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EAN : 9782878582529
312 pages
Viviane Hamy (07/09/2007)
3.93/5   43 notes
Résumé :

"Anna la douce" fut publié en 1926, une dizaine d'années avant l'affaire des soeurs Papin, dont Jean Genet tira sa pièce "Les Bonnes".

" Déjà en 1919, à Budapest, on ne trouvait plus de bonnes. Bonnes, frugales, modestes, vertueuses, qui baissent les yeux et dorment à la cuisine. Anna, enfin, entra chez les Vizy, fit des parquets lumineux, des vitres transparentes, des plats moelleux. Et planta son couteau de cuisine par neuf fois dans le ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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L'écueil avec ce roman de l' écrivain hongrois du début du XX ème siècle, Deszö Kostolanyi est de le comparer à celui de Magda Szabo : La Porte , dont le sujet peut paraitre identique puisque chacun traite de relations entre des femmes et leurs bonnes , à Budapest au XXeme siècle .

Mais il faut dépasser cette similitude car les deux histoires sont très différentes dans le fond et la forme .

Dans Anna la douce, c'est la description d'un milieu aisé en 1919 à un moment crucial de l'histoire de Budapest : le départ des communistes avec tout le soulagement que ces gens ont pu ressentir : la fin d'une période où beaucoup de ces hommes avaient perdu leurs fonctions dans les différents ministères , où les appartements avaient du être partagés etc ...c'est le cas du couple Vizy mais le changement politique dans ce milieu n'est qu'un retour à un état antérieur, les hommes retrouvent leurs emplois, les femmes leurs réunions et papotages dont le sujet préféré est celui des bonnes et les autres individus, comme le concierge de l'immeuble des Vizy , leur façon obséquieuse pour ne pas déplaire aux propriétaires . C'est ainsi que Figzor, fait embaucher Anna, une cousine de la campagne , en vantant ses qualités à une Madame Vizy éternelle insatisfaite de ses employées .

Nous en saurons peu quant aux pensées d'Anna, elles ne sont que suggérées mais cela suffit à imaginer son ressentiment : traitée comme un objet que l'on possède, que l'on fait parfois admirer pour susciter la jalousie des autres et dont on décide du sort en fonction de ses propres besoins.

Il n'y a pas de tentative d'explication de l'attitude d'Anna de la part de l'écrivain , quoique ces courts chapitres aux phrases simples qui se contentent en principe de décrire les faits sont en eux-même édifiants . Chaque membre des différentes communautés : patrons ou employés se rallient à leurs intérêts et non à leur conviction et le lecteur est laissé à son propre jugement ; seul le dernier chapitre peut apporter un éclairage singulier sur cette peinture acerbe de la société hongroise dans son ensemble .

J'ai préféré le roman de Magda Szabo qui va beaucoup plus loin dans l'analyse des sentiments , ceci étant facilité par son aspect autobiographique et le face à face de deux personnalités mais qui est, de ce fait, plus distant vis à vis " de la lutte de classe "et de la critique de la société .

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Dezső kosztolányi, né en 1885 et mort en 1936 est un écrivain hongrois, également poète, journaliste, critique littéraire, essayiste et traducteur.

Je viens de le découvrir et constate une fois de plus à quel point la littérature du Centre-Est de l'Europe est méconnue, (du moins de moi).

C'est avec un enthousiasme débordant que je qualifie "Anna la douce" de chef-d'oeuvre.

Ce roman relate la pathétique histoire d'Anna, une jeune bonne dont on suit l'existence en creux à travers celle d'une famille bourgeoise et se termine par le récit d'une chronique judiciaire qui n'est pas sans rappeler celles de Dostoïevski, avec leur sévérité, leurs préjugés, mais aussi leur humanité et leur bienveillance.

Un seul vrai juste dans toute cette affaire ; tous les autres personnages sont gens bien ordinaires que l'auteur met en scène avec vérité et indulgence dans leur comportement individuel et social ; on y a une vue de ce qu'a pu être l'année 1919 en Hongrie après le fuite de Bela Kun, chef du Parti Communiste.

Cette oeuvre a été publiée en 1926 (pour mémoire, la pièce de théâtre "Les bonnes" de Jean Genet à été représentée pour la première fois en 1947).

J'attends avec impatience que les congés de la médiathèque de Toulouse se terminent : j'irai y piocher aussitôt les autres romans disponibles de Dezső kosztolányi.
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Budapest, 1919

Les Vizy peuvent souffler, les communistes quittent enfin le pouvoir. Ce couple de bourgeois brimé, humilié, contraint à vivre chichement et complètement reclus, revit. Vite vite, réparons la sonnette de la maison, vite vite, changeons de toilette, vite vite, trouvons une bonne.
Et pour trouver la bonne, Madame Vizy va faire des pieds et des mains, mener une lutte acharnée et hystérique.
Pendant que monsieur va de représentation en représentation, à coups de cooptations et de cigares, madame dégote une petite bonne discrète, consciencieuse et entièrement dévouée à la tâche. Une bonne, Anna, qu'on va exténuer, qu'on va salir, qu'on va donner en spectacle. Que le neveu de la famille va malmener, travestir, tuer encore plus.

