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Emily Roy et Alexis Castells tome 3 sur 3
EAN : 9791028106683
Bragelonne (16/10/2019)
  Existe en édition audio
4.18/5   300 notes
Résumé :
Par l’auteure de Block 46, traduit dans 20 pays.
[Sång] : nom fém. En suédois, signifie « chanson ». En Suède, une famille est massacrée dans sa luxueuse demeure. Ce terrible fait divers rappelle sur ses terres Aliénor Lindbergh, une jeune autiste Asperger récemment entrée comme analyste à Scotland Yard : ce sont ses parents qui ont été assassinés. Avec son amie Alexis Castells, une écrivaine spécialisée dans les crimes en série, la profileuse Emily Roy rej... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (96) Voir plus Ajouter une critique
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Le tableau est idyllique, de la neige, belle et silencieuse, celle du Grand Nord à peine foulée. le froid qui bleuit les doigts, même celui des cadavres. L'air frais de la Suède, et de belles suédoises pour faire frémir le caleçon. Mais oublions, le temps d'un roman, ces saunas où mon état vaporeux se prélasse dans une fantasmagorie des plus libidineuses. Car la réalité est nettement plus sanguine. Cruelle même, affreuse, abjecte. Une vision d'horreur.

Petite revue en détail de l'équipe, petit déj de présentation genre café noir et brainstorming, de quoi broyer du noir. Emily Roy, la profileuse qui semble partager sa vie entre Londres et cette région suédoise, Alexis Castells, écrivaine spécialisée dans les crimes en série, le commissaire Bergström et son équipe aux noms bien suédois, et la jeune Aliénor Lindbergh, autiste Asperger qui complète l'équipe de ses incroyables connaissances… Ça en fait du monde à suivre, pour un troisième épisode pour qui n'a pas lu les précédents - j'en fais partie. C'est d'ailleurs mon seul reproche, cette difficulté à intégrer l'équipe et à comprendre leur rôle respectif, n'ayant pas abordé auparavant les précédents opus.

Revenons à Aliénor qui en plein de mois de décembre, voit son père et sa mère poignardés à plusieurs reprises, langues coupées post-mortem, pantalons baissés. Sa grande soeur a subi le même sort dans sa propre chambre. Pause, je vais aller poser une gerbe.

Entre ces cadavres suédois sur fond de neige et de PMA, se mêlent des chapitres concernant les orphelinats espagnols du temps de Franco, humiliations et tortures, pour ces enfants, enfants d'opposants et de traîtres au régime bien nommé. Bien sûr, tu t'en doutes, un lien restera à faire entre ces deux ambiances, mais la partie espagnole montre bien l'horreur des dictatures. Pause, je vais aller poser une seconde gerbe. En souvenir. D'ailleurs, à propos de souvenir, il y a eu plusieurs langues coupées ces derniers temps, un tueur en série ou un boucher…

Le rythme de l'épisode est soutenu, peu de temps morts, le temps du polar nordique est bien maîtrisé. Pas le temps de s'ennuyer entre deux verres ou deux chapitres, courts comme de bons shots réchauffant de vodka suédoise. Bon sur ce, moi, je vais aller me faire mousser, une petite blonde dans un sauna m'attend, une brune mousseuse y dévoile ses arômes.
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Ce n'est pas un polar nordique. Malgré son nom, l'autrice est française, d'origine catalane, mais elle doit à son époux le patronyme suédois.

L'intrigue est tout aussi métissée, des enquêteurs britanniques en Suède pour un crime qui a un rapport avec l'Espagne franquiste, puisque dès le départ les chapitres alternent entre la Suède contemporaine et les prisons espagnoles.

Si les crimes de 2016 sont odieux, les chapitres concernant l'Espagne sont difficiles à supporter. Des pelotons d'exécution, une femme enceinte qu'on éventre pour en retirer un bébé qu'on a tué aussi, le terrible sort les femmes violées qu'on exécute après leur accouchement, leurs bébés qui seront placés dans des institutions, des abus sadiques envers ces enfants rendus orphelins par les assassinats politiques.

