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EAN : 9782351785751
288 pages
Gallmeister (04/01/2018)
4.07/5   181 notes
Résumé :
Une nuit, Miles O’Malley, treize ans, se faufile hors de chez lui pour aller explorer les étendues du Puget Sound à marée basse. Il fait une découverte qui lui vaut une célébrité locale. Certains se demandent quand même si cet adolescent imaginatif n’est pas un affairiste ou… peut-être davantage ?
En fait, Miles est surtout un gosse qui s’apprête à grandir, passionné par l’océan, amouraché de la fille d’à côté et inquiet à l’idée que ses parents divorcent. A... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (51) Voir plus Ajouter une critique
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Peut-être que la Terre essaye de nous dire quelque chose…cette phrase est souvent prononcée pour expliquer certains phénomènes naturels inquiétants. Jetée en pâture aux journalistes par le jeune Miles qui vient de découvrir le plus grand calamar au monde dans la baie dans laquelle il vit, cela est plus étonnant, quasi mystique, et va donner un éclat particulier à cet été étrange durant lequel l'adolescent va découvrir d'autres espèces inédites dans cet écosystème qu'il connait si bien. de là à le faire passer pour une sorte de messie, il n'y a qu'un pas…

Miles est un garçon particulier, très attachant, incollable sur le phénomène immuable des marées. Ce phénomène d'aspiration de la Lune et du Soleil crée à la surface de l'océan un renflement perpétuel, et pourtant « n'importe qui vous dira où se trouve le Soleil, mais demandez où se situent les marées ; seuls les pêcheurs, les ostréiculteurs et les navigateurs vous répondront sans hésiter ». Et, avons-nous envie d'ajouter après la lecture de ce beau livre, ce jeune garçon de 13 ans, tellement petit en taille qu'il semble avoir moins de 10 ans, intarissable sur l'écosystème dans lequel il vit, et si attentif à son environnement qu'il découvre des trésors à marée basse. Surtout cet été-là. Cela commence par un calamar géant, puis un ragfisch, enfin une étoile de mer géante. Des rencontres inédites qui laissent présager un bouleversement de l'écosystème. Un été obscurci également par le divorce vers lequel semble s'acheminer ses parents. Un été marqué enfin par les montées d'hormones, les fantasmes et les envies, analysés et partagés avec son seul ami Phelps. Et l'amour aussi.

Miles est profondément attaché à sa baie à l'eau si claire qu'on y voit le lit de coquilles vides des palourdes blanches à l'infini. Si attaché qu'il en est enthousiasmant, impossible de ne pas avoir envie de partager sa passion pour les océans :
« Il n'y a pas une goutte d'eau dans l'océan, pas même dans les abîmes les plus profonds, qui ne connaisse et ne réagisse aux forces mystérieuses qui créent les marées. Comment pourriez-vous lire cette phrase, bâiller et éteindre la lumière ? »

Il est profondément attaché à Florence, vieille dame atteinte de la maladie de Parkinson, qui vit seule dans un vieux bungalow sur pilotis dans lequel la puanteur de la marée basse pénètre dans sa maison pleine de courants d'air, masquant « l'odeur de moisi des vieux livres cartonnés et, plus récemment, des effluves d'urine ». le déclin de la vieille dame, véritable amie qui le perce à jour mieux que quiconque, est abordée avec beaucoup de sensibilité et de délicatesse.

L'histoire est ténue et l'essentiel n'est pas là. L'essentiel est dans cet océan aimé, presque chanté avec lyrisme. de multiples espèces nous sont tour à tour présentées, avec leurs caractéristiques, leurs habitudes, leurs spécificités. Ces multiples détails pourraient faire l'objet d'une énumération érudite, un peu fastidieuse, il n'est est rien, c'est en réalité la voix de Miles que nous entendons, son parler franc, son humour, ses métaphores fraiches et drôles :

«Ces bernacles géantes de dix centimètres qu'on voit le long de la côte se tapent des bites de quarante centimètres.

« Les soleils de mer sont les plus grandes étoiles de mer au monde. Il se peut qu'on ait devant nous un des plus gros spécimens de la planète. J'expliquai que les soleils de mer sont les grizzlis des vasières. — Les autres créatures marines flippent quand elles les sentent arriver. Les concombres de mer s'écartent de leur chemin en rampant, les coques se mettent à bondir et les dollars de sable s'enfouissent dans le sable encore plus vite que d'ordinaire ».

