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EAN : 978B003ESH4S6
Alain Moreau (30/11/-1)
2.98/5   20 notes
Résumé :
Détenir le moyen de s’octroyer une «mort douce», ce peut être une arme pour vivre, pour construire une vie avant la mort. Mais ni les médecins qui raniment manu militari les «récidivistes» maladroits, ni les juges qui répriment le suicide secondé ne sauraient admettre que l’individu dispose de sa vie.

Quatre-vingts ans après l’anarchiste Paul Robin, l’association anglaise Exit a entrepris de divulguer des recettes de suicide «sans violence» ; ces info... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Il manque dans ce "mode d'emploi" la principale "recette": celle qui permet de déguiser un suicide en arrêt cardiaque ou autre maladie, celle qui épargne l'entourage, bref, celle d'un suicide véritablement réussi.
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Drôle de livre, rencontré par un hasard dans les tréfonds du web, que ce "Suicide, mode d'emploi". le titre, accrocheur, donne clairement le ton : les auteurs défendent bec et ongle le droit au suicide pour chacun, et réclament que les "recettes" de la médecine pour une mort sans douleur soient mises à la disposition du grand public.

L'essai commence par la vision actuelle (au moment d'écrire le livre, soit vers 1980) du suicide en France. Les recommendations sont claires : on ne doit surtout pas en parler, ni dans les journaux, ni dans les médias, par peur de la "contagion" (entendre parler d'un suicide réussi pousserait les désespérés à passer à l'acte à leur tour), surtout chez les jeunes. le suicide est régulièrement mis sur le même pied que la délinquance et l'alcoolisme. Les rares études sur le sujet donnent des conclusions surréalistes : la prise de la pilule favoriserait le suicide, ou le délicieux "Ainsi la Suède, pays qui possède la double caractéristique d'être un pays heureux et un pays plongé dans la nuit toute une partie de l'année, a le regrettable privilège d'avoir le taux de suicide le plus élevé du monde sans qu'il soit possible de déterminer lequel de ces deux facteurs est fondamental."

On passe ensuite en revue comment le phénomène est vu à travers les âges : notion floue dès l'antiquité, avec le droit romain qui crée les notions de suicide "excusable" et "inexcusable", avec saisie de l'entièreté des biens au profit de l'état dans ce second cas. Quant à la tentative de suicide chez les soldats, elle est tout simplement punie... de mort. Les choses évoluent avec l'Église, qui considère que le "Tu ne tueras point" s'applique aussi à soi-même, et range donc la tentative de suicide parmi les crimes, "non seulement du côté de la religion en ce qu'ils entraînent en même temps la perte de l'âme et du corps, mais encore relativement à l'ordre politique suivant lequel l'on devient par sa naissance comptable de ses jours à son prince, à sa patrie et à ses parents". le suicidé devient traître à Dieu, et traître à l'humanité. Cependant, la justice a forcément un peu de mal à punir les coupables, puisqu'ils échappent par définition à toute punition. Qu'à cela ne tienne, elle aura tout de même le dernier mot : pendaison du cadavre (!) et biens confisqués. Avec Louis XIV, le sort du cadavre s'améliore : il a désormais droit à un procès équitable, accompagné d'un curateur pour le défendre (le but étant de plaider la folie pour que les héritiers conservent les biens). Les pressions se relâchent progressivement sur les tentatives de suicide, en plaidant la folie, mais les pressions sociales restent présentes : impossibilité d'être enterré en terre consacrée, propositions d'humiliations posthumes ("Son nom serait publié à l'Officiel, en le faisant suivre par exemple de ces mots : ‘Suicidé, lâche déserteur de ses devoirs d'homme et de citoyen'").

Les casses-têtes juridiques sont ensuite évoqués : comment gérer le cas du suicide pour les assurances vies ? dans les tentatives de suicide à plusieurs, faut-il poursuivre les éventuels survivants pour homicide ? Doit-on condamner quelqu'un qui n'a pas sauvé (contre son gré donc) une personne suicidaire ? Où s'arrête la "complicité" ? à l'achat du revolver ? au dépôt de médicaments en dose mortelle sur la table de chevet ? Les tribunaux n'ont jamais réussi à trancher clairement ces différentes situations et sont traitées au cas par cas, généralement en suivant l'émotion populaire.