Un bon polar, mais j'ai regretté de ne pas avoir lu d'abord les deux tomes précédents. J'ai eu du mal à démêler les personnages principaux qui sont peu décrits, Emily la profileuse, Alexis qui se marie, Olofsson, Bergström et Mona la jeune policière, sans compter la famille d'Aliénor, etc. Ce début laborieux a un peu pour moi gâché le plaisir de lecture.
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Quel plaisir de replonger dans une oeuvre de Johana Gustawsson ! Cette dernière m'avait déjà conquise avec « Block 46 » et « Mör », car elle mélangeait subtilement Histoire et enquête grâce à une double narration mêlant le passé et le présent. Dans ses ouvrages mettant en scène les mêmes enquêtrices que dans « Sång », l'auteure avait confronté ses héroïnes à des affaires remontant en 1944 dans le camp de concentration de Buchenwald ainsi qu'à personnages malsains et intelligents nés « dans l'ombre de Jack l'Éventreur » ! Cette fois-ci, l'intrigue va trouver des liens avec le Franquisme. Ce choix m'a plu, car il m'a permis de plonger dans une période espagnole que je connaissais peu et que je n'avais pas l'habitude de croiser en littérature. Cela dit, ce que j'ai lu m'a à la fois révoltée, écoeurée et terrifiée ! L'horreur humaine est vraiment bien retranscrite, que ce soit pour la pauvre Teresa et sa famille ou encore pour la jeune Gordi. C'était glaçant ! Certes, on est sur de la fiction toutefois celle-ci est basée sur des actes historiques ainsi que des faits réels ignobles. Attention aux âmes sensibles, car vous ne serez pas épargnées ! Je vous déconseille cet écrit, si vous êtes mal à l'aise avec les thématiques de la guerre civile, des viols, de la violence et de la pédophilie.

Une fois encore, l'auteure a su judicieusement ficeler son enquête (même si j'ai trouvé certains points tirés par les cheveux lors du dénouement…). La tension augmente crescendo et se voit alimenter par un rythme soutenu grâce à la narration alternée ainsi que des chapitres courts. de ce fait, je suis rentrée rapidement dans le livre et j'ai tourné les pages avec intérêt. Malgré leur dureté, les chapitres dédiés aux protagonistes espagnols étaient ceux qui m'interpelaient le plus. Il me tardait d'arriver à comprendre quel lien il y avait entre ces scènes barbares du passé et ce meurtre multiple de la famille d'Aliénor. Était-ce quelqu'un qui en voulait à la jeune recrue Asperger ? Un membre de la famille était-il spécifiquement visé ? Y avait-il un secret de famille derrière tout ça ? Pourquoi les victimes avaient-elles la langue coupée ? Tant de questions (auxquelles d'autres s'ajoutent) m'ont hanté durant ma lecture… J'ai réellement apprécié me retrouver aux côtés d'Aliénor, Emily et Alexis pour les élucider ! Les retrouver toutes les trois m'a fait plaisir. Certes, on ne peaufine pas leur personnalité toutefois, les choses avancent, notamment pour Alexis qui est en plein préparatifs de mariage. J'ai néanmoins quelques réserves sur ce trio : une personne qui n'a pas lu les opus précédents est-elle réellement capable de les apprécier ? J'avais déjà un doute en lisant « Mör »… Et j'en ai encore plus maintenant ! À mon sens, il est primordial d'avoir lu au préalable au moins l'une des enquêtes pour apprécier « Sång ». Sans cela, je pense qu'il n'y aura pas d'attachement pour les héroïnes qui sont peu décrites. Pire : le lecteur sera peut-être perdu entre tous les personnages qu'il devra apprendre à connaître en même temps…

