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EAN : 9782246859437
144 pages
Grasset (13/04/2016)
3.52/5   24 notes
Résumé :
« Son sourire aujourd’hui me donne envie de découvrir le monde. Elle oublie, je le vois, l’échéance des trois jours. Elle oublie que le temps est compté, elle oublie l’ombre et son murmure.
Il fait doux, Nice ouvre ses cadeaux. Il n’y a personne dans les rues. Je marche, enveloppée dans un caban trop large. Je ne pense qu’à ma mère. Je sais que la parenthèse se referme sur nous. Ma promenade, au gré du vent, au gré de rien, me conduit dans un joli jardin. Je ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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C'est bouleversant... 140 pages pour décrire la perte. 140 pages profondes et poignantes, qui tentent de mettre des mots sur des sentiments indescriptibles.

Jeanne se rend à Nice, accompagnée de sa grand-mère, et de sa mère, mourante, sur laquelle elle veille au quotidien. Ce voyage spirituel, sur les traces de la jeunesse de sa mère, est une sorte de voyage d'adieu, une façon de boucler la boucle de la vie d'Hélène, sa mère. Atteinte d'un cancer depuis de nombreuses années, cette dernière voit son heure arriver. Mais comment faire face à la mort d'un être cher ?

C'est vraiment triste. Il faut avoir le coeur bien accroché et les larmes pas trop au bord des yeux pour lire ces lignes. Jeanne veille sa mère jusqu'aux derniers instants de sa vie. Une vie pleine de souffrances, dues en partie à cause de cette maladie mortelle, décrite comme un enfer. A partir de là, la mort n'est-elle pas préférable ? N'offre-t-elle pas une perspective plus lumineuse ? Jeanne va se questionner sur l'après, sur son avenir, sans sa "maman", sur le vide qu'elle va laisser, les choses de sa vie qu'elle va manquer.

Anne Goscinny, la fille du très célèbre auteur René Goscinny, père du Petit Nicolas ou des bandes-dessinées Astérix, s'inspire d'une part de sa vie personnelle pour écrire le livre. En effet, son père, sus-mentionné, est décédé alors qu'elle n'avait que 9 ans, d'une attaque cardiaque violente. Jeanne, dans le livre, a également perdue son père dans son jeune âge, à cause d'un infarctus. D'ailleurs, dans plusieurs interviews que l'auteure a donnée, elle dit clairement qu'elle ne s'est jamais remise de la mort de son père, et qu'elle ne souhaitait pas vraiment faire le deuil de cette mort.
Il faut vraiment avoir du courage pour écrire sur ce thème - toutes mes félicitations sont adressées à l'auteure - ; d'autant plus si la mort est entrée dans votre vie, à un moment ou à un autre, pour y apposer une marque indéfectible.

Le sommeil le plus doux, c'est un ouvrage sur la perte, certes. Mais c'est aussi un ouvrage sur l'amour. L'amour passionnel, l'amour inconditionnel, l'amour maternel, entre une fille et une mère. Jeanne veille sur la fin de la vie de sa mère, comme sa mère a veillée sur le début de la vie de Jeanne. Un lien indéfectible les unit.
Outre cet amour maternel, il y aura également de l'amour au sens premier du terme.

Gabriel va faire son entrée dans la vie de Jeanne. Cet homme, qui pourrait être son père, va bouleverser la vie de la jeune femme. Ils vont s'aimer d'un coup d'oeil, d'un amour simple, sans fioritures. Un homme comme tombé du ciel, qui va faire son entrer dans la vie de Jeanne au moment où cette dernière en a le plus besoin.
Les chapitres vont s'alterner entre Gabriel narrateur et Jeanne narratrice. Une alternance de voix qui prend sens quand on arrive à la fin de notre lecture. Je ne vous en dis pas plus, je vous laisse seulement savourer l'exquis dénouement de ce livre.

