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Marie-Lise Marlière (Traducteur)
EAN : 9782070405206
144 pages
Gallimard (15/06/1999)
3.83/5   69 notes
Résumé :
C'était en 1912, dans la vallée de la Chautauqua, au nord de l'état de New York.
La belle Calla aux longs cheveux roux vivait les jours sans les voir, prés d'un mari qu'elle n'aimait pas.
Cette année-là, pour Calla, la réalité existe comme un rêve. Un amour noir comme l'homme dont son corps épouse le corps, noir comme un rêve de nuit et de mort.
"Si ceci est un rêve, ce n'est pas le mien, car comment saurais-je le rêver?"
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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" Un amour noir" nous raconte l'histoire de Calla de son vrai nom: Edith Honeystone, née en 1890, fille de paysans pauvres de la vallée de Chautauqua, au nord est de l'état de New- York.
La narratrice, "la fille de sa fille" cherche à savoir pourquoi celle- ci vécut recluse, les cinquante cinq dernières années de sa vie
Calla eut une enfance difficile, endurcie par les corrections de son père et de sa grand- mère.
C'est une enfant rebelle, avide de grands espaces pour qui la vie ressemble à un rêve. Elle préfère vagabonder dans la campagne plutôt que d'aller à l'école.
Calla devient une belle jeune femme à la chevelure rousse flamboyante, à la silhouette efflanquée.
Sa soif de liberté et son comportement étrange lui attirent l'hostilité de tous, elle est considérée comme " une bête sauvage","une folle atteinte dans sa tête", "une
racaille blanche" qu'il faut mater et....marier.....
Sa famille la marie à un riche fermier plus âgé qu'elle n'aime pas:"Comme je te déteste, comme je voudrais te savoir mort, mort, mort, et tout entière à sa malédiction, elle sombrait dans le sommeil."
Elle n'obtient la paix qu'après la naissance de ses trois enfants.
Calla reprend sa liberté et ses vagabondages dans la campagne, telle une enfant sauvage...la solitude qu'elle y trouve la soulage et la console de son triste destin.
Un jour, elle rencontre, Tyrell Thompson, un solide gaillard, un beau noir qui la fascine, sourcier de son état, il devient son amant, elle se livre à un amour passionnel, elle l'invite sur la propriété familiale, sous les yeux de sa famille scandalisée, car elle trouve en Tyrell son égal, un paria , un rejeté de la société:"
Comme moi, ce sont des parias dans ce pays. Non ,pas comme moi.....
Eux ce sont de vrais parias."
Cet amour passionnel n'aura d'autre issue que le drame..
Pour les villageois de cette époque, c'était un des pires outrages qu'un noir et une blanche fusionnent, c'est un crime impardonnable....
C'est un roman admirablement écrit, court , puissant, fort que nous offre la grande Joyce Carol Oates à l'aide d'un style simple qui va droit au coeur, des mots parfaitement choisis, un discernement bien à elle pour aborder avec aisance des thèmes tabous comme le racisme, l'originalité extrême de certains caractères qui nous touchent, sa peinture est fine et vraie...
Calla est une personne forte, orgueilleuse, pas rancunière,ni aigrie, ni dégoûtée, ni émue par son mari, d'abord, profondément solitaire, une mère hors norme, incomprise pour son époque,profondément libre et indépendante, non pas animée d'une folie furieuse mais plutôt d'une folie douce, presque sereine,une existence passée sans désirs..
Elle n'aura été véritablement femme que quelques mois, ivre de caresses et assoiffée d'amour auprès de Tyrell.
Un amour noir est une très belle oeuvre, une histoire de femme telle que madame Oates sait les raconter.
C'est le portrait d'une femme insoumise, un combat pour une liberté et Un choix de vie sans aucune chance de réussite à cette époque étriquée où seuls les conventions et le paraître importaient.....
Elle ne suscitera jamais que violente et virulente incompréhension,que courroux et colère à son encontre:
"Je fais ce que je fais: et ce que je fais c'est ce que j'ai toujours voulu faire."
On retrouve plusieurs thèmes chers à l'auteure, violence, passion,solitude, racisme,intolérance, frustration,rejet, profond désir de liberté inassouvi .....inadaptation involontaire à une époque et à un mode de vie...
Calla est un trés beau personnage féminin, mystérieux et fascinant merveilleusement bien brossé qui laisse en nous une empreinte profonde....

