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Victor Farias (Éditeur scientifique)Claude Couffon (Traducteur)
EAN : 9782841094141
246 pages
Le Temps des Cerises (01/05/2005)
4/5   5 notes
Résumé :

Ce livre est un événement pour tous ceux qui aiment la poésie de Pablo Neruda. Dans cet important volume est présenté un ensemble de poèmes jusque-là inédits en français. Ce sont des poèmes écrits en 1919 et 1920, alors que le jeune poète avait seize ans. Il vivait à l'époque avec sa famille à Temuco, ville de la province chilienne, dont il fréquentait le collège. C'est a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il est toujours émouvant de découvrir les prémices d'une vocation d'artiste. Surtout quand cet artiste est de la trempe de Pablo Neruda, qu'il a été l'une des figures les plus importantes de la poésie sud-américaine du XXème siècle, qu'il a écrit d'inoubliables vers d'une foudroyante beauté, et qu'il a de surcroit symbolisé l'Espoir pour tout un peuple d'opprimés chiliens à l'époque de la dictature du général Pinochet.

Quels étaient les aspirations, les rêves, les émois de ce jeune garçon qui allait devenir le grand poète, écrivain et homme politique Pablo Neruda (1904-1973)? Qui signerait dans les années à venir des oeuvres d'une puissance exceptionnelle, des odes à l'amour magnifiques, des chants magistraux de liberté et de paix, et qui serait récompensé par le Prix Nobel de littérature en 1971?

Le chemin qui conduit à « La centaine d'amour », « Odes élémentaires » ou « Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée », pour ne citer que quelques une des oeuvres sublimes au parfum d'absolu et goût d'éternité que nous a offert Pablo Neruda, est là, dans ces « Cahiers de Temuco » rassemblant ses écrits de jeunesse, alors qu'il n'est encore que le jeune Neftali Ricardo Reyes, né dans un foyer modeste d'un père cheminot et d'une mère institutrice décédée, et qu'il mène une vie de collégien rêveur à Temuco, dans le sud du Chili, un pays de vent et de pluie, où la nature, aussi abrupte que luxuriante, prend des accents de séduction rebelle pour ce coeur juvénile en quête d'évasion…

Avec ces poèmes écrits entre 1919 et 1920, alors que le jeune poète a tout juste 16 ans, l'on pénètre dans le coeur même de ce que sera l'homme quelques années plus tard, l'on entre dans la création originelle, l'on suit tout doucement le parcours poétique et initiatique d'un jeune homme à la vocation déjà étonnamment précoce et active.

Bien sûr, le chemin est long à parcourir, aucun des poèmes proposés dans ces « Cahiers de Temuco » n'a encore la puissance, la grandeur, l'aura d'humanisme et d'universalité qui se dégageront dans les oeuvres ultérieures de Neruda, mais l'on ne peut qu'être subjugué et saisi, par la passion, l'inclination farouche, primordiale, vitale même, qui animent le lycéen et laissent déjà augurer de sa future destinée.

Il ne s'agit nullement ici, d'un jeune garçon qui s'adonne en passe temps à la poésie, non, bien au contraire. Il s'agit bel et bien d'une prédilection essentielle pour les mots et leur musicalité, d'un penchant de chaque instant, de chaque seconde, d'une disposition qui, au-delà des aptitudes et des facilités du garçon, se caractérise comme l'essence même de la vie, la compose et la contient.
Une sensibilité aigue émane de ces poèmes écrits avec une régularité proprement ahurissante.
Presque chaque jour, avec concentration, avec constance, avec application, avec une abstraction quasi-totale de tout ce qui amuse habituellement les adolescents de son âge, le jeune homme écrit au moins un poème, parfois même plusieurs, rédigeant consciencieusement sur des cahiers d'écolier, d'une écriture soignée, sans aucune rature, des écrits poétiques qui reflètent les aspects de sa vie à Temuco mêlés à ses plus profonds ressentis. Sentiment prégnant de mélancolie, de tristesse, de spleen : « Dans ces rues tristes en cette fin d'après-midi / Je promène ma lassitude d'enfant précoce ».

