Mount Ephraim, petite commune de l'état de New-York. le récit débute par un repas de fête des mères. Comment ne pas aimer Gwen, cette mère si généreuse qui cache sa tristesse de la perte de son mari 4 ans plus tôt par une hyperactivité altruiste ? Comment ne pas être tout de suite en empathie avec Nikki qui adore sa mère mais est maladroite dans l'expression de ses sentiments ?
Le drame survient le lendemain. Gwen est sauvagement assassinée. C'est Nikki qui retrouve le
corps de sa mère dans le garage. Nous voici parti pour un roman policier ? Non. Très vite le coupable est retrouvé et sa culpabilité ne fait aucun doute. Ce qui intéresse ici
Joyce Carol Oates ce sont les relations mère-fille et comment faire son deuil. S'il est question des deux filles de Gwen, Clare et Nikki, c'est le parcours de la seconde que nous suivons.
Joyce Carol Oayes écrit ici un roman psychologique sur l'aceptation de la disparition et le deuil. On dit souvent que la première année après la perte d'un proche est la plus difficile car parsemée de "premières fois" sans l'être cher. Tout au long du roman on suit Nikki et son cheminement vers le deuil de sa mère, mais aussi de son enfance. Tout au long de cette première année elle va mûrir, perdre de ce qui lui restait d'innocence, de rêves de jeune femme. En marchant sur les traces de cette mère aimée et aimante, Nikki va se trouver. En faisant le tri dans la maison de sa mère, en cuisinant ses recettes, en se glissant dans son emploi du temps elle cherche à dire "au revoir" à celle qui l'a élevée avec amour, et dont Nikki comprend qu'elle restera toujours en elle.
Joyce Carol Oates fait un remarquable travail de description des sentiments qui traversent Nikki. Il y a beaucoup de précision dans la présentation des personnages, des situations, dans les descriptions physiques et beaucoup de finesse dans les analyses psychologiques.
Mais quel dommage que ce soit si long ! Que de répétitions, de détails qui n'apportent pas grand-chose. Est-ce volontaire pour marquer ce long temps de deuil que vit Nikki, comme anesthésiée par le drame ? Et puis où est la partie "enquête " annoncée en 4ème de couverture ? A la page 300 (sur 514) elle n'a toujours pas commencé. Ce n'est qu'à partir de la page 400 que Nikki va apprendre des choses sur le passé de sa mère, non pas en posant des questions à ses proches mais par les confidences de celles et ceux que Nikki a évités pendant des mois. Car elle ne veut pas savoir, elle se le répète à longueur de pages, mais arrive un moment où les autres ont besoin de s'épancher, sans empathie ni écoute des sentiments et besoins de Nikki, simplement pour libérer égoïstement leur conscience.
Un beau roman sur le deuil mais des longueurs qui m'ont gâché le plaisir de la lecture.