Le roman est plein d'ironie, tout le monde en prend pour son grade. C'est cruel et sordide. C'est inquiétant aussi.
La chute d'un microcosme délétère et crasseux qui emporte une âme sans voix.

On retrouve les thèmes de la dépossession et du travestissement, comme dans Les Bonnes de Jean Genet. On retrouve la déliquescence des domestiques comme chez Magda Szabo.
C'est triste et poignant, délicieusement ironique. Un bonheur de littérature hongroise.
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Anna la douce,
se passe en 1919 après la défaite des rouges, permettant le sursaut de la bourgeoisie qui retrouve ses privilèges confisqués autrefois.
Madame, en quête de la bonne idéale, déniche enfin Anna. Celle-ci d'abord instinctivement rétive à sa nouvelle demeure, finit par se fondre de manière inespérée dans les fonctions domestiques demandées. Jusqu'au jour où... le crime inattendu des deux époux employeurs, fait d'"Anna la douce" la meurtrière la plus imprévisible de tout Buda.
Ce roman m'a captivée, mais le crime bien que mis en scène dans un contexte politique particulier, n'est jamais expliqué par l'immixtion de l'auteur dans la tête du personnage. Ainsi, ne comptez pas sur l'auteur pour vous expliquer les motivations profondes qui ont conduit Anna la douce à commettre son crime : à part son rejet animal lors de son entrée en tant que domestique dans la petite famille bourgeoise , sa vie apparaît seulement sous ses aspects extérieurs : celle d'une petite bonne attachée à remplir avec zèle ses fonctions domestiques, qui ne connaît de vie que celle de son travail quotidien, ignore les secrets de l'amour et des conquêtes masculines, jusqu'au jour où le neveu de Madame, se met en tête de la posséder pour la délaisser aussitôt... Si l'on ne connaît pas de manière explicite les motivations psychologiques qui poussent Anna au crime, le lecteur pourra à partir de tous ces éléments descriptifs de la réalité du quotidien se faire sa propre idée...
On pense en lisant ce livre à la critique âpre de la bourgeoisie, d'un Chabrol, dans ""la Cérémonie", nous laissant comme dans le film seuls juges de l'explication de la genèse d'un crime.
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Je commencerai ce billet par un regret. Edité pour la première fois en 1926, ce roman s'est vu maintes fois critiqué, et malheureusement, l'intrigue n'a pu conserver son mystère. La 4ème de couverture de la présente édition n'échappe pas à la règle, même la préface annonce tout de suite la couleur. Si vous ne voulez pas gâcher votre plaisir -mais est-ce encore possible ?- faites comme moi, lisez ce roman plusieurs années après l'avoir acheté. Les pertes de mémoire ont parfois du bon !

A Budapest, le 31 Juillet 1919 signe la fin de l'éphémère République des conseils de Hongrie, les communistes de Bela Kun, au pouvoir depuis trois mois, se voient contraints de quitter le pays suite à une avancée roumaine décisive qui rétablit l'ordre bourgeois. Ce dont se réjouit le couple Vizy. Monsieur va retrouver son poste au ministère et Madame va pouvoir cesser de trembler et de se déguiser en prolétaire lorsqu'elle sort dans la rue. A la terreur rouge va succéder une terreur blanche bien décidée à faire passer le goût du collectivisme au petit peuple.

Madame Vizy peut alors se concentrer sur le gros problème de sa vie, trouver une bonne digne de ce nom. Elle en a déjà usé plus d'une, jamais assez bien à ses yeux. Toutes ces filles sont des voleuses, dévergondées, gourmandes, feignantes, envieuses ou idiotes, toutes sans exception ont trahi sa confiance. Elle empoisonne l'existence de son politicien de mari avec cette obsession jusqu'à ce que Ficsor, le concierge, vieux Rouge actif et militant qui espère ainsi s'acheter la clémence des bourgeois, s'engage à ce que sa nièce entre au service des Vizy. Mais Anna n'est pas pressée de quitter ses employeurs, elle se fait désirer et les nerfs de Madame Vizy frisent la crise. Quand enfin elle arrive les choses rentrent dans l'ordre et Anna devient peu à peu la bonne parfaite dont rêvait Madame.

Entre extérieur et intérieur l'auteur nous offre un instantané de la Hongrie encore hésitante entre passé et avenir. Nous arpentons les rues de Budapest en compagnie de personnages caricaturaux sans états d'âme, imbus de leur bon droit, pour lesquels l'auteur et le lecteur n'éprouvent peu ou prou de sympathie, laquelle se concentre sur les figures plus humaines de ces gamines venues de leur campagne laver la crasse des bourgeois. Ces quelques mois passés au 238 rue Attila en compagnie de ses habitants aide à comprendre le dénouement de cette histoire et donne à réfléchir à la notion de bientraitance. On sent poindre à la fin l'influence de la psychanalyse qui viendra bien plus tard remettre à sa juste place la fatalité. Et le vieux docteur Moviszter, unique figure sage et humaniste de ce roman, s'en repartira, tout aussi solitaire et incompris, dans les rues de sa ville.

