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EAN : SIE120193_479
Jeheber, Paris. (30/11/-1)
4/5   1 notes
Résumé :
L'action de ce roman débute en juin 1940, alors que l'Angleterre attend l'invasion, après le désastre de Dunkerque.

L'héroïne, Mlle Brown, voit la pension qu'elle tenait s'écrouler sous les bombardements. Ruinée, sans feu ni lieu, elle ne sait que devenir. La Providence vient à son secours sous la forme d'un compagnon de voyage, M, Birley. Celui-ci lui explique qu'un drame qui semble, à première vue, ne signifier que mort et douleur, sert à transform... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« Le château sur la colline » nous conduit en Angleterre durant le blitz, cette période courant de juin 1940, défaite de l'armée française, à juin 1941, début de l'offensive allemande à l'est. Année terrible où le Royaume Uni s'opposa seul à l'Allemagne et à ses alliés et où la population à qui Churchill avait promis « des larmes, de la sueur et du sang » passa « de l'épouvante à la sérénité » pour reprendre le sous titre donné par Elisabeth Goudge.

Publié dès l'automne 1941, par une femme vivant sur la cote sud du Devon, donc en première ligne, c'est un livre superbe, qui trouvera son prolongement dans « par amour » de Valérie Tong Cuong qui décrit les bombardements du HAVRE entre 1940 et 1944 et qui pose la question « que restait-il de solide dans nos vies ? ».

N'ayant pas été réédité depuis 1948, et n'ayant jamais été publié en forme poche, contrairement aux autres oeuvres de ce grand écrivain, « le château sur la colline » est peu connu en France et je vais donc en commettre un bref résumé en espérant ainsi développer son lectorat.

L'héroïne, Mlle Brown, se retrouve au printemps 1940 expulsée de sa maison côtière, réquisitionnée par l'armée puis détruite par la Luftwaffe. Elle erre dans Londres et finit par embarquer dans un train en partance vers la province après avoir croisé un violoniste juif, M. Isaacson, contraint de fuir Leipzig et terrorisé par la tournure des événements.

Dans le train Mlle Brown est distinguée par M Birley, un historien médiéval réputé, descendant de ces familles normandes qui, aux cotés de Guillaume, ont apporté la civilisation aux anglais. M Birley cherche une gouvernante pour prendre en main sa propriété Birley Castle, « le château sur la colline », à proximité du village de Torhaven. M Birley est pleinement conscient que sa destinée sera tragique, pris en tenaille comme il l'est entre le fisc britannique et la menace nazie.

M Birley y vit en compagnie de deux neveux, Richard, l'ainé pilote dans la RAF et Stephen, architecte et objecteur de conscience. Dans le village vit un docteur et sa gracieuse fille Prue, qui, le lecteur s'en doute, ne laissera pas indifférents Richard et Stephen. Mlle Brown accepte de manager Birley Castle et son équipe constituée d'un majordome M Boulder, ancien combattant, et de Miss Heather, une veuve.

Le hasard, ou la providence, vont conduire à Torhaven, M Isaacson accompagné de deux fillettes Moppet et Poppet, fuyant Londres et les bombardements.

Le décor est planté, les acteurs introduits, la tragédie peut commencer avec son cortège de héros, de morts, de blessés, et la destruction d'un patrimoine multi séculaire.

Mais par delà ces sacrifices librement consentis, l'Angleterre vivra éternellement, fidèle à sa vocation … bel acte d'espérance publié quelques semaines avant Pearl Harbour et le déferlement japonais sur l'empire britannique !

Pages superbes, avec peu de dialogues, mais beaucoup d'introspections idéales pour décrire ces personnages et leurs états d'âmes ou pour nous peindre ces paysages anglo normands éternels. Pages bouleversantes quand l'auteur, une femme qui n'a pourtant jamais piloté un avion, nous embarque avec Richard pour défendre Torhaven et le royaume.

« Le Château sur la colline », est à mon avis, du même niveau que le « silence de la mer » de Jean BRULLER (alias VERCORS) ou que « Suite française » d'Irène NEMIROVSKI, deux chefs d'oeuvres rédigés à la même époque.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le vicaire n'apporta aucune modification au service ; il ajouta simplement la prière de la reine Elisabeth devant l'Armada, changeant seulement un mot ici et là pour l'adapter aux circonstances présentes.

« Nous vous prions instamment, ô notre Dieu, de nous accorder Votre clémence en ces temps où nous sommes environnés d’ennemis audacieux et subtils. Faites que nos ennemis sachent que Vous avez pris l'Angleterre sous votre haute protection. Entourez-la d'un rempart, ô Dleu, et défendez-la éternellement. Faites que ce rempart soit une consolation pour les affligés, une aide pour les opprimés et une défense pour Votre Eglise et Votre peuple persécuté. Conduisez-nous et marchez devant nos armées sur mer comme sur terre. Bénissez-les, favorisez les et accordez-leur le succès et la victoire. Vous êtes notre aide et notre bouclier. Faites triompher tous ceux qui combattent les ennemis de Votre évangile. Amen. »

Malgré son anxiété pour Richard, un frisson d'orgueil parcourut Stephen. Ce vieil homme devant l'autel, les vieilles dames derrière lui, la petite Prunella, tous étaient venus à l’église exactement comme d'habitude; et les vieilles dames avaient critiqué Prunella exactement comme d'habitude, comme si elles n'avaient pas entendu ces cloches et ces trompettes à l'aube. S'ils avaient peur, ils ne le montraient pas. Ils étaient dignes de leur race, après tout.
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Mlle Brown dit que de ce côté-là elle n'était jamais allée plus loin que Bournemouth où, une fois, elle avait été voir sa tante Ada. Sa tante était morte maintenant. Appendicite, et puis des complications.

