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EAN : 9782360135967
403 pages
Riveneuve éditions (19/11/2020)
3/5   4 notes
Résumé :
La biographie originale d'un grand du théâtre et du cinéma français construite autour d'un axe shakespearien qui structure toute la vie de Patrice Chéreau. Le travail bien écrit et documenté d'une spécialiste qui reçoit le concours de deux grands professionnels proches collaborateurs de Chéreau : Peduzzi et Regnault. - Une biographie de Patrice Chéreau : homme de la scène majeur dans le théâtre, l'opéra et le cinéma français de la fin du XXe siècle et début XXIe siè... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La première fois que j'ai dévoré "La Reine Margot", j'étais collégienne, en quatrième je crois.
A l'époque j'étais déjà obsessionnelle et je me souviens (mes parents aussi!) de l'espèce de frénésie qui a suivi cette découverte. Il me fallait tout, absolument tout sur la période racontée (romancée) par Alexandre Dumas: biographie des protagonistes, études sur les guerres de religion... Heureusement, mes professeurs d'Histoire de l'époque étaient merveilleux, à égalité avec le documentaliste du cdi.
Curieuse, j'ai vite su que le roman avait été adapté au cinéma et je l'ai réclamé à corps et à cris à mes parents qui ne semblaient pourtant pas hyper motivés à l'idée de me le faire visionner (ils n'avaient pas tort quand on y pense!). TF1 a un soir fini par exaucer mes prières en programmant "La Reine Margot".
Le choc. L'hébétude. Je n'avais jamais rien vu de tel auparavant et j'en suis restée muette de stupeur. du sang, du sexe, de la violence, des acteurs tellement habités qu'ils en paraissaient presque inquiétants. Je me suis sentie heurtée par le film, malmenée. Et en même temps, fascinée, happée. Je ne le savais pas encore, mais je vivais l'un de mes premiers chocs esthétiques.
Ce film, je l'ai apprivoisé, comme on le fait d'une passion brutale, je l'ai vu, revu, disséqué. J'en ai appris toute la somptuosité et j'en ai chéris le jeu de lumière et les décors grandioses. J'y ai deviné l'engagement et les charniers de Sarajevo dissimulés derrière ceux de la nuit de la Saint-Barthélémy. J'ai idolâtré les acteurs et leur jeu, virtuose et possédé, j'ai détaillé leurs gestes, leurs voix... Je me suis repue de la musique de Goran Bregovic et des costumes de Moidel Bickel. "La Reine Margot" est une oeuvre qui ne ressemble à aucune autre. Totale. Entière. Folle. Baroque.

C'est un film de Patrice Chéreau. Patrice Chéreau qui m'a ferré et emprisonné avec sa vision du roman d'Alexandre Dumas.

De "La Reine Margot", je me suis rapprochée de ses autres réalisations, mais elles m'ont déçue à l'époque.
Et puis au lycée, puis à la fac, voici que revient dans la bouche de mes professeurs le nom du réalisateur chéri et je réalise quel homme de théâtre il est. Je découvre sa mise en scène de "Dom Juan" dans une captation un peu miteuse et je suis sonnée, j'étudie vaguement celle de "Platonov", je défaille et je succombe à sa "Phèdre", je pleure et j'hyperventile -enfin- devant "La nuit juste avant les forêts".

Patrice Chéreau était un visionnaire, un travailleur acharné porté par sa passion et ses visions. C'était un grand, un très grand du théâtre français et j'admire infiniment son travail, de ma petite place de spectatrice. Aussi lors de la dernière masse critique, je n'ai pas hésité avant de tenter ma chance pour "Chéreau, l'intranquille", présenté comme une biographie très complète du maître des Amandiers et pour cette fois encore, la chance jouait dans mon camp: je remercie donc chaleureusement Babelio et les éditions Riveneuve pour l'envoi de cet ouvrage.

