AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782904429293
Ressouvenances (01/10/1986)
4.35/5   10 notes
Résumé :
"J’ai écrit le poème qui suit pendant le mois de janvier cette année à Paris, et l’air libre de cette ville souffle dans plus d’une strophe plus fortement que je ne l’aurais souhaité en vérité. Je n’ai pas omis d’adoucir et de retrancher déjà ce qui me semblait insupportable dans le climat allemand. Pour autant, lorsqu’en mars j’ai envoyé le manuscrit à mon éditeur à Hambourg, on me pointa encore de multiples passages inquiétants. Je dus me soumettre de nouveau à la... >Voir plus
Que lire après Allemagne, un conte d'hiver, 1986Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"La contrebande que je porte avec moi, c'est dans ma tête que je la cache"

1842, Heine revient. Treize ans d'exil loin de l'Allemagne et ce retour aux sources pour dire toute la complexité de la relation entre les juifs et ce pays qui leur a permis de donner toute leur mesure culturelle, intellectuelle, littéraire, musicale, philosophique, économique… Mais pas seulement. Heine voit plus large et plus loin.
Dans un temps suspendu entre Paris et Hambourg, Heinrich Heine y déroule un poème épique d'une verve ironique sans pitié aucune, dans un style et une structure d'une étonnante modernité. Sa lucidité satirique annonce "une Allemagne gangrénée par les braillements de ces pharisiens de la nationalité" face à une modernité qui va beaucoup trop vite et où tout se crispe : identité contre cosmopolitisme, racines et traditions contre mouvante modernité, classes sociales sacrifiées contre nantis et profiteurs, empire contre république… "Ce vautour ressemblait, à s'y méprendre, à l'aigle de Prusse ; cramponné sur mon corps, il me dévorait le foie dans la poitrine".
Poème empreint aussi de nostalgie au fil de ses pérégrinations : ni régionaliste, ni universaliste, c'est d'une patrie idéale qu'appelle Heine de ses voeux, humaniste et tolérante.

C'est à Paris que l'Allemagne lui manque ("Le vin du Rhin me rend tendre et chasse de ma poitrine tous soucis, il y infuse l'amour de toute l'humanité"), c'est en Allemagne qu'il regrette Paris ("Oh ! que ne suis-je, soupirai-je, que ne suis-je chez moi, près de mon excellente femme, à Paris, dans le faubourg Poissonnière"). Heine est une lumineuse passerelle entre ces deux cultures, lui qui jetait des ponts pour conjurer ses propres déchirures, celle d'être un juif acculturé converti au protestantisme, un libéral monarchiste féru d'humanisme et un allemand francophile exilé, revenu puis encore exilé. Dans cette oeuvre, il orchestre avec virtuosité tous les paradoxes qui le tiraillent.

George Grosz qui reprendra en 1917-1919 le titre de ce poème de Heine pour un fameux tableau y peindra avec un génie expressionniste inouï ce que le poète avait pressenti des chaos allemands et de ce qu'ils allaient un jour brutalement enfanter. "La terre est aux Français et aux Russes ; la mer obéit aux Anglais ; mais nous autres Allemands, nous régnons sans rivaux dans l'empire éthérique des rêves" : la puissance industrielle, intellectuelle et militaire allemande un jour réclamera son dû. Heine et Grosz l'ont tous deux magistralement prédit.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
Commenter  J’apprécie          191
Agréables poèmes un tantinets sarcastiques sur l'histoire et l'esprit allemands par celui qui se faisait appeler à Paris "henrienne".
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Pendant que la petite chantait
La chanson du bonheur divin,
Ma valise était visitée
Par les douaniers Prussiens.

Ils ont tout flairé, ils ont tout fouillé,
Dans les chemises, les pantalons, les mouchoirs;
Ils ont essayé de trouver des dentelles, des bijoux
Et les livres qu'on ne devrait pas avoir.

Fouilleurs de bagages, pauvres idiots!
Ici, vous ne ferez aucune découverte!
La contrebande, qui voyage avec moi,
Je la cache, enfoncée dans ma tête.

Ici, j'ai de la dentelle, bien plus fine
Que celle de Malines ou de Bruxelles,
Et s'il m'arrive, une fois, de la déballer,
Elle vous piquera de plus belle.

