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EAN : 9782070497904
382 pages
Gallimard (13/03/1998)
3.93/5   507 notes
Résumé :
Quand la juge d'instruction Nadia Lintz arrive sur les lieux du crime, elle s'attend à trouver une scène d'horreur, mais pas à ça : des cadavres d'enfants carbonisés, figés dans une dernière tentative désespérée d'échapper à la mort. Que faisaient-ils, enfermés dans ce pavillon délabré ? Qui les y avait amenés ? Qui y a mis le feu ? Ce qui ressemble à premiè... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
3,93

sur 507 notes
Moloch , six lettres jaunes qui claquent sur fonds noir !
Moloch , aller simple pour l'enfer...

Jonquet , magistral troubadour disparu bien trop tot ( 1954 – 2009 ) , fait rarement dans l'allégresse et la jubilation . Moloch vous scotche ( juste un doigt alors ) du début à la fin , autant par le propos que la maitrise du récit .
Trois histoires concomitantes . Une équipe de fins limiers sur les dents...de l'amer . le tout sur fonds d'enfance sacrifiée , jouez hautbois , résonnez musette car aujourd'hui c'est la fete !
Des corps d'enfants retrouvés à moitié carbonisés et c'est une nouvelle et terrible enquete se profilant pour les protagonistes des Orpailleurs . D'autant qu'il semblerait qu'une potentielle petite victime ait réussi à en réchapper , offrant ainsi à Charlie , son courageux sauveur SDF , la possibilité de se muer en jeune et joyeux justicier frappant alors de son doigt ( juste un scotch alors ) vengeur tous les responsables de cette atrocité ! Nadia Lintz , jeune juge dépéchée sur l'affaire , doit parallelement gérer une sordide histoire de petite fille malade à l'hopital car possiblement empoisonnée par des parents visiblement au-dessus de tout soupçon ! Ajouter à cela un mystérieux peintre condamné par la maladie et confiant à son psy sa volonté affirmée de finir en beauté en égalant la puissance expressionniste du seul tableau qui le hante : le Cri d'Edvard Munch – l'une de ses 4 versions ayant récemment atteinte la modique et dérisoire somme de pres de 120 millions de dollars , une pécadille...Secouez énergiquement et laissez-vous embarquer par ce roman , véritable page-turner d'une noirceur contagieuse .

Trois raisons majeures à cette réussite incontournable :
Primo : la réelle profondeur des personnages englués dans leurs problemes du quotidien sur fonds de sujets aussi puissants que sont la pédophilie , la rédemption , la maltraitance .
Secondimo : trois histoires paralleles sans qu'aucune d'entre elles ne vienne tirer la couverture .
Trimo : écriture nerveuse , rebondissements à foison et final aussi surprenant que rationnel font que ce bouquin se dévore plus qu'il ne se lit !

Concernant l'épisode de l'hopital et pour la petite histoire – et là , ami lecteur ayant fort justement décidé de le lire ultérieurement , il serait judicieux de sauter ces quelques lignes – Jonquet fut suspecté , à l'époque , de s'etre inspiré de l'affaire Kazkaz ( 1990 ) et accusé de violation du secret de l'instruction , cette derniere étant alors toujours en cours...

Vous ne regarderez plus les aventures du Baron de Munchausen du meme oeil ! ;)
Moloch , aussi mieux que Mygale sans etre tout à fait plus moins bien que le Bal des Débris !
Juste énorme !
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Thierry Jonquet est un des grand auteur français du polar et du roman noir, par trop sous-estimé à mon avis, ce "Moloch" le prouvant encore une fois.

Moloch, divinité païenne à qui des enfants sont sacrifiés.
Le titre donne le ton du roman, agrégat de nuances de noir, sans compromis, sans espoir, au bout de l'abject, glacial. Pas de pathos, les faits, dans leur crue nudité, violents et cliniquement exposés par une écriture désincarnée, objective.
L'on retrouve son équipe enquêtrice, la juge Nadia Linz, les policiers Rovère, Dimiglio, Choukroun . Oui cette équipe popularisée à la télévision par la série, au demeurant sympathique, "Boulevard du palais" ; mais oubliez-là, nous sommes sur beaucoup plus rude, complexe et sauvage, le filtre du politiquement diffusable à 20h50 n'est pas passé par le roman.
Là, cette équipe récurrente sert de point de rencontre de ces histoires de psychopathes ordinaires, qui se télescopent sans s'imbriquer, et elle s'efface au profil de leurs protagonistes, qui de secondaires deviennent les personnages principaux, véritable tour de force narratif donnant au roman sa puissance.
Ces différentes histoires, l'ex militaire traumatisé et crucifié sur sa rédemption, les trafiquants d'enfants sacrifiés, la pédophilie ordinaire, l'artiste halluciné shooté à sa folie et catalyseur de la trame narrative, le syndrome de Munchausen extrémiste, sont les véritables centres d'intérêts de ce formidable roman, chirurgical et fataliste, d'une dureté implacable servi par une écriture ciselée. L'oeuvre ne se raconte pas, elle se découvre.

