue de son autorité avec son fils, l'humilie. On pense à Folcoche dans "Vipère au poing"... La mère est débordée et épuisée par sa profession de médecin généraliste, elle désapprouve le père mais n'ose (ou ne peut) pas le contrer... Si Laura, la fille aînée, semble relativement épargnée, elle souffre évidemment de l'ambiance délétère du foyer, entre les colères du père, les provocations du fils, l'impuissance de la mère. Laura et Nico n'ont de répit que lors de séjours chez les grands-parents...
Ce roman met mal à l'aise, on sent une menace sur Nico tout au long du roman, on devine des séquelles incurables, un drame à venir. La chronologie est sans cesse bousculée, la narratrice Laura a beau être délivrée de la présence du père, les souvenirs de ses violences morales ne cessent de la hanter.
Un livre poignant et douloureux, qui m'a cependant moins captivée que "Une année étrangère", sans doute à cause de la construction qui rend le récit chaotique, mais qui remplit néanmoins bien son rôle : rendre la persistance de la douleur des enfants palpable, "parce que rien ne disparaît, ni le bien, ni le mal, rien ne se dissipe. Chaque instant pèse de tout son poids. Nous sommes infestés, contaminés, nos cellules, nos globules, nos nerfs ont la charge de notre histoire. La mémoire se répand dans les tissus, coule dans les veines, elle fait des ravages." (p. 115-116).
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"Nico" est avant tout l'histoire d'une famille qui se délite. Un père violent qui prend un malin plaisir à s'attaquer au membre le plus faible de la famille, son fils, Nico. Une mère qui passe plus de temps à s'occuper de ses patients que de sa famille et qui fait mine de ne pas voir ce qui se passe sous son toit, qui s'éloigne chaque jour davantage de ses enfants. Face à cette adversité, Nico peut compter sur sa grande soeur, Laura. Un lien très fort les unit. Dans cette enfance compliquée, il y a des instants de bonheur : les vacances passées chez leurs grand-parents à la campagne, les moments de complicité, les secrets partagés... Mais en grandissant, les choses changent. Nico devient de plus en plus dur. Les punitions infligées par son père deviennent le moyen de montrer sa fierté et sa valeur. Ainsi, lorsque son père aura finalement quitté le foyer, Nico continuera à s'infliger des punitions. Nico en veut à tout le monde et notamment aux patients de sa mère. C'est à cause d'eux que sa mère est si fatiguée, fanée avant l'heure et qu'elle n'a pas de temps pour lui. Nico en veut au monde entier. Il se forge une carapace que même sa soeur n'arrive plus à percer. C'est avec horreur que Laura prend conscience de l'homme que son frère est en train de devenir. Jusqu'au bout, elle pense qu'elle parviendra à le faire fléchir.

Brigitte Giraud crée une ambiance familiale suffocante et dramatique. J'ai beaucoup apprécié son style d'écriture. Elle sait très bien faire ressortir l'amour fraternel qui unit Laura et Nico. On sent la nostalgie de Laura qui comprend tardivement que ce lien si cher qu'elle avait avec ce frère tant aimé s'est rompu brutalement sans possibilité de retour.
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Une jeune fille raconte l'enfance et l'adolescence difficiles de son frère puiné, entre un père qu'elle présente comme un pervers et une mère aimante mais absorbée par ses propres soucis (professionnels ou conjugaux). L'auteur fait très bien ressentir la façon dont ce jeune garçon échappe progressivement à tous, y compris à sa soeur qui le comprend mais de moins en moins, jusqu'à une tragédie finale qui paraît inéluctable.
J'ai beaucoup apprécié ce livre, malgré un sujet et une ambiance pesants et en dépit de quelques effets de style qui m'ont agacé aux pages 116-117 (structure répétitive des phrases et de leur sujet). du même auteur, j'ai préféré "Une année étrangère".
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j'ai bien aimer se livre mes je n'es pas comprie certain passage.