Anne Goscinny a réussie le pari fou de poser des mots simples, emplis d'émotions et de sincérité, sur un sujet douloureux. On ne peut qu'être emporté par la poétique du récit, la justesse de la plume et la douceur de l'histoire.
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La veille de Noël, Jeanne, jeune femme de 25 ans, arrive à Nice avec sa mère et sa grand-mère paternelle pour une escapade de trois jours. Sa mère atteinte d'un cancer dont l'issue ne laisse aucun espoir veut revoir Nice la ville où elle est née.

Toutes trois s'installent dans un vieux palace. La mère de Jeanne, dont le prénom n'est jamais dévoilé et on ne comprendra pourquoi qu'à la fin du récit, ne pourra pas faire découvrir sa ville à sa fille. Malgré les médicaments et l'alcool , la fatigue, les douleurs la plongent dans un sommeil qui font que "elle n'aura vu de Nice que les silhouettes des palmiers dans la nuit. Elle n'aura entendu la mer qu'à travers les fenêtres de sa chambre".

La grand mère quant à elle, vit déjà dans un autre monde avec ses fantômes dans le souvenir de l'Ukraine qu'elle a dû fuir en emportant seulement un chandelier à sept branches, une horloge et un couteau à pain, avec les souvenirs de ses frères et soeurs victimes de la Shoah. Cependant Jeanne avait besoin qu'elle l'accompagne pour l'aider à affronter la mort de sa mère.

Sa mère souffre mais ne se plaint jamais, ne pleure jamais devant sa fille, elle s'accorde juste un moment de révolte pleurant la grand mère qu'elle ne sera jamais. Mais de façon générale elle est lucide et pleine d'humour.

Pour échapper à cette agonie vécue au jour le jour, Jeanne part marcher dans la ville et rencontre Gabriel, un homme de 20 ans son ainé. En pleine crise familiale, aussi seul qu'elle, il est touché par cette jeune femme fragile et triste qui va se confier à lui.

Le récit va voir s'entrecroiser la voix de Jeanne et celle de Gabriel à deux époques différentes, au présent et au passé puisque Gabriel se souvient de cette rencontre trente ans plus tard, une rencontre où il va devenir son premier amant et ainsi la faire devenir femme au moment où elle devient orpheline.

Ce livre évoque l'amour fusionnel d'une mère et de sa fille, la maladie d'une mère qui empêche sa fille de commencer sa vie de femme "j'ai dix ans de retard sur les autres" Une maladie que Jeanne côtoie depuis son enfance et qui a marqué son adolescence.

Une relation mère-fille où les rôles sont inversés, Jeanne déposant un baiser sur la bouche de sa mère le matin pour s'assurer que "son immobilité n'est due qu'au sommeil", rêve d'une vie sans échéance connue, elle qui a déjà vécue lorsqu'elle était enfant la perte de son père, perte tellement violente et inacceptable qu'elle en parle comme d'un suicide alors qu'il s'agit d'une mort par infarctus. "fille d'un cancer et d'un infarctus".

Jeanne vit avec la maladie de sa mère depuis longtemps déjà et en souffre autant qu'elle "je sais bien que ce n'est pas contagieux mais pourtant nous sommes deux à en crever" , le cancer qui ronge sa mère l'envahit aussi.

C'est un livre qui se lit lentement pour mieux en savourer la poésie. Il est sensible, pudique, bouleversant , intime, intense et sans mots inutiles. René Goscinny est décédé lorsqu'elle avait 9 ans et sa mère lorsqu'elle avait 26 ans, nul doute qu'elle a puisé dans son histoire personnelle pour écrire ce magnifique roman.