Je l'ai commencé rapidement mais il m'a fallu finalement pas mal de temps pour le lire et le digérer.
Que celles et ceux qui chercheraient une biographie faisant la part belle à la vie privée de son sujet passent leur chemin. "Chéreau l'intranquille" est davantage une biographie du metteur-en-scène et réalisateur que celle de l'homme. Bien entendu, l'un ne va pas sans l'autre et la vie personnelle de Chéreau se trouve parfois évoquée dans le livre mais ce dernier prend le parti -et c'est à mon sens le parti le plus intéressant qui pouvait être pris- de se concentrer sur l'artiste, en retraçant son parcours atypique, ses choix; en nous mettant face aux créations de Chéreau, à ses sources d'inspiration, ses idéaux ou sa notion de l'esthétique. C'est passionnant et riche, très riche si bien que je me suis sentie parfois toute petite et qu'il m'a fallu me replonger dans quelques textes sur le théâtre pour que l'ouvrage prenne son sens. Cela dit, j'aime quand un livre me sort un peu de ma zone de confort et m'oblige à aller toujours plus loin! de plus, l'écriture de Dominique Goy-Blanquet est très agréable à lire, tout comme les textes de Peduzzi et Regnault. Ces derniers qui signent la préface puis la postface du livre étaient des proches de Chéreau, ce qui montre à quel point le travail de Goy-Blanquet est sérieux, pointu, érudit. Spécialiste de Shakespeare, cette dernière a d'ailleurs choisi de revenir sur l'oeuvre de Chéreau à travers ce prisme là. C'est à la fois un bel hommage rendu à Chéreau que les pièces de Shakespeare passionnaient et un axe d'étude novateur et pertinent.

Je sors donc véritablement ravie de cette lecture qui met en lumière le travail d'un artiste que j'adore et qui m'a permis de comprendre davantage encore son oeuvre et sa vision du théâtre, riche, essentielle... J'ai à présent des envies de redécouvertes, c'est toujours bon signe!

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Reçu dans le cadre du Masse Critique Non Fiction de février 2021 je me réjouissais de lire ce livre, biographie d'un metteur en scène que j'admire. Pourtant le début de lecture en fut laborieux. En 10 jours tout juste 75 pages lues et la lutte pour ne pas abandonner. Cas de conscience pour moi : impossible de ne pas chroniquer un livre reçu dans ce cadre, par respect pour Babelio et pour l'éditeur, mais voyant le rythme de ma lecture comment réussir à le lire dans les délais de l'exercice ? le fait d'exposer ce cas de conscience à Babelio m'a en fait permis de passer le cap. Avant même de recevoir les encouragements de Nicolas je me suis replongée dans ma lecture, sauté quelques pages et là, le déclic.

Pour tout vous dire c'est le 1er chapitre sur les années de formation puis la moitié du deuxième chapitre qui m'ont paru assez arides. Les débuts de Patrice Chéreau y sont exposés à la vitesse d'un cheval au galop. Les noms, les références sont lâchés dans une succession si rapide que la passionnée de théâtre que je suis était perdue.
Puis arrive le moment est abordé son parcours professionnel, ses débuts au TNP à Villeurbanne, la mise en scène de Richard II. Et là on commence à dérouler le portrait d'un Chéreau génie précoce du théâtre, défenseur dans la lignée de Jean Vilar, d'un théâtre populaire au sens noble, un théâtre de réflexion, social et politique, tourné vers la création, une vision moderne qu'il pourra mettre en oeuvre réellement lorsqu'il prendra la direction des Amandiers à Nanterre.

Dominique Goy-Blanquet décortique le refus de Chéreau d'un théâtre "archéologique" ou "fossilisé", elle décrit comment ses choix se portent sur des textes qui montrent un monde qui bascule. C'est ainsi que, se basant sur les nombreuses notes laissées par Patrice Chéreau sur ses mises en scène, mais également sur ses interviews et sur les recherches et analyses d'autres spécialistes, l'auteur livre une savante analyse de l'oeuvre du génial dramaturge par le prisme shakespearien, tout en comparant sa vision à celle des autres auteurs et metteurs en scène de son époque (Vincent, Artaud, Genet, Koltès, Planchon, etc.)