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Avec son histoire d'amour en noir et blanc, Joyce Carol Oates chamboule les préjugés du début des années 1910, dans l'État de New-York. Une manière bien sûr de rappeler que ces a priori et ce racisme latent ne sont toujours pas éradiqués aujourd'hui et qu'il est nécessaire de relancer sans cesse le débat et la discussion. Pourtant, elle va encore plus loin avec ce si court roman qu'elle transforme en chantre de l'altérité, du droit à la différence, du refus du conformisme et de la voie toute tracée pour les femmes.

Son héroïne, prénommée Calla par sa mère qui meurt juste après lui avoir donné naissance, est une figure féminine hors norme dans la société où elle évolue. Trop grande, trop rousse, trop exaltée ou trop renfermée, trop rousse... Elle est dans l'excès, nécessite de la part de son alcoolique de père le recours à la discipline pour la mater. Rien ne marchant, ne reste qu'une solution: la marier... La destinée féminine ne donne guère de quoi rêver sous la plume incisive de Mme Oates. Sa rebelle et vive Calla, personnage magnifique et marquant, est considérée par ses congénères comme anormale, folle... C'est tellement plus aisé que de dénoncer un système traditionnel, véritable carcan de conventions

Si son récit n'a pas l'ampleur et la profondeur de ses grandes fresques comme Blonde, Bellefleur ou Nous étions les Mulvaney, il frappe néanmoins très fort. Son tout premier chapitre attrape le lecteur à la gorge avec une intensité et une construction dramatique terriblement efficaces.
Du grand art, comme l'écrivain nous a habitués. Et toujours une écriture superbe, vibrante de la force sous-tendant cette histoire. Merveilleuse Joyce Carol Oates, enchanteresse et magicienne des mots... un grand merci à vous!
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Un homme noir, une femme blanche, une barque qui glisse vers les chutes. Un début de thriller pour ce court roman de Joyce Carol Oates !

Mais c'est plutôt une histoire de femme, celle de la survivante, que sa petite-fille tente de reconstituer, car après ce qui ressemblait à un pacte de suicide raté, la grand-mère passera les 50 dernières années de sa vie en recluse, une inconnue, une ombre qui plane sur la famille.

On découvrira que c'était une rebelle qui acceptait rarement de se plier aux conventions. Elle s'était résignée au mariage et avait eu des enfants, sans amour, pour faire plaisir à son mari. Mais tout cela n'attachait pas son esprit indomptable et c'est sans remords qu'elle pouvait suivre l'homme noir qui faisait battre son coeur.

Un court roman, à peine plus d'une centaine de pages, mais des mots coupants, une prose acérée qui parle d'amour, mais aussi d'enfances et de femmes, de racisme et de classes sociales.
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Quel autre livre que cet « Amour noir » débute par trois points de suspension ?
Je n'en ai pas à l'esprit, et vous ?

Cette ponctuation, qui d'ordinaire nous abandonne dans le flou ou le suspens, nous accueille donc dans ce court roman de Joyce Carol Oates. Comme si l'action avait commencé avant notre arrivée, peut-être, avant la première page du livre.

Et c'est un peu le cas, puisque nous surprenons d'emblée, glissant au fil de la rivière, le couple mixte que forment la blanche Cala et Tyrell, son amant noir.
C'est la suite du roman qui révèlera le début de l'histoire... dont on croira longtemps connaître la fin... jusqu'à ce que l'auteure nous embarque dans une autre direction !

