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EAN : 9782864246435
381 pages
Editions Métailié (19/09/2007)
4.12/5   30 notes
Résumé :
Teresa, la grand-mère terrible, maudit le dieu des Juifs qui lui a enlevé son enfant et décide de devenir goy. Voici la saga des Lévi, débarqués des ghettos ukrainiens à Valparaiso.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
"Oh Dieu! Après ce que tu nous as fait tu mérites d'être pendu!", s'écrie Teresa Groismann après la mort de son fils, et elle décide de devenir goy. L'arrière-grand-mère de Jodorowsky rompt avec la tradition familiale et c'est ainsi que commence l'épopée des siens, cet extraordinaire voyage à travers l'Europe et au-delà des mers.
Le titre original du roman est "Donde mejor canta un pájaro", inspiré d'une citation de Jean Cocteau, "Un oiseau chante d'autant mieux qu'il chante dans son arbre généalogique". Alejandro Jodorowsky le dit dans le prologue, notre arbre généalogique "constitue un trésor qui renferme l'essentiel de nos valeurs". Le Chilien est un peu comme Tristram Shandy, le gentilhomme de Sterne. Le récit de son existence passe par celle des siens, par l'évocation de toutes les branches de son arbre, les Levi, les Arcavi, les Prullansky, une famille nombreuse mue par la passion.
Jodorowsky apparaît bien ça et là, présidant à sa propre gestation: "Lorsque j'ai constaté que les ovaires de ma mère étaient en période de fécondité, je leur ai donné l'ordre de s'accoupler (...) Pendant les mois qui ont suivi, j'ai poussé tranquillement. Ayant réussi à réunir les géniteurs de mon choix, je me suis livré à la sagesse des cellules: elles possédaient la connaissance millénaire pour me former." Mais ce sont les souffrances et les apprentissages de ses ancêtres qui ont fait de lui un citoyen chilien.
De l'Ukraine aux rives de la Méditerranée, du Chili à l'Argentine, les aïeux de Jodorowsky se font dompteurs de puces, liseurs de tarots dans les yeux des fauves, syndicalistes...laissant le lecteur désarçonné mais enthousiaste, avec l'impression que les histoires de shtetl de Bashevis Singer ou de Hilsenrath ( celui du Retour au pays de Jossel Wassermann) se laissent emporter par le tourbillon du réalisme magique des grands auteurs latino-américains. Jodorowsky est un merveilleux conteur, et cette oeuvre hybride, transcendée par la puissance de son écriture, magnifiée par la tradition orale, fait de l'histoire familiale une légende empreinte d'un syncrétisme mystique, qui revendique le droit au bonheur et au plaisir. Il est des livres qui vous coupent du monde et vous font passer une nuit blanche. L'arbre du dieu pendu est de ceux-là.
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Mon avis :
Un bien étrange roman que cet « Arbre du dieu pendu ». Si l'on s'attend à une saga familiale, et bien, c'en est une, en effet : celle de la famille de l'auteur qui fuit les pogroms pour se réfugier en Amérique du Sud sous un nom d'emprunt. Mais l'auteur va beaucoup plus loin que la seule relation d'un exil qui pourrait être celui de n'importe quelle famille juive, durant cette époque cruelle. Cette histoire, il la sublime, la magnifie à la manière d'un enfant pour qui les parents sont des héros. Il en fait un conte fantastique où se côtoient la politique, le mysticisme, la magie, le symbolisme…
Cela donne un récit d'une grande beauté, un écrit d'une grande finesse où le comique côtoie le tragique, l'imaginaire, la réalité la plus crue. Plus que l'histoire de sa famille, Alejandro Jodorowsky nous parle des liens subtils qui nous relient à nos ancêtres.
« L'arbre généalogique me paraît de première importance, expliquait-il au printemps dernier dans El Pais lors de la sortie en Espagne de son roman L'Arbre du dieu pendu. Nous sommes comme le vaudou possédés par tous les personnages de notre arbre généalogique. Je crois que notre famille est comme notre inconscient. On est marqué par elle génétiquement, mais aussi psychologiquement, et Castaneda va encore plus loin en disant que notre famille nous marque énergétiquement. » le titre espagnol, « Donde mejor canta el pajaro » était tiré d'une phrase de Jean Cocteau : « C'est dans son arbre généalogique que l'oiseau chante le mieux. » En français, l'éditeur a préféré choisir une carte du tarot, L'Arbre du dieu pendu. (extrait d'un article de Nicole Zand, le Monde 16 mars 1996).
L'arbre du dieu pendu ravira les lecteurs les plus exigeants, mais il peut aussi dérouter ceux qui n'apprécient pas une littérature qui flirte avec le surréalisme. L'imagination débridée de l'auteur nous emmène bien loin des romans-témoignages, mais par ces chemins tortueux, propose aux lecteurs une réflexion « extraordinaire » sur le poids du passé.
Lien : http://poljackleblog.blogspo..
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Alejandro Jodorowsky nous entraîne dans sa généalogie de manière totalement loufoque.