Le résumé peut rebuter par son thème mais c'est un roman doux sans aucun pathos, une sorte de voyage dans le temps, mélancolique et personnel. Une pépite construite sur une narration à deux voix qui ne se dévoile qu'à la toute fin du récit avec une révélation finale surprenante. Une belle écriture délicieusement poétique qui me donne envie de lire d'autres romans de cette auteure
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À la veille de Noël, Jeanne part avec sa mère et sa grand-mère en direction de Nice. Cette jeune femme de vingt-cinq ans tente ainsi de répondre aux derniers souhaits de sa mère, puisque ses jours sont comptés. Atteinte d'un cancer, elle a eu beau essayer tous les traitements possibles – même des médicaments encore en phase de test – elle est perdue, et son quotidien n'est plus qu'une souffrance aussi interminable qu'abominable. Jeanne exauce par ce geste le dernier souhait de celle qui lui a donné la vie. En parallèle, il y a Gabriel, marié, père de deux jumeaux, mais qui n'est pas heureux . Sa relation avec ses enfants est très difficile, car ils lui reprochent ses absences et son manque d'intérêt envers eux, alors que son épouse n'occupe plus vraiment cette place dans sa vie, puisqu'elle s'est cantonnée à son rôle de mère et d'artiste peintre. Et grâce au hasard, les chemins de Jeanne et de Gabriel vont se croiser.

La construction narrative du Sommeil le plus doux est particulièrement originale et nous offre une approche très intéressante du récit. Alors que Jeanne nous relate son histoire au présent, avec l'émotion propre à ce qu'elle vit, ses questionnements et ses peurs quant au futur, Gabriel nous relate cela au passé, de nombreuses années plus tard, avec un certain recul sur la situation. Par ailleurs, Gabriel est bien plus âgé que notre héroïne, puisque l'on sait qu'il pourrait être son père. Ils n'ont donc pas la même expérience de l'amour – lui, père de famille ; elle, qui n'a jamais eu de petit ami –, et ils nous proposent des interprétations différentes de leur relation.

La perte de sa mère imminente à laquelle Jeanne tente de se préparer est particulièrement émouvante à lire. D'ailleurs, cette femme aux portes la mort explique à son enfant ce que sera sa vie lorsqu'elle sera partie, et qu'elle n'aura plus personne à appeler maman, « Deux syllabes si bêtes quand elles sont là, tout prêt. Deux syllabes interdites, comme ça, en moins de temps qu'il n'en faut pour mourir ». Mais c'est avec beaucoup de force et d'amour que Jeanne sera présente pour sa mère jusque dans son dernier sommeil. le tout est porté par une écriture très poétique. Lors du dîner du réveillon de Noël de Gabriel et de sa famille, ses mots m'ont particulièrement plu : « Une table trop garnie, et des sourires absents qui sont bien plus difficiles à gérer que l'absence de sourire ».

Malheureusement, j'ai été très déstabilisée par la fin de l'ouvrage, remettant en question la présence d'un personnage : était-il réellement là où Jeanne percevait-elle un fantôme ? À moins que ce fût le produit de son imagination ? de plus, le dernier chapitre est très vite expédié, passant très rapidement sur l'apprentissage de la nouvelle vie de Jeanne, une fois que sa maman n'est plus. J'aurais aimé en savoir davantage, qu'Anne Goscinny prenne le temps de nous expliciter les faits, car tout nous est livré « en bloc », et j'ai l'impression de ne pas avoir tout saisi.

Lien : http://meslecturespageapresp..
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Roman à l'histoire poignante, émouvante. Elle aborde plusieurs thèmes : relation fusionnelle mère-fille, les rôles qui sont inversés quand c'est un des parents qui est malade, l'évolution de la fille qui va devoir se préparer à vivre sans sa mère à ses cotés et devenir une femme. Nul doute qu'Anne Goscinny a puisé dans son histoire personnelle pour écrire ce roman au style doux, poétique et sans tomber dans le pathos. Un conseil : lisez ce livre lentement pour l'apprécier.
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Le sommeil le plus doux est le roman des bilans. de ceux où l'on pèse le poids des malheurs par rapport aux bonheurs que la vie a permis de vivre. À travers ce livre, le lecteur est amené à s'interroger sur le sens de la vie, le chemin déjà parcouru et celui qu'il reste à vivre, plein de promesses.