Les auteurs vont ensuite jusqu'au bout de leur idée, en proposant une liste de médicaments garantissant une mort en douceur, et leurs doses mortelles respectives, ainsi que des ordonnances types pour obtenir les produits en question. Pour ce chapitre, les auteurs ont été condamnés et le livre censuré en France. En ce qui me concerne, l'énoncé de toutes les conséquences (coma, dommages cérébraux, troubles digestifs, agonie qui peut durer des jours, ...) me semble plus dissuasif qu'autre chose, à tel point que je me suis demandé si toute cette liste n'avait pas finalement pour but de détourner les gens de ce moyen.

Suicide, mode d'emploi nous force à nous poser beaucoup de questions, mais malheureusement il n'est pas très bien découpé. En bons anarchistes, les auteurs tapent sur l'État, l'Armée, l'Église et la Médecine, mais de façon un peu désordonnée, et en sautant régulièrement du coq à l'âne. On passe notamment en revue les crimes de "terroristes" maquillés en suicide, les suicides maquillés en accidents, les politiques d'eugénisme, l'acharnement thérapeutique. Un autre point decevant est que les auteurs sont tellement convaincus du droit au suicide qu'ils n'argument pas leur propos : ce droit est indéniable, point. Ceux qui sont contre sont des liberticides. Pourtant, il faut tenir en compte que les tentatives peuvent être seulement des "au secours" désespérés, sans réelle volonté de mourir, et ça rend toutes ces questions beaucoup plus complexes.
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J'étais curieuse depuis près de deux décennies du livre "Suicide : Mode d'Emploi", j'en avais entendu parler lorsque ma mère durant un long trajet en voiture sur le chemin des vacances avait mis un livre audio humoristique qui en faisait mention...
Elle m'avait expliqué que le livre avait été interdit, et plus ou moins pour quelles raisons.
Aujourd'hui encore, et ce depuis 1987, il est totalement censuré pour "apologie du suicide" en raison du X ème chapitre qui donne des "recettes" pour un suicide sans douleur (nombre de ces médicaments ont été retiré des pharmacies depuis, quant aux autres beaucoup sont sur ordonnance, bref...).
J'étais tout de même curieuse et ai chopé un mauvais pdf du livre, en version intégrale, et je suis sidérée par le contenu très brouillon et politisé, pour tout avouer je crois que je ne comprends même pas les théories qu'ils veulent poser. Un grand nombre de points d'exclamation, que je trouve déplacé et tape à l'oeil en raison du sujet, beaucoup de cynisme, d'ironie, de citations sorties de leur contexte et de "(sic)" et autres commentaires rageux.
J'ai lu le "Que sais-je" sur le suicide, mine d'informations sociologiques, psychologiques et autres, là, je me heurte à un bordel incompréhensible dont on ne comprend pas même le fond ni la forme, alors que l'essai se présentait avant tout comme une étude sur le suicide.
Je le finirais sans doute, mais toutes ces années pour ça ? Saloperie de curiosité mal placée... Maintenant, je vais devoir râler à ce sujet auprès du Doc, en espérant qu'il l'ait lu.
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En 1983, l'année qui suit la parution du livre, le Sénat, à la suite de protestations, présente une proposition de loi condamnant la provocation au suicide: l'Assemblée nationale adopte le texte en 1987.
Dans le cadre de cette loi, en 2001, Jean-Marie Colombani a été condamné - en tant que rédacteur en chef du  Monde  - parce qu'une pièce jointe au journal indiquait aux lecteurs comment se procurer un livre identique: La sortie finale : les aspects pratiques de l'autodélivrance de Derek Humphry, (best-seller aux États-Unis, traduit en 12 langues) - un texte considéré comme fondamental par beaucoup dans le débat sur la fin de vie et sur le droit à l'euthanasie et au suicide assisté. Je ne reviens pas sur le thème du livre, en revanche voici une petite parenthèse historique,


Le suicide a une histoire particulière en France. Jusqu'au XVIIIe siècle, ce terme n'était pas utilisé, mais on parlait  d'homicide contre soi-même.
Jusqu'au XVIIIe siècle, selon une coutume datant du moyen-âge, le suicidé, ce qu'il en restait, c'est à dire son cadavre, était jugé. le crime dont il était accusé était d'avoir volontairement commis un meurtre contre lui-même. Acte considéré comme aussi grave qu'un crime de lèse-majesté.
Si ni la folie ni la perte du discernement n'étaient reconnues , la peine était appliquée: confiscation des biens et condamnation éternelle. Le corps était alors pendu la tête en bas, traîné face contre terre ou jeté dans des fosses communes.

le mot suicide n'est entré dans le vocabulaire français qu'en 1734 et fut le point de départ de très nombreux débats: le suicide est-il un droit ? Est-ce un crime contre Dieu, contre la société ?