Une bien jolie balade dans un roman à l'écriture simple, volontairement naïve, sans introspection ni analyse, mais qui n'en pense pas moins !
Lien : http://moustafette.canalblog..
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
C'était un après-midi enchanteur, frais, idyllique, un de ces après-midi d'hiver où la joie de vivre pétille de toutes ses étincelles. Une neige craquante recouvrait la ville. Les lions en pierre du pont aux Chaînes avaient le front recouvert d'une neige qui les enveloppait d'une sorte de foulard blanc. Des patins tintaient dans les mains des femmes qui couraient à la patinoire, les clochettes des traîneaux faisaient ding-dong. Le gel, un gel très dur, salutaire, picotait les joues. Chez Gerbeaud, les lustres des salles scintillaient, et les vitrines du centre ville, de la rue Váci, de la rue du Prince de la Couronne, des vieilles rues du siècle dernier, s'allumaient les unes après les autres, ces vitrines où tout paraissait à présent plus appétissant, plus féerique que jamais : les chaussures, et les livres, et les bouteilles d'eau minérale sur des rochers couverts de mousse, à côté d'un petit jet d'eau artificiel, et puis les pâtes de coings, les montagnes de noisettes, les monceaux de noix, jusqu'aux cônes de dattes berbères, savoureuses, encore humides - comme les lointains souvenirs de la Saint-Nicolas. A tout instant, le ciel aussi prenait part à ce jeu scénique de lumières. Vert pomme derrière la colline Gellért, il rosissait vers le palais royal, et finissait par retomber en cendres d'un gris pâle : alors surgissaient les petites étoiles d'hiver, des étoiles minuscules, au scintillement lumineux.
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Quelque vhose en elle attirait le ramoneur-peut être la souffrance de la jeune fille, cette douleur toute fraîche que les hommes flairent aussitôt, peut être aussi les sibnes de l humiliation, de la dépendance, qui souvent leur plaisent plus que la beauté en soi. Il s apouya contre le montant de la porte.....
M. Bàrtholy n y alla pas par quatre vhemins. Une fois encore, il la rencontra, par hasard, dans la rue,net lui répéta en termes généraux qu il avait besoin d une épouse; puis, respectant les convenances, lui fit savoir par le truchement de Mme Fiscor qui la prendrait golontiers pour femme, si elle voulait bien de lui.
La concierge s acquitta de sa mission de ka manière ka plus zélée. Elle parla à la jeune fille: une chance pareille, elle ne devait ka kaisser passer pour tien au monde...Elle fit l éloge du ramoneur, un homme sobre, travailleur, qui avait très bien traitésa première femme. Anna ne dit pas non, elle demanda seulement un temos de réflexion. M.Bàrtholy pour sa part lui fit transmettre une demande: qu elle aille une fois lui rendre visite, voir à quoi ressemblait la maison.
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Seul le visage d Anna ne présentait nulle trace d horreur? Elle non plus ne comprenait pourquoi elle l avait fait,,mais elle l avait fait et si elle l avait fait, c est qu au fond d elle même, tout au fond, au plus profond , il devait bien y avoir quelque chose en vertu de quoi elle devait absolument, nécessairement le faire. Et quand on voit les choses de l intérieur, on les voit autrement que celui qui les observe de l extérieur...

- Alors pourquii l a t elle commis? Demanda Movitzer, comme à lui même. J ai le sengiment, répéta t il obstinément, j ai le sentiment qu ils ne la traitaient pas humainement. Ils ne la traitaient pas comme un être humain, mais comme jne machine. Ils en ont fait une machine-et à ce point, il explosa, il cria. Ils l ont traitéde manière inhumaine. Ils ont eu un comportement ignoble.....
...Le public avait l impression que ce vieux médecin au bord de la tombe était un être limité Il avait une lomite, sans laquelle sa grandeur himaine aurait été anéantie, se serait perdue dans l infinie stérile de la liberté....
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Ses yeux pourtant - comme toujours en pareille circonstance - dardaient un curieux regard en biais, un petit coup d’œil sournois qui témoignait de son état d'alerte, de sa férocité prête à bondir, un regard animé de l’égoïsme le plus crasseux; ce regard cependant, il était capable sur le moment, grâce à sa maitrise de soi, de le dissimuler et de le transformer en enthousiasme pour l'intérêt public. (...) Il se gardait de tirer au clair le fait que la politique n'a jamais été autre chose qu'une bousculade d'hommes affamés et que tout régime n'aspire au pouvoir que pour placer ses partisans.
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Ils étaient liés par cette morne parenté des pauvres, pour qui les liens du sang ne signifient que fort peu : n'ayant pas de souvenirs agréables en commun, ils se contentent de vivre côte à côte, sans cesser de travailler, repliés sur soi, imperméables, à des années-lumière les uns des autres.
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Dezso Kosztolanyi. Anna la douce.
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