— Vraiment ? Quel dommage. J'espère que vous ne trouverez pas notre vie à la campagne trop monotone. Nous vivons au rythme du pas mesuré des chevaux creusant à la charrue les longs sillons sur la crête des collines, du bétail rentrant à la ferme pour la traite, le long des chemins creux. Personnellement, j'espère que ce tempo ne sera jamais abandonné, car je pense qu'il bat la mesure pour la seule vie digne d'être vécue. Mais, vous voyez, je suis un homme de l'Ouest.

— Et patriote, affirma Mlle Brown.

— Oui, dit M. Birley en souriant. L'Ouest est riche en histoire, une mine d'or pour un historien. Les vieux et beaux villages ont un air tout spécial de bienveillance et de paix. Les collines sont très vertes, les chemins et les bois pleins d'oiseaux et couverts de fleurs. La mer n'est jamais très loin. Les vents apportent de la fraîcheur et le cri des mouettes nous est aussi familier que le chant de l'alouette. Il y a de vieux châteaux sur les collines et presque chaque village a son antique manoir. Lc promontoire de Plymouth tient encore malgré tous les efforts de l’ennemi. Le tambour de Drake bat toujours à l'heure du danger... Pardonnez-moi, je suis de ces vieux bonshommes bavards qui, une fois remontés, vont jusqu'à ce qu'on les arrête ; et étant un écrivain j'ai acquis une facilité fatale à mon entourage.

Mais Mlle Brown goûtait sa conversation pédante.
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Il regarda les feuilles de son manuscrit étalées sur sa table. Son esprit restait attaché à l'époque où, comme historien, il se trouvait le mieux chez lui et il s'était follement embarqué dans une étude de l'histoire de l'Europe de la Renaissance à l'époque des Stuarts. Quel travail ! Il aurait de la chance s'il le terminait avant sa mort. Mais quelle période magnifique, éclairée par les figures lumineuses des Chevaliers, Thomas More, John Fisher, John Houghton, Robert Aske, don Juan d'Autriche et une centaine d'autres. Leurs noms étaient comme des étoiles dans l'orageuse obscurité de leur époque.

Don Juan d'Autriche. Lépante. Les noms, écrits de sa grande écriture régulière, lui sautaient aux yeux. Il était revenu aux temps où l'Europe bouleversée et désunie faisait face à l'assaut des Turcs. Il voyait le malheur balayer l’Asie, l’Afrique, la moitié de I'Europe, et avancer encore. Il entendait les cris de ceux qui étaient massacrés, le cliquetis des chaînes dans l'enfer des donjons, les sanglots qui éclatèrent parmi la musique de la dernière messe chantée dans l'église chrétienne de Sainte-Sophie, à Constantinople. Son esprit reculait d'horreur à la vue des petits enfants enlevés à leurs foyers, transformés en robots inhumains et ensuite envoyés pour massacrer les mères qui les avaient mis au monde. Son cœur se soulevait, lorsqu'il se rappelait la puanteur des galères et le sifflement des fouets sur les épaules des esclaves exténués. Il lui semblait que cela se passait aujourd'hui, c'était pour son esprit aussi réel que la torture de la Pologne, l'agonie de Rotterdam et les horreurs des camps de concentration. Il s'agitait dans son fauteuil, transpirant sous l'emprise de ce cauchemar. Jusques à quand, ô Dieu, jusques à quand ?
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Comme la chute de la France, c'était arrivé avec une rapidité foudroyante. La vue de la mer, de ses fenêtres, qui avait été un tel appoint pour sa pension de famille, était devenue, du fait d'une France occupée par l'ennemi à quelques dizaines de kilomètres seulement de l'autre côté de la Manche, tout le contraire d'un avantage et ses pensionnaires l'avaient brusquement quittée. Alors, le soir même, à ce qu'il semblait à Mlle Brown, des héros habillés de kaki et casques avaient surgi de partout, des canons avaient été placés sur les falaises et des fils de fer barbelés tendus le long de la plage; puis ce fut le vrombissement des aéroplanes ennemis sur leurs têtes et le traças et les vibrations des bombes. Etourdle, Mlle Brown avait écouté à la radio des discours sombres, mais exaltants, et peu à peu, avec tous ses compatriotes et par le génie de l'homme qui était à la tête de la nation, elle avait passé de la confusion à la résolution, de l'effondrement à I'espoir et senti enfin un sol ferme sous ses pieds et dans son âme un courage qui l'emportait comme l'auraient fait des ailes. Vivant sur les hauteurs, sans souci du lendemain qui ne pouvait plus exister, elle s'était soudain sentie ridiculement tranquille et prête à tenter l’impossible. Etre blessée ou mourir lui semblait une chose sans importance. Elle et « sea view » prendraient en pension des militaires au lieu de civils et elles attendraient la fin ensemble.
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— La vie est étrange, dit Mlle Brown sérieusement et Stephen sourit.

L'adjectif « étrange » appliqué à la vie de cet été de 1940 était peu approprié, mais, comme son onde, il sentait que les calmes platitudes de Mlle Brown allaient les aider à garder leur équilibre durant les jours à venir.

— Et c'est étrange, dit-il, qu'au milieu d'une civilisation qui croule, nous nous intéressions encore à des individus. Et cependant, ce n'est pas si étrange, étant donné que la survivance de cette civilisation est une des choses pour lesquelles nous sommes censés nous battre.
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