Je porte dans la tête les bijoux,
En diamant, de la future couronne,
Les bijoux du temple du nouveau Dieu,
De celui que ne connaît personne.

Et je porte aussi beaucoup de livres dans la tête!
Je peux bien vous assurer
Que ma tête est un nid où gazouillent
Un tas de livres à confisquer.
Commenter  J’apprécie          90
Notre cœur est paré contre le mécontentement de ces héroïques laquais dans leur livrée noire-rouge-or. J’entends déjà leur voix de buveur de bière : « tu dénigres jusqu’à nos couleurs, contempteur de la patrie, ami des Français, à qui tu veux donner le libre Rhin ! » Rassurez-vous. J’estimerai et honorerai vos couleurs autant qu’elles le mériteront, quand elles seront autre chose qu’une comédie paresseuse ou servile.
Commenter  J’apprécie          50
Nous voulons être heureux sur terre,
Et cesser d'être dans le besoin;
Le ventre paresseux ne doit pas digérer
Le produit du dur labeur de nos mains.

Il pousse, ici-bas, pour les humains,
Assez de roses, assez de pain,
Assez de myrtes, de beauté et de joie,
Et suffisamment de petits pois.

Oui, des petits pois pour tout le monde,
Dès que les cosses auront éclaté!
Nous abandonnons le ciel
Aux moineaux, aux anges ailés.

Et s'il nous pousse des ailes à la mort,
Nous vous visiterons là-haut,
Et nous mangerons avec vous,
Des tartes célestes et des gâteaux.
Commenter  J’apprécie          30
Zu Aachen auf dem Posthausschlid,
Sah ich den Vogel wieder,
Der mir so tief verhasst ! Voll Gift
Schaute et auf mich nieder.

Du hässlicher Vogel, wirst du einst
Mir in di Hände fallen,
So rupfe ich dir die Federn aus
Und hacke dir ab die Krallen.

Du sollst mir dann, in luft'ger Höh',
Auf einer Stange sitzen,
Und ichrufe zum lustigen Schiessen herbei
Die rheinischen Vogelschützen.
Commenter  J’apprécie          21
Elle chantait le chant du vieux renoncement,
Le tra-la-la du paradis
Avec lequel, quand il pleurniche, on assoupit
Le peuple, ce grand malappris.
Commenter  J’apprécie          30

Lire un extrait
Videos de Heinrich Heine (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Heinrich Heine
Des lettres inédites de la célèbre écrivaine, révélant des échanges inconnus avec de grandes personnalités du XIXe siècle. Un livre exceptionnel ! Lettres réunies et présentées par Thierry Bodin.
Ces 406 nouvelles lettres retrouvées couvrent presque toute la vie de George Sand, depuis ses quinze ans jusqu'à ses derniers jours. La plupart, du court billet à la longue missive, sont entièrement inédites et viennent s'ajouter au corpus de sa volumineuse correspondance. D'autres, dont on ne connaissait que des extraits, sont ici publiées intégralement pour la première fois. Plus de 260 correspondants — dont une cinquantaine de nouveaux — sont représentés, des moins connus aux plus illustres, comme Barbey d'Aurevilly, Hector Berlioz, Henri Heine, Nadar, Armand Barbès, Eugène Sue, Victor Hugo, Louis Blanc, Eugène Fromentin, Jules Favre, Pauline Viardot, la Taglioni, ainsi que les plus divers : parents, familiers, éditeurs, journalistes et patrons de presse, acteurs et directeurs de théâtre, écrivains, artistes, hommes politiques, domestiques, fonctionnaires, commerçants, hommes d'affaires... On retrouve dans ces pages toute l'humanité et l'insatiable curiosité de l'écrivain, que l'on suit jusqu'à ses toutes dernières lettres, en mai 1876, quelques jours avant sa mort. Les auteurs : George Sand (1804-1876) est une romancière, dramaturge et critique littéraire française. Auteure de plus de 70 romans, on lui doit également quelque 25 000 lettres échangées avec toutes les célébrités artistiques de son temps. Thierry Bodin est libraire-expert en lettres et manuscrits autographes. Ses travaux sont consacrés au romantisme français, en particulier Honoré de Balzac, Alfred de Vigny et George Sand.
+ Lire la suite
autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (24) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1220 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}