En plus de toucher au Franquisme, cette publication va aborder une thématique qui semble me poursuivre dans mes lectures du moment : l'infertilité et le désir d'enfanter grâce à la PMA. En voyant le sujet arriver, j'ai serré les dents, car je craignais que cela prenne autant de place que dans « Un mur entre nous » de Caroline Corcoran. Heureusement, ce n'est pas le cas ! Johana Gustawsson a très bien su doser cet élément avec les autres points qu'elle a abordé. Un cocktail osé, sensible et addictif ! En outre, ce choix est expliqué de façon touchante à travers ses remerciements (origines catalanes et vie personnelle)… Un troisième opus qui est donc bouleversant, fluide, plaisant et intéressant, à condition d'avoir découvert au moins l'un des deux autres polars de l'auteure. Une ambiance différente, mais encore une réussite.
Lien : https://lespagesquitournent...
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Challenge plumes féminines 2021 – n°14

Suite de notre LC en compagnie de Tinaju avec le dernier tome paru de cette série.

Nouvelle association de lieux et d'époques pour ce troisième tome, nous alternons donc entre l'Espagne franquiste des années 40 et la Suède en décembre 2016. Qu'est-ce que l'auteure nous a concocté pour cette nouvelle alternance ? Celle-ci me semble bien plus ambiguë que les précédentes. L'enquête se lance très vite juste après un meurtre atroce mais la résolution est beaucoup plus lente. Elle touche à un secteur d'activités assez particulier, la PMA ou Procréation Médicalement Assistée. Quel est le lien véritable entre les deux époques ? On a également un troisième personnage qui fait sporadiquement son apparition, une femme âgée semble-t-il. Qui est-elle ? Par contre, les orphelinats sous l'Espagne franquiste ont des notions de religion toute relative, même si ce sont des nonnes qui les régissent… Au vu des méfaits perpétrés au nom de la foi (viol, mensonge, …), je me demande encore comment certains peuvent être croyants en Dieu… Durant toute ma lecture, j'ai fait différentes suppositions pour relier les deux parties de cette histoire avec le peu d'indices que l'auteure nous a laissé. Et encore une fois, je me suis fait des noeuds au cerveau tant c'est alambiqué et tortueux. J'ai mis plus longtemps que prévu à finir les 60 dernières pages tant j'essayais de démêler tous ces indices entremêlés. le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle a encore créé une histoire où rien n'est ce qu'il paraît et où la vérité est ailleurs.

Comme vous l'aurez compris, ce troisième tome a été une excellente lecture et je tire encore une fois mon chapeau à cette auteure qui nous mène par le bout du nez tout au long de son roman. J'étais bien loin d'en avoir imaginé tous les tenants et les aboutissants, et bien loin de sa résolution. Pourtant, je me suis souvent arrêtée pour démêler tout cet écheveau d'informations. Par contre, la leçon d'Histoire est rude à avaler, comme souvent d'ailleurs puisque ce sont des informations qui sont cachées au plus grand nombre même dans les livres d'Histoire. Un tome 4 est-il prévu ? Et à quel pan de l'Histoire sera-t-il rattaché ? En tout cas, je pisterai ses prochaines publications.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Continuant mes lectures des romans précédents de Johana Gustawsson, toujours dans un désordre total, ce troisième épisode des enquêtes de la profileuse Emily Roy et de la romancière Alexis Castells reprend un peu sur les procédés déjà employés dans Block 46 en les utilisant dans le contexte de la répression des sympathisants républicains par les nationalistes de Franco pendant et après la guerre civile espagnole.

Sujet historique, amenant pas mal de chapitres poignants, auquel l'autrice française – et d'origine espagnole - ajoute la thématique des fécondations in vitro (FIV) et les dérapages que ces pratiques peuvent entraîner.

Tout commence par la mort de trois membres d'une même famille, la famille Lindbergh, dans leur villa de Falkenberg en Suède. le père, directeur d'une clinique de FIV, sa femme qui était son associée, et une de leurs filles, qui avait travaillé pour cette clinique, sont déchiquetés de coups de couteaux. Reste un fils, lui aussi lié à la clinique, et Aliénor Lindbergh, une jeune autiste Asperger qui travaille à Scotland Yard aux côtés de Emily Roy.