Et il convoque tous les sens pour nous faire comprendre, nous faire aimer ce qu'il connait si bien et le distingue des garçons du même âge :
« Il n'y avait pas de vent, aucune voix ; on entendait juste le crachotement des palourdes, le sifflement discret de l'eau qui se retire entre les graviers, et, de temps à autre, un battement d'ailes ».

Ce livre est un très beau et atypique livre sur l'adolescence, véritable raz-de-marée dans la constitution de notre identité. Marées hautes suivies de longues marées basses d'où il nous est permis, si nous y sommes attentifs, de ramasser des trésors qui fondent notre essence, notre moi le plus intime, des choses qui bouleversent notre écosystème. Jim Lynch nous narre les marées des émotions adolescentes, cet ascenseur émotionnel, bordé de longues plages de silence, avec humour, délicatesse et justesse. Un roman initiatique entrelacé à une fable écologique, un roman qui fait du bien !

Je ne résiste pas à poser ce poème de Jacques Charpentreau pour conclure, poème offert par notre bretonne préférée Gaëlle (@Saschka) :

La mer s'est retirée
Qui la ramènera ?
La mer est démontée
Qui la remontera
La mer est emportée
Qui la rapportera ?
La mer est déchaînée
Qui la rattachera ?
Un enfant qui joue sur la plage
Avec un collier de coquillage.
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Un roman atypique, surprenant et très attachant!

Partons sur les bords de l'océan , à Puget Sound, dans l'état de Washington. Miles, adolescent de 13 ans, est passionné ( tout comme l'auteur) de biologie marine, et passe auprès des autres jeunes pour un doux dingue. En sa compagnie, nous découvrons ( en ce qui me concerne, je n'y connais pas grand chose, en tout cas!) un monde captivant et insoupçonné, fort inquiétant parfois ( j'avoue, je ne raffole pas de tous ces petits êtres qui grouillent dans l'eau) ,celui des plantes et des animaux marins...Miles nous le rend si vivant, cet univers aquatique, les images sont évocatrices, saisissantes de réalité.

Jugez-en plutôt : en parlant des crabes, par exemple, Miles décrit leur ascension sur un parc à huitres:" J'entendis leurs pinces qui s'accrochaient bruyamment aux trous du grillage afin de hisser leurs corps cuirassés ".

Savez-vous, par ailleurs,ce que sont des nudibranches? Des petits animaux aux dizaines de plumets fluorescents, avec des bouts orange, semblables à des cornes, au corps translucide. Et pourquoi ces merveilles ne sont -elles pas la proie d'autres bêtes ? Parce qu'elles ont un goût infect!

Bref, on apprend de nombreux détails sur les richesses océaniques. Mais pour moi, c'est là que le bât blesse un peu, j'ai eu l'impression souvent d'assister à un cours de biologie, même si c'était à travers les explications de Miles. Un peu trop pédagogiques pour un adolescent, même très informé sur le sujet...

Cependant, ce roman qui se présente à la fois comme une fable écologique et un récit initiatique a bien des atouts.D'abord, j'ai aimé le personnage de Miles, qui, au cours de cet été particulier, va percer la coquille de l'enfance et affronter le monde adulte, angoissant car hanté par les séparations, la mort et un premier amour difficile à exprimer...Miles,dont la petite taille n'évoluait pas jusqu'ici, à la grande déception de son père, mais il va soudain grandir, c'est très symbolique!

D'autre part, ces animaux extraordinaires ( car jamais aperçus à cet endroit jusque là ) qu'observe plusieurs fois Miles,sur la plage où il se rend tous les jours ,laissent présager un bouleversement de l'écosystème , de même que la grande marée qui ravage tout...