L'écriture est technique (parfois trop, même pour un spectateur assidu), rapide (trop au début). Les réflexions, les exemples, les enchantements n'apparaissent pas toujours logiquement pour le lecteur, rendant la lecture parfois aride et ardue. Il y a aussi des répétitions d'un chapitre à un autre. Mais lorsque l'auteure détaille et analyse les différentes mises en scène de Chéreau, que ce soit pour le théâtre, l'opéra ou le cinéma, on est plongé au coeur de la création artistique et d'une remise en cause de la manière de mettre en scène, de s'emparer d'un texte, de travailler avec les auteurs et avec les comédiens. Grâce aux mentions de l'accueil par la critique du travail de Patrice Chéreau on voit bien comme chaque époque, chaque décennie à ses artistes qui perturbent l'ordre établi par leur vision différente et non conformiste. Chéreau définissait son théâtre comme un "art de l'allégorie". Sous ce prisme, ce postulat l'auteure, spécialiste de Shakespeare, relie les mises en scène de Chéreau à l'oeuvre du barde. Mais chercher (et trouver) Shakespeare dans le théâtre (et le cinéma) de Chéreau n'est-ce pas faire le constat de la constante modernité et universalité du dramaturge britannique ?

Une fois passé le cap mentionné au début de cette chronique j'ai avancé rapidement dans ma lecture. J'ai alors apprécié cette biographie axée sur la technique d'un metteur en scène de génie, sur son travail préparatoire, sa façon de diriger les acteurs, d'approcher le texte (intéressante comparaison entre deux traductions d'Hamlet), au théâtre comme au cinéma. J'ai ressenti l'envie de creuser, voir ou revoir des images, des extraits, des captations des spectacles cités, regretté qu'il n'y en ait pas plus, regretté de ne pas les avoir vus dans une salle. J'avais une place pour voir son "Comme il vous plaira" programmé aux Ateliers Berthier / Odéon pour le 450e anniversaire de Shakespeare. le destin et le cancer qui rongeait Patrice Chéreau en ont décidé autrement.

L'analyse se termine sur les successeurs de Chéreau (Ostermeier, van Hove), et la marque qu'il a laissée sur ceux et celles avec qui il a travaillé, notamment ceux de l'aventure l'école de formation du Théâtre des Amandiers de Nanterre (sur ce sujet je vous recommande le très beau "Les enfants de Chéreau" de Marc Citti).

Avec ce livre Je me suis replongée dans ce cadeau que l'on m'a fait d'un très beau livre sur les décors de Richard Peduzzi.

Et tout cela m'a rappelé combien le théâtre me manque depuis un an.

Merci à Babelio et aux Editions Riveneuve / Archimbaud pour la possibilité qui m'a été donnée d'avoir cette vision du travail d'un des plus grands metteurs en scène que nous ayons eu la chance d'avoir en France.
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Ceux qui l'aimaient auront pris le train

La collection Shakespeare in the Theatre, de l'éditeur Bloomsbury Publishing, est spécialisée dans une thématique bien précise, à savoir l'auteur natif de Stratford-upon-Avon. Ils ont naturellement proposé à Dominique Goy-Blanquet de rédiger un essai de son choix sur un metteur en scène français étroitement lié avec l'auteur anglais. Cette écrivaine a présidé la Société Française Shakespeare au début des années 2010, et a publié plusieurs ouvrages sur ce même thème, du plus pointu comme Côté cour, côté justice: Shakespeare et l'invention du droit, à la simple présentation d'Othello pour l'une de ses rééditions. Au lieu de se focaliser sur des habitué, ayant monté plusieurs pièces de l'auteur, Dominique Goy-Blanquet choisit Patrice Chéreau, qui n'a mis en scène « que » Richard II et Hamlet, bien qu'il fut en préparation de Comme il vous plaira avant sa mort. L'autrice va néanmoins expliquer dans Patrice Chéreau, l'intranquille comment l'esprit élisabéthain coule dans toute l'oeuvre de l'artiste.