Johana Gustawsson sait instaurer un climat et générer des fins de chapitres qui incitent à connaître la suite. Pour autant, elle se montre un peu fouillis dans la présentation des personnages et de leurs interactions. Autant dire que j'étais content d'avoir lu Block 46 au préalable.

Second (gros) bémol : plus que dans les autres romans de l‘autrice la crédibilité du récit en prend un coup. Ne lisez pas la suite si vous avez l'intention de lire ce roman :


De tous les romans de Johana Gustawsson celui-ci est pour moi un point bas. Heureusement que je n'ai pas commencé par ce récit, j'aurai sans doute snobé ses autres polars.
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Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
- Lennart souhaiterait, nous souhaiterions, précisa Emily, que tu nous parles des conflits et des tensions qui existaient entre vous, ou avec des tiers.
Elle s'avança sur sa chaise et posa ses mains près de celles d'Aliénor.
- Tu t'en sens capable ?
- Je commence par qui ?
- Qui tu veux.
- Je commence par moi, alors. J'ai causé beaucoup de problèmes à ma famille avant qu'on découvre mon autisme. Mes parents ne comprenaient pas pourquoi je réagissais différemment. Je n'étais pas comme mon frère et ma soeur, ni comme mes camarades de classe, les enfants des amis de mes parents ou ceux des voisins.
Aliénor pencha la tête sur le côté ; ses yeux voyageaient dans le temps.
- Mon père m'a beaucoup grondée lorsque j'étais enfant, parce que je ne comprenais pas ce qu'il me demandait. Ni ce qu'il me reprochait. Maman me supportait difficilement. Si elle était là, elle dirait que je mens. Mais c'est vrai. Ma soeur me défendait. Elle tolérait ma différence. Louise aimait cette différence. Et elle m'aimait malgré ça. Lorsque, à mes douze ans, Owe Edwardson, mon professeur d'histoire, a suggéré que je souffrais du syndrome d'Asperger, puis que les médecins ont corroboré ce diagnostic, mes parents se sont montrés bien plus patients. Comme m'a dit Louise, ils avaient enfin un manuel qui leur expliquait comment interagir avec moi. Ça devenait plus facile pour eux. Mon autisme a crée beaucoup de tensions et de disputes dans notre famille.
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Suède, Falkenberg, hôtel Strandbaden,

samedi 3 décembre 2016, midi.



Alexis Castells remplit son verre et celui de sa mère de bière de Noël.

— Bon Dieu, qu’il est bon, ce saucisson ! C’est fait avec quoi ? demanda goulûment Mado Castells en avalant sa troisième tranche.

— Tu es sûre que tu veux savoir, maman ?

— Je te préparais des beignets de cervelle de mouton quand tu étais petite et on mange bien du lapin, alors croquer du Bambi ne me fait pas peur. Dis-moi ce que c’est.

— De l’élan.

— Voilà, madame Eklund.

Dans deux semaines, Alexis deviendrait « Mme Stellan Eklund », comme la taquinait sa famille. Pourtant, ils s’unissaient selon la mode suédoise et Stellan prendrait le patronyme d’Alexis. M. Stellan Castells, véritable poster boy du multiculturalisme ! Le père d’Alexis était fou de joie : son gendre embrassait si bien l’héritage catalan de la famille qu’il le gravait sur son arbre généalogique.

Mado termina son assiette et s’offrit une nouvelle tournée à la julbord, le traditionnel buffet de Noël proposé par les restaurants suédois à l’approche des fêtes de fin d’année.

Leur matinée mère-fille au marché d’Halmstad avait été joviale et légère, avec une dégustation de glögg, le typique vin chaud sucré et saupoudré de raisins secs et d’amandes effilées. Mado avait acheté quantité de bougies et de décorations de Noël en s’amusant par avance de la réaction de Bert, son mari, quand viendrait le moment de faire les valises. De toute façon, les kilos de sassenage et de morbier apportés de France pour Alexis et sa belle-famille avaient laissé suffisamment de place dans leurs bagages.