Mon prof de français a trouver ce livre bien aussi car sa parle d'un p'tit enfant qui se fait maltreté par son pére.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ma mère assistait à la dérive de Nico, sans s'alarmer. Elle ne voyait pas qu'il érigeait un mur derrière lequel il s'isolait. Elle butait chaque jour contre les fortifications mais ne tentait pas de les abattre. Elle se cognait inlassablement, elle était pleine de bleus. Mais ces bleus semblaient indolores, elle ne s'en plaignait pas. Devenait-elle insensible ? Elle ne pouvait aborder Nico de face, lui parler dans les yeux, elle n'obtenait rien, aucune réponse, aucun indice, il ne faisait plus signe. Elle essaya de le prendre de biais, fit des détours, emprunta des chemins escarpés. Mais Nico refusait de voir les efforts de ma mère, comme s'ils arrivaient trop tard. Le mal était déjà fait, Nico était inaccessible.
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J'aimais l'idée de m'enfermer dans la salle de bains, de me recroqueviller au fond de la baignoire, sous le mitigeur dernier cri, mais j'avais peur de ne plus pouvoir en sortir, incapable d'ouvrir la porte qui me séparait de mon père, incapable d'articuler les quelques mots nécessaires au bon déroulement du week-end.
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Adolescence :
Ca veut dire quoi grandir ? (...) On est mal. On est entre deux mondes, sur un fil au-dessus de l'abîme. On a le sentiment du temps qui passe pour rien, qui avance sans nous. On est suspendus, en sursis, on croit que tout est grave, que tout est triste. (p. 116)
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(...) rien ne disparaît, ni le bien, ni le mal, rien ne se dissipe. Chaque instant pèse de tout son poids. Nous sommes infestés, contaminés, nos cellules, nos globules, nos nerfs ont la charge de notre histoire. La mémoire se répand dans les tissus, coule dans les veines, elle fait des ravages. (p. 115-116).
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Videos de Brigitte Giraud (42) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Brigitte Giraud
Brigitte Giraud et ses invités, Didier Castino et Nine Antico.
Oh les beaux jours ! est heureux d'accueillir à Marseille la lauréate du prix Goncourt 2022, Brigitte Giraud. Si cette récompense suprême l'a particulièrement mise en lumière ces derniers mois, elle est l'autrice depuis 1997 d'une oeuvre conséquente – romans, récits, recueil de nouvelles – que ce rendez-vous privilégié avec elle nous propose de découvrir.
Au cours de ce grand entretien, il sera aussi question de sa passion pour la musique, particulièrement pour Rachid Taha, qui lui rappelle son adolescence dans la banlieue de Lyon, où ils ont grandi tous les deux ; du chanteur et écrivain Dominique A, complice de longue date, dont elle a édité un texte et que nous sommes allés interviewer pour l'occasion ; de son lien à l'Algérie, son pays natal (elle est née à Sidi Bel Abbès en 1960), et de la manière dont les relations complexes entre l'Algérie et la France continuent de jouer un rôle dans nos sociétés. L'écrivaine évoquera également l'adolescence et la difficulté à trouver sa place dans un monde fragilisé et, bien sûr, le deuil, thème qui parcourt son dernier roman, Vivre vite. Plus de vingt ans après ce drame intime, elle y fait le récit, à partir d'une succession d'hypothèses qui interrogent intelligemment la notion de destin et de choix, des événements qui ont précédé la mort en 1999 de son mari, Claude, dans un accident de moto alors qu'il allait chercher leur fils à l'école.
Sur le plateau de la Criée, Brigitte Giraud a souhaité s'entretenir avec deux auteurs dont elle apprécie le travail et les engagements, tous deux marseillais : l'écrivain Didier Castino, par ailleurs professeur à Marseille, et l'autrice, dessinatrice et réalisatrice Nine Antico. Une rencontre passionnante avec une écrivaine dont la langue au tempo musical sonde avec émotion les fractures du temps et celles des âmes, car, dit-elle, «l'intime, la décence, c'est ce qui relie au collectif».
À lire (bibliographie sélective) — « Vivre vite », Flammarion, 2022 (prix Goncourt). — « Nous serons des héros », Stock, 2015. — « Avoir un corps », Stock, 2013. — « Une année étrangère », Stock, 2009 (prix du jury Jean Giono). — « L'amour est très surestimé », Stock, 2007 (prix Goncourt de la nouvelle).
Un grand entretien animé par Olivia Gesbert et enregistré en public le 27 mai 2023 au théâtre de la Criée, à Marseille, lors de la 7e édition du festival Oh les beaux jours !
Podcasts & replay sur http://ohlesbeauxjours.fr #OhLesBeauxJours #OLBJ2023
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