J'ai particulièrement apprécié le ton employé par Anne Goscinny, toujours empreint de délicatesse, de respect et d'une grande douceur. Les mots et les images sont justes et bien choisis.

On ressent très fort le lien qui unit Jeanne à sa mère. Face à la maladie et à la fin de vie, leurs réactions respectives sont diamétralement opposées mais tout à fait compréhensibles. Jeanne, avec toute la fougue de sa jeunesse, est en colère. Elle se sent impuissante, incapable d'apaiser les douleurs de sa mère et de concevoir sa perte imminente. Au contraire, sa maman se montre sereine, prête à partir dans un doux sommeil après une vie bien remplie. En tant que lecteur, on entre très naturellement en empathie avec l'une et l'autre, et c'est avec intensité que l'on partage leur ressenti.

Le sommeil le plus doux est poignant et triste sans pour autant être sombre et larmoyant. A l'inverse, nous terminons notre lecture apaisés, tout comme la mère de Jeanne qui part sur des souvenirs heureux. Un roman d'une grande douceur qui me donne envie de découvrir les autres livres d'Anne Goscinny.
Lien : http://carnetdelecture.skyne..
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critiques presse (1)
LeFigaro
12 mai 2016
Une jeune femme au seuil de la vie, entre sa mère et sa grand-mère qui la quittent sur la pointe des pieds.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Au début, ce sera difficile, très difficile. Tu auras l'impression que tu ne sais plus marcher, plus parler non plus. Les premiers temps, tu seras paralysée. Un pied et puis l'autre. Tu marcheras jusqu'au Pont-Neuf. Et petit à petit tu rallongeras tes promenades, la rue de Buci, Saint-Sulpice, la rue du Regard. Et retour. Ce seront tes victoires. Tu devras apprendre à être Jeanne sans mère. Apprendre aussi à ne plus prononcer ce mot, maman. Deux syllabes si bêtes quand elles sont là, tout près. Deux syllabes interdites, comme ça, en moins de temps qu'il n'en faut pour mourir. Il faudra que tu découvres un nouvel alphabet. Tu t'apercevras qu'en te servant de l'ancien, personne ne te comprendra plus. Pour les gens que tu aimais et qui t'aimaient, tu ne seras plus que Jeanne qui a perdu sa mère. Ce deuil sera ta particule. Impossible à cacher. Moi je sais que tu apprendras.
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Je n'ai plus peur. J'ai passé des nuits à trembler, terrifiée par l'idée du cercueil. Et puis là, je me dis que je suis mon propre cercueil avec cette maladie qui me grignote, me bouffe et m'aspire. Alors ce sera plus confortable ! Tu vois, j'ai tout aimé dans cette vie. Même le malheur qui me prouvait jour après jour que j'étais encore vivante.
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Chère sainte Rita,
Merci pour tout. Merci pour ton silence, merci pour ton indifférence, merci pour ceux qui jusqu'au dernier moment ont espéré. Merci pour les cheveux, merci pour le sein. Merci pour sa vie foutue.
Jeanne.
PS : Si tu croises mon père, dis-lui de se raser, sa femme arrive.
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Je ne pense qu'à ma mère, à sa vie de douleur. Je sais que la parenthèse se referme sur nous comme un piège relié à une bombe à retardement. Je visualise le demi-cercle qui dessine la fin de la parenthèse. Il se rapproche dangereusement de celui qui l'ouvre.
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Nous ne resterons à Nice que trois jours, mais ma mère a pris une grosse valise. Une valise qui lui permet d'attendre le printemps et même de ne pas rentrer. Elle sait peut être, elle sait sûrement qu'au prochain voyage, elle sera sans bagages.
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Vidéo de Anne Goscinny
Lecture de Anne Goscinny tiré du livre Figures d'écrivains, dirigé par Étienne de Montety.
Découvrez un portrait inédit de la littérature française. La visage, la plume et la voix de 70 grandes figures des lettres réunies pour un cadavre exquis historique.
Pour en savoir plus : https://www.albin-michel.fr/figures-decrivains-9782226436351
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