— C’est très sympathique, cette tradition, en tout cas, concéda Mado en trempant une saucisse dans de la moutarde de Västervik. C’est comme des tapas de Noël, tu ne trouves pas ? Bon, c’est moins raffiné que chez nous, mais ce n’est tout de même pas mauvais.

— Tu crois que tu arriveras un jour à les complimenter, ces pauvres Suédois ? Ça fait un peu snob, non, de toujours critiquer leur bouffe ?

— Snob, ta mère ? Moi qui collais des affiches pour le Parti communiste ! Toi, alors, tu m’en sors de belles !

Une bourrasque fouetta la baie vitrée.

Mado sursauta.

Le vent jouait avec la mer ; des brassées de vagues mousseuses titubaient avant de s’écraser contre la jetée.

— Tu vas t’installer ici définitivement, je le sais bien…

Le ton de Mado portait le caractère tragique d’un verdict.

Alexis se raidit. Garde ton calme, se sermonna-t-elle.

— M’an… C’est plus facile pour moi de venir vivre en Suède, tu le sais bien. Je peux écrire mes livres partout, mais le business de Stellan est avant tout scandinave ; ce serait impossible pour lui de travailler depuis Londres. Leur entreprise avec Lena est ici, tu comprends ?

Alexis caressa le visage de sa mère. Mado blottit sa joue dans la paume de sa fille.

— Je conçois que ce soit compliqué pour vous de venir à Falkenberg, continua Alexis, mais tu as toujours trouvé Londres tentaculaire et intimidante. Falkenberg est une ville à taille humaine…

Mado se dégagea de l’étreinte d’Alexis.

— Oui, bon, d’accord, mais passer de plusieurs millions d’habitants à vingt mille, ça va te faire un choc. Encore, si c’était Stockholm, je me dirais, ma foi… Mais Falkenberg ? Autant t’enterrer vivante. Et puis, avec toi, je n’ai pas le temps de m’habituer qu’il y a déjà un autre changement…
— Oh, maman, arrête, enfin ! J’ai passé plus de dix ans à Londres !

La patience d’Alexis s’érodait déjà. Elle se tapa mentalement sur les doigts.

— Bon, d’accord, d’accord… Explique-moi ce qui te dérange vraiment. Il y a un problème avec Stellan ?

— Non, pas du tout, répondit Mado, le regard vissé à son assiette.

Alexis eut soudain la sensation que les rôles s’inversaient. Ou peut-être pas. Les mères avaient certainement le besoin et le droit d’être rassurées par leurs grands enfants…

— C’est… la culture scandinave, Alexis… Elle est à mille lieues de la nôtre… C’est… plein de petites choses… Ils sont flegmatiques, impassibles, limite coincés, alors que nous autres, Méditerranéens, on est communicatifs, spontanés, pour ne pas dire démesurés. Chaque fois que j’ouvre la bouche, ils sursautent ! Comme si j’étais une extraterrestre exubérante ! Ils ont une sorte de tiédeur qui me donne envie de leur coller des baffes, tiens ! Non, mais c’est vrai, il est bizarre, ce peuple… Prends seulement l’exemple de ce dessin animé avec le canard, là, comment il s’appelle ?

— Donald.

— Non, le dessin animé…

— Kalle Anka.

— Oui, voilà. Tous les 24 décembre, le même dessin animé, à la même heure et depuis plus d’un demi-siècle ! Tu te rends compte ? Sans parler de ce pain sec qu’on te met à table et qu’il faut tartiner de beurre et de fromage pour espérer lui donner du goût ! On dirait des galettes de paille ! On ne le filerait même pas aux poules, chez nous ! Et leur obsession du golf… Bref, c’est ton choix…

— Et moi qui pensais que tu passais un bon moment…

— Si tu me disais que tu fais tout ça parce que vous comptez avoir des enfants, là, je comprendrais, poursuivit sa mère sans l’entendre.

