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EAN : 9782070781256
224 pages
Gallimard (21/08/2006)
3.38/5   21 notes
Résumé :
« Je suis descendue ouvrir la porte que faisait trembler un semi-remorque charge de rondins, tremblant moi aussi devant cet homme d’une cinquantaine d’années, un peu plus grand que ne le sont les hommes des hautes terres ; quelqu’un d’épuisé, ou qui revient de loin, ou encore un homme revenu de tout ; un homme qui ne s’aimait pas, c’était visible, ma mère m’avait appris a les reconnaître, les plus dangereux, selon elle, car ils exigent tout d’une femme, sans contrep... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Enfin j'en ai vu la fin....
Il n'est pas très épais ce livre, les gros pavés de mille pages et plus ne me font pas peur, mais la manière d'écrire de Richard Millet , son style quoi, en a rendu la lecture particulièrement pénible. Les phrases sont longues avec des subordonnées alambiquées, les chapitres sont des blocs de fiel qu'aucun paragraphe ne vient alléger. J'étais dans ce roman comme un nageur manquant de souffle ne voyant jamais arriver la plage salvatrice. Paradoxalement j'ai pu apprécier la beauté indéniable de certaines images, le savoir faire de Millet dont on peut vraiment dire qu'il a du "style". Il est bien loin du charabia de quelques écrivains que je ne citerai pas. Quand il emploie des temps peu usités il ne se trompe pas, lui, dans la concordance des temps....
Il y a la forme. C'est fait. Maintenant quid du fond ? Pas de mystère quant au lieu : c'est le Limousin, plus particulièrement le Plateau de Millevaches, endroit emblématique de Richard Millet. le Plateau de Millevaches c'est formidable pour la randonnée mais pour y vivre.....Et c'est bien là le problème de la narratrice, jeune femme.... plus très jeune, servant de bonniche, de serveuse, de servante, dans le restaurant que tient son vieil oncle au bourg de Saint-Andiau. Millet a le génie, malgré (ou à cause de ?) ses longues phrases, de plonger le lecteur dans l'ambiance de lassitude résignée qui va baigner toute l'oeuvre jusqu'à la fin. Les évènements relatés dans le roman se déroulement en Hiver . le bourg de Saint-Andiau se meurt, les vieux meurent, les jeunes partent, les commerces ferment, quelques anglais rachètent à prix d'or les vieilles masures.....Richard Millet décrit excellemment son Limousin en perte de vitesse, en désertification.
Dans le restaurant de son oncle (ouvert que le midi et le seul qui reste au village...) la narratrice tombe amoureuse du nouveau "maître d'école" nommé par l'Inspection académique. C'est un écrivain qui vient de Paris, fatigué du petit monde littéraire du 6e arrondissement. Il est néanmoins natif du coin. On ne peut s'empêcher de penser que le nouveau professeur des écoles a de grandes ressemblances avec un certain Richard Millet...
Le roman sera donc la narration des affres consécutifs à ce coup de foudre, non partagé, d'une presque vieille fille qui n'a jamais connu l'amour , pour un ex-écrivain plus très jeune qui préfèrera à la "native" du coin une jeune femme turque. Car une nombreuse minorité de travailleurs turcs sont présents dans les exploitations forestières du coin....
Langue magique de Millet ( bien qu'ordonnée en des phrases aussi longues qu'un jour sans soleil en Limousin, je le répète....) pour nous faire ressentir la dévoration de l'amour chez cette femme pétrifiée, déjà morte comme elle le sous-entend souvent dans sa narration. La mort et le sang personnifiés par le couteau de boucher qu'elle porte toujours sur elle , planent sur le roman ajoutant à l'atmosphère de déréliction. Si la narratrice n'a rien à attendre des hommes ici bas, le ciel est aussi vide ; nulle rédemption à espérer. Toujours et jusqu'à la fin des Temps l'Amour se conjuguera avec la Mort , le sexe de l'homme avec le couteau qui fend les chairs.
Des Babéliens s'étonneront alors peut-être que j'ai mis quatre étoiles à ce livre qui m'a donné tant de peine à lire. C'est que la beauté de la prose de Millet a emporté mes réticences. Nul doute que ce personnage plutôt clivant (voir son blog :-) soit un très grand écrivain. Quelques uns trouveront certainement que ses obsessions sont déplacées et convoqueront peut-être les grands mots : racisme,fascisme, islamophobie, à partir desquels aucune discussion n'est possible. Mais d'autres, tel son "païs" Pierre Jourde, auvergnat lui aussi, ne s'y sont pas laissé prendre , refusant de signer le texte de mise à l'index inspiré par Annie Ernaux . Cependant Richard Millet aurait pu avoir l'élégance dans ses vitupérations 2.0 de ne pas transformer le nom de cette écrivaine, dont j'ai beaucoup aimé "Les années", en Annus Ernie. S'il est doué pour les belles phrases qu'il oublie les jeux de mots.
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Un ex-écrivain qui rejette ses livres et sa vie d'artiste revient au pays, le Limousin, le plateau des Mille-Vache comme simple instituteur. La narratrice, orpheline, serveuse d'un restaurant-cantine, provinciale et seule, sans amour et sans relations, tombe amoureuse de lui mais ne saura jamais franchir cette barrière qui reste, celle de l'intellectuel qui ne peut, malgré tout ce qu'il se donne comme justification, s'abaisser à donner suite à cet amour trivial : il préfère celui d'une immigré, qui lui apporte certainement au moins la satisfaction de « faire un geste » contre la misère du monde. Toute l'ambiguïté de cet ancien écrivain, qui semble vouloir rejeter le petit monde factice et bien pensant de la littérature parisienne, qui part en Limousin comme d'autres sont partis élever des chèvres, mais qui reste totalement un écrivain dans sa tête, dans ses relations avec les femmes, avec ce qui l'entoure (il ne se mêlera jamais à la populace et ses fêtes locales tout instituteur qu'il se veut – professeur des écoles donc !) avec le monde qu'il ne peut s'empêcher de qualifier de mots et de petites phrases obscures, qui semblent avoir un sens mais n'en ont peut être pas forcément. La narratrice, qui découvre l'amour et la passion et qui est prête à se livrer entièrement y compris dans ce que la vie a de plus triviale ou de plus intimement sale sera toujours laissée de côté, laissée pour compte ; elle n'est même pas une immigré musulmane, elle n'est rien, une provinciale française qui mange du porc… Toutes les limites de ces coteries intellectuelles parisiennes qui veulent faire et font effectivement le politiquement correct qui tue vite et définitivement ce qu'il reste de nos sociétés. Et où est Millet dans tout ça ? Quelque part entre les deux, toujours écrivain, toujours parisien, toujours dans une des grandes maisons du livre et dans cette province dont il devrait bien savoir qu'elle est plus proche que lui de la source. Une sorte de roman expiatoire où Millet se met en scène sous les traits d'un écrivain un peu (beaucoup) puant et d'une jeune provinciale paumée et perdue ; mais Millet quittera-t-il jamais son statut ; mais Millet serait-il capable de répondre à cet amour brut mais réel ? Millet a-t-il d'ailleurs plus de sympathie pour l'ex-écrivain ou pour la narratrice ? Narratrice devenue de fait écrivain…
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A Saint-Andiau petit village du haut Limousin l'arrivé d'un nouvel instituteur ancien écrivain vas perturber la vie d'une serveuse de restaurant dans lequel il vient se restaurer. Le livre est un long monologue de la serveuse qui nous dessine un portrait amer de sa vie d'écorchée vive, revenu de tout et n'attendant plus rien de la vie a à peine trente ans.
Evidemment, on ne crois pas un instant aux phrases à rallonges et au langage recherché mis dans la bouche de cette serveuse, sensé êtres sans éducation. Mais qu'importe, ce personnage n'est qu'un vecteur du style de Richard Millet et son désenchantement du monde qu'il aime à nous partager. Ici, il est plus misandre que jamais, les mâles en prennent pour leurs grades. Pourquoi pas.
A n'entreprendre la lecture que si vous avez un moral d'acier. Comme tout ce qu'a fait cet auteur.
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Je serais tentée de résumer mes pensées de cette façon: un fond (très) intéressant, une forme (trop) lourde.

L'absence de découpage (pas de paragraphes, phrases très longues) m'a empêchée du début à la fin d'accrocher pour de bon. Après avoir lu les 5 premières pages, puis relu les 3 premières, rebuté sur les mêmes passages, retenté de saisir l'essence de chaque mot, comme l'auteur nous y invite (j'imagine), j'ai opté pour la solution bis: survoler le texte. Ce que j'ai fait. Jusqu'au bout. Je pense avoir "imprimé" le principal de l'intrigue, ce qui me fait dire que l'idée n'était pas si mauvaise, et le traitement pas mal trouvé. Cette déjà vieille fille et ses obsessions, le monde clos dans lequel elle vit, les mondes plus ou moins clos de ceux qui l'entourent, cette façon crue et dérangeante de nous parler de cette intimité qu'elle n'a jamais partagée avec personne d'autre...

Pour le reste, j'ai été soulagée à chaque point de fin de phrase, de chapitre. Soulagée de pouvoir respirer un peu, avant une nouvelle plongée en apnée. Est-ce dû à l'utilisation du présent? J'ai l'impression (peut-être fausse) que si l'ensemble avait été écrit au passé, je me serais plus facilement accommodée de certaines des "parenthèses" du récit, ces errements dans l'esprit d'Estelle.

J'ai été finalement soulagée d'arriver au bout du livre, et surtout très frustrée de ne pas avoir réussi à jouer le jeu de l'auteur.
Lien : http://www.critiqueslibres.c..
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une langue épurée...
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Oui, ce qu'on peut appeler un autre temps, une autre vie, chaque époque dévorant la précédente, si bien que ce n'est pas le temps qui nous tue mais nous qui, incarnant le temps, ne cessons de nous dévorer nous-même, à chaque instant
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Un livre, je le devinais, est toujours peu ou prou, un amour enterré (...)
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Vidéo de Richard Millet
Voyage au bout de l'enfer du RER avec Richard Millet. Il présente son dernier ouvrage, "Paris bas-ventre. le RER comme principe évacuateur du peuple français", aux éditions de la Nouvelle Librairie sur notre site le 27 mai 2021 https://nouvelle-librairie.com/boutique/politique/actualite/paris-bas-ventre-le-rer-comme-principe-evacuateur-du-peuple-francais/
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