" Peut-être que la Terre essaie de nous dire quelque chose", avoue Miles spontanément, lors de sa première découverte.Et comme il a raison. Apprenons à l'écouter, à préserver toutes les beautés qui l'habitent, avant qu'il ne soit trop tard.
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A treize ans, Miles est un garçon atypique. Pas parce qu'il est petit pour son âge au grand désespoir de son père, mais parce qu'installé dans la baie du Puget Sound, ce jeune passionné de biologie marine a l'occasion de faire de surprenantes découvertes à chaque nouvelle marée.
Des découvertes fascinantes, mystérieuses, empreintes de merveilleux comme peuvent l'être les récits rapportés par les enfants.
Mais à treize ans, on n'est plus vraiment un enfant. Cet été-là Miles doit faire face à une série d'événements et de découvertes qui le confrontent à des choses insoupçonnées, tant dans le milieu marin que parmi ses congénères humains, et contre lesquelles il fait preuve d'une certaine candeur drôle et têtue qui semble faire poids...et c'est là tout le charme du roman.
Miles est ce jeune garçon bienveillant à la lucidité amusée, il mène une existence préservée encore un temps, à distance des préoccupations des garçons de son âge. Il ne peut résister au mouvement ténu qui le conduit vers l'âge adulte avec son pote Phelps qui tente de l'initier à un autre monde, celui du monde féminin. Mais il est encore ce garçon qui est impressionné par les histoires qu'il se raconte.
Chaos de l'esprit adolescent, incompréhension des émotions qui s'éveillent, Jim Lynch restitue parfaitement ce désordre et ce tâtonnement dans la construction du récit. Ainsi l'auteur américain s'est peu préoccupé de l'intrigue, préférant porter son regard à hauteur du jeune garçon qu'il a peut-être été à treize ans si on se réfère à sa biographie. Cela donne un Miles aussi amoureux de sa baie que de sa voisine ou encore plus préoccupé par le divorce de ses parents que par la frénésie médiatique suscitée par ses découvertes.
J'ai été sous le charme de ce roman et de Miles, jeune garçon attachant dans un monde où les adultes semblent être une déception. Roman qui fait le pont entre l'enfance et l'âge mûr, portrait d'une époque, l'auteur dressant au passage le tableau de quelques absurdités de nos sociétés, c'est un roman plein de tendresse agréable à lire. D'autant plus que l'auteur parvient à capter l'attention sur les phénomènes de vie aquatique, le monde marin a quelque chose d'enchanteur et plein de mystères sous la plume de J. Lynch.
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Le jeune Miles nous partage sa passion pour le monde marin, ses extraordinaires découvertes à marée basse le long du pacifique Nord engendrant l'explosion médiatique que l'on imagine.

Mais Miles c'est aussi plein de tendresse pour la vieille voyante Florence, de délicieux fantasmes d'ado sur la bipolaire Angie Stegner et une amitié désopilante avec son copain Phelps.

J'aime beaucoup l'écriture de Jim Lynch, ses touches d'humour à l'américaine mais sans en faire trop et puis il nous ouvre une fenêtre sur le monde fantastique de l'océan.
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"LES GRANDES MARÉES" de Jim Lynch (traduit par Jean Esch)

Miles, le narrateur du livre, est un gamin de 13 ans passionné de biologie marine (il cite par coeur des passages du livre culte de la biologiste Rachel Carson, "Cette mer qui nous entoure", pour lequel elle a reçu le National Book Award). Comme il est insomniaque avec des parents laxistes, il passe une partie de ses nuits à arpenter les grèves du Puget Sound (État de Washington).

Sous la naïveté de son narrateur (lequel ne se rend pas compte de l'importance écologique de ses découvertes), l'auteur nous adresse une mise en garde sur les merveilles qui pourraient disparaître avec le changement climatique "Prenez le temps de regarder la Terre et écoutez ce qu'elle a à nous dire".

Un livre qui oscille entre l'humour (quel gamin de 13 ans n'est pas obnubilé par le sexe) et la gravité (le divorce des parents, la décrépitude liée à l'âge, la mort, le changement).