Les tribulations familiales dont l'histoire transmise remonte jusqu'en 1492, passant par l'Espagne, l'Italie, la Russie, la Lithuanie, le Chili et l'Argentine, sont dignes des grands mythes.
Le récit est rythmé par les aventures plus ou moins dramatiques, mais toujours cocasses de ces familles juives, et on ne voit pas le temps passer à la lecture de livre qui est un vrai régal.
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Histoires familiales de jodorowsky racontées et modifiées à sa sauce dans un style incroyable. Très poétique, parfois très violent.
Bouquin incroyable.
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Magistral.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Ah, 1492, année funeste! Dieu les punissait d'avoir voulu s'enraciner en terre étrangère -eux dont la mission était d'errer pour semer dans tous les pays la Loi sainte- et leur avait donné un couple de voleurs pour roi et reine. L'or honnêtement accumulé durant des générations irait remplir les coffres royaux. La seule richesse qu'ils pourraient emporter hors du pays sans que personne ne les ennuie serait la langue espagnole. A ti linga santa.- a ti te adoro- mas que toda plata- mas que todo oro.- Si mi pueblo santo- el fue Kaptivado- kon ti mi kerida- el fue konsolado.
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Cette partie de l'histoire bien qu'elle l'eut entendue de la bouche de sa mère quand elle était petite, Jashé la trouvait invraisemblable. Elle voulait connaître la vie réelle de ses ancêtres et non un conte de fée ou un récit biblique. Mais Sara Luz, en souriant, lui expliquait que le passé était une invention perpétuelle, que chaque personnage sur l'arbre pouvait être comparé à une pierre qui, au fils des ans et de récit en récit, s'élevait jusqu'au ciel et brillait comme un astre qui diffusait une lumière plus douce que le sucre. "Tous les membres de ta famille, ma petite, à la fin des temps, seront devenus des champions, des héros, des génies et des saints. Considère tes ancêtres comme des coffres où déposer jour après jour le trésor de ton imagination fervente. Qu'est ce que tu préfères, un misérable vieux calciné sur un bûcher ou un magicien?[...]" p.62
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Teresa se sentait aussi morte que son père ou sa sœur. Seul le devoir familial — et aussi la haine — la maintenait en vie. Surtout la haine. C'était une source d'énergie qui lui permettait de supporter le monde rien que pour pouvoir le maudire. Elle voyait en toute chose la présence d'un dieu cruel et méprisable. Il n'y avait rien qui ne lui semblât absurde, provisoire, inutile. La trame de la vie était la douleur. Elle savait détecter la peur incessante dans les rires, les moments de plaisir, dans l'innocence stupide des enfants. Pour elle, le monde était une prison, un pourrissoir, le rêve malade du monstrueux Créateur. Mais ce qui la gênait le plus (une colère qui lui faisait pousser des injures du lever au coucher), c'était de savoir, sans vouloir se l'avouer, que cette haine dissimulait un excès d'amour.
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Il se réveilla tard dans la nuit, l’épaule bandée, couché sur une tombe, dans un cimetière. Un homme aux mains calleuses lui offrit un café chaud dans une tasse en céramique.
- Je suis le gardien du cimetière, le fossoyeur et, à mes moments de loisir, je suis aussi rebouteux. Je répare les entorse, les fractures, les déboîtements et je fais des massages contre le torticolis. Heureusement, c’est seulement l’os qui est sorti de sa place habituelle. Cela s’arrangera parfaitement. Eleodoro Astudillo, à votre service.
- Merci beaucoup, don Eleodoro. Je vous dois combien ?
- Les saints ne paient pas. Priez pour moi, cela suffira.
- Je le ferai… Pourriez-vous me dire où et avec qui vous avez appris votre métier ?
- Je l’ai appris ici et mon maître s’appelle don Pepe. Don Pepe, venez ici !
Un chat gris arriva en courant entre les tombes et vint se frotter en ronronnant contre les jambes du fossoyeur.
- C’est lui qui m’a tout appris. Regardez bien : si vous lui touchez attentivement les articulations, sans vous laisser distraire par aucune pensée, vous comprendrez comment l’animal a été assemblé par le bon Dieu. Il suffit d’une petite pression ici, d’une autre là, et de quelques autres encore, pour le démonter. Vous voyez ?
L’homme, sans douleur pour don Pepe, lui désarticula les quatre pattes et le cou. Le félin était étendu sur le petit chemin de cailloux, comme un petit tapis qui ronronnait de plus belle. (...) En quelques secondes il remit les pattes et le cou du chat à leur place. Le petit animal s’éloigna en courant derrière un papillon.
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Elle ne manqua pas à ses devoirs d'épouse et mère, elle donna à sa famille un foyer propre, elle fit la cuisine et repassa en marmonnant des injures. Avant le coucher des quatre gamins elle exigea qu'ils s'agenouillent près du lit et récitent : "Dieu n'existe pas, Dieu n'est pas bon, tout ce qui nous attend, c'est le chat qui viendra pisser sur notre tombe..."
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