Montesquieu (Lettres persanes) : « Les lois sont très sévères, en Europe, contre ceux qui se tuent eux-mêmes. On les fait mourir, pour ainsi dire, une seconde fois ; ils sont formés à l'indignation par les rues, sur les notes d'infamie, sur la confiscation de leurs biens. Il me paraît [...] que ces lois sont bien injustes ».

Ce changement de terminologie (de l'homicide au suicide) correspond aussi à un changement de paradigme juridique : le  Code pénal de 1791 ne l'inclut plus parmi les crimes punis par la loi et le Code des délits et des peines de 1795 précise que la mort interrompt toute une action en justice.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Curieux livre au titre plus racoleur qu'instructif et heureusement. L'auteur y explique pour beaucoup le pourquoi du suicide, un peu d'histoire ne fait pas de mal, mais sa position est assez dérangeante, j'ai eu l'impression qu'il promulguait le suicide en tant que solution plutôt que de faire comme d'autres livres que j'ai lu sur le thème, à savoir chercher plus ou moins adroitement à décourager le futur macchabé pour lui faire comprendre que la solution est ailleurs. Ce point de vue de l'auteur m'a beaucoup découragé à le finir, étant dépressif, ce n'est clairement pas une lecture pour moi.
Pourtant j'y ai quand même trouvé mon compte, notamment sur la première partie avec, par exemples, les chiffres sur le sujet, les études ou encore les différentes techniques pour mettre fin à ses jours tout en souffrant le moi, mais le ton sérieux m'inquiète plus que m'intéresse sur ce dernier point. Je lui préfère l'humour du Magasin des suicides de Jean Teulé, sur un tout autre registre. de là à donner la dose exacte et le nom des médicaments qui peuvent mener à la mort, je trouve ça choquant ! Et qu'and à la fin l'auteur met des numéros de centre anti-suicide, je trouve ça culotté de sa part.

Au final si vous êtes candidat ou non au suicide, je ne vous le recommande pas, je ne peux pas cautionner un tel bouquin même si les premières parties sont intéressantes d'un point de vue scientifique, on peut facilement les trouver ailleurs et surtout à jour.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Essayez de vous suicider, si vous avez la malchance de ne pas vous réussir sur le coup, ces cons de vivants mettront tout en œuvre pour vous refoutre en vie et vous forcer à partager leur merde.

Je sais que dans la vie certains moments paraissent heureux, c’est une question d’humeur comme le désespoir et ni l’un ni l’autre ne reposent sur rien de solide. Tout cela est d’un provisoire dégueulasse. L’instinct de conservation est une saloperie.
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Les braves gens n’aiment pas qu’on se suicide autour d’eux. C’est une irruption de la mort dans leur quotidien qui les dérange, les gêne. Le suicidé trahit quelque chose, une sorte de pacte tacite des vivants, tous là pour se colleter avec l’existence. Se suicider est indigne. Il est lâche de fuir, de DÉSERTER l’existence, qui comme chacun sait est un combat. Le réflexe est au fond le même s’agissant d’une institution (armée) ou de la vie. Refuser, c’est choisir la facilité.
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[La mort] nous a fait si peur qu’on passe sa vie à l’oublier. En soixante-cinq ans, c’est difficile. On s’en sort en passant le temps d’aujourd’hui pour après-demain. Jeune, on fait des études pour être adulte ; ensuite on travaille pour cotiser à la sécu, quand on sera vieux. Ensuite on est mort, ouf ! On a réussi à ne pas y penser. On peut même dire qu’on n’a pensé à rien, c’était plus sûr.
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«Nous ne proposons pas la peine du fouet pour les suicidés, pas plus que nous ne voulons revenir au carcan ou à la marque ; mais peut-être trouverait-on d’autres peines honteuses atteignant le condamné dans sa considération. Telle serait la publicité donnée, par mesure de justice, à l’acte de tout individu qui se serait donné la mort. Son nom serait publié à l’Officiel, en le faisant suivre par exemple de ces mots : ‘Suicidé, lâche déserteur de ses devoirs d’homme et de citoyen’.»
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Nous vivons en démocratie, on nous l’a assez dit. Tout le pouvoir au peuple ! L’idée naît dans l’Athènes de Périclès où, déjà, ni les femmes, ni les esclaves ne participaient à la vie de la cité.
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