Un livre que j'ai beaucoup, beaucoup aimé. Pour moi qui suis une fille de la montagne et des sapins, l'océan est aussi mystérieux que les confins de l'univers... Et là, j'ai découvert un monde que je ne soupçonnais pas (la panobe, le regalec, ...). Merci Jim Lynch 😀
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Citations et extraits (55) Voir plus Ajouter une citation
La plupart des gens savent que la mer couvre les deux tiers de la planète. Par contre, rares sont ceux qui prennent le temps d’apprendre à la connaître, ne serait-ce qu’un minimum. Regardez ce qui se passe quand vous essayez d’expliquer une chose aussi élémentaire que les marées, en disant que le phénomène d’aspiration de la Lune et du Soleil crée à la surface de l’océan un renflement qui se transforme en une vague sournoise mais puissante, laquelle recouvre nos plages salées deux fois par jour. Les gens vous dévisagent comme si vous inventiez tout ça au fur et à mesure. Pourtant, les marées, cela n’a rien d’exceptionnel. Elles ne surviennent pas à l’improviste comme les inondations, elles ne débordent pas comme les rivières. Elles se produisent sans qu’on y prête trop attention. N’importe qui vous dira où se trouve le Soleil, mais demandez où se situent les marées; seuls les pêcheurs, les ostréiculteurs et les navigateurs vous répondront sans hésiter.
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- Que voudrais-tu qu'on fasse ?
- Que vous regardiez autour de vous le plus possible, je suppose. Rachel Carson a dit que la plupart d'entre nous traversent la vie en aveugle. Ça m'arrive certains jours, mais à d'autres moments je vois un tas de choses. Je pense que c'est plus facile d'ouvrir les yeux quand on est un enfant. On n'est jamais pressé d'aller quelque part, et on n'a pas ces longues listes de choses à faire, comme vous autres.
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Même dans la lumière du jour, le calamar paraissait irréel. On aurait dit une licorne, un dahu ou quelque autre créature imaginaire : une gigantesque pieuvre croisée avec la queue d’un marsouin ou avec un autre mammifère en forme de torpille. Mais ce qui me surprenait le plus, c’était son aspect puissant et indestructible. Sa peau constellée de taches mauves me faisait penser au caoutchouc épais des combinaisons de plongée, et j’avais remarqué que les ventouses disposées à l’intérieur de ses dix bras rétrécissaient aux extrémités, jusqu’à la taille d’une pièce de dix cents.
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— C’est étrange. Le point G, ils appellent ça le “point sacré”.
— Comme si c’était un truc religieux ?
— Ils ont des noms déments pour tout.
— Genre ?
— La bite, ils appellent ça “le bâton de lumière”.

Une bulle de chewing-gum jaillit de sa bouche.

— Tu inventes, je parie. La chatte, ils appellent ça comment ?
— “La porte précieuse”. Ou bien “la porte d’or”.
Phelps s’esclaffa.
— Chère madame, puis-je éclairer votre porte d’or avec mon bâton de lumière ?
— Il y avait un tas de conseils également. Par exemple, on est censé garder les yeux toujours ouverts quand on fait l’amour.
— Ça dépend pas d’avec qui tu es ?
— On est censé respirer ensemble, aussi.
— Arrête ton char !
— Pourquoi j’inventerais ?
— Quoi d’autre ?
— Tu te souviens, je t’avais dit que ce bouquin sur le point G parlait d’éjaculation féminine ?
— Tu trouvais ça dégueu même.
— En tout cas, la manière dont les gens du Tantra en parlent, c’est moins dégueu. Ils appellent ça “le nectar divin”.

Phelps se gondola tellement qu’il perdit l’équilibre.

— Ils prétendent que ça peut sortir de la porte précieuse sous forme de brouillard. Parfois, c’est carrément une fontaine qui projette le nectar divin à deux mètres de haut.
— Arrête ! s’étrangla Phelps. Ça suffit ! (Il retrouva sa respiration.) Quoi d’autre ?
— Ils disent que les hommes devraient éjaculer moins souvent.
— Hein ?
— Ouais, selon eux, on devrait avoir un orgasme à l’intérieur de nous-même parfois.
— Je comprends même pas ce que ça veut dire.
— Moi non plus. Pourtant, j’ai lu le bouquin.
— Comment fait-on pour arrêter d’éjaculer ?
— En se concentrant sur les chakras supérieurs qui résident dans notre poitrine et notre cou.
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Je découvrais que tout, ou presque, se vendait, et c'était souvent sous une lune éclatante que je faisais mes meilleures pêches, ce qui aggravait mes insomnies et compliquait mes histoires car je n'avais pas le droit d'aller sur les laisses de vase après la tombée de la nuit. L'autre élément, c'est qu'on voit moins et plus de choses la nuit. On voit également des choses qui n'existent pas vraiment.
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