Dans une petite commune angevine naît Patrice Chéreau au milieu des années 1940. Son père est peintre, sa mère illustratrice, et son arrière-grand-mère fut la muse et la maîtresse d'Auguste Renoir. Attiré par le théâtre, il assiste, par l'entremise de son père, aux répétitions d'Edouard II, mis en scène par Roger Planchon l'année de son baccalauréat. Pour fuir ses idées mélancoliques, lui qui fut marqué par la mort de ses grands-parents, le jeunes homme se réfugie ainsi dans le cinéma et le théâtre. Durant ses années de collège et de lycée parisiens, Chéreau va se forger une troupe d'amis qui deviendront ses collaborateurs, de son costumier Jacques Schmidt au futur président d'Arte, Jérôme Clément, de Jean-Pierre Vincent, qui dirigera la Comédie française, à Jérôme Deschamps, qui sera à la tête de l'Opéra-comique. Animant le groupe de théâtre de Louis-le-Grand, il y apprend les bases de son futur métier, tout en s'essayant au jeu d'acteur, mais aussi en s'occupant des décors et des costumes.

Livre de commande, Patrice Chéreau, l'intranquille ne se veut exhaustif ni sur la vie privée de l'artiste ni sur l'ensemble de ses travaux. le premier thème est parfois survolé, l'autrice évoquant vaguement l'homosexualité de Chéreau quand lui-même, répondant aux critiques liant son oeuvre à son orientation sexuelle, se refusait à toute chapelle, insistant sur l'universalité de son propos. Quant aux multiples facettes de ses productions artistiques, Dominique Goy-Blanquet ne s'y attarde pas : tout au plus aborde-t-elle la production, le tournage et la réception de la Reine Margot, pour mieux en tirer sa dimension shakespearienne. Il faut dire que la masse de mises en scènes que Chéreau a pu exécuter pour le spectacle vivant, touchant parfois à l'opéra mais surtout au théâtre, a de quoi impressionner. Et même dans les choix qu'opère l'écrivaine, le rapport avec William Shakespeare va primer : ainsi ne va-t-elle que brièvement aborder La fausse suivante ou bien Les contes d'Hoffmann.

Pourtant Patrice Chéreau, l'intranquille n'élude aucunement la contemporanéité du metteur en scène, à la fois dans ses choix de mise en scène, souvent considérés comme drastiques, et dans son rapport aux auteurs de son temps. Là réside le paradoxe, assez bien développé par Dominique Goy-Blanquet, entre un homme profondément solitaire, voire lunaire, et son besoin de s'entourer, qui commence dès ses années à Louis-le-Grand, et qu'il fait pérenniser tout au long de sa carrière, le paroxysme étant atteint avec la troupe des Amandiers. Tout au long de ce parcours, Patrice Chéreau va cultiver ses affinités amicales et artistiques, comme l'illustre la palanquées de références qui clôturent l'ouvrage. Il va ainsi s'épanouir tout autant en mettant en scène L'Anneau du Nibelung avec son complice Pierre Boulez lors du Ring du centenaire devenu célèbre qu'en faisant découvrir les premiers textes de Bernard-Marie Koltès dans des espaces plus intimes.

