Qu'est-ce que ça fait de revenir chez soi après vingt ans d'exil ? de retrouver les siens et son pays chéri où la misère et la violence côtoient les mystères et les secrets du vaudou ? C'est ce qu'évoque
Dany Laferrière dans
Pays sans chapeau : il jette un oeil presque candide, innocent, sur Haïti, son pays natal, qu'il redécouvre après avoir passé vingt ans à Montréal puis à Miami.
Dans son
Pays sans chapeau,
Dany Laferrière raconte tour à tour son « pays réel » et son « pays rêvé ».
Le « pays réel » c'est Haïti, et plus précisément Port-au-Prince, ses odeurs, ses habitants, sa vie chaotique, sa misère et sa surpopulation. À la manière d'un « peintre primitif »,
Dany Laferrière observe et décrit de la façon la plus objective possible ce qu'il voit. Il est un « écrivain primitif ». Il raconte également ses retrouvailles avec sa mère Marie, avec sa tante Renée, avec ses amis Philippe et Manu. Il retrouve les lieux qu'il fréquentait avant son départ en exil. le tout est donc très empreint de nostalgie. Comme toujours chez Laferrière. Voilà, c'est donc ça ce « pays réel », un pays en noir et blanc et en couleur, un pays où la beauté côtoie sans cesse le nauséabond, un pays où il pleut des mangues…
Dans le « pays rêvé »,
Dany Laferrière évoque les mystères d'Haïti, un pays où la mort est omniprésente, et d'autant plus que, selon les rumeurs, les cimetières sont vides et les morts vont et viennent parmi les vivants. C'est ce qui intrigue l'auteur qui va tenter de mener son enquête pour comprendre comment (et pourquoi) des gens qui sont morts et enterrés sont régulièrement vus en train de se balader dans les rues de Port-au-Prince (entre autres). Ont-ils, à l'instar des chats, plusieurs vies, sont-ce des zombis, des fantômes ou est-ce une sombre histoire de vaudou ? En tout cas, le «
pays sans chapeau » (l'au-delà en Haïti parce qu'on n'enterre pas les morts avec un chapeau) et le « pays réel » finissent par se rejoindre et c'est ce dont il est question dans ce livre.
Je suis mitigée à l'issue de ma lecture. J'ai trouvé les chapitres sur le « pays réel » fascinants pour leur description d'Haïti, ce pays où le temps ne coûte rien, pour les souvenirs de l'auteur alias Vieux Os et pour les mangues qui ne cessent de tomber. En revanche, je n'ai pas trop accroché avec les chapitres sur le « pays rêvé ». Mais c'est vraiment personnel, j'ai toujours eu du mal avec les histoires de zombis et de vaudou. J'en avais peur quand j'étais petite et je crois que cette peur ne s'est pas complètement dissipée. Et je n'ai pas compris où l'auteur voulait en venir, ce qu'il voulait montrer. En fait, je me suis même ennuyée à l'évocation des dieux du vaudou, à cette balade dans le «
pays sans chapeau » et lors des discussions de l'auteur avec des spécialistes de la question – discussions qui, je trouve, ne menaient nulle part. J'ai commencé à regarder le nombre de pages qu'il me restait à lire et je me suis dit que non, décidément, je n'aimais pas ces chapitres et que j'avais hâte de passer à autre chose.
Heureusement, ce petit livre se lit vite et j'ai quand même trouvé certains passages très intéressants pour les connaissances qu'ils apportent sur ce pays, l'un des plus pauvres du monde mais d'une immense richesse culturelle.