Ah, voilà. Mado avait craché le morceau. On arrivait enfin au cœur du problème. Alexis, presque quarantenaire, et sans enfant. Rien de pire, pour Mado Castells, que de laisser le sacro-saint utérus en jachère. La femme se réalisait et se révélait dans la maternité. La femme était mère avant tout. Et mère louve, s’il vous plaît. Donc, après avoir sorti l’utérus, mesdames, sortez les dents !

Alexis étala du beurre sur un morceau de knäckebröd qui se brisa dans sa main.

— Tu vois ! Qu’est-ce que je te disais ? De la paille, ce truc !

— Oh, arrête, m’an ! Tu ne vas pas me sortir la rengaine francofrançaise sur la baguette, si ?

— Je n’en ai même pas besoin ! claironna Mado en repoussant du bout des doigts les miettes de pain azyme.

Alexis soupira.

L’après-midi allait être long. « Comme un jour sans pain », aurait ajouté sa mère.
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Olofsson détailla les jambes de Birgit moulées dans un legging en vinyle.
- Eh ben ! Madame a déjà retrouvé la ligne, dis donc !
- Te fais pas d'illusions, Olofsson, je porte une gaine. Dès que je me mets à poil, ma peau ressemble à de la glace fondue qui s'échappe d'un cornet : mon ventre fait tablier et je pourrais me passer les nichons en écharpe. C'est pas l'éclate.
- Oh, putain, l'angoisse ! Faut te remettre au sport illico.
- Pour l'instant, le seul sport que je pratique est en chambre, et c'est déjà une sacrée prouesse, crois-moi.
- T'as chié trop de mioches, Pedrén.
- Ne m'en parle pas. Je t'en file un, si tu veux. Ou deux.
- Tu me fais tellement de peine que je pourrais presque dire oui !
La légiste sourit et lui tira la joue comme à un enfant polisson.
- Hej, Birgit ! Comment tu vas ? lança le commissaire en déboulant dans la salle d'autopsie.
Olofsson se redressa, bomba son torse bodybuildé et scella ses lèvres pour effacer toute trace de sourire.
- Ah, merci, Lennart ! Enfin quelqu'un qui se préoccupe de la mère ! On me demande toujours comment vont les gamins, en oubliant qu'accessoirement c'est moi qui les ai pondus par un trou pas plus gros qu'un dé à coudre. Quelle idée à la con, quand même !
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Olofsson dissimula un bâillement derrière son poing.
Une réu à sept heures du mat’, c’était violent. Surtout lorsqu’on avait fermé l’œil à quatre heures passées. Il fallait vraiment qu’il s’accorde une nuit de sommeil en solo ; sinon, il ne tiendrait pas le choc, vu la tournure des évènements.
Il n’avait jamais assez de Mona. C’était bizarre, d’ailleurs. Il n’avait jamais ressenti ça, ce besoin irrépressible d’être avec une fille. Toute la journée, il luttait pour ne pas penser à elle, pour ne pas revisiter les images qu’ils créaient ensemble, la nuit. Il pourrait passer tout son temps à contempler Mona. A la regarder jouir. Sourire. Rire. Manger. Se préparer, se vêtir, se dévêtir, et même dormir. Ouais, dormir : il adorait le pli boudeur qui ourlait ses lèvres et la ride qui apparaissait entre ses yeux. Bon sang… il devenait complètement fleur bleue. Mou du cerveau. Mais toujours dur du…
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Cette putain de dictature, quand même ! On n'aura jamais fini de laver le sang qu'a fait couler Franco. Et ce putain de pacte du silence... Gauche comme droite, à poser des couches de béton sur les cadavres, à oublier les crimes de guerre, alors qu'il aurait fallu creuser, punir, réparer. Et pas seulement le pays, mais toute notre histoire, tout notre héritage. On n'a pas eu notre Nuremberg, nous, ici ; Franco est mort en serrant la main de Juan Carlos. Le roi est mort. Vive le roi.
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Vidéo de Johana Gustawsson
À l'occasion de la 19ème édition des quais du polar à Lyon, Johana Gustawsson vous présente son ouvrage "L'ile de Yule" aux éditions Calmann Levy.
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Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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