Ce que montre assez bien Patrice Chéreau, l'intranquille, c'est le rapport au corps que le metteur en scène mettait en avant dans ses productions, et sa relation avec la violence, des sentiments ou des actes. le titre de l'essai insiste sur ce point : l'homme était toujours en action, développant parfois plusieurs projets en même temps, refusant les étiquettes, qu'elles aient affaire à son orientation sexuelle ou aux genres qu'il aborde. La constante qui fera le lien entre ses oeuvres théâtrales, opératiques ou cinématographiques, c'est l'attachement qu'il porte à la démarche corporelle des actrices et des acteurs, à leur engagement sur scène ou devant la caméra. Il ne va pas les ménager, et suscitera des inimitiés et des reproches, comme ceux que lui adressera Agnès Jaoui. Mais il fera aussi de nombreux émules, parmi les comédiens qui ont grandi artistiquement aux Amandiers, et parmi des auteurs et des futurs metteurs en scène, qui ont été inspirés par ses productions et ont pour certains poursuivi son exemple.
Lien : https://panodyssey.com/fr/ar..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Aujourd'hui où tant d'autres médias sont en compétition avec le théâtre, ni lui (Patrice Chéreau) ni Koltès ne trouvent évident et normal de faire du théâtre. Est-ce encore nécessaire ? Cela mérite-t-il autant d'effort ? Qu'est-ce qui fait qu'à un moment précis "le théâtre dit des choses que lui seul peut dire? Qu'est-ce qui fait qu'il est irréductible à tout autre art ?" C'est toute la question
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[Patrice Chereau] cherchait les lignes de faille de la pièce, creusait les pensées enfouies sous les mots des personnages, la naissance et la montée des idéologies, entendait devoiler leurs strategies et leur cynisme. [.] Si choquant qu'est pu paraître à l'époque le traitement brutal du texte, Shakespeare y gagna une popularité sans précédent au théâtre. En une décennie, il allait supplanter Molière et prendre la place de l'auteur dramatique le plus joué en France.
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Chereau ne travaille que sur les ambiguïtés. Il fait appel à la complexité des gens. Avec lui, on arrive devant des gouffres vertigineux. On se sent fragile, mais on va là où on n'est jamais allé
G. Desarthe
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Chéreau se compare à un "voleur à l'étalage, un pilleur malin" : "Et de tout ce que j'ai volé, je bâtis mon musée personnel : les spectacles, les films, les pièces de théâtre, les opéras parfois que vous voyez. Je suis receleur ou je recycle. La mise en scène, ce serait donc cela ?" Le lien entre ces divers gestes artistiques réside dans sa vision du monde, vision morbide contrebalancée par l'acharnement au travail et l'incandescence du désir, son affrontement agonistique avec la mort dans l'enceinte comme à l'extérieur du théâtre.
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Videos de Dominique Goy-Blanquet (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dominique Goy-Blanquet
Écrivaine turque reconnue internationalement, autrice de romans aux narrations foisonnantes qui empruntent aussi bien aux récits orientaux qu'occidentaux, Elif Shafak vient à la rencontre du public au cours d'un grand entretien où il est question de son oeuvre et de son impressionnant parcours.
On se souvient de « La Bâtarde d'Istanbul », paru en 2006 en Turquie, qui traitait du génocide arménien à travers des regards féminins, immense succès dans le monde entier qui lui a valu d'être poursuivie par l'État turc. Imprégnée par les mysticismes et particulièrement le soufisme, mais fustigeant toute forme de bigoterie, sa littérature s'intéresse à la mémoire et à sa transmission, aux questions de genre, d'appartenance et d'exil.
Son dernier roman, « L'Île aux arbres disparus », se déroule à Chypre, à l'époque de la partition de l'île. Dans ce récit qui questionne le déracinement et les amours interdites, elle fait entendre le cri silencieux de la nature. L'écologie et le féminisme sont des thèmes chers à Elif Shafak, ce que vient rappeler Jeanne Burgart Goutal, professeure de philosophie à Marseille et écoféministe, qui tisse un lien entre la destruction de l'environnement et les violences faites aux femmes.
Écrivant aussi bien en turc qu'en anglais, elle enseigne à l'université aux États-Unis et au Royaume-Uni, travaille pour des journaux internationaux, collabore à l'écriture de séries. Avec la présence sur scène de son éditeur français, Patrice Hoffmann, et le témoignage de sa traductrice Dominique Goy-Blanquet, il est question de l'architecture finement élaborée de ses récits, de la musicalité de sa langue que fait entendre la comédienne Constance Dollé. Car la musique compte beaucoup pour Elif Shafak. Grande mélomane, elle est capable de faire le grand écart entre musique soufie et heavy metal, et a même écrit pour des musiciens rock!
Une rencontre passionnante avec une grande voix littéraire d'aujourd'hui, aux convictions marquées et à la trajectoire exceptionnelle.
Un grand entretien animé par Olivia Gesbert et traduit de l'anglais par Valentine Leÿs et enregistré en public le 28 mai 2022 au Mucem, à Marseille, lors de la sixième édition du festival Oh les beaux jours !
À lire : — Elif Shafak, « L'île aux arbres disparus », traduit de l'anglais par Dominique Goy-Blanquet, Flammarion, 2022. — Elif Shafak, « La Bâtarde d'Istanbul », traduit de l'anglais par Aline Azoulay, Phébus, 2007. — Jeanne Burgart-Goutal, «Être écoféministe. Théories et pratiques », L'Échappée, 2020.
En coréalisation avec le Mucem.
Podcasts & replay sur http://ohlesbeauxjours.fr #OhLesBeauxJours #OLBJ2022
+ Lire la suite
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