Narrant autant l'absence d'amour que le surgissement de la passion, le texte se fait tantôt impétueux comme une cascade, tantôt lent comme un bras de rivière presque asséché.

En filigrane transparaît une chronique des campagnes du nord de l'Etat de New York au début du XXème siècle : en particulier la condition féminine et la position des descendants d'esclaves dans ces sociétés rurales.

Des personnages et des situations complexes, une plume sensible aux injustices, pour une belle lecture compacte et prenante.
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Née à la fin du XIXe siècle, Calla a toujours été difficile et indomptable selon ses proches. Mariée très jeune à un fermier de vingt ans son aîné qui la dégoûtait, elle eut trois enfants auxquels elle ne parvint pas à s'attacher. Et puis est "arrivé un vagabond" (oui, cela ressemble à cet ouvrage ainsi intitulé de Robert Goolrick) qui l'a éveillée à la sensualité, à la liberté.

La narratrice, la "fille de la fille" de Calla, reconstitue l'histoire de cette aïeule, cherchant à comprendre pourquoi elle vécut recluse les cinquante-cinq dernières années de sa vie. Pauvreté, conventions, condition féminine, rumeurs, ségrégation raciale... furent le terreau de cette passion dévastatrice, de ce drame.

Dans les autres romans de Joyce Carol Oates que j'ai lus, les hommes sont cruels, manipulateurs, destructeurs - femmes et enfants en font les frais. Les personnages sont plus nuancés ici : c'est une femme qui fait souffrir ses proches, bien malgré elle, et qui en est la première victime.

Un beau récit aux accents de déjà-vu. Il est vrai que les passions adultères délétères sont un sujet inépuisable, universel et intemporel...

--- Dommage que Folio n'ait pas conservé la couverture originale : le tableau de Fernand Khnopff "I lock my door upon myself" (1891) a inspiré cette histoire et le titre à Joyce Carol Oates.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Jamais, ou presque, un moment de relâchement. Avec son trop-plein d'énergie, sa nervosité, cette enfant avait besoin d'être matée, de recevoir tapes, claques et fessées. De son père, de sa grand-mère, des autres. Les coups pleuvaient : gifles, coups de poing et bourrades ; on lui tirait les cheveux et ce n'était que cris de fureur et de frustration, hurlements de douleur. En ce temps-là [fin du XIXe] on ne parlait pas de "mauvais traitements", seulement de "discipline".
(p. 12)
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Elle trouvait sa consolation dans la vie impersonnelle qui coulait à travers elle, pareille à un cours d'eau souterrain, invisible et secret; la vie qui faisait naître les enfants, et dévorait goulûment toute vie organique, et qui animait le vent dans les arbres et faisait battre son cœur malgré elle sans qu'elle puisse intervenir. Elle avait foi en cette vie qui n'avait pas de nom et elle pensa avec une conviction soudaine et une certaine irritation: Non je ne me noie pas.
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Tout comme la vie qui passe au fil des saison, des décennies, des minutes calmes et affolantes du tic-tac des pendules familiales, nous sommes destinés à oublier, à tout oublier, chaque chose y compris nous-mêmes.

(vlb, p.103)
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Je n’ai pas choisi la couleur de ma peau, comment peut-on me la reprocher?

(vlb, p. 81)
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Car, dans ce monde, l'image que l'homme donnait de lui était acceptée à l'intérieur de certaines limites par ses propres ennemis, de même que le cheval de course de la race la plus pure - peu importe sa beauté, sa vigueur, son courage, sa rapidité - a pour limites définies l'intolérable confinement du corral ou de la prairie où ses propriétaires l'ont mis de force. p.96
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Videos de Joyce Carol Oates (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joyce Carol Oates
Après seize ans de négociations, le réalisateur Stig Björkman a convaincu Joyce Carol Oates, 85 ans, de lui ouvrir les portes de son univers. Portrait sensible de l’immense romancière, inlassable exploratrice de la psyché noire de l'Amérique.
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