La première nouvelle de
Liens de famille – Rêvasserie et ivresse d'une jeune Portugaise – m'a d'abord désarçonné. Ce n'était pas le bon moment, je n'étais pas prêt : je ne comprenais rien à ce que je lisais. J'étais perdu. Mais je sentais en même temps qu'il y avait quelque chose dans ces mots qui allait beaucoup me toucher.
Alors le lendemain, je m'y suis remis en connaissance de cause. Et là, ça a été le choc. Une façon d'écrire, un rythme si particulier que je m'y étais achoppé la veille. Mais qui désormais me parlait très clairement, m'emportait.
Et (presque) toutes les autres
nouvelles ensuite m'ont transporté. Je me suis senti chez moi dans cette écriture, dans cette atmosphère lourde, mystérieuse, triste, solitaire.
Il y a une attention aux détails (la couleur de la lumière, les pétales d'une rose, les yeux d'un buffle) qui désarme. Il y a une volonté d'aller voir là où on n'aime pas trop s'attarder : dans la tête de ces femmes (surtout), l'aïeule, l'ado et surtout les mères de famille. Elles ne disent jamais plus de quelques mots, mais on s'approche (le plus près possible) de ce qu'elles pensent, ce qu'elles sont, et on s'identifie. (En tout cas moi, elles m'ont beaucoup parlé ces femmes, Ana, Laura, la femme du zoo qui veut apprendre à haïr, et toutes les autres).