Insistons, Jonquet est un grand auteur français.
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Ce n'est pas comme dans les tableaux du douanier Rousseau comme dirait la Compagnie Créole. Ici, le sol est boueux et la scène de crime, atroce.

Dès l'entame on vous assène: trafic d'enfants, performance artistique sanglante et empoisonnement d'enfant en milieu hospitalier.
Trois lignes narratives ou plutôt quatre avec le SDF Charlie, celui qui a tout vu, qui pourrait faire le lien entre elles.

La patte de Jonquet c'est non seulement d'approfondir la personnalité de tous les personnages jusqu'à diagnostiquer la maladie mentale de certains mais aussi de proposer un contexte où les difficultés sociales, comme un liant dans un plat, adhèrent parfaitement à l'intrigue.
Jonquet a bossé en milieu psychiatrique et cela se ressent. On dirait qu'il a le dossier de ses patients sous les yeux. Et même s'il ne peut les soigner véritablement, on trouve une forme d'empathie pour "ses malades".

Malades, il ne le sont pas tous. Les personnages principaux, La juge Nadia Lintz et le flic Rovere sont des personnages récurrents des livres de Jonquet et il sont bien connus des écrans de télévision avec la série "Boulevard du Palais". Sans oublier Dimeglio, Danset et Choukroun qui ferment la liste avec brio.
Je n'ai pas mordu à cette série télé mais l'univers de Jonquet me plaît énormément. La fin ne m'a pas surpris, ce sera ma seule réserve au terrifiant "Moloch".
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Je n'avais jamais ouvert un bouquin de Thierry Jonquet. Allez savoir pourquoi... Parce que je n'avais dépassé le premier quart d'heure des téléfilms inspirés de ses personnages? Jamais tombée au hasard sur une couverture qui tape dans l'oeil? Allez savoir. Et puis une amie qui déménage, ses livres qui transitent quelques semaines par chez moi, et un carton entier de polars. C'est qu'elle a bon goût, Vargas, Lehane, Hayder, Mankell, Indridasson. Et Jonquet.
Alors là, quelle claque! Une équipe de policiers qui ne jouent pas aux cow-boys, une juge toute jeune, et des meurtres mes amis, atroces, horribles, épouvantables, à faire des cauchemars pour le reste de vos nuits. Et un SDF justicier, la banlieue pas bien reluisante, la misère de tous les jours.
Et trois intrigues qui se répondent, le Cri de Munsch et le baron de Munschaüsen, et le terrifiant Moloch qui sacrifiait les premier-nés.
Un livre qu'on ne peut pas lâcher? Chapeau bas, Monsieur Jonquet, parti bien trop tôt.
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Jonquet nous garantit de pénétrer un univers aux multiples facettes.
Son monde est inscrit dans la marge, ses portraits attachants .
Sa plume engagée socialement, politiquement, dénonce les injustices , informe sur des sujets qui n'ont pas reçu un gros éclairage médiatique. Il nous manque!

Là, le trafic d'enfants et toutes les infamies qui se conjuguent autour de cette horreur. Et puis, Jonquet part dans tous les sens et nous le suivons la truffe au sol...

Vous y croiserez un syndrome post traumatique , le cri de Munch, le sacrifice d'Abraham, le syndrome de Munchausen par procuration, la vodka à l'herbe de bison, un gosse qui se teint les cheveux en rose, une petite fille muette, les Puces...

Lecture captivante, ouverte sur le monde.
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critiques presse (1)
Telerama
28 juin 2022
Quel mal a pu amener cette mère à empoisonner sa fille chérie ? En 1998, l’auteur français s’inspire de cette terrifiante histoire avant même qu’elle ne soit jugée.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Ils étaient là, pataugeant dans la boue, hébétés, certains pleurant, d’autres hagards, les mains tremblantes, la gorge nouée par le dégoût, la pitié, la colère, la honte, un mélange confus de ces sentiments si voisins, tous à scruter le ciel gris-bleu, dans ce matin de printemps, tous à songer à ce qu’ils avaient fait une demi-heure, une heure plus tôt, quand le téléphone avait sonné chez eux pour les tirer du sommeil et les convoquer devant cette maisonnette d’apparence si banale, dressée au fond d’un terrain vague. A tous on avait donné la même consigne. Rendez-vous illico presto à deux minutes de la porte de la Chapelle, à l’entrée d’une ruelle éventrée de part en part, labourée par les pelleteuses, où s’alignaient encore quelques façades intactes de vieux immeubles, vidés de leur substance par les grues à boule qui les avaient surpris à revers. Ne subsistait qu’un décor chaotique, sauvage. Ici, des pans de murs striés de tracés noirs, ceux des conduits de cheminées qui d’étage en étage s’échelonnaient en chicanes pour former un réseau aux ramifications savantes. Là, un escalier en vrille, suspendu dans le vide, accroché comme un serpentin à une poutrelle et menaçant de s’effondrer d’un instant à l’autre. Et partout des lambeaux de papier peint claquant au vent, rongés par l'humidité, qui s'effilochaient en grossiers confettis. Cette rue ne portait même plus de nom, elle n'était plus qu'une trace sur un plan. Le point B12/A15 sur celui de la préfecture de Police, dont chaque inspecteur détenait un exemplaire, et qui quadrillait Paris à la manière d'un jeu de bataille navale, un filet aux mailles serrées. Impossible de se tromper. Le type de permanence au Central avait bien pris soin de préciser la topographie des lieux : le pavillon se trouvait au fond du terrain vague, juste derrière le chantier. Une de ces bicoques modestes, comme il y en avait tant, jadis, dans les arrières-cours parisiennes. La façade se lézardait en maints endroits, la toiture n'était pas de la première jeunesse, mais l'ensemble avait encore fière allure, et, signe qu'elle avait été habitée jusqu'à une date assez récente, elle était équipée de volets métalliques coulissants au lieu de ceux de bois qu'on voyait d'ordinaire sur ce genre de construction.
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Ils étaient là, pataugeant dans la boue, hébétés, certains pleurant, d'autres hagards, les mains tremblantes, la gorge nouée par le dégoût, la pitié, la colère, la honte, un mélange confus de ces sentiments si voisins, tous à scruter le ciel gris-bleu, dans ce matin de printemps, tous à songer à ce qu'ils avaient fait une demi-heure, une heure plus tôt, quand le téléphone avait sonné chez eux pour les tirer du sommeil et les convoquer devant cette maisonnette d'apparence si banale, dressée au fond d'un terrain vague (...).
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Pluvinage était un des médecins légistes qui effectuaient les permanences à l'Institut médico-légal dans l'attente du "matériel" fourni par la Brigade criminelle. Un curieux bonhomme, de prime abord rêche, méfiant, voire hargneux, jaloux de sa compétence, mais tenace, fiable... et non dépourvu d'humour. Créateur de néologismes : "fristouiller", par exemple, verbe inédit du premier groupe, exclusivement réservé à la corporation des légistes, et qui, dans sa bouche, suggérait bien des turpitudes, des promesses de fil à retordre, du cas d'école en puissance, bref du cadavre rebelle aux aveux, de la viande à secret.
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Il s'était longuement attardé sur la symptomatologie de la douleur chez l'enfant. A l'inverse de l'adulte qui n'hésite pas à s'insurger contre l'indifférence des soignants, à réclamer sans cesse des antalgiques, celui-ci se réfugie le plus souvent dans le mutisme, mutisme qu'il convient de ne pas confondre avec la résignation. Voire avec l'absence de souffrance.
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L'inspecteur Dimiglio ferma les yeux. Il avait été le premier de l'équipe à pénétrer dans la maison, le seul édifice encore intact dans ce décor dévasté. C'était plus qu'il ne pouvait en supporter. Paupières closes, il tentait d'effacer de sa mémoire les images qui s'y étaient inscrites. Dès la première seconde, dès le premier pas dans le séjour, sitôt dépassée l'entrée, il avait compris qu'il lui faudrait de longues semaines pour oublier, pour gommer. Dimeglio parvenait toujours à gommer, c'était le terme qu'il employait, « gommer ». Râper avec application, comme on dit d'une tache d'encre rebelle sur un cahier d'écolier...
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Vidéo de Thierry Jonquet
Chronique consacrée aux grands noms de la littérature policière, et animée, depuis octobre 2018, par Patrick Vast, dans le cadre de l'émission La Vie des Livres (Radio Plus - Douvrin). Pour la 29ème chronique, le 12 juin 2019, Patrick présente l'auteur Thierry Jonquet. Patrick Vast est aussi auteur, notamment de polars. N'hésitez pas à vous rendre sur son site : http://patricksvast.hautetfort.com/ Il a également une activité d'éditeur. À voir ici : https://lechatmoireeditions.wordpress.com/ La page Facebook de l'émission La Vie des Livres : https://www.facebook.com/laviedeslivres62/
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