Pour Neftali Ricardo Reyes, la Vie est tout simplement Poésie. C'est par elle qu'il conçoit le monde qui l'entoure, c'est par elle qu'il contemple, qu'il aime, qu'il rêve, qu'il pleure, qu'il espère… c'est par elle qu'il s'interroge, se rebelle ou se lamente sur la condition des hommes, avec déjà cette large part accordée à l'humain, au peuple et aux paysans. La vocation se double déjà d'engagement politique pour celui qui n'aura de cesse de revendiquer la mission humaine du poète qui doit pouvoir être un chantre du Beau tout autant qu'un « barde d'utilité publique ».

Bien sûr le poète se cherche, tâtonne, est soumis à de nombreuses influences, notamment la poésie française pour laquelle il a un penchant prononcé car elle s'accorde parfaitement à son âme nostalgique et rêveuse ; Baudelaire, Rimbaud et surtout Verlaine l'inspirent, ainsi que bon nombre d'autres poètes, notamment sud-américains.

Mais il se dégage surtout une ambiance particulière dans ce recueil, différente des autres oeuvres du grand poète chilien, et c'est cela qui est important, intense et intéressant dans ces « Cahiers de Temuco ».
C'est l'atmosphère propre à l'enfance en passe de franchir le monde des adultes, et en proie aux doutes, à la peur, aux incertitudes et aux illusions. C'est l'enfance en pleine interrogation face à l'amour, la famille, la religion, l'avenir, et en même temps c'est le travail poétique d'un jeune être qui, peu à peu, va trouver sa voie et emprunter le passage qui le conduira à l'homme qu'il est devenu, ce grand poète qui s'est élevé contre toutes formes de dictatures, qui a loué avec ferveur les sentiments amoureux, et qui avait un rêve, celui qu'un jour « tout le monde, puisse parler, lire, écouter, s'épanouir.»
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Rien

Je t’offre soumis ma vie inutile,
Ce fardeau douloureux que nul n’aura voulu
Mais que je t’offre avec l’orgueil en supplément,
Cet orgueil infructueux comme tout ce qui est mien,
Sachant fort bien mon amertume si un jour
Tu me jetais le peu que j’ai pu te donner,
Ce ne serait plus rien qu’une histoire oubliée
Pour toi et pour le monde.
Et passée l’amertume
Je me sentirais de plus en plus fourvoyé,
Et viendrait l’obsession obscure et déchirée
Que pour le monde, non, je ne serais plus rien,
Je ne serais plus rien,
Je ne serais plus rien.
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Etre arbre. Un arbre ailé. Dénuder ses racines
Dans la terre puissante et les livrer au sol
Et quand, autour de nous, tout sera bien plus vaste,
Ouvrir en grand nos ailes et nous mettre à voler.
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Les peupliers se dressent, noirs et assoupis,
et là-haut dans leurs cimes passe un battement
ou un frissonnement de froid et de rancoeur...

Car ils ont le désir de s'enivrer de ciel,
de sentir en oiseaux le vertige du vol
et, retenus au sol, se crispent de douleur...
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Tu ne ressembles à personne depuis que je t'aime.
Laisse-moi t'étendre parmi les guirlandes jaunes.
Qui inscrit ton nom avec des lettres
de fumée parmi les étoiles du Sud ?
Ah laisse-moi me souvenir comment
tu étais alors, quand tu n'existais pas encore. [...]
Maintenant, maintenant aussi, petite,
tu m'apportes du chèvrefeuille,
et jusqu'à tes seins en sont parfumés.
Pendant que le vent triste galope en tuant des papillons
moi je t'aime, et ma joie mord ta bouche de prune.
Ce qu'il t'en aura coûté de t'habituer à moi,
à mon âme esseulée et sauvage, à mon nom que tous chassent.
Tant de fois nous avons vu s'embraser
l'étoile du Berger en nous baisant les yeux
et sur nos têtes se détordre
les crépuscules en éventails tournants.
Mes paroles ont plu sur toi en te caressant.
Depuis longtemps j'ai aimé ton corps
de nacre ensoleillée.
Je te crois même reine de l'univers.
Je t'apporterai des fleurs joyeuses
des montagnes, des copihues,
des noisettes foncées, et des paniers
sylvestres de baisers.
Je veux faire avec toi
ce que le printemps fait avec
les cerisiers.
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Vidéo de Pablo Neruda
« […] « La poésie est parole dans le temps », Machado (1875-1939) n'a pas cessé de l'affirmer. Encore fallait-il que le temps ne se résumât pas à la pression immobile du passé sur la circonstance, ni la parole au simple ressassement de l'irrémédiable. Certes Machado […] a éprouvé une manière d'attirance étrange devant la négativité et la noirceur du destin de l'Espagne. Il ne s'y est point abandonné. Ou plutôt, avec une véhémence souvent proche du désespoir, une tendresse mêlée de répulsion et de haine, il a tenté, longuement, d'en sonder les abîmes. […] La poésie - Machado, seul de sa génération, s'en persuade - n'a plus pour tâche de répertorier pieusement les ruines ; elle se doit d'inventer le futur, cette dimension héroïque de la durée que les Espagnols ont désappris dans leur coeur, dans leur chair, dans leur langue depuis les siècles révolus de la Reconquête. […] […] Nostalgique de l'Inaltérable, à la poursuite du mouvant… Par son inachèvement même, dans son échec à s'identifier à l'Autre, la poésie d'Antonio Machado atteste, et plus fortement que certaines oeuvres mieux accomplies, la permanence et la précarité d'un chemin. Hantée par le néant, elle se refuse au constat de l'accord impossible. Prisonnière du doute et de la dispersion, elle prononce les mots d'une reconnaissance. Elle déclare la tâche indéfinie de l'homme, la même soif à partager. » (Claude Esteban.)
« […] “À combien estimez-vous ce que vous offrez en échange de notre sympathie et de nos éloges ? » Je répondrai brièvement. En valeur absolue, mon oeuvre doit en avoir bien peu, en admettant qu'elle en ait ; mais je crois - et c'est en cela que consiste sa valeur relative - avoir contribué avec elle, et en même temps que d'autres poètes de ma génération, à l'émondage de branches superflues dans l'arbre de la lyrique espagnole, et avoir travaillé avec un amour sincère pour de futurs et plus robustes printemps. » (Antonio Machado, Pour « Pages choisies », Baeza, 20 avril 1917.)
« Mystérieux, silencieux, sans cesse il allait et venait. Son regard était si profond qu'on le pouvait à peine voir. Quand il parlait, il avait un accent timide et hautain. Et l'on voyait presque toujours brûler le feu de ses pensées. Il était lumineux, profond, car il était de bonne foi. Il aurait pu être berger de mille lions et d'agneaux à la fois. Il eût gouverné les tempêtes ou porté un rayon de miel. Il chantait en des vers profonds, dont il possédait le secret, les merveilles de la vie ou de l'amour ou du plaisir. Monté sur un Pégase étrange il partit un jour en quête d'impossible. Je prie mes dieux pour Antonio, qu'ils le gardent toujours. Amen. » (Rubén Darío, Oraison pour Antonio Machado)
0:00 - Titre 0:06 - Solitudes, VI 3:52 - du chemin, XXII 4:38 - Chanson, XLI 5:39 - Humour, fantaisies, notes, LIX 7:06 - Galeries, LXXVIII 7:54 - Varia, XCV, Couplets mondains 9:38 - Champs de Castille, CXXXVI, Proverbes et chansons, XXIX 10:14 - Champs de Castille, idem, XLIII 10:29 - Prologues. Art poétique. Pour « Champs de